Sidekicks

Nouvel extrait de Projet Ludovico, dont on vous avait parlé ici, « La nuit est encore jeune », dont le clip a été tourné à Toulouse, montre que même la nuit (surtout la nuit), la Droogz Brigade est toujours en forme. Signalons au passage que si la nuit toulousaine est jeune, elle peut aussi être debout.

On aurait également voulu rendre hommage à Muhammad Ali mais, faute de réactivité, certains l’ont (bien) fait avant nous, même s’ils ont oublié ça. Ces derniers jours ont vu s’éteindre une autre figure des sports de combat, Kimbo Slice, décédé à 42 ans de causes jusqu’ici inconnues. Même si Kimbo était d’une envergure bien moindre que The Greatest, il nous était forcément plus familier, ayant balisé son parcours de vidéos devenues virales, permettant de suivre son ascension vers une relative célébrité en temps quasi-réel.

Kimbo Slice a fait une entrée fracassante dans « la culture urbaine » il y a une grosse dizaine d’années, avec ses combats clandestins filmés. Arpentant les rues les plus crades de Miami, Kimbo cherchait des mecs assez tarés pour se taper avec lui ou encaisser l’un de ses coups. Souvent, ça se finissait mal pour les impétueux, contraints de manger liquide ou de dormir sur le dos pendant quelques temps. Par la suite, Kevin Ferguson, de son vrai nom, fera carrière dans les MMA, avec un peu moins de réussite. Mais l’essentiel était fait : avec sa carrure de colosse, sa barbe, ses dents en or et son regard de tueur, Kimbo était devenu un personnage reconnaissable entre mille, une véritable icône des années 2000. Et même si, en vrai, il n’est pas si méchant que ça (au contraire en l’occurrence), un bagarreur de rue au physique de golgoth sera toujours plus une source d’inspiration que Patrick Dupond pour beaucoup, dont les rappeurs. Ceux-ci réserveront ainsi au combattant d’origine bahaméenne une place de choix quand il s’agira de donner dans le name dropping. De Sean Price, autre regretté barbare qui ira jusqu’à sortir une mixtape nommée « Kimbo Price », à Rick Ross en passant par Niro, en voici quelques exemples.

Cassper Nyovest est considéré comme l’un des meilleurs rappeurs en Afrique du Sud aujourd’hui. Mais il est surtout le premier disque de platine en dix ans de hip hop dans son pays avec son premier album Tsholofelo sorti en 2014.‬ Alors l’histoire de Born Free: Hip Hop in Johannesburg commence avec lui. Et à travers son parcours, ce documentaire réalisé par Noisey raconte la popularité grandissante de tous ces rappeurs qui ont connu l’apartheid et puisent aujourd’hui leur influence dans la culture – la musique kaiwto, la danse pantsula, le gusheshe (l’art de faire des dérapages au volant d’une BMW 325IS) – du Township qui les a vu grandir. Notre interview de Riky Rick, qui figure d’ailleurs dans ce film aux côtés de Cassper Nyovest, est toujours disponible.

Pour le lancement de l’Euro et le match France – Roumanie, Mehdi et Nemo représenteront l’Abcdr à la Petite Halle pour un DJ set avant, à la mi-temps et après le match. L’équipe sera au rendez vous dès 20h, l’occasion de faire quelques passes-passes entre les « Passements de jambes » de Doc Gynéco et ceux de Griezmann, entre la « Champions League » de MHD et les accélérations de Matuidi, toujours Charo avec Niska. Rap, bière et foot, qu’attendez-vous de mieux ?  A vendredi !

Alors que le match d’ouverture de l’Euro 2016 approche à grands pas, le beatmaker et DJ français Frensh Kyd offre un mix de trois quarts d’heure pour un tour d’horizon non exhaustif des diverses scènes rap européennes actuelles. Dellafuente vient pour l’Espagne puisqu’elle est privée de Carvajal, les déçus de l’absence de Ben Arfa et Benzema se rabattront sur  la doublette Ademo-Gradur, et c’est Hamza qui remplace Kompany côté belge. Luke Shaw cède sa place à J-Flowz, associé à son compatriote Serious Klein. Reus est lui remplacé par Yung Hurn. Des artistes suédois, italiens et serbes sont également au rendez-vous, et en sélectionneur de goût, Shkyd compose une équipe de rappeurs européens qui a au moins autant de gueule que l’équipe type des absents de l’Euro. De quoi se consoler en musique  à défaut d’être surexcité par l’événement sportif.

C’est une belle surprise que nous livre le média rap Grünt : alors qu’on connait la petite bande pour ses freestyles vidéo dans des apparts en compagnie de la nouvelle garde parisienne, les voici qui s’envolent pour le Canada – Quebec plus précisément – pour mettre en avant quelques belles plumes de Montréal. Entre alternance français/anglais et argot québécois, le groupe Loud Lary Ajust et ses deux acolytes locaux Osti One et Eman sortent leurs meilleures lignes sur la demi-heure de productions concoctée par le français Costo. Une autre approche de notre langue et du rap francophone qui sonne autrement, mais tout aussi bien. Pour les plus curieux, un deuxième épisode est prévu dans les prochaines semaines. On reste sur le coup.

Alors qu’il travaille actuellement sur son premier album, Express Bavon fait patienter son auditoire avec une série de morceaux inédits, dont « La cuisine » est le premier à être dévoilé. Ce nouveau titre est comme à l’accoutumée produit par TahitiBoi, et s’accompagne d’un clip réalisé par Grégoire Naza Giral et Mathias Marseault. « La cuisine » s’inscrit dans la lignée de Fais couler la boisson et Préliminaire, les deux projets sortis l’année dernière par le rappeur parisien, jamais loin de son corner au nord de la ville.  La drogue est mélodieuse, les lignes sont addictives, et nul ne doute que les clients en redemandent. Vivement l’album.

Illustration : Singe Mongol.

La cinquième édition des soirées Horizons aura lieu mercredi et, comme d’habitude, le line up fait la part belle aux nouveaux talents puisque Bridjahting, PSO Thug et FK seront sur scène. A noter que les deux derniers viennent respectivement de sortir Demoniak et Ailleurs, projets solides qu’ils viendront défendre sur la scène de la Maroquinerie. Toutes les informations sont disponibles sur Facebook et, au cas où vous douteriez encore, un récap video de la dernière soirée vous attend plus haut.

L’aventure Ugly Duckling close, Andy Cooper sort son premier album solo. Et c’est toujours avec le même esprit que celui qui avait fait l’empreinte de la formation issue de Long Beach : positif, festif et rempli de mises en scène pleines de dérision. Mais une fois identifié l’ADN de ces années avec Young Einstein et Dizzy Dustin, il ressort également de Room to Breathe beaucoup de bienveillance et une certaine spiritualité, au sens propre comme au figuré. Saint Paul, Charlie Brown, Le Sphinx, Léon, Paul Anka et Frank Sinatra sont autant d’icônes convoquées sur ce disque. Et comme on ne se refait pas, Andy Cooper rappe sa sérénité sur des instrus ensoleillées, tantôt souples et propices au chill, tantôt énergiques et dédiées à quelques belles séquences de fast-flow (à noter l’excellent « Ashes to Ashes » qui contredira la description précitée). Conclusion ? Room to Breathe ne fait jamais mentir son titre, tant il est une belle respiration. D’old-timer revendiqué, à la dégaine dégingandée et qui a sa propre définition de ce qu’est « l’essence du hip-hop », certes. Mais c’est aussi ce qui fait son charme. « À ton âge, range ta rage frère » confirmerait Kool Shen. Et respire !

Depuis 2007 et Blackmail, son premier album, Cyesm sort deux à trois disques par an. Résumer cette productivité en quelques lignes serait un défi, tant les projets du producteur manceau balaient les genres. De l’abstract hip-hop à l’électro expérimentale en passant par un trip-hop qui prend aux tripes, riches sont les atmosphères proposées par le prolifique fondateur du label Good Citizen Factory. Et cela sans parler de ses influences dubstep ou downtempo. Alors disons simplement que Cyesm est un explorateur, qui touche à tout, et bien. C’est encore le cas sur son dernier dix-sept titres, Romance for Misfits, qui se situe plus loin qu’à l’accoutumée du « glad to be sad » de Massive Attack pour se rapprocher des sautillements d’un hip-hop teinté de breaks 70’s et de Fender Rhodes. À noter que l’un des morceaux accueille le grand voyageur Mestizo, de la clique Galapagos 4. Ce n’est pas la première collaboration entre le français et l’américain, et ce bel OVNI est à voir ci-dessous, dans une mise en image de Benjamin Juhel.