Sidekicks

Ces dernières années, lorsque Drake se décide à remixer un morceau, c’est presque l’assurance pour ce dernier de gagner une exposition sans précédent. Du « Versace » de Migos au « My Way » de Fetty Wap en passant par le « Tuesday » de ILoveMakonnen, tous ont connu une deuxième vie lorsque l’ambassadeur de Toronto a daigné poser sa voix sur leurs instrumentaux. « Hotline Bling », le titre rendu disponible cet été lors d’un épisode de OVO Sound Radio, était d’ailleurs une interprétation très libre de l’entêtant « Cha Cha » de D.R.A.M. Lorsque Erykah Badu choisit de donner sa version du « Hotline Bling », elle poursuit donc la mise en abyme et réussit à s’accaparer le titre, faisant presque oublier la version initiale. Tout ça pour dire que le dernier album en date de la membre des Soulquarians date de 2010 et on commence à trouver le temps long.

Oui, l’OM a perdu. Oui, l’OM est seizième. Oui, Michel ne sera jamais Marcelo. Mais, alors qu’on leur promettait l’enfer, la fierté et l’honneur sont revenus dans les rangs olympiens dimanche soir. Qu’a t-il bien pu se passer entre Liberec et Paris ? Une gueulante du coach, une soirée bouillabaisse entre cadres du vestiaire, une remise en question ? Rien de tout cela. L’hypothèse la plus probable : les joueurs ont écouté le nouveau projet de Prince Fellaga sorti vendredi dernier. Rien de tel pour se remettre en selle. En début d’année, le marseillais d’adoption livrait Indigène, premier album dense et réussi confirmant les qualités entrevues sur ses nombreuses mixtapes. C’est avec un EP intitulé Rap Theory qu’il enrichit désormais sa discographie. Et comme le dit l’adage : on ne change pas une équipe qui gagne. Gitdatbeats, talentueux beatmaker allemand, est donc une nouvelle fois à la baguette pour magnifier la force tranquille de Mister NegaaFellaga et ses amigos. On en profite avec les vrais et on attend la suite.

Ce que la Belgique nous a offert de mieux depuis Brel, Scifo et Sœur Emmanuelle tient en deux lettres, celles des extrêmes : ZA. « Ecoute-moi maintenant, demain c’est peut-être trop tard » avait prévenu le Gars du H. On a craint la prémonition tant les aléas extra-musicaux ont freiné les fulgurances du MC bruxellois. Mais ZA a besoin du rap et le rap a besoin de ZA. Et les immenses promesses du lointain mais toujours actuel Brutal Muzik ne pouvaient rester orphelines. Le « putain de prédateur » est donc officiellement de retour. Au menu : quelques hors d’œuvres pour se réapproprier le terrain cet automne et un EP intitulé 24/7  pour brutaliser la nouvelle année. Le tout agrémenté d’une interview fleuve, évidemment.

Le coup était probablement préparé de longue date. Mais Nadine Morano, dans un étonnant sursaut d’utilité, a fourni avec ses récentes déclarations un beau fait d’actualité à l’équipe de Ghetto Blaster pour son émission spéciale MCs à visage pâle. Du rappeur blanc « canal historique » (3rd Bass, R.A. The Rugged Man, Cage), du rappeur blanc à cou rouge (Fat Nick, RiFF RaFF, $uicideboy$), du rappeur blanc parfum clacos (Vald, Hyacinthe, L.O.A.S.) et même du rappeur blanc qui ne rappe pas et n’est pas blanc (Barry White, Michael Jackson)… Retrouvez tous ces garçons parfaitement sains et respectables dans le podcast de l’émission, et suivez Ghetto Blaster tous les mardis de 19h30 à 21 h sur le site de Radio Active ou sur le 100FM dans la région toulonnaise.

Il arrive. Tranquillement, Espiiem se prépare à envoyer au pressage un premier disque, Noblesse Oblige. Annoncé pour le 6 novembre prochain, ce long-format inaugural cultive encore le mystère. En mai dernier, on en découvrait un avant goût avec « 777 », dans les rues enneigées de Montréal. Depuis, plus rien. Jusqu’à cette semaine : sur nos murs Facebook, la nouvelle se répand, Espiiem balance un nouvel extrait du fameux disque avec « Suprématie ». Piano mélancolique, guitares lyriques, et paroles de battant : le titre est une très belle surprise. Un mélange de nostalgie et d’ambition, agrémenté d’une très bonne incursion du Toulonnais Deen Burbigo, décidément toujours présent dans les bons coups. Ça respire la maturité, la technique, et l’intelligence. On ne peut que s’incliner.

D’accord, le retour des X-Men est annoncé depuis plusieurs années. Seulement, 2015 semble être la bonne, celle qui verra enfin un nouveau projet de Ill et Cassidy atterrir dans les bacs. Le duo de Ménilmontant compte même faire les choses en grand puisqu’ils sortiront un EP, Modus Operandi, mais également un best-of au mois de novembre. En attendant de les retrouver sur disque, vous pourrez les observer sur scène le 17 octobre à Canal 93 (Bobigny) mais également lors d’une rencontre privée qui aura lieu très prochainement (la date est tenue secrète pour le moment). Rendez-vous sur notre page Facebook afin de gagner des places pour ces deux événements.

J'appuie sur la gachette

Le nouveau suicide de Tuerie Balboa

Après Murder Demo l’an dernier, c’est toujours flingues, gants de boxe et B-Sides pour un Tuerie Balboa cette fois plus libéré. En s’attelant à rapper sur quelques une des productions les plus marquantes de ces derniers mois, sa Kurt Cobain musique s’amuse et s’installe comme un gamin dans un square. « Rico » de Meek Mill et Drake, « U Mad » de Vic Mensa et Kanye West, ou « Finis-les » d’Alonzo, pour ce côté ci de l’Atlantique, voici autant de terrains de jeu loin des détonations qui résonnent dans un garage de Seattle.

Sur ses neuf titres, le Boulonnais entremêle brutalité et sensibilité, celles d’un garçon évoluant visiblement dans un univers violent et empreint de solitude. Il rappe à propos des filles. Il y a son ex et les autres. Mais aussi les cœurs brisés et les nuits de luxure. Il chante la vie de rue, dédicace son « avocat juif », Rihanna, et sa psychologue, dont il dit avoir peur qu’elle « écarte ses cuisses en consultation comme le logo de [ses] VI . »

Temps forts de cette courte mixtape , « Madame va chercher l’argent » ou encore « Chris Brown », textes déposés comme des linceuls sur des faces B de Partynextdoor ou d’un certain Young Thug. Une influence tatouée comme l’empreinte d’un canon sur la tempe chez Tuerie Balboa. À vrai dire, les requiems doivent rarement leur célébrité au hasard. Et encore moins ceux des boxers, dont l’entrée sur le ring se fera cette fois sur un air lancinant de MGK. Avec la Suicide Mixtape, le dernier round est encore loin.

Il y a un peu plus d’une semaine, Drake et Future cassaient Internet avec la sortie (presque) surprise de What A Time To Be Alive. Peu importe que la mixtape ne soit pas complètement à la hauteur des attentes qu’on pouvait légitimement placer en elle, la réunion de deux des hommes forts du premier semestre est déjà un des grands moments de l’année rap 2015. La preuve : depuis sa sortie, les memes n’en finissent plus de pleuvoir, le hashtag #WATTBA est encore un des plus utilisés sur Twitter et « Diamonds Dancing » semble avoir déjà changé l’existence de quelques auditeurs. Mais « Jumpman » est le titre qui a le plus inspiré les internautes. Alors qu’il vous est désormais possible d’écouter Drake répéter le mot Jumpman pendant 43 minutes (pourquoi pas après tout), un jeu inspiré du morceau vient d’apparaître sur la toile. Le concept ? Vous choisissez votre personnage (Drake, Future ou l’honorable Metro Boomin) et vous devez… sauter le plus haut possible. Internet est plein de ressources.

On aime la discrétion de Jazzy Bazz. Un visage que l’on ne voit certes pas tous les quatre jours mais qui sait sortir de sa tanière pour rappeler son approche singulière de la rime dans la jeune stratosphère parisienne. Après avoir annoncé la sortie de son premier disque solo (automne 2015) avec « 3h33 » au début de l’été, le voici de retour avec une gourmandise au groove évident. Rompu aux histoires d’amours difficiles et aux amis perdus de vue, Jazzy Bazz conte sur « Les Chemins » la réalité du quotidien, aidé d’une production nocturne et langoureuse signée Monomite. Les gens se rencontrent, se fréquentent, et parfois se séparent. « Naïf est celui qui ne le sait pas. »

Boom bap ? Pas boom bap ? La réponse est parfois plus difficile à donner qu’il n’y paraît tant l’expression est devenue un terme générique utilisé pour étiqueter des morceaux, projets et artistes très différents. D’autres fois, par contre, pas besoin de réfléchir trois heures pour savoir qu’on se trouve face à une incarnation parfaite du genre. C’est le cas avec ce morceau clipé des Canadiens de First Division, dont on devine dès les premiers scratches qu’il redonnera un peu de patate au moment de s’engouffrer dans le métro les matins d’automne. Le projet dont il est le second extrait, Overworked & Underpaid, vient tout juste de sortir et la liste des producteurs (Marco Polo, DJ Premier, Jake One, Kev Brown et les Doppelgangaz, notamment – pas mal, pour un premier album) laisse supposer que « Pure » ne sera pas le seul titre à tourner en boucle dans le baladeur.