Chronique

The Beatnuts
Milk Me

Penalty Recordings - 2004

Fiers représentants de la communauté Hip-Hop latino New-Yorkaise aux côtés, notamment, de Fat Joe et Tony Touch, crate diggers et producteurs reconnus et imités, la réputation des Beatnuts n’est plus à faire. Deux années plutôt chargées (avec notamment un concert irréel au Cabaret Sauvage en juin 2003) se sont écoulées depuis la sortie d’un The Originators pour le moins inégal. Aucunement brisé dans leur élan par la polémique ‘Jenny from the block’ (le morceau produit par les Trackmasters reprend entièrement une boucle de ‘Watch out now’ sorti par les ‘Nuts en 1999) le duo Psycho Les-Juju Junkyard reprend du service et sort via Penalty Recordings son huitième album (hors compilation.)

La pochette, combinée au titre Milk me, sans équivoque, rappelle d’emblée qu’avec les Beatnuts l’humour est aussi gras que les énormes basses de funk qui ont fait résonner les succès du duo latino depuis une quinzaine d’années. Sans surprise, ce nouvel opus s’inscrit dans cette même tendance, sauf que les productions concoctées par nos deux experts en herbes aromatisées font plutôt l’effet d’un pétard mouillé. Calibré pour les dancefloors et grosses décapotables gonflées au low riding, Milk me s’avère de qualité particulièrement inégale, et parvient péniblement à déclencher, même chez le fan conquis d’avance, le moindre hochement de tête. Ce dernier long format aux allures de compilation vaut par l’efficacité indéniable de quelques uns de ses singles. Véritable bande sonore originale de clubs bondés et enfumés, ‘Hot’ avec l’inoxydable Greg Nice se détache comme une incontestable réussite de même que ‘It’s nothing’ invitant un AG toujours en pleine forme et un Gab Gotcha particulièrement discret depuis son 12 » Angels/On the job.

Une nouvelle fois la partie emceeing s’avère dénuée de tout véritable intérêt, centrée autour de pétasses assoiffées de sensations fortes, de kilos d’herbes et de liasses de billets. Une succession d’égotrip et de name dropping inoriginal au possible vient compléter un tableau caricatural à souhait. Si les Beatnuts se sont toujours affranchis de toute conscience sociale bon marché, ils ont pour eux l’immense mérite d’affirmer et assumer leurs positions et volontés. Rappel sans équivoque sur ‘Madness’ « I do this for the love, for the money and the drugs, I do this just to hear it in the clubs, go ahead brush your shoulders off lady ass niggaz, sit back and listen to some crazy ass niggaz« .

Toute indulgence nostalgique mise à part, Milk me déçoit et s’apparente à une succession de singles oscillant entre médiocre et anodin. Et si quelques titres se détachent du lot, c’est nettement insuffisant pour parler d’une quelconque renaissance, recyclage ou plus simplement satisfaire le back packer lambda. Bring the funk back.

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