On les avait rapidement évoqué lors de notre émission avec Demi Portion mais, au sein de la rédaction, on apprécie beaucoup le groupe montréalais The Posterz. Après avoir récemment publié un sujet et un mix sur Toronto, vous allez probablement croire que le Canada nous obsède. En étant honnête, on doit reconnaître que c’est un petit peu le cas mais, en l’occurence, que vous soyez fans des jeunes talents canadiens ou pas, The Posterz mérite toute votre attention. Après avoir sorti le très prometteur EP Starships & Dark Tints, le trio vient de mettre en ligne le clip de « Rumble », tourné lors de leur dernière venue à Paris. Vivement la suite.
Sidekicks
Rappelons l’évidence : la séminale première compilation Appelle-moi MC ne manquait ni d’intérêt, ni de caractère. Sa suite, longuement attendue, et brillamment menée par DJ Blaiz’ aura eu plusieurs mérites. Notamment celui de s’inscrire dans cette même lignée et de passer au grill un pan entier de de la scène indépendante rap hexagonale. Plutôt discrètement mais sûrement, la release party rassemble le gratin des invités pour prendre des allures de célébration collective. La sauterie est prévue le 14 Mai aux étoiles (Paris dixième). On y sera et comme on pense à toi, on t’offre quelques places sur notre fil Twitter.
Jamais avare en bonnes surprises (on se rappelle tous comment I Don’t Like Shit, I Don’t Go Outside était censé sortir avant que Columbia ne décide de s’en mêler), Earl Sweatshirt vient de lâcher sur la toile le titre « solace ». Mi-rappé mi-instrumental, on pourrait presque prendre ce morceau long de dix minutes comme un projet à part entière. Posté sur YouTube via un compte tout sauf officiel (dar Qness), sous-titré « music from when i hit the bottom and found something », « solace » et son carré rose sur fond noir confinent à la pure catharsis. Un réconfort bienvenu après la noirceur totale de son dernier album, et une bonne nouvelle à l’horizon : même un peu mieux dans sa tête, Earl est et reste un artiste accompli.
Si vous avez lu notre bilan annuel 2014, vous vous êtes peut-être arrêté sur les quelques lignes titrées « La Suisse à contretemps. » Il y était question du groupe Murmures Barbares, qui mériterait d’ailleurs bien plus qu’un court paragraphe, mais ce n’est pas aujourd’hui qu’on réparera cette faute. Pour le moment, ce qui compte c’est de vous signaler que le beatmaker Hook et le rappeur Idal rééditent leur disque, celui qu’on avait qualifié de « joyaux ». Ce sera une édition vinyle, accompagnée d’un inédit. Et si celui-ci, présenté en tête d’article, n’atteint pas tout à fait la profondeur les sommets de « l’échouage géant de cercueils d’encre et de mots pliés et repliés en origamis » présentés dans notre article, on compte quand même bien dessus pour que vous alliez vous pencher d’urgence sur cet album. Parce que promis, mieux vaut murmurer avec les barbares que de hurler avec les loups. Et il ne vous restera plus qu’à choisir avec qui danser : la pute ou le bourreau ?
La scène Grime fait un retour fracassant en 2015, poussée par les validations de grand noms comme Drake et Kanye West, notamment lors de ce live incroyable de « All Day ». Skepta a sûrement signé le parfait symbole pour cette renaissance avec son « Shutdown » sans concession. Réalisée par Grace LaDoja (qu’on retrouve notamment aux côtés de FKA Twigs ), le visuel est aussi brut que la musique, sans aucun artifice. Habillée entièrement de noir et blanc, l’énergie violente des bas fonds UK rencontre les structures massives du Barbican. Les lignes sont claires, Londres est à nouveau sur la carte.
Le retour de Ill et Cassidy. Une véritable arlésienne dans le rap français. Il semblerait néanmoins que l’un des duos les plus emblématiques du rap hexagonal soit enfin prêt à livrer un nouveau projet. Même si Modus Operandi, leur prochain EP, n’a toujours pas de date de sortie, on a envie de prendre ce premier clip comme un signe positif. Outre la dynamique, il y a une autre raison de se réjouir : le titre rassure sur la forme des rappeurs. Egotrip, name-dropping et toujours cette même aisance derrière le micro… L’identité X-Men est quasiment intacte. On n’a plus qu’à espérer que cet EP ne se fasse plus trop attendre.
La bande parisienne de L’Entourage continue de squatter le début d’année 2015 : après la sortie du premier EP de Eff Gee, et un album de Nekfeu bientôt paré à l’abordage, c’est le Toulonnais Deen Burbigo qui débarque pour le printemps avec un nouveau titre. « Avertis » se présente avec une prod’ à l’ancienne de Cookin’ Soul, sur des scratchs de l’ex-Birdy Nam Nam, DJ Pone. Simple, direct, et efficace.
Notre stakhanoviste préféré n’est pas de retour : il n’est jamais parti. Sur Pronto, son dernier EP, Gangsta Gibbs étire la nuit dans des atmosphères lancinantes et moites. Pour illustrer cette échappée nocturne et enfumée, il a laissé les clefs à Nick Walker. Une excellente idée au regard de « Pronto », un concentré d’esthétique minimaliste et monochrome, une baignoire mortuaire et surtout des hordes de serpents au sang froid. Une imagerie d’éternel ange noir qui colle pour le mieux à Gangsta Gibbs.
La belle époque de la radio à New York
La grosse pomme a connu ses heures de gloire radiophonique de 1980 à 1988 avec des génies du genre comme Tony Humphries, Marley Marl, The Latin Rascals ou Kool DJ Red Alert. Red Bull Academy continue ses explorations musicales de qualité avec un documentaire revenant sur cette époque bénite qui a vu grandir les genres Rap, Electro et House au travers des mixes furieux de ces magiciens. Le DJ et la radio étaient alors les vecteurs de tout un mouvement, les chefs de files d’une génération entière, un bouillon grandissant qui a accouché de toute la musique dont on parle quotidiennement dans nos colonnes. Un documentaire salvateur et indispensable.
Mood du jour : retrouver Ricky D alias The Ruler, démarrant au quart de tour sur un morceau tout frais sorti. Nous sommes en 2015 et c’est toujours un incommensurable bonheur partagé. Cette fois-ci, il officie avec le floridien Dynas au sein de Big and Tall, album commun avec le producteur Tony Galvin des Basic Vocab. Mais l’essentiel n’est pas là. La vérité se trouve plutôt dans ces petits couplets, ces histoires courtes aux idées longues que Slick Rick dissémine au fil des années. Pas d’album au compteur depuis 1999, quelques morceaux éparpillés, des apparitions épisodiques, des soucis interminables avec la justice mais toujours cette aisance incroyable, cette facilité à conter la rue, la vie et les trajectoires, sans prétention. Ces petits trésors mériteraient une exposition et un respect plus grands, un écrin satiné pour les rendre encore plus brillants. En attendant, ne passez pas à côté.