Sidekicks

Concept génial du magazine Grantland : demander à une personnalité de raconter un souvenir, et le mettre en scène sous la forme d’un dessin animé. Ici, Method Man qui raconte la genèse du morceau « Bring the Pain ». L’idée est mortelle, l’exécution aussi. Vivement le prochain épisode.

C’est la dernière ligne droite, la finale du Buzz Booster région Île-de-France. Il reste aujourd’hui trois groupes en course. C’est parfait pour composer un podium mais les sélections régionales sont un peu comme les duels dans Highlander : il ne peut en rester qu’un. En complément de ce tremplin devenu incontournable – et en attendant la finale nationale à Marseille – Swift Guad sera là pour envoyer le bois. Le narvalo le plus productif de Montreuil jouera une sélection de morceaux de son dernier album – La Chute des Corps – et quelques-uns de ses classiques. Et vu qu’il aime lui aussi les affaires de famille, il ramènera au passage quelques invités pour faire monter encore un peu plus la température. Cette petite sauterie aura lieu le 4 décembre à La Bellevilloise et on t’offre des places sur notre fil Twitter et notre page Facebook.

En début d’année, Internet a encore donné naissance à un clip improbable : il montrait un adolescent au look cauchemardesque (col roulé, calvitie et durag) qui chantait en playback, affalé sur un sofa, puis perdu en forêt, la mine déconfite et le regard éteint. Un mélange surréaliste entre « Marvin’s Room » de Drake et Le Projet Blair Witch.

La chanson s’appelait « Without You », et le garçon en col roulé y dévoilait un vrai sens de la mélodie, dans le registre désormais canonique du R&B sous Lexomyl. C’est ainsi que le monde Internet découvrit Spooky Black.

Originaire de St. Paul, capitale du Minnesota, Spooky Black gravite sur Soundcloud avec trois autres artistes locaux, tous âgés de vingt ans à peine : Allan Kingdom, Bobby Raps et Psymum. Certains sont d’abord rappeurs, d’autres faiseurs de sons, mais les lignes ne sont pas clairement définies. À eux quatre, ils ont formé le groupe thestand4rd, et leur premier album vient tout juste d’apparaître dans le stream Soundcloud. Ambiances éthérées, hybridation des genres, culture du bricolage, fétichisme R&B et gueule de bois permanente : thestand4rd est un pur produit de 2014. Après Odd Future ou les Sad Boys, les cliques marginales constituent une nouvelle norme, et thestand4rd semblent marcher dans leur pas. La suite de l’histoire reste donc à écrire – fascination, cooptation, explosion ?  – mais le potentiel de chacun et les idées qui parsèment ce premier projet laissent espérer le meilleur.

C’était il y a deux ans. Joey Bada$$ avait dix-huit balais et venait pour la première fois à Paris avec l’équipée Pro Era. Et le projet 1999 en carte de visite. Capital Steez était encore de la partie et œuvrait dans le rôle du meilleur lieutenant du leader incontesté. Brouillon mais débordant d’énergie, le concert de la Bellevilloise avait posé des jalons. Depuis, Joey a pris du galon et de la bouteille. Son passage (un peu) éclair à Rock en Seine il y a quelques mois l’a bien confirmé. Sans être encore un vieux roublard blasé, le gamin de Flatbush revient samedi 29 novembre au Trianon pour dévoiler son premier véritable album : B4.DA.$$. Un album qui devrait transpirer les golden nineties et le bon vieux boom-bap de cette foutue grosse pomme. Pour ne rien gâcher, on t’offre quelques places pour ce concert sur nos réseaux sociaux. Pour participer, ça se passe sur notre fil Twitter et notre page Facebook.

L’automne semble être propice aux réunions. Quelques jours après la reformation officielle de Non Phixion, il a en effet été annoncé sur la page Facebook de Jedi Mind Tricks que Stoupe et Vinnie Paz allaient à nouveau bosser ensemble. Les chemins du groupe et de l’énigmatique beatmaker s’étaient séparés il y a trois ans, pour cause de divergences artistiques. D’un point de vue affectif, on trouve la nouvelle plutôt bonne : après le retrait (?) de Jus Allah, JMT ne semblait plus vraiment avoir lieu d’être alors que Paz a clairement privilégié sa carrière en solo depuis quelques années. Ne nous emballons pas trop vite néanmoins : la dernière fois que feu-Ikon the Verbal Hologram et The Enemy of Mankind avaient collaboré, le résultat avait quand même été plutôt mitigé.

Il sort aujourd’hui. Cinquième album solo d’Akhenaton, Je suis en vie est, artistiquement parlant, dans la continuité du diptyque Arts Martiens et …IAM. Même composition orthodoxe assurée par Sébastien Damiani (et Akhenaton), même plume solennelle de Chill, pesée au poids des années et de la sagesse acquise. Je suis en vie a aussi le mérite de confirmer une chose : AKH n’est jamais aussi bon que dans ses exercices d’introspection. En atteste ce « Deuxième chance », tout à la fois témoignage universel et récit intime de son histoire. Rien que pour ces moments suspendus, le disque mérite le coup d’oreille.

« MZ Music Vol 3.5 » sortant aujourd’hui, on a demandé à la MZ de nous présenter deux extraits issus du projet. On vous propose donc de découvrir « Embrasse-moi » ci-dessus et « Brrr » disponible également sur notre chaîne Dailymotion.

On n’a pas encore bien pris la mesure du retournement, dont Doo-Bop constitue un disque charnière : la tendance d’une partie du jazz contemporain à s’inspirer du rap, et plus seulement l’inverse. Ce renversement va au-delà des noms les plus connus et donne parfois lieu à des coups à trois bandes : c’est ainsi qu’un morceau du Steve Lehman Octet, sur le récent album justement intitulé Mise en abîme, revisite le tube de Camp Lo « Luchini (This is it) », une tuerie qui n’a pas pris une ride et tournait elle-même autour d’un sample de Dynasty…

Autre bel exemple dans un genre très différent : le guitariste jazz-rock Wayne Krantz, visiblement fan d’Ice Cube. Celui qui s’était déjà fait connaître en reprenant un remix de « Check Yo’Self » (qui lui-même reprenait « The Message ») sur son album Howie 61, récidive sur son nouvel album Good Piranha/Bad Piranha, avec une reprise de « My Skin is My sin » (face B du single « Really Doe » qu’on retrouve sur le disque Bootlegs & B-Sides). Et propose dans la foulée une reprise du « U Can’t touch this » de MC Hammer, le tout en deux versions.

The Story Behind Def Jam’s Worst Selling, and Most Misunderstood, Album Ever

Pendant que Def Jam fête ses trente ans, le magazine new-yorkais Village Voice revient sur l’un des plus grands flops de l’histoire du label : l’album U.S.A. du groupe Flatlinerz, sorti en 1994 et vite envoyé aux oubliettes. Avec son imagerie noire et morbide (U.S.A. pour Under Satan’s Authority), ce trio originaire de Brooklyn sera perçu comme un coup marketing et un piston familial (Redrum, l’un des membres du groupe, était le neveu du patron Russell Simmons). À sa sortie, U.S.A. ne trouvera que 36 000 acheteurs, là où Onyx – groupe hardcore également signé chez Def Jam – avait vendu plus d’un million d’albums.

L’article de Village Voice apporte un éclairage intéressant sur la destinée de ce groupe en marge de l’histoire, et resitue son héritage dans l’esthétique horrorcore qui infuse une bonne partie du rap actuel. Une belle histoire d’Halloween qui tombe à l’heure où le groupe annonce une réédition de U.S.A., vingt ans après cette sinistre année 1994.