Sidekicks

Ce sont souvent les MCs qui choisissent les beatmakers. Al’tarba est un beatmaker qui choisit son MC. Pour son album La nuit se lève, sorti le 3 mars 2017, il offre à Vîrus le morceau éponyme et l’honneur de la clôture. Vîrus avait déjà posé sa voix sur une production d’Al’Tarba dans le cadre d’un featuring avec La Gale (« Sous une rafale de pierres »), mais il est ici dans un registre plus intime, et seul. Un choix qui en dit long sur l’esthétique de l’album : crépusculaire, entre errance fictive et introspective. La musique comme les mots sont choisis sur mesure, Vîrus construit et déconstruit les syllabes comme des Lego pour mieux dire l’insolite des nuits solitaires. « La nuit se lève », c’est Vîrus qui joue à domicile. Les sonorités riches caractéristiques des productions d’Al’tarba, entre piano, violon, voix lyriques, viennent toutefois relever ce qu’on ne voit pas toujours sous l’obscurité du personnage : sa beauté, magistrale mais sans pompe.

Nous nous attachons depuis plusieurs années à écrire l’histoire de la Fonky Family avec ses principaux protagonistes. Sat, Pone, DJ Djel, autant de témoignages recueillis ces derniers temps dans nos colonnes, et de belles heures de lecture pour ceux à qui ces interviews restent à découvrir (la chance !). Alors c’est évidemment avec une émotion un peu particulière que nous avons reçu la programmation de la prochaine édition de MARSATAC. Car les Bad Boys de Marseille y seront réunis pour un concert exceptionnel, à domicile. Dieu l’a donc finalement bien voulu et vous l’avez sûrement déjà lu ailleurs, il a fixé l’événement au 23 juin. Pour se préparer à cette date, il y a bien sûr toute la discographie de la Fonky Family à se refaire. Mais il y a aussi notre sélection dédiée à la patte hors-norme de Pone, qui y est pour beaucoup dans la couleur musicale si particulière qu’a été celle de la FF. Et enfin, il y a le dernier mix de DJ Djel, qui est une plongée au cœur du rap de la cité phocéenne. Dix ans après le premier volume, l’enfant de Belsunce revient avec une deuxième édition de Marseille et sa production, disponible dès aujourd’hui sur le site de Haute Culture. Cela sonne comme un rappel : à Marseille, l’Art de Rue se transmet de générations en générations.

Pour cette nouvelle édition des soirées Rap Rebels, Casabey invite le jeune rappeur Aladin 135 et son énergique collectif, Panama Bende au Point Éphémère vendredi 10 mars. Il présentera « Indigo », son tout nouveau projet qui a le vent en poupe. Il sera entouré d’un conglomérat de DJs aguerris, de Asura1990 à Azamat B en passant par le petit génie Krampf et votre dévoué Captain Nemo pour représenter l’Abcdr. Que du rap actuel, dans tous les sens, à toutes les sauces. Venez fêter la fin de l’hiver avec nous ! 

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Après une première édition très réussie, l’Abcdr est de retour au Nouveau Casino avec la Team NOHELL. Et l’équipe profite du passage du rappeur le plus en vue du moment, Sofiane, ce jeudi 9 mars pour enchaîner sur une soirée de tous les raps. L’Abcdr sera représenté par Le Captain Nemo, toujours dans les bons coups mais aussi Noumzee que vous connaissez pour ses mixs mensuels et qui fêtera son grand retour dans la nuit parisienne ainsi que Nodey, toujours membre honoraire du club. Dang et Frencizzle seront aussi de la partie côté NoHell et pour couronner le tout, la légende DJ Poska les rejoindra tous en maestro toujours funky. Bref, vous ne pouvez pas rater ça. C’est impossible.

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C’est aujourd’hui 8 mars que sort Satori (terme japonais signifiant la compréhension, l’instruction, l’édification), le nouvel et troisième album solo du beatmaker Lex,  du groupe Kalhex. Au programme, du hip-hop instrumental mid- et downtempo idéal pour se mettre l’esprit dans de bonnes et paisibles dispositions.

En sachant quand même accélérer si besoin : tirés à moins de 500 exemplaires, les versions vinyle et CD (celle-ci contenant deux bonus conviant les musiciens japonais Segawa Tatsuya et Uyama Hiroto, respectivement trompettiste et saxophoniste) sont parties comme des petits pains et à ce train-là, il va bientôt falloir se rabattre sur la seule version numérique.

Si on avait déjà eu la puce à l’oreille en entendant Phénomène Bizness dérouler une très bonne partition sur Le Bruit de Ma Ville de Nekfeu, on est tout autant agréablement surpris à l’écoute des extraits de leur première sortie solo : techniques et complémentaires, John Hash et Saïga ont une petite alchimie qui donne tout son charme à leur musique. En témoigne « Ivresse », un titre empreint de mélancolie narrant les embûches de la vie au quartier, accompagné d’un clip en plans serrés sur les visages de ceux qui font Vitry. Un bon avant goût de leur mixtape Pharaon, dont on attend la sortie le 10 mars prochain.

Beatmakers parisiens, DeafSwitch et ToOn Kurtis bossent depuis quelques années avec des groupes venus d’un peu partout dans le monde, et en particulier des États-Unis. Concrétisation logique de ce travail, le duo sortira le 17 mars son premier album, The Backup, où sont invités quelques grands noms (El da Sensei, General Steele, Afu-Ra, Pacewon) et quelques blazes moins fréquents, qu’on se réjouit d’entendre ou de ré-entendre (Mykill Miers, Louis Logic, Joey Baggs, Damien de K-Otix). Jusque-là toutefois, rien de très original. On vous le répète depuis des années, le nombre de projets réunissant beatmakers français et rappeurs américains est en croissance exponentielle. Là où et DeafSwitch et ToOn Kurtis font fort, c’est que leur album sortira conjointement chez Dirty Version et Demigodz Records, respectivement labels de Celph Titled et d’Apathy. A l’écoute de « The Backup », Celph, qui signe l’intro du disque, a en effet plutôt été convaincu par le boulot des deux Français et leur a donc proposé un deal. Plutôt pas mal en termes de visibilité. Si vous voulez vous faire une idée de ce qui a conquis le Rubix Cuban, on vous laisse avec le teaser de l’album.

Nous avons plusieurs fois écrit ici que le séminaire La Plume et le bitume se penche sur le bruit qui pense. L’expression ne sera jamais aussi appropriée qu’en ces jours de mars 2017. Pourquoi ? Car durant ce mois de printemps, notre rédactrice Emmanuelle Carinos et Benoit Dufau recevront Médine, qui s’était lui-même approprié cette notion de bruit doté d’une conscience lors de l’album Protest Song. Et si le titre contenait une redoutable référence aux dents de Demon One, la discographie de Médine elle, sera un terreau propice à trois séances d’analyses stylistiques. La première sera consacrée aux voies et à la voix de la provoc’ du Havrais. La seconde sera tournée vers ses excellentes qualités de storyteller. Et la troisième recevra le MC de Din Records. Le calendrier de cet événement est disponible sur la page facebook du séminaire. Tout ça avec un petit bonus : le dernier No Fun Show en date était justement consacré à Médine et il tombe à point nommé pour réviser la densité du propos de ce dernier. En compagnie de Ouafa Mamèche, l’Abcdr y était fièrement représenté. Quand le bruit qui pense plonge dans le fracas du monde, on est toujours là pour vous aider.

Auteur du singulier San Francisco sorti fin 2015, LK de l’Hôtel Moscou continue de tremper son rap dans un mélange d’ambiance éthérées et d’Hélium Liquide, quelque part entre trajectoires autobiographiques et un spleen qui se pare du bleu polaire de la modernité. C’est le cas avec « Équilibre », où le rappeur installé à Londres joue une nouvelle fois au funambule sur la corde de sa propre existence, celle dont les seuls filets semblent être les souvenirs de défonce, le foyer qu’il a fondé et des phases qui se parent d’un rap atmosphérique jaugé au contre-poids de l’Auto-Tune. Et si Monsieur K chante une nouvelle fois le vertige de l’intime, c’est pour ouvrir une série d’inédits qui l’amèneront à la sortie de son nouvel album, au dernier trimestre de cette année. Bref, de quoi détraquer tout en douceur l’oreille interne de la grande comédie humaine, dont Laurent Kia fait de son histoire personnelle l’une des plus fines observatrice.

Complice sporadique d’un détournement de son qui deviendra un classique du rap français, Sëar Lui-Même n’a depuis eu de cesse de multiplier les performances. D’abord avec son groupe 1 Bario 5 S’Pry, comme ce fut donc le cas avec Fabe. Ensuite en solo, lors de featurings ou de poignées de punchlines mémorables, où le MC de Sarcelles continue de proposer des textes dans lesquels les mots s’articulent avec la même magie que les deux cent six os du corps humain. Quintessence de ce rap toujours posé avec un rictus sarcastique et un sens de la formule monté sur ressorts ? Le titre « Pour mes gars d’Paris. » Sorti une première fois en 2012, réédité sur l’album Éclipse Lunaire en 2014, le morceau est désormais clippé. Le Big Punchliner y pose l’arrogance du kicker tout en assonances, sur un refrain prêt à fédérer toutes les capuches de la capitale et de ses banlieues. De la Passerelle de l’Avre au bas Belleville en passant par la gare de Garges-Sarcelles, suivez Sëar et forez l’underground du rap Francilien. De l’Or Noir en jaillira très rapidement.