Chronique

Dr. Dooom
Dr. Dooom 2

Threshold/Traffic Entertainment - 2008

« To the critics who want to try and compare this album to the first Dr Dooom, fuck you ! »

J’ignore si ma simple position de chroniqueur de webzine me permettra d’échapper à la sentence sans appel prononcée par Kool Keith aka Dr. Dooom. Mais c’est bien par la comparaison incriminée que cette communication débutera. Et le verdict est là aussi sans ambigüités : cette seconde apparition du Dr. Dooom n’a pas la splendeur de la première. On pourrait avancer de multiple raisons, mais citons celle qui nous paraît l’essentielle : les plus beaux jours de Kool Keith et KutMasta Kurt (qui produit la quasi intégralité de l’album) sont assurément derrière eux. On le savait depuis longtemps, tout comme on savait que ce retour du dérangé docteur n’y changerait pas grand-chose. L’enjeu est ici plutôt de déterminer si, en 2008, le duo terrible est encore capable de nous faire passer de bons moments. Et la réponse est un oui franc et massif.

Certes, le niveau rapologique de Keith Thornton n’a cessé de décliner durant la dernière décennie. Mais au moins, le temps d’un album, il a rompu avec le style quasi-parlé dans lequel il s’était installé depuis quelque temps. Retour à un flow off-beat plus classique donc, avec un peu de verve en moins. Pour le reste, c’est toujours le gros bordel dans la tête du docteur : il s’acharne sur le cadavre du Dr. Octagon, observe les wack MCs jusque dans leurs ébats avec des transsexuels et, bien sûr, bouffe des gens. L’imagination de l’autoproclamé God of Rap est toujours aussi débordante. Autre faculté que le temps n’a pas altéré, celle à trouver des refrains débiles qui feraient passe n’importe quel autre rappeur pour un attardé profond (‘Surgery’, ‘How Sexy’, ‘I’m creepin »).

Côté KutMasta Kurt, on a à nouveau fait l’effort de s’adapter à l’univers du moment de Kool Keith. Au menu donc, ambiance glauques et oppressantes, à base de sonorités organiques (« I’m creepin' », ‘Do not disturb’, ‘Mopped up’) ou de cuivres menaçants (‘The Countdown’, ‘Take that Ride’). Kurt sait aussi calmer le jeu, quand Dooom s’adresse aux dames (‘How Sexy’) ou, avec un sérieux relatif, aux grandes gueules (‘Always talkin’ out your Ass’). Comme à son habitude, touche du DJ-producteur oblige, Kurt a le bon goût de placer des scratchs sur presque tous les morceaux. A l’instar de son collègue, s’il ne renoue pas avec son niveau d’antan, le beatmaker de Santa Monica fournit une prestation plus que correcte.

C’est donc plus qu’un bon moment que les Diesel Truckers nous font passer : ils nous offrent l’une des meilleures surprises de cette année 2008, par le biais de cet album cohérent, ponctué de très bons titres (‘The Countdown’, ‘Mopped Up’, ‘Surgery’ avec le trop rare Motion Man). Alors certes, ce ne sera pas suffisant pour faire rivaliser « Dr. Dooom 2 » avec leurs faits d’arme majeurs (« Sex Style »« Dr. Dooom – First come, First served »« Masters of Illusion »). Mais le message est clairement passé : en 2008, Kool Keith et KutMasta Kurt ont encore beaucoup à donner. Et c’est une sacrée bonne nouvelle.

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