Sidekicks

Un an après son double EP 1 Pour la famille/2 Pour l’argent, M24 revient avec un format court léché, Tous les deux, entre nonchalance intimiste et musique de motivation grandiloquente (l’exceptionnelle « Avenue Montaigne »), entre « ce que je vis et ce que je vise » comme nous l’a t-il joliment confié. Notamment proche de Lalcko – « en plus de ceux déjà sortis, on a enregistré une dizaine de sons ensemble » – et membre du groupe Makizars, le rappeur originaire de Rouen en est déjà à son huitième projet depuis ses débuts remarqués en 2006 avec la mixtape 24 Saisons. Des disques essentiellement écoulés dans la rue, un marché bien différent du circuit traditionnel : « on vend tous les exemplaires, jusqu’au dernier ». Ça tombe bien, M24 n’est pas vraiment un rappeur comme les autres. On en reparle très bientôt sur l’Abcdr.

Pour son quatrième numéro depuis la mise en place de sa nouvelle formule, le magazine iHH (pour International Hip Hop) met les petits plats dans les grands et annonce un line-up des plus alléchants. Vince Staples, Oxmo Puccino, Vald, Booba, Alchemist, La Rumeur, Kohndo, Gradur, Georgio, Sameer Ahmad… autant d’artistes qu’on aime beaucoup aussi à l’Abcdr et qui seront à retrouver en interview dans les quelques cent pages du magazine, entre chroniques, focus et autres joyeusetés. Sans oublier un long entretien avec le légendaire Dee Nasty, à l’honneur sur la couverture. Tout ça est disponible dès demain samedi 9 avril chez tous les marchands de journaux de France et de Navarre, ou en ligne sur ihh.bigcartel.com. Le papier plie mais ne se rompt pas.

Cela fait quelques années que le montréalais Kaytranada impose par touches son style de production, à la fois percutant et tout en finesse, toujours entre rap et musique électronique. Ses remixes, ses EPs et ses compositions pour d’autres – on pense notamment à « Girl » de The Internet l’an dernier – lui ont permis de montrer la largeur de son univers. Enième preuve : « Glowed Up », le nouvel extrait de son futur premier album 99,9%, prévu pour le 6 mai prochain. La rythmique est sautillante, la mélodie mystérieuse, et l’hyperactif Anderson .Paak (dont on écoute toujours son album Malibu) se fond à merveille dans ce doux mélange subtilement décalé.

Au mois de juin dernier, nous écrivions la chose suivante : « Et Tony Montana a beau être la référence la plus téléphonée du rap français, elle n’a jamais semblé autant à sa place que dans les bouches d’Ademo et N.O.S. » On pourrait écrire la même chose sur Kekra et le choix d’aller tourner le clip de « Pas Payé » en Thaïlande. Si bon nombre de ses confrères l’ont fait avant lui, le paysage est ici le terrain de jeu parfait du rappeur. On était encore sous le choc de « Pas Joli ». On s’apprête à écouter en boucle ce deuxième extrait de Vréel, le projet censé succéder à Freebase 2.

Waahli, NON Genetic, Pigeon John, A State of Mind (ASM), Blake Worrell, Youthstar, Chill Bump et last but not least le multi-champion DMC DJ Netik : il faut presque huit minutes pour caser cette belle brochette d’invités dans le clip, réalisé par HOTU, du bien nommé « Smokid All Stars ».

Une carte de visite des plus prometteuses pour annoncer la sortie du deuxième album de Smokey Joe & The Kid, Running to the Moon, après Nasty Tricks en 2013. Le duo bordelais, lauréat entre-temps du FAIR 2015, s’est fait plaisir puisque parmi les autres invités du disque figure le légendaire Fred Wesley himself. En attendant de mettre la main sur ce LP, on peut télécharger gratuitement plusieurs de leurs créations, dont un remix du « Intergalactic » des Beastie Boys infusé aux Blues Brothers.

Apparemment, Schoolboy Q écoute nos podcasts. Récemment, au cours d’un épisode de NoFun, nous regrettions la trop longue absence du Black Hippy, ce dernier s’étant fait rare depuis la sortie de Oxymoron au début de l’année 2014. L’autre « homme au bob » est de retour avec « Groovy Tony » et nous rappelle, si besoin était, qu’il n’y a pas que Kendrick chez TDE. Compte tenu du tweet de ce dernier, il y a fort à parier que Schoolboy Q nous livre très prochainement de nouveaux titres (voire un nouvel album, soyons fous).

Lors de notre dernière entrevue avec Orelsan, on lui avait dit tout le bien que l’on pensait de Claude, pote d’Orelsan et Gringe présents sur tous les projets des Casseurs Flowters. Dans Comment c’est Loin, le film d’Orelsan, il est responsable des scènes les plus drôles. Tellement important qu’il a trusté une place au sein de la bande originale avec l’ovni « Xavier ». Un morceau qui ne ressemble à aucun autre dans lequel Diamond Deuklo, le nom de scène de Claude, cite pêle-mêle la marque Atemi, Quincy Jones, le Bombay Sapphire, les Gremlins, Michael J. Fox ou encore Youssouf Fofana. Un titre atypique qui a désormais son clip réalisé par Orelsan et Christophe Offenstein.

Alors que son EP Dégénération est disponible depuis février, Jeune G vient de sortir une petite gourmandise, sur une face B de Kendrick Lamar. Des huit pistes de l’album untitled unmastered, c’est à la numéro deux, signée Cardo, et au saxophone de Terrace Martin, que le très confidentiel rappeur parisien a choisi de s’attaquer. Il s’en sort plutôt bien, et fait preuve d’un certain sens de la formule par quelques lignes particulièrement bien senties – « Chacun son heure de gloire la mienne est loin devant, chacun son chemin de croix, je suis en plein dedans » – et une interprétation très théâtrale dans le second couplet. Il est question d’un ennui grisant et du temps perdu, de poumons noircis et de sentiments morts. Cette ambiance est exactement celle régnant sur Dégénération, musique de Paris, ville lumière éteinte.

Ils sont originaires de Lyon mais ont décidé de s’appeler LUTĒCE. Ils ont rencontré King Doudou lors d’une session studio avec Lex Luger. Ils entretiennent savamment le mystère autour d’eux mais les morceaux distillés ici et nous laissent penser qu’ils ont développé une formule qu’on a envie d’entendre plus souvent. Leur nouveau titre est excellent, il s’appelle « Virage » et est à écouter en avant-première sur l’Abcdr.

Sorti en février chez Welsh Recordz, Amoco Cadiz enquille les énumérations. Et chacune d’entre elles lestent un peu plus le corps de l’humanité, en plein naufrage si l’on en croit le corbak’ de Montreuil. Mais inutile de faire de lui un oiseau de mauvaise augure ou un déclinologue. Sur des productions samplées d’Azaia, de Mr Stereo, du Parasite ou encore de Star Propaganda, les couplets de ce nouvel EP du Sept décrivent à coup de séries d’assonances un monde mutant. Huit pistes durant, ça torpille les coques, celles du jusqu’au boutisme et de l’indifférence qui peuplent les villes, virtuelles ou réelles. Il y a ici une avarie de gouvernail en vue, comme pour le supertanker en perdition face à la pointe bretonne qui a donné son nom à ce vinyle, aussi disponible en digital. Du choc pétrolier au choc de voir des romans d’anticipation se réaliser, la voix sépulcrale de Sept synthétise quarante ans de dérives et fait frissonner une planète qu’il promet bientôt interdite. Dans les années soixante-dix, la France se rassurait de ne pas avoir de pétrole en se disant qu’elle avait au moins des idées. Aujourd’hui, elles sont noires. On a déjà fini de se marrer.