Sidekicks

La grosse pomme a connu ses heures de gloire radiophonique de 1980 à 1988 avec des génies du genre comme Tony Humphries, Marley Marl, The Latin Rascals ou Kool DJ Red Alert. Red Bull Academy continue ses explorations musicales de qualité avec un documentaire revenant sur cette époque bénite qui a vu grandir les genres Rap, Electro et House au travers des mixes furieux de ces magiciens. Le DJ et la radio étaient alors les vecteurs de tout un mouvement, les chefs de files d’une génération entière, un bouillon grandissant qui a accouché de toute la musique dont on parle quotidiennement dans nos colonnes. Un documentaire salvateur et indispensable.

Mood du jour : retrouver Ricky D alias The Ruler, démarrant au quart de tour sur un morceau tout frais sorti. Nous sommes en 2015 et c’est toujours un incommensurable bonheur partagé. Cette fois-ci, il officie avec le floridien Dynas au sein de Big and Tall, album commun avec le producteur Tony Galvin des Basic Vocab. Mais l’essentiel n’est pas là. La vérité se trouve plutôt dans ces petits couplets, ces histoires courtes aux idées longues que Slick Rick dissémine au fil des années. Pas d’album au compteur depuis 1999, quelques morceaux éparpillés, des apparitions épisodiques, des soucis interminables avec la justice mais toujours cette aisance incroyable, cette facilité à conter la rue, la vie et les trajectoires, sans prétention. Ces petits trésors mériteraient une exposition et un respect plus grands, un écrin satiné pour les rendre encore plus brillants. En attendant, ne passez pas à côté.

La grande mode du moment : les freestyles efficaces rappelant les années 90s et début 00s, la période dorée d’un rap de rue new-yorkais qui s’exportait facilement en club. A l’instar de G-Unit, Fabolous joue la carte du kickeur chaque vendredi, rappelant à chaque ligne une époque brillante comme les costumes de Diddy et Ma$e. C’est d’ailleurs le remix tellement Bad Boy de « Been Around The World » qu’il reprend cette semaine. Et c’est toujours un régal. Fab a encore la dalle mais toujours avec une nonchalance extrême. Les bons atouts pour vaincre le temps.

Si vous êtes parisiens et que vous aimez prévoir vos soirées légèrement à l’avance, on vous donne rendez-vous mercredi prochain au Social Club. Pour l’occasion, l’affiche sera belle puisqu’on y retrouvera Myth Syzer, chef d’orchestre du collectif Bon Gamin, Entek, membre de PMPDJ, et la rappeuse suédoise Gnučči. Rendez-vous sur notre fil Twitter pour remporter des places.

On a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est qu’on vient d’apprendre l’existence d’un livre qui a l’air incroyable. Son titre : Damn Son Where Did You Find This? L’ouvrage, massif, documente l’histoire récente des pochettes de mixtapes dans le rap américain, à travers les travaux et les témoignages de cinq graphistes : KidEight, Miami Kaos, Mike Rev, Tansta et Skrilla. La mauvaise nouvelle, c’est que le livre, signé Tobias Hansson et Michael Thorsby, n’a été tiré qu’à 400 exemplaires, et il est déjà sold out. Dommage : Damn Son… réunit près de 500 visuels de mixtapes des années 2000, dont l’esthétique se situe quelque part entre le cinéma hollywoodien et les overdoses hyper-capitalistes de l’agence Pen & Pixel. Un vrai fragment d’histoire, dont on espère vraiment la réédition prochaine.

(via The New York Times)

Hier, Killer Mike soufflait 40 bougies. Et il a eu la bonne idée de s’offrir un très beau cadeau à partager largement : un clip larger than life pour le toujours excellent « Ric Flair ». Quatre ans après sa sortie, le titre largement inspiré par le gros catcheur blondinet n’a pas pris une ride. Il prend même (encore) une autre ampleur sous la caméra de Travis Nelson. Inclus : des projections sur gratte-ciel et des images d’archives de la légende en slip de couleur.

Manast est un artiste à part. Après No Regrets No Pain en 2014, il propose son deuxième EP Distric 10th, influencé par le meilleur de la scène rap américaine mais aussi indie et musique électronique. On pense à Travis $cott notamment mais aussi à toute la scène bouillonnante de Toronto ainsi que certaines escapades UK ethniques et synthétiques. Cette fois-ci, sa formule se développe avec une équipe restreinte et inspirée : Astrolabe Musique aux instrumentations toujours justes, Jeune Faune comme partenaire de luxe à la voix vaporeuse et touche hippie moderne, une sorte de JMSN français. En y ajoutant Astronote et Sam Tiba du Club Cheval entre autres, Manast obtient un cocktail explosif qui donne beaucoup de pistes à explorer tout en restant cohérent. Ecrit et chanté entièrement en anglais, ce nouveau projet est à l’image de la vidéo de « Yung N Fly », terre à terre et enchanteresse, brute et fantasmagorique. Tous les détails comptent pour en faire un objet artistique complet où le visuel et l’attitude sont aussi importants que la musique en elle-même. Malgré une exposition réduite pour le moment, Manast continue d’innover, de créer un parcours artistique différent qui devrait très rapidement rencontrer son public. District 10th est sûrement le bon moment pour le découvrir.

Où ont été prises les photos qui ont servi à façonner les pochettes de ces albums de références ? Mass Appeal a eu la bonne idée de s’inspirer de The Gardian qui s’était posé cette question l’année dernière. La réponse illustrée avec Google Street View laisse sans voix. De Nas à Warren G, The Roots à Ice Cube, le résultat est franchement bluffant. « Fidèle son contexte » annonçait Flynt.

–> @stromae & @kanyewest on stage #Coachella Weekend 2

A photo posted by Martin Kierszenbaum (@mkcherryboom) on

Pendant que les grands enjeux du rap français semblent se résumer aux chiffres de vente de la Sainte Trinité Kaaris/Gradur/Booba, un certain Stromae participe à l’un des plus grands festivals du monde, se repositionne en tant qu’artiste global, et ramène Kanye West sur scène. Bonne semaine à tous.

L’approche de Radio Vinyle est connue mais elle marche à chaque fois. Surtout quand les invités ont une culture musicale 4XL, sans barreaux ni frontières. Cette descente de Jake One et Mayer Hawthorne dans les couloirs sans fin de la discothèque de Radio France condense concentré de références, samples majestueux et coups de cœur. Au-delà du projet Tuxedo, c’est une vraie tranche d’histoire avec le vinyle au centre de tous les sillons. Un grand moment.