Chronique

The Beatnuts
The Originators

Landspeed Records/Pit Fight Records - 2002

Débarrassé depuis la sortie de l’indigeste compilation Classic Nuts d’un contrat devenu pesant avec un Loud déjà en pleine déliquescence, Psycho Les et Juju Junkyard en profitent pour sortir dans la foulée un nouvel album. Intitulé sobrement The Originators il fait suite au relativement décevant Take it or squeeze it. Désormais de nouveau en indépendant, on se surprend à espérer que ce retour aux sources puisse coïncider avec les heures de gloire du duo du Queens, marquées, notamment, par l’indispensable Intoxicated Demons, l’album éponyme (souvent appelé Street Level) et le très bon Stone Crazy. Alors qu’en est il ?

Et bien pour une fois nous ne ménagerons pas le suspense pour admettre d’emblée que ce dernier opus des Beatnuts laisse, une nouvelle fois, une impression pour le moins mitigée tout en réservant bien peu de surprises. Peu de surprises au niveau du fond puisque Juju et Pyscho Les s’inscrivent toujours dans cet esprit festif et spontané, véritable armistice pour les neurones, dont le principal objectif consiste à faire remuer les corps frétillants de ces demoiselles légèrement vêtues et les têtes des backpackers et autres simili-gangsters. Les textes des deux latinos oscillent donc entre égotrip, récits autour de ses chaudes « parties » mêlés à quelques provocations et règlements de compte. Que voulez-vous, tout le monde n’a vocation à lancer une révolution (qui ne sera pas télévisée, comme vous le savez). Peu de surprises également sur la toujours aussi longue liste des invités. Al Tariq (ex-Fashion, auteur d’un vrai-faux retour au sein du groupe), Tony Touch (sur l’insipide ‘Work that pole’), Problemz, Triple Seis et Marley Metal, (sur le plutôt bon ‘Becks ‘n Branson’) tous déjà présents sur Take it or squeeze it retrouvent le chemin des studios avec plus ou moins de bonheur. Ils sont rejoints notamment par le déjanté Ill Bill, l’inoxydable Large Professor (sur le très bon ‘Originate’) ou le voisin de quartier Cormega. Une nouvelle fois le nombre (très) excessif d’invités donne à cet album des airs de (mauvaise) compilation tout en nuisant à sa cohérence. C’est d’autant plus problématique que certaines apparitions (celles d’Armaretta et Chris Chandler pour ne pas les citer) s’avèrent pour le moins catastrophiques.

Peu de surprises enfin en terme de productions. Capables du meilleur comme du pire, le duo latino cède depuis un moment à la facilité et continue ici dans cette bien triste lignée. Moins inspiré et surtout moins exigeant que par le passé, les compositions de Juju et Psycho Les s’avèrent relativement minimalistes et surtout de qualité assez inégale. Si les très fades ‘Routine’ ‘Work that pole’ ou ‘Ya betta believe it’ atteignent à peine le stade du supportable, quelques morceaux réussissent tout de même à emporter l’adhésion, essayant péniblement de tirer l’ensemble vers le haut. C’est le cas de l’explicite ‘Buying out the bar’ qui repose sur une excellente boucle d’accordéon (oui oui) et surtout de ‘Originate’. Basé sur une boucle minimaliste à souhait et un stab vocal emprunté à Greg Nice, la production de Large Professor sort très nettement du lot et impose ‘Originate’ comme LE morceau de l’album ; prouvant quelque part la relative faiblesse de l’ensemble. On retiendra enfin ‘Brecks ‘n Branson’ et ses chœurs imposants, titre efficace à défaut d’être novateur.

Plus uniforme que Take it or squeeze it, The Originators comporte quelques bons passages mais beaucoup trop peu pour nous faire croire à une quelconque renaissance du duo Juju-Pyscho Les. Sans être une escroquerie de premier choix, ce nouveau LP, le septième (hors compilation) pour les Beatnuts, s’inscrit dans la lignée des opus précédents, nous confortant un peu plus dans une certaine nostalgie pour l’inégalé Intoxicated Demons.

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