On l’a déjà dit à plusieurs reprises mais Rick Ross, celui qui transformait tout ce qu’il touchait en or il y a encore trois ans, a perdu de sa superbe. Fini l’époque où une simple interjection créait l’événement, l’auteur de Teflon Don n’est plus que l’ombre de lui-même et semble condamné à reproduire éternellement « B.M.F ». A moins qu’il n’ait décidé de nous faire mentir. Alors qu’il s’était fait le spécialiste des albums repoussés (vous vous souvenez des effets d’annonce autour de Mastermind ?), il s’est mis au diapason de 2015 et vient tout juste de dire que son nouveau disque, Black Dollar, sera disponible ce jeudi. Mieux : il a pensé à tous les nostalgiques de la période Deeper Than Rap en mettant en ligne « Foreclosures », un premier extrait qui sent bon le luxe et les cigares cubains, forcément produit par les J.U.S.T.I.C.E. League (accompagnés de 8 Bars). Un titre qui sonne la renaissance de William Roberts ? Réponse ce jeudi.
Sidekicks
Le jubilé de Dr. Dre, les bangers de 2 Chainz, la nostalgie de Warren G, le vrai classique de Chief Keef et les sorties posthumes de Sean Price et Chinx Drugs : voici les 5 projets qu’on a le plus écoutés au mois d’août.
Hasheem, Wallen, Kayna Samet, China, J-Mi Sissoko, K-Reen, Vibe… Autant de noms forcément familiers des auditeurs de rap français. S’ils se sont fait plus rares ces dernières années, ils ont incontestablement contribué à donner au rap hexagonal ses lettres de noblesse. Qui n’a pas été bouleversé par le refrain de « Le jour où tu partiras » ? Et celui de « Jackpot 2000 » ? Quid de la carrière de Wallen ? Rétrospective sur 5 des chanteurs les plus emblématiques du rap français.
À tout juste 19 ans, Bishop Nehru a déjà sorti cinq projets, dont un en collaboration avec MF DOOM l’an passé. Signé sur le label Mass Appeal Records de Nas, le rappeur originaire de l’état de New York prépare actuellement son premier album solo, dont la production exécutive sera assurée par ce dernier. Autant dire qu’on a connu des carrières moins bien engagées que ça… Quelques mois seulement après la parution du très réussi Nehruvia: The Nehruvian EP et de son excellent single « User$ », Bishop Nehru a mis en ligne le 26 août (jour de son dix-neuvième anniversaire) quatre nouveaux morceaux regroupés sous le titre de Bishy’s B-day Playlist. Porté par « The Alert » et le tout aussi bon « I See », ce mini-projet gratuit confirme le goût du jeune MC pour le « dribble verbal » et son aisance au micro. Et donne encore davantage envie d’écouter son premier « vrai » album.
En l’an 2000, Booba et Ali, traumatisés par Mobb Deep, changeaient à jamais la face du rap français avec Mauvais Oeil. Six ans plus tard, B2O sortait son blockbuster et quittait définitivement New York pour s’inspirer de la musique du sud des Etats-Unis. En 2008, il découvre l’autotune avant de se prendre pour Rick Ross à l’automne 2010. En 2015, Booba est un chanteur de zouk. On prend les paris sur ce qu’il nous réserve pour 2020 ?
Does he have your vote America? @kanyewest accepts the Video Vanguard award http://t.co/pyg3SBh8gq
— MTV (@MTV) 31 Août 2015
C’est un véritable mélodrame hollywoodien qui s’est joué devant les yeux du monde entier cette nuit sur la scène des VMA. On savait depuis quelques temps que Kanye West allait recevoir une récompense particulière et on se doutait qu’il allait nous réserver une surprise. Un scoop concernant son prochain album, Swish, qui est censé sortir d’une minute à l’autre ? Un morceau inédit ? Une nouvelle mise en marché des Yeezy Boost ? En réalité, l’auteur de Late Registration a vu bien plus grand. Après avoir longuement embrassé sa bien-aimée, donné une accolade à Taylor Swift, celle qu’il avait traumatisé sur le plateau de MTV en 2009, et savouré les acclamations de la foule, Kanye s’est lancé dans un discours de douze minutes, ponctué de regrets (« Si j’avais eu une fille en 2009, serais-je venu sur scène pour prendre le micro de quelqu’un d’autre ? »), d’aveux (on sait désormais que le rappeur se roule « un petit quelque chose » avant une cérémonie de cette envergure) et de confiance en soi (« Je crois en moi »). Surtout, il a conclu en lançant un véritable pavé dans la mare : Kanye West a décidé d’être candidat à la présidence américaine en 2020. Au-delà du choc de la nouvelle, cela pose une véritable question : s’il finit à la Maison Blanche, Consequence aura-t-il un poste de secrétaire d’Etat ?
Bronze Nazareth et Dom Pachino sortent War Poetry

Il y a des albums qui, un peu comme lorsque James Cole débarque par erreur en pleine Première guerre mondiale dans L’Armée des 12 singes, semblent débouler dans la mauvaise époque. Dont le casting donne l’impression de déjà connaître le projet tant ses auteurs ont un style identifié et en dévient peu. Mais qui finalement, sans rien avoir de révolutionnaire ni surprendre, forcent le respect par leur solidité et font parfaitement leur office : faire bouger la tête pendant la quinzaine de titres les composant puis appuyer sur Repeat. C’est le cas de War Poetry, réunissant Bronze Nazareth et Dom Pachino, disponible depuis le 15 août en version digitale et également en édition CD limitée. La combinaison entre les deux Wu-Affiliates ne déçoit pas : les productions soulful à la fois amples, sombres et martiales du premier conviennent parfaitement aux rimes de l’ex-P.R Terrorist de Killarmy et de leurs invités – on est à ce sujet toujours contents de réentendre Killa Sin, qui multiplie depuis une quinzaine d’années les allers-retours entre studios et prison, et de se rappeler à quel point ce type marchait sur l’eau à l’époque de Killarmy et de Soul in the Hole. Après Time Flys, Life Dies… Phoenix Rise, en collaboration avec Canibus, c’est le deuxième projet sorti des machines de Bronze Nazareth en 2015. Une productivité qui fait plaisir quand on imagine à quel point les mois qui ont suivi le décès de son frère Kevlaar 7 (en décembre 2014) ont dû être durs.
Mood est de retour

Notamment auteur en 1997 du classique Doom, le groupe Mood reviendra dans les bacs le 18 septembre avec un nouveau projet, Into the Mood, qui sera disponible en CD, vinyle et digital. Autrefois produits par Jahson et Hi-Tek, les MC’s Main Flow et Donte se sont cette fois-ci alliés au beatmaker parisien Mil, membre du label français Effiscienz sur lequel sortira l’album. « C’est par l’intermédiaire de Mil que s’est faite la connexion entre Mood et Effiscienz, précise Loscar, CEO du label et producteur exécutif de l’album. Avant d’être signé chez nous, il avait déjà enregistré un titre avec eux puis fait appel à Effiscienz pour que DJ Djaz place des scratches sur un second morceau ». Le beatmaker et ingénieur du son rejoindra ensuite le label et poursuivra la collaboration à distance avec Mood pour finalement donner naissance, après trois ans de travail, à ce Into the Mood composé de 10 titres « dark, jazzy et classes » pour reprendre les termes assez justement employés par Loscar pour définir le style de Mil. 2015 est donc encore une grosse année pour Effiscienz, déjà à l’origine de quatre projets… Et les choses ne devraient pas s’arrêter là : le label prépare d’ores et déjà, entre autres, la sortie des nouveaux albums de DJ Brans, de Lone Catalysts, de Fel Sweetenberg, de Rasco et de Main Flow qui, après l’enregistrement du projet de Mood, a demandé à faire un disque avec Mil.
Derrière la superstar Eminem et le regretté Proof, Bizarre est probablement le troisième membre de D12 à avoir marqué les esprits. À coups de name dropping et de blagues potaches, son spoken word captait systématiquement notre attention et ses couplets étaient toujours des mini-événements au sein des morceaux collectifs du groupe. Si la vague D12 est passée depuis quelques années, Bizarre continue son bonhomme de chemin et enchaîne les mixtapes à un rythme régulier depuis 2008. Tweek Sity, la dernière en date, est de bonne facture et a le mérite de mettre un coup de projecteur sur plusieurs rimeurs talentueux issus de Detroit (au premier rang desquels figure l’excellent King Gordy). A écouter en se remémorant l’année 2001 (le bon vieux temps quoi).
NxWorries ou l’association entre un caméléon ultra-polyvalent et un beatmaker stakhanoviste. Figure récurrente du dernier bulldozer ensoleillé de Dre, Anderson .Paak est aujourd’hui surtout un électron libre insaisissable, dribblant constamment les genres musicaux. À la fois chanteur, rappeur, batteur et producteur, l’autre double A est une forme de diamant brut, avec un pied partout. Avec l’ultra-prolifique producteur lo-fi Knxwledge en compagnon de route, le duo rassemblé sous l’égide de Stones Throw ébauche en ce moment même un long format. Tout juste mis en images, « Suede » donne le ton, entre virée post-descente et dribbles croisés.