Sidekicks

Les éditions Le mot et le reste ont décidément de très bonnes idées. Après avoir publié deux livres de Sylvain Bertot sur le rap américain, les voici qui accueillent Regarde ta jeunesse dans les yeux. Naissance du hip-hop français (1980-1990) de Vincent Piolet. Cerise sur le gâteau, l’ouvrage est préfacé par Dee Nasty himself. Autant s’épargner une paraphrase inutile et en donner directement la quatrième de couverture :

Qui connaît l’histoire du premier français à avoir sorti un disque hip-hop en 1983 à Los Angeles aux côtés d’un certain Andre Young, futur Dr Dre ? Qui connaît l’histoire des premières soirées hebdomadaires hip-hop au début des années 1980 (Émeraude, Bataclan) ? Celle des premiers graffeurs qui rompent avec les pochoiristes ? Des premiers breakers s’entraînant sur un lino posé à même le trottoir ? Ce livre explore la naissance d’un mouvement qui était encore une contre-culture (absence d’argent, d’institutions et de médias) dans les années 1980, loin d’imaginer qu’il allait devenir une culture de masse. En parallèle des mouvements artistiques qui la composent, l’histoire du hip-hop français ne peut faire l’économie du récit de phénomènes sociaux ayant joué un rôle de premier plan (les derniers bidonvilles de Nanterre, la naissance de la banlieue etc.) Pour construire cet ouvrage, Vincent Piolet s’est basé sur les interviews d’une centaine de personnes, allant d’artistes reconnus (Kool Shen, Stomy Bugsy, Bando) à des acteurs anonymes mais respectés de l’underground (Style J, Saxo, Iron 2), ayant tous pavé un chemin favorable à l’explosion du hip-hop français qui n’aura lieu que dix ans plus tard.

Son auteur précise : « Ce n’est pas une étude sociologique ou autre, ce récit constitue un matériau brut, soit le récit de l’histoire d’une centaine de pionniers du hh français telle qu’ils l’ont vécu pendant une décennie. Je mets quand même en lumière certains aspects de l’époque liés à la société, aux institutions, etc. (…) J’espère que ma longue investigation – une vraie quête pour retrouver les gens – permettra aux chercheurs (ou aux curieux) d’aller plus loin et d’allier leurs qualités d’analyse à ces récits. » On essaie de vous en parler plus longuement bientôt.

Si vous êtes un habitué du site, vous savez qu’on a une affection particulière pour Action Bronson ici. Son premier album, Mr. Wonderful, sort ce lundi et quelques personnes l’attendent fiévreusement au sein de la rédaction. Ayant eu le privilège de l’écouter la semaine dernière, on peut d’ores et déjà rassurer tous ceux qui se posent des questions : le disque est une réussite. Moins guignolesque et beaucoup plus personnel, Action Bronson a livré un projet ramassé (treize pistes) mais riche, sublimé par une production aux petits oignons. En attendant la sortie officielle, le rappeur new-yorkais vient de mettre en ligne un documentaire hilarant. Plus qu’un véritable documentaire sur Mr. Wonderful, la vidéo s’apparente à un grand sketch dans lequel Arian Asllani est une sorte de figure divine chérie par une horde de fidèles dévoués. Maintenant, on veut un buddy movie avec Seth Rogen réalisé par Chris Miller et Phil Lord.

Avec son EP 00S Licence to Kill sorti l’an dernier, S.Pri Noir a laissé entrevoir un beau potentiel. Notre entretien avec lui dans l’émission a confirmé son ouverture d’esprit musicale, son goût prononcé pour les Diplomats et James Bond, et son côté nerd sans excès. Le rappeur du XXème arrondissement de Paris annonce un nouveau projet, Le Monde ne suffit pas, pour le 1er juin prochain. « A380 », le premier extrait, résume bien l’esprit d’S.Pri, avec son rap brut sur un instru d’Atis samplant un riff de Van Halen. Le morceau est d’ailleurs disponible en libre téléchargement via son site officiel en échange de votre 06 ou 07 – vous aurez droit à un texto d’S.Pri, une délicate attention.

« Straight from the muthafuckin cassette. » S’il n’avait pas passé l’arme à gauche, ce bon vieux Jay Dee aurait approuvé. Memory is Parallax compile sur format cassette une grosse trentaine d’instrumentaux inédits inspirés par RZA, Madlib, Jay Dee, le Japon et… la vie. Des producteurs du monde entier réunis par l’un des instigateurs du projet Abcdr, on ne pouvait pas passer à côté. Et si vous avez laissé votre ghetto blaster sous la poussière, le projet est aussi en écoute sur le Bandcamp dédié.

Wrung souffle 20 bougies. Une longévité que l’équipée compte (arroser et) célébrer en musique – et en famille – samedi 21 mars à La Bellevilloise (Paris 20ème). Les doyens du street wear à la sauce hexagonale ont réuni un gros casting avec notamment Pone, Weedim, Feadz, l’éternel Papalu… plus un paquet de surprises. Le gros mix de Weedim, bien collé à l’actualité, donne le ton. Début des festivités à 23h00, tu peux laisser ton sweat Dia au fin fond du placard.

Il y a quatre ans sortait L’eau lave mais l’argent rend propre, album sur lequel Lalcko privilégiait la force tranquille que lui avait conférée l’écoulement des saisons, délaissant quelque peu la hargne de ses jeunes années. Subsistaient malgré tout quelques rugissements du lion indomptable qui demeure en lui, tel le nerveux « Kilo ». Il en avait d’ailleurs tourné le clip à Yaoundé. Clip qui était jusqu’ici muselé dans ses obscurs disques durs, où se cachent décidément beaucoup de trésors. Mais Lalcko a l’amour du partage et a décidé d’enfin libérer les images d’un morceau qui pèse toujours autant. Une ultime friandise avant la sortie ce mercredi de Fuck Losing Weight, mixtape riche en surprises (inédits, versions originales, remixes…) et en invités de prestige (« tchh tchh »). Une exclusivité Abcdr, évidemment. #LoulouNicollinMuzik

Dire que Requiem, le deuxième album solo de Lino, était attendu relève du pléonasme. Dix ans après Paradis Assassiné, la moitié d’Ärsenik, accompagné de Tefa à la réalisation, a enfin effectué son retour dans les bacs (on met de côté Radio Bitume, projet de qualité mais sorti sans l’accord du principal intéressé). L’album, que l’on avait décortiqué en long et en large, a rencontré son public, prouvant au passage qu’il y avait de la place dans le paysage musical français pour un public rap adulte. Pour célébrer ce retour réussi, Lino donnera un concert à la Cigale le 15 avril prochain. Entouré évidemment de Calbo et de quelques invités tenus secrets pour le moment, Gaëlino M’Bani devrait, une nouvelle fois, assurer le show. Rendez-vous sur Facebook et Twitter pour gagner des places à prix réduits.

« J’ai eu le cœur froid comme un iceberg, j’ai mis des pulls Iceberg, j’ai lu Iceberg Slim, mais je n’avais pas vu venir la cocaïne… » Et vous, vous n’aviez pas vu venir la mixtape spéciale Lalcko que ce dernier, DJ Uka et l’Abcdr ont concocté pour les drogués que vous êtes. La dose sera servie ce mercredi 18 mars, gratuitement. Au menu : quelques inédits, remixes et premières moutures accompagnés de chansons orphelines de projet. Et si la patience n’est pas votre fort, on vous offre en hors-d’oeuvre « Cocain Rush », premier extrait de Fuck Losing Weight dont la pochette est assurée par le toujours impeccable Jérémy Métral.

Amateurs de beatmaking, notez la date sur votre agenda. Ce jeudi 19 mars, le Gibus Café, à Paris, accueille la sixième édition des Sloppy Katz, soirées spécialement consacrées aux bidouilleurs de machines et tritureurs de sons. Au programme, quatre producteurs aux styles variés : le britannique Pyramd Plaza, et les français Doc Mastermind, Kool Trasher et Blakesmith, fondateur de ces soirées Sloppy Katz. Et pour les compositeurs en herbe (ou sous herbe, ce qui n’est pas incompatible), une session Open Beats est ouverte aux quatre premiers inscrits munis d’une clé USB avec trois instrumentaux d’1’30 ». C’est de 20h à minuit, et toutes les infos sont sur la page Facebook de l’événement.

Entre références bibliques, artistiques et hommage à la gente féminine, « Madonna » est un vrai concentré de Lupe Fiasco. Le rappeur chicagoan en livre une mise en image réussie, à la fois léchée et – comme c’est souvent le cas avec lui – joliment racontée. Le début d’année particulièrement chargé en sorties n’ayant pas aidé, on n’a pas encore trouvé le temps de parler de l’album Tetsuo & Youth, sorti en janvier dernier.  Mais comme il s’agit de la plus belle et intéressante sortie de Lupe depuis le grand The Cool, rassurez-vous, on risque certainement d’y revenir.