Sidekicks

Après la sortie d’un premier album mélangeant habilement rap et techno en début d’année, Louis Brodinski continue d’explorer les frontières entre les deux genres avec une nouvelle collaboration sur la côte Est. Cette fois-ci, le Rémois sort d’Atlanta pour une rencontre avec le petit prodige de Washington, Shy Glizzy. Le résultat, « Woah », est un titre délicieusement efficace et foncièrement hip-hop, qui se joue des codes de la musique électronique pour se mettre au service de Shy Glizzy. Et lui donner un second souffle qu’on pourrait qualifier de rafraichissant.

Mick Jenkins s’est fait remarquer avec le maîtrisé The Water(s) et plusieurs vidéos très inspirées. Le rappeur de Chicago est un esthète à la voix prenante, le chaînon manquant entre les visions de Kendrick, la hargne de Vince Staples et les folies douces de Tyler. Il avait d’ailleurs un belle place dans nos révélations 2015Wave[s], son nouvel EP, franchit un cap. La direction se veut plus ouverte comme le prouve ce « Your Love » rebondissant en collaboration avec un Kaytranada, toujours en forme. Le voici pour la première fois à Paris ce vendredi 30 octobre. Si La Maroquinerie prend feu, Mick Jenkins devrait avoir le volume d’eau nécessaire pour réduire l’incendie dans la nuit. Un tsunami à ne rater sous aucun prétexte, sautez donc sur les dernières places.

Après un premier EP sorti durant l’été 2014, le trio Goussainvillois Nice To Meet You (Deeval et Jos au Rap, Keven Hype au chant) revient contrarier la grisaille actuelle avec la suite de ses aventures ensoleillées. Les femmes et la fiesta toujours en ligne de mire, les 7 titres de ce Chillmatic 2 révèlent un canevas musical riche et audacieux, passant en toute aisance de sonorités laidback façon L.A. (le morceau éponyme voit sa production empruntée à Terrace Martin et invite les patrons du style Driver & Aelpéacha) à des ambiances électro susceptibles d’enflammer le plus réticent des dancefloors (« TFK Ce Soir » sur une face B du duo Disclosure). Une palette de styles hétéroclite qui aura séduit Grems en personne, qui vient de les signer sur son label Salt In Bank et prévoit un long format d’ores et déjà en cours de gestation pour 2016. Le projet est disponible sur French2def.

On aurait pu qualifier l’événement de rassemblement des anciens combattants. Mais on est bien loin du pot de départ (bien) avant l’heure. Sous la bannière No Comments, le New Morning a consolidé un gros cinq majeur avec Specta dans le rôle du meneur de jeu, et Lino, Casey, Kohndo et Nemir pour composer un roster quatre roues motrices digne d’un All-Star Game. Avec DJ Fab et DJ Nels pour ambiancer la partie, plus l’équipée Dark Story Tour (avec notamment Radikal MC, Junior Sy et Foufa) on tient un programme de feu. Ça se passe au New Morning, dans le dixième arrondissement parisien et on offre des places pour cette soirée étoilée sur notre page Facebook. Rendez-vous là-bas si tu veux gratter des invitations.

En rap, l’équivalent du point Godwin s’appelle le point Eminem : immanquablement, tout rappeur blanc se verra tôt ou tard comparé à ce bon vieux Marshall. Token est toutefois, parmi les derniers venus, le seul pour qui l’analogie ne semble pas galvaudée. Moins ignorant que Slim Jesus, moins comedian que Lil Dicky, le teenager du Massachusetts évolue dans un registre qui le rapproche de son modèle au-delà de leurs évidents signes distinctifs en commun (double time flow virtuose, lyrics chiadés, cheveux courts). À tout juste 17 ans, il combine déjà humour satirique et introspection torturée, en y rajoutant une fougue rafraîchissante, inhérente à son âge, que son illustre aîné a perdu depuis bien longtemps. Pourtant davantage connue pour ses sorcières que pour sa scène rap, Salem a accouché d’un diamant brut dont le potentiel saute aux yeux (et aux oreilles) avec « No Sucka MCs Contest ». Clip en forme de plan séquence sur fond de zone pav’ middle class baignant paisiblement dans une lumière d’été indien. Prod entêtante piquée à C-Lance. Démonstration technique bluffante, validée par 600 000 vues en à peine 5 jours. Token, l’autre buzz de la semaine. Now you know.

En attendant le 30 octobre et la sortie de Le Monde Chico, PNL fait monter la sauce avec le clip de « Oh Lala ». Comme d’habitude, Ademo et N.O.S évoluent en famille : toujours pas de collaboration avec des rappeurs extérieurs à leur cercle privé , toujours Kamerameha à la réalisation et King Doudou est de retour derrière les machines après « Dans ta rue ». Tourné à Namek (à moins qu’il ne s’agisse de l’Islande ?), « Oh Lala » est probablement le visuel le plus abouti livré à ce jour par le groupe et prouve, si besoin était, qu’ils n’avaient effectivement pas besoin de signer en major pour franchir un cap. Plus qu’une semaine avant qu’on puisse tous écouter le successeur de Que La Famille.

Ils ont sorti un projet de sept titres au printemps 2015 et pourtant c’est déjà leur quatrième clip. Les hérétiques de Rezinsky débarquent cette fois avec « Caligula ». Psychédéliques et liquides à souhait, toutes en rondeurs, les images d’animation de Smoh seraient capables d’envoyer Fantasia dans un septième ciel de rires féminins et de tourments masculins. Elles succèdent avec brio au parti pris par Damien Stein. Lui avait choisi d’esthétiser l’hérésie de Pepso Stavinsky et RezO en filmant les déambulations déjantées et inquiétantes d’un redneck franchouillard dans un décor de campagne délavée. Aux antipodes donc. Mais dans les deux cas le même succès :  des mots et des images hors-normes, qui s’aventurent sur des terrains glissants. Au point que les mises en scène de chaque réalisateur en deviennent presque dérangeantes. Et pourtant, c’est l’un des atouts de ce projet, auquel nous consacrons une chronique dans nos pages. Entre les acrobaties du coeur d’une « Jolie môme » et les apparitions de Pand’Or, Eli MC et Le Bon Nob, il y a beaucoup d’audace de la part des Hérétiques.

Après la trilogie Paraplégique/Rééducation/Miraculé conclue l’année dernière, Niro, qui avait inondé le rap français de morceaux et collaborations en tous genres, a décidé de se faire un peu plus rare. Prévu pour le 6 novembre prochain avec la sortie de l’album Si je me souviens, le grand retour de Niro, déjà annoncé par les extraits « #BaWéMonAmi » et « Sortez couverts, » est imminent. Histoire de faire monter la sauce, le rappeur de Blois vient de livrer un freestyle qui prouve, si besoin était, qu’il n’a rien perdu de sa verve. Détail qui n’en est pas un : Niro a pour l’occasion repris l’instrumental de « Ice Cream », le classique de Raekwon. C’est toujours une bonne idée.

Si toi aussi tu as bouffé la cinquantaine de beats vintage compilés sur Anthology comme des madeleines d’une époque révolue lointaine, tu attendais forcément impatiemment Hud Dreems, le premier album de Knxwledge. Éternel stakhanoviste, le beatmaker (un peu) fou a déjà laissé derrière lui cet essai transformé pour enchaîner sur un nouveau projet avec l’étoile montante Anderson .Paak. Soutenu par la grande famille Stones Throw, il entamera début novembre une tournée européenne qui passera par notre bonne vieille capitale. Mardi 10 novembre Knxwledge sera sur les planches de La Bellevilloise, sa première date en France, pour un concert qu’on attend avec curiosité et impatience. Il sera accompagné pour l’occasion par Myth Sizer, DJ Lefto et Fitzroy. Et comme on sait que tu as les poches percées en ce moment, on t’offre quelques places pour cette soirée sur notre page Facebook.

« Il est chaud le Drake ! » Dans notre dernière interview, Kaaris prophétisait presque le clip de « Hotline Bling » qui voit le rappeur Canadien improviser de surprenants pas de danse, réfléchir à sa condition de multi-millionnaire tout seul sur un escalier, exposer sa nouvelle collection OVO et se lancer dans un corps à corps final hilarant. Evidemment, Internet a réagi au quart de tour, multipliant les parodies et manifestant presque davantage d’excitation pour cette dernière vidéo que pour le trailer du prochain Star Wars également mis en ligne cette nuit. Il y en a tout de même un que cette histoire n’a pas l’air d’amuser : D.R.A.M, l’auteur du titre « Cha Cha » qui avait inspiré le tube de Drake, a déclaré qu’il se sentait « volé. » Drake, machine à polémiques.