Chronique

Tha Alkaholiks
21 & Over

Loud Records - 1993

« Perhaps the greatest party group in hip-hop history. »

Voilà le titre de gloire que l’on peut lire dans la recension du disque par le site AllMusic. Pour des représentants d’une musique née de et pour la fête, et qui ne manque pas de pointures en la matière, difficile d’imaginer plus gros compliment. Il est vrai que les piliers du Likwit Crew — groupe élargi qui comptait notamment le mentor King Tee, ici présent au micro et aux machines, de même que Lootpack, groupe d’un certain Madlib encore inconnu — sont à coup sûr de crédibles prétendants au titre. Car pour ce qui de l’entertainment, pas de doute, le trio savait y faire. Notamment sur 21 & Over, l’un des morceaux de choix de la très riche année 1993 : « perhaps the quintessential West Coast party album », dixit le prudent AllMusic toujours. Fun à souhait, en tout cas.

« I never drink and drive cuz I might spill my drink. »

21 & Over est entièrement consacré à la déconne en général et à la déconne alcoolisée en particulier. Car les Californiens n’ont pas choisi par hasard leur nom, ni la pochette de ce premier LP. Leur identité se déclinait le long d’un fil rouge thématique imperturbable : alcool, fête, nanas et alcool, accessoirement pétards et railleries envers les (mauvais) rappeurs qui se prennent au sérieux. Iconoclastes, les Liks prennent non seulement le contre-pied du gangsta rap auquel est déjà identifiée la côte ouest, mais ils n’épargnent pas non plus ceux qui se donnent une posture morale de prêcheur ou de prophète. Picole et bonne humeur sont les seuls dogmes respectés ici. Et ça coule tout seul.

« Rappers, talkin’ bout, back to the old school / You never shoulda left in the first place fool ! »

Il faut dire qu’on baigne dans une bande-son soul/funk imparable, qui sonne autant east que west coast : des beats pêchus et des boucles courtes où on retrouve, entre autres, Lou Donaldson, James Brown, Fred Wesley & the J.B.’s, Sly & the Family Stone, Cannonball Adderley ou Tyrone Thomas & The Whole Darn Family (la ligne de basse déjà empruntée par EPMD et reprise plus tard par Jaz-O pour le « Ain’t no Nigga » de Jay-Z). Épaulé ou non, E-Swift, qui rappe d’ailleurs sur plusieurs morceaux, parsème ses productions de scratches et de cuts aussi discrets que bienvenus, de Schoolly D à Busta Rhymes en passant par les Pharcyde. Idem pour les nombreux breaks et variations qui animent les morceaux et leur donnent du relief. Quant à Tash et J-Ro, entièrement dévoués à l’humour potache et aux punchlines à gogo, ils ont du flow à revendre. Si la fin du disque est un peu plus sombre, 21 & Over reste une valeur sûre du rap festif. À l’époque comme deux décennies plus tard, on ne s’ennuie pas une seconde, d’autant que la fête ne s’éternise pas : dix morceaux, trente-six minutes, et rien qui déborde. « So don’t be a nitwit, get with the Likwit! »

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