Sidekicks

Hyacinthe a (enfin) sorti son premier album, SLRA2 – Mémoire de mes putains tristes, et en a profité pour confirmer que 2015 est une cuvée exceptionnelle pour le rap français. Histoire de célébrer ça comme il se doit, le rappeur prendra le contrôle du Social Club le 10 décembre prochain avec L.O.A.S et Krampf, les autres membres du DFHDGB. Si vous souhaitez gagner quelques places pour cette soirée qui s’annonce d’ores et déjà mémorable, on vous donne rendez-vous sur notre page Facebook.

Dans le cadre de sa toute première tournée européenne, Kehlani fera un stop au Trabendo ce jeudi à partir de 20h (billets en vente sur Live Nation et Digitick). Preuve qu’il n’y a pas que du gangsta rap et des pimps à Oakland, la jeune chanteuse, qu’on vous présentait lors de notre bilan du premier semestre 2015, est le dernier avatar en date d’une longue tradition locale (souvenez-vous En Vogue, Tony! Toni! Toné!, Keyshia Cole, Goapele, etc.). Pendant hoodrat de Tinashe parmi les figures montantes du R&B féminin, la First Lady du HBK Gang d’Iamsu! est capable de rendre über sexy le clip ci-dessus avec Chance The Rapper (jolie prouesse !), comme de jouer les vahinés acidulées dans une autre vidéo tournée à Hawaii. On est déjà amoureux. Et vous ?

On vous a souvent parlé par le passé de l’Antibois Piroksen, et c’est toujours avec plaisir qu’on prend connaissance des nouvelles étapes de sa carrière. Désormais basé à Londres, le rappeur livre actuellement son nouveau projet, Musicoterapy. Celui-ci prend la forme de trois morceaux, tous clippés, et mis sur la toile les uns après les autres. Après « États des lieux » il y a quelques semaines, c’est « La Folie » qui vient d’être livré. Piroksen y reste fidèle à ses bases, des beats qui tapent fort et une écriture soignée. Rendez-vous donc d’ici la fin de l’année pour le troisième et dernier volet de la trilogie. En attendant, vous pouvez toujours vous (re)plonger dans la discographie du bonhomme sur son bandcamp.

Oui, la vie reprend son cours et les salles de concerts doivent se remplir de nouveau. Pour les petites comme pour les grandes affiches. Jeudi 10 décembre, nos amis de Free Your Funk proposent une date à la fois nostalgique et intemporelle avec la venue combinée de Pete Rock et Apollo Brown. Les bonnes vieilles planches de La Bellevilloise (Paris vingtième) vont prendre cher avec les DJ Sets de ce bon vieux Soul Brother Number One et de son héritier, le stakhanoviste de Detroit. Pour l’occasion, Pete Rock jouera une partie de ses productions, remixes inclus. On vous file rendez-vous à côté du zinc. Et si vous avez les poches percées, on offre quelques places pour cette très belle soirée sur notre page Facebook.

Peut-être que deux couplets majestueux sur l’album de Jay Rock – l’un enragé sur « Easy Bake », l’autre tout en souplesse sur « Vice City » – faisaient déjà beaucoup. Le fait est que « Traffic Jam », titre placé en caravane d' »Easy Bake », semblait trop court, comme tronqué. C’est un peu l’habitude de TDE, troubler les pistes en y faisant s’y succéder plusieurs morceaux. Difficile à dire si cette mouture de « Traffic Jam » est bien un remix ou sa version originale, mais elle permet au moins de réentendre la performance vocale de SZA, la puissance de Jay Rock, de profiter plus longtemps de son groove californien inimitable, et d’entendre une nouvelle démonstration de K.Dot. Inutile de vous dire que lui et son comparse du Black Hippy reviendront dans nos bilans de fin d’année.

A l’autre bout du globe, David Dallas continue de faire son bout de chemin au point de devenir, peut-être, le rappeur le plus important de l’histoire du genre en Nouvelle-Zélande. Deux ans après son troisième album Falling Into Place, une récompense de meilleur artiste masculin au New Zealand Music Awards (une première pour un rappeur), un mariage et des featurings avec ses potes, David Dallas revient avec « Don’t Rate That ». Un titre dont l’urgence de la musique tranche avec les ambiances aériennes et distantes de son précédent album. Dallas s’y montre aussi plus incisif, peignant un portrait à la fois amer et orgueilleux de la société urbaine néo-zélandaise, entre tensions raciales, spéculation immobilière et mode de vie complexe, pour citer un rappeur de chez nous. Le décor change de nos contrées ou de celles outre-Atlantique (« Ain’t from the trap or the bando, I’m from a place where they got tinny houses, on plain wooden fences and white gates »), mais le fond du propos reste similaire. L’accent kiwi en plus.

Le mois dernier, nous lancions les soirées Horizons avec Yuma Prod. Un nouveau rendez-vous qui a pour but de mettre les projecteurs sur des talents émergents de la scène rap francophone tout en restant le plus éclectique possible. Pour la deuxième édition qui aura lieu le 16 décembre prochain, on vous propose un triptyque des plus alléchants. Avec 00H92 et La 25ème Heure, Rufyo et Jorrdee ont livré cette année deux projets prometteurs qu’ils viendront défendre sur la scène de La Maroquinerie. Gros Mo, auteur de l’excellent Fils de Pute sorti l’année dernière, quittera Perpignan le temps d’une soirée pour présenter ses nouveaux titres. Une édition qui commencera dès 19H avec un afterwork animé par vos serviteurs et qui conviera également l’émérite producteur Everydayz. Toutes les informations sont disponibles sur l’événement Facebook.

Riche semaine pour Pusha T. Après avoir été nommé président de GOOD Music, le plus jeune frère Thornton vient de mettre en ligne « Untouchable », titre qui le sépare un peu plus du commun des rappeurs. Vous pensez qu’on exagère ? King Push creuse une douve dès la première ligne (« I drops every blue moon, to separate myself from you kings of the YouTube »), renvoie plus loin un carreau d’arbalète aux rappeurs de Cash Money/Young Money, et conclue en relevant la dime sur les transactions de farine. L’instrumental n’a pourtant rien de royale : lugubre et sèche, on peine à croire qu’elle est signée Timbaland, tant elle ressemble plutôt à du Havoc d’il y a dix ans. De quoi faire grimper la ferveur de la plèbe avant son deuxième album solo, King Push, toujours en préparation.

Moqué pour ses problèmes judiciaires et d’addiction à la drogue, DMX est devenu une ancienne gloire un peu dépassée, rarement citée par la jeune génération de rappeurs comme une source d’inspiration. Pourtant, deux micro-événements font parler de lui cette semaine sur le net. D’abord, il y a ces courtes vidéos réalisées par Complex dans lesquelles Irv Gotti, ancien patron du label Murder Inc. et  ancien directeur artistique chez Def Jam, raconte comment DMX a déjoué tous les pronostics, y compris ceux de Jay Z, en pétant le score en 1998 avec son premier single, « Get At Me Dog ». Et aussi comment Shawn Carter a opportunément profité de la cote de X avec « Money, Cash, Hoes ».

Et puis il y a « Ain’t Nowhere to Hide », trésor caché de DMX mis en ligne par le producteur Dame Grease, qui rappelle ce qui faisait la force d’Earl Simmons : sa hargne de molosse sur une production électrique et tapageuse. Complètement désuet en 2015, mais une vraie madeleine de Proust pour ceux qui ont connu les rappeurs avec des doo-rags et des t-shirts XXL.

C’est la beauté du rap en 2015 : les fans bornés des uns et des autres vont s’étriper dans les commentaires, mais les artistes s’en foutent. Le héraut de la drill chicagoane G-Herbo et le porteur de flambeau new-yorkais Joey Bada$$ se rencontrent sur un instrumental tout en vertige, comme à son habitude, de Metro Boomin’. Comment l’alchimie opère entre ces trois artistes aux styles différents ? Seul le Seigneur doit le savoir.