Sidekicks

Il y a quelques jours, Yuma Productions a annoncé la naissance d’un nouvel événement auquel nous sommes particulièrement heureux d’associer notre nom. Les soirées Horizons auront pour but de mettre systématiquement les projecteurs sur des talents émergents de la scène rap francophone, avec l’exigence d’être le plus éclectique possible. Pour la première édition qui aura lieu le 28 octobre prochain à la Maroquinerie, Ichon, Sam’s et Cleim Hairing viendront donc se partager l’affiche, le tout ambiancé par notre Captain’ Nemo national derrière les platines. On vous donne bientôt plus d’informations sur ce projet mais, en attendant, vous pouvez d’ores et déjà réserver votre place.

SCH est un personnage à part dans le paysage français. Il est arrivé tranquillement, fracassant le silence avec une singularité dans la voix, un accent acerbe et un accoutrement à part. Ce Rat Luciano version futuriste Vuittonné attrape les vues par millions presque par surprise. Presque car il s’agit d’une transformation, un travail de longue haleine pour peaufiner le « rap des scélérats ». Un instinct devenu méthode, arrivée à maturité. 2015 sera donc l’année où l’originalité paye. SCH signe chez Def Jam France, adoubé par Lacrim sur sa dernière mixtape.

Et pour lancer cette nouvelle exposition, un premier clip nous frappe de plein fouet. Avec le même décor que « Le monde ou rien » de PNL : la cité de la série Gomorra, le grand banditisme méditerranéen dans les grandes largeurs, la noirceur étalée en 16/9. Schneider partage une autre influence avec le duo des Tarterêts : les montées robotisées de Lil Durk, entre harmonies bitumées et balles sifflantes archi aiguës. Son timbre se fait moins caillouteux comme après une bonne tisane au miel mais la douceur n’est que de façade, l’exécution est toujours froide et sommaire. SCH rend sa formule plus accessible et montre qu’il a plusieurs types d’armes lourdes dans le coffre de son Merco. Les voitures allemandes restent les classiques, le rappeur d’outre-Rhin risque de le devenir rapidement s’il continue sur ce rythme.

Après avoir entretenu le mystère autour d’eux durant de longs mois et connu plusieurs incarnations différentes, le désormais quatuor Mac Fly Mafya se décide enfin à sortir de l’ombre avec leur premier morceau officiel, reprise du tube de Hit-Boy « Grindin’ my whole life ».

A la tête du collectif, nul autre que Zekwé, l’homme orchestre d’Evry qui n’a cessé de balafrer le Rap français depuis une dizaine d’années avec ses compositions, et dont la pilosité faciale savamment entretenue aurait fait l’objet d’une récente étude de la Nasa. A ses côtés, Yoro Glyphe, étoile montante du beatmaking, qui prend le micro pour se détendre avec ses potes entre deux confections de hits (« Freestyle PSG » de Niska et ses millions de vues, c’était lui) ; Nylz Neves, ancienne moitié du duo Tango & Kash, dont la présence au sein du groupe est le fruit d’un scandaleux piston (Il n’est autre que le cousin de Zekwé, mais nous n’en dirons pas plus eu égard à sa carrure de déménageur breton) ; Et enfin DJ K-Raï, talentueux pousseur de disques élevé par une famille de loups dans le parc forestier de Monsanto, et dont le but avoué est de détrôner DJ Khaled.

Oubliez donc les 4 fantastiques, ces 4 affreux, sales et méchants jojos que n’aurait pas reniés Ettore Scola vous ouvrent les portes de leur petit monde, pour le meilleur et surtout pour le pire.

Le week-end, on cherche tous la même chose : un endroit cool où l’on se sent bien avec ses potes et où la musique est bonne du début à la fin. C’est exactement dans cet esprit qu’est né HOMIES, un grand mélange rap, soul, funk et RnB (Bon, surtout RAP) présenté par notre Captain Nemo. Curateur de cette soirée avec l’Abcdr, il donnera le ton ce samedi 17 octobre aux Petites Gouttes, toujours éclectique de Slick Rick à Future en passant par Curtis Mayfield et Loose Ends. Et comme le thème est convivial, il invite Chilea’s pour cette première édition. Membre des 45ers avec Astronote et Aayhasis, le producteur originaire d’Orléans a déjà travaillé avec l’Entourage, Okney ou Taipan et continue son ascension, maintenant de l’autre côté de l’Atlantique. Il viendra accompagné de tout son univers musical entre Detroit et la Californie. Toutes les infos sont sur l’évènement Facebook consacré. La fête entre copains, ça fait toujours du bien !

En 2013, au détour d’une interview, M24 évoquait en des termes plus qu’élogieux l’écriture d’un rappeur au blaze étrange : UnSaleNoir. Une seule écoute de Pourriture Noble aura suffi pour comprendre qu’il n’avait pas sur-vendu l’un de ses potes. Nous nous étions d’ailleurs empressé dans nos bilans de faire de l’illustre inconnu l’un des rappeurs à suivre en 2014. Mais rien n’est certain quand il s’agit d’écrire un nouveau chemin et les insaisissables n’ont rendez-vous avec personne. UnSaleNoir s’est depuis rebaptisé de son prénom, Jean-Baptiste, et s’apprête enfin à délivrer un nouvel EP. Pas de date annoncée – ce serait trop simple – mais nous n’aurons apparemment pas besoin de patienter bien longtemps. En attendant, délectez-vous des quelques fines herbes parachutées par l’intéressé ces dernières semaines. Déroutant donc attachant, le rappeur d’Elbeuf y confirme qu’il a ce qu’il faut de démence et de lucidité pour s’offrir l’équilibre des bons artistes.

On en parlait depuis longtemps mais c’est désormais officiel : Ill et Cassidy viennent (enfin !) de livrer un nouveau projet. Modus Operandi, EP composé de 8 titres inédits et de 4 pistes instrumentales, est disponible un peu partout et, sans réinventer la roue, fait figure d’apéritif plutôt efficace avant un long format qu’on imagine prévu sous peu. Si Modus Operandi n’est pas le retour triomphal qu’on osait encore espérer il y a quelques années, il rassure sur l’alchimie entre les deux compères. A noter que le duo sortira également un best-of courant novembre.

Il y a vingt ans, Lyon’S et son compère Monsieur R boxaient le petit monde du rap français avec leur maxi Check la Devise. Si Monsieur R s’est ensuite montré prolifique en solitaire, beaucoup ont regretté que le charismatique Lyon’S ait par la force des choses quelque peu disparu des radars, même si plusieurs apparitions bien senties avaient suscité l’espoir d’un retour concret au milieu des années 2000. Ce retour semble désormais sur la bonne voie avec le morceau « Street Soldat » qui fait suite à « S.O.S. » et « Dragons », sortis l’année passée, et confirme que le rappeur du Ménage à 3 prépare enfin un album. Et malgré le temps qui passe, une vérité demeure immuable : le style et le grain de voix du petit lion de la tribu des Mandja sont toujours inimitables.

Le monde de l’electro connait déjà Douster, producteur talentueux qui a déjà participé à quelques-uns des plus gros festivals de la planète et signé des sorties chez Mad Decent et Sound Pellegrino. Le monde du rap devrait rapidement apprendre à se familiariser avec son alter ego King Doudou, celui qui se cache derrière l’instrumental du « Dans ta rue » de PNL. Alors qu’il prépare actuellement une mixtape composée essentiellement de remixs qui devrait lui servir de (nouvelle) carte de visite, le Lyonnais a décidé d’en livrer le premier extrait sur l’Abcdr Du Son. Pour l’occasion, King Doudou a brillamment revisité le « Why You Mad » de Rich Tha Kid, issu de la mixtape Feels Good 2 Be Rich sorti l’année dernière.

Les fausses reprises sont devenues une norme. Pour rendre hommage à un artiste ou un mouvement (ou aspirer son pouvoir nostalgique), rien de mieux que de retravailler un sample, une mélodie qui l’a rendu culte. Nos chouchous Overdoz ne dérogent pas à la règle en proposant leur réinterprétation du légendaire « What Would U Do » de Dogg Pound. Sorti sur la bande originale de Murder Was The Case à la grande époque de Death Row, le morceau prend une toute autre ampleur sous la direction de Terrace Martin & Fred Wreck.

La voix de Kent Jamz nous porte sur la longueur d’une structure très ambitieuse, moins agressive que l’originale mais toute aussi marquante. La basse est gonflée d’hélium, les batteries sautillent sans demander la permission et le solo de saxophone termine une relecture sans faute.

On se demande maintenant quand Overdoz daignera enfin sortir son premier album intitulé ironiquement 2008. Le groupe californien est finalement régi par ses propres règles qui ont l’air bien loin de notre espace temps. Attendons patiemment l’atterrissage.

Lors de son dernier passage à Paris, Vince Staples nous expliquait qu’il n’existait « plus de rap californien en 2015 » et que les « rappeurs appartenaient désormais à Internet« . Woodie Smalls en est peut-être la preuve la plus éclatante. Agé de dix-neuf ans, celui que l’on surnomme Woods est originaire de Belgique, rappe en anglais et se situe quelque part entre l’imagerie Odd Future et l’école Pro Era. Un grand écart assumé et étonnamment maîtrisé tout le long de Soft Parade, un premier opus sorti le 18 septembre et qui ne connait pas vraiment de temps faible. A suivre.