Chronique

Caballero
Le Pont de la Reine

Pure Jus - 2014

La ligne de basse s’agite, les kicks s’envolent. Au loin, une voix s’immisce dans les oreilles, se rapproche. « Caba’ vous l’a dit, appelez le papa ou daddy. » Les phrases sont sèches, le ton plus rauque. « Tout en finesse » est un cri de guerre, une explosion d’egotrip qui trotte encore après en avoir goûté la mélodie. Mieux encore, une synthèse de ce que sont ces quarante minutes du Pont de la Reine.

Caballero aime le rappeler : le rap s’éclaire par sa géographie. Né à Barcelone, élevé en Belgique, Arthur Caballero a décidé de porter en étendard son origine bruxelloise. Déjà, sur son projet Le singe fume sa cigarette avec le Parisien Lomepal, le « chevalier belge » affirmait ses origines dans ses vers joueurs et étudiés. Plus tard, la sortie de sa mixtape Laisse-nous faire permettra au MC de se présenter à la face de l’hexagone. Les centaines de milliers de vues YouTube de son « C’est aussi simple que ça » peuvent en témoigner.

« Alors que ses dernières sorties se laissaient aller dans une nervosité palpable, la nouvelle couleur de ses titres semble parfois s’adoucir.  »

Avec Le Pont de la Reine, la musique du garçon hausse le niveau : alors que ses dernières sorties se laissaient aller dans une nervosité palpable, la nouvelle couleur de ses titres semble parfois s’adoucir. Le jeune rappeur continue d’imposer sa personnalité toujours sur l’offensive, mais se laisse aller dans des phases plus élaborées, autant du côté des productions (« Ne m’en voulez pas », aquatique et planant) que des textes. Après plusieurs uppercuts, on découvre en fin de course un Caballero mélancolique dans « Toute bonne chose », auto-projection dans le futur d’un garçon déterminé à vivre de sa passion (« Aujourd’hui ce ne sont plus mes jambes qui me tiennent debout mais ma foi »). La présence des producteurs/rappeurs JeanJass, Le Seize et Eskondo sur l’intégralité du projet laisse d’ailleurs entendre d’autres bons moments, à l’image de la production chaloupée de « Mérité » ou de la parenthèse grandiloquente de « Longue vie ».

Le Pont de La Reine est une œuvre mûre, un disque élaboré avec de fidèles acolytes. Arthur Caballero s’entoure de ses « frères » à la production, et alterne séquences frontales, et phrasés plus mélancoliques. La recette fonctionne : sous ses airs de personnage dur et froid, on découvre au fil des pistes un bonhomme plus sensible. Une évidence quand on connaît un peu l’artiste : un type qui s’excuse de ses erreurs dans ses textes ne peut pas être totalement mauvais.

Caballero - « Le plus fin »

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1 commentaire

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  • JeanJass,

    Yo l’Abcdr, un grand merci pour le papier ! Juste quelques précisions : j’ai produit ce EP en duo avec Le Seize, et pas entièrement moi-même. Eskondo est le DJ et scratcheur attitré. Voilà, big up