Baril des sens.

Le Sept clippe le naufrage de l’Amoco Cadiz

Sorti en février chez Welsh Recordz, Amoco Cadiz enquille les énumérations. Et chacune d’entre elles lestent un peu plus le corps de l’humanité, en plein naufrage si l’on en croit le corbak’ de Montreuil. Mais inutile de faire de lui un oiseau de mauvaise augure ou un déclinologue. Sur des productions samplées d’Azaia, de Mr Stereo, du Parasite ou encore de Star Propaganda, les couplets de ce nouvel EP du Sept décrivent à coup de séries d’assonances un monde mutant. Huit pistes durant, ça torpille les coques, celles du jusqu’au boutisme et de l’indifférence qui peuplent les villes, virtuelles ou réelles. Il y a ici une avarie de gouvernail en vue, comme pour le supertanker en perdition face à la pointe bretonne qui a donné son nom à ce vinyle, aussi disponible en digital. Du choc pétrolier au choc de voir des romans d’anticipation se réaliser, la voix sépulcrale de Sept synthétise quarante ans de dérives et fait frissonner une planète qu’il promet bientôt interdite. Dans les années soixante-dix, la France se rassurait de ne pas avoir de pétrole en se disant qu’elle avait au moins des idées. Aujourd’hui, elles sont noires. On a déjà fini de se marrer.