Sidekicks

Vous ne connaissez peut-être pas son nom mais Che Pope possède un C.V. impressionnant : réalisateur de The Miseducation of Lauryn Hill, directeur artistique chez Warner, collaborateur privilégié de Dr. Dre et Hans Zimmer, producteur pour A$AP Rocky ou The Weeknd, président de G.O.O.D. Music…Celui qui fut découvert par Teddy Riley semble déjà avoir eu plusieurs vies. A l’occasion de la Redbull Music Academy qui se tient actuellement à Paris, il est venu donner une longue et passionnante conférence que les organisateurs ont eu la bonne idée de sous-titrer. Si vous vous demandez si Kanye West est un mec sympa, la réponse est dans cette vidéo.

Tout juste sorti de son linceul, Vîrus annonce de nouvelles réjouissances cryptiques.  Quatre morceaux enregistrés entre quatre murs pour un Huit-clos annoncé au 20 novembre. Rassurez-vous : aucune réjouissance au menu et une équipe inchangée (oui, Banane sert toujours une soupe glaciale.) Le premier extrait ironiquement intitulé « Bonne nouvelle » s’apparente à une traversée des catacombes, une lente marche en noir et blanc entre les cellules d’isolement où « même le temps commence à s’faire chier. » De Rouen au Peña Duro de Bane, il n’y a qu’un pas. Vivement la mise en berne.

Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle, ça nous change un peu d’Al Pacino, hein? C’est avec les deux « héros » du film « Calmos » sans oublier la voix de Brel littéralement noyée, que le groupe Instant Zéro a annoncé la suite du sept titres La corde avec le clip ci-dessus. (Y a quelque chose du Sept sur le premier morceau, dans le rap comme dans la voix, nan?) On ne sait pas grand-chose du deuxième album en préparation si ce n’est, aux dernières nouvelles, qu’il est prévu pour la fin de l’année et qu’il devrait porter le même nom que le groupe. En attendant confirmation, on peut passer à table. « Ça vaut quand même mieux que des barbituriques. »

La clique Awful Records est à part dans l’écosystème rap. Auréolée du succès de Father, cette bande de weirdos touche-à-tout abreuve internet de musique et vidéos expérimentales entre rap lo-fi, RnB new wave et incursions électroniques. Éminence grise du label d’Atlanta, Ethereal est parfaitement à l’aise dans ce mélange foutraque.

Obie Rudolph, de son vrai nom, est très prolifique, livrant à une cadence effrénée boucles indémodables, bande-son de jeux vidéos et matraques Jungle/Drum N Bass. Il saupoudre cette recette d’une voix nonchalante, une aisance tarabiscotée non sans rappeler les intonations de Curren$y. Mais là où la clique Jet Life se spécialise dans la productions de somnifères, Ethereal nous tient en éveil avec des petits détails malicieux, une imagerie de dessins animés et une construction en poupées russes.

Ces multiples références sont encore au cœur de son dernier projet, « I Think I’m On Fire 2 », suite d’un premier volume sorti cette année, déjà explosif. Articulé autour des duos avec Alexandria et des (quasi) reprises de classiques, ce creuset d’innovations accompagne chaque bizarrerie de la vie. A insérer rapidement dans ton walkman numérique pour une balade unique dans ton existence chimérique.

Le 13 novembre prochain, Oxmo Puccino sortira son huitième album. Entre classiques définitifs (Opéra Puccino), expérimentations soignées (Lipopette Bar) et projets collaboratifs (Au Pays d’Alice), l’ancien membre de Time Bomb affiche une longévité exemplaire et presque miraculeuse dans le paysage rapologique hexagonal. Une carrière que nous avions envie de célébrer en consacrant une semaine à l’auteur de L’Amour est Mort. Rendez-vous lundi prochain ici-même donc et, en attendant, vous pouvez regarder le joli clip de « Slow Life » réalisé par Mat et Shaun.

Après une belle année à défendre Piñata, son album en commun avec Madlib, Freddie Gibbs a pris une petite pause, le temps de profiter de sa récente paternité. Et Fredrick Tipton a l’air d’un daron comblé (ou presque). Pas de quoi ramolir le rappeur féroce qui sommeille en lui. Après la mise en bouche Pronto, un trois titres concis et brutal, le rappeur de Gary annonce pour le 20 novembre prochain Shadow of a Doubt. Premier extrait de ce nouvel album : « Fuckin’ Up The Count », qui réunit fidèlement tout l’esprit crapuleux et classique de Gangsta Gibbs, cette fois-ci porté par la froideur de la touche canadienne de Frank Dukes et Boi-1da.

Les précommandes sont ouvertes, le projet a enfin une pochette et une date de sortie (le 16 novembre) : SLRA2 : Mémoire de mes putains tristes, nouvel album de Hyacinthe, n’est plus une lointaine chimère. « L’ennui », nouvel extrait, laisse penser que le rappeur parisien continuera de travailler en petit comité (Krampf et Holos Graphein sont derrière les machines quand son compère L.O.A.S est à la réalisation du clip) et d’explorer les mêmes thèmes : errance nocturne, solitude quasi-dépressive et infidélité chronique… Bref, tout ce qu’on aime.

Il fait partie de l’équipe 1500 or Nothin’ et du groupe Cocaine 80’s avec No I.D., a contribué a plusieurs titres de To Pimp a Butterfly de Kendrick Lamar (ah, ces vocalises lasses au début de « Mortal Man »…), et Justin Timberlake lui doit sans doute beaucoup pour la belle réussite de The 20/20 Experience. Et ce n’est qu’une partie infime de son C.V. fourni. James Fauntleroy est sûrement l’un des artistes R&B les plus doués de cette décennie, et pourtant son nom reste confidentiel. Ce n’est pas ce « Love Can Get Scary », glissé sur le net à l’occasion d’Halloween, qui le fera décoller prochainement. Pourtant, sur cette mélodie désespérément cœur-léger, il montre tout son savoir-faire en deux minutes et demie. C’en est presque honteux de penser que ce titre ne sortira pas de la nuée des milliers d’autres postés chaque jour sur Soundcloud. Surtout vu le talent de James : écoutez donc les autres morceaux de son compte pour vous en convaincre.

Elle n’est pas encore très étoffée, la rubrique « musique » du site (qui est aussi une revue papier) Ballast, « revue collective de création politique » dont le triple mot d’ordre est « tenir tête, fédérer, amorcer ». Mais on y trouve déjà des interviews de Brav, Lino et Médine, sans compter Serge Teyssot-Gay, avec lequel on avait échangé quelques mots ici même en 2009. D’autres suivront sans doute, on l’espère en tout cas. (Si besoin, on peut proposer quelques pistes : celle-ci par exemple… ou celle-là…). En attendant, hors musique, il y a beaucoup de bonnes choses à se mettre devant les yeux et dans le crâne en se promenant sur le site.

La semaine dernière avait lieu la première édition des soirées Horizons. Conçue en partenariat avec Yuma Prod, ces événements auront pour but de braquer les projecteurs sur quelques-uns des artistes hexagonaux en qui nous avons envie de croire. C’était le cas de Cleim Haring, rappeur encore méconnu, qui a investi la Maroquinerie pour présenter Soledad, un premier EP qui sortira très prochainement. Une prestation convaincante qui le positionne quelque part entre Mick Jenkins et Grems (promis, c’est possible) et qui a enthousiasmé le public présent. Produit par le surdoué Everydayz (la production de « Mon Soleil » rappelle d’ailleurs Kaytranada et l’équipe Soulection) et mis en images par Valentin Petit, les morceaux de Cleim Haring bénéficient du meilleur habillage possible et devraient réussir à trouver un écho en dehors de sa région lyonnaise. A suivre de près.