Sidekicks

Le roi n’est jamais fatigué. Entre deux concerts blindés, le rappeur de Chicago le plus proche de Toronto fracasse sans ciller un petit flip de James Brown. C’est sale et brutal, comme son troisième Drilluminati. L’énergie est décuplée par les adlibs percutants de l’homme aux breaks infinis, notre maître à tous. Deux rois se rencontrent sous le signe de la chouette réveillant les morts avec les batteries de l’enfer, les tambours de la guerre secrète. Et la boucle se répète, jusqu’à ce qu’on la relance encore. Parce que la drogue est trop forte, à se balancer par la fenêtre.

Le R&B se porte bien. Alors qu’on se remet tout juste du dernier clip de Tommy Genesis, Kwamie Liv en remet une couche avec « Pleasure This Pain » (dont le joli visuel vous rappellera probablement « Do For Love » et « Heartless »). Réalisé en collaboration avec Angel Haze, la rappeuse en provenance de Detroit, ce nouveau morceau prouve après « Higher » que la danoise est décidée à passer un cap. Pour ceux qui la découvrent tout juste, on vous conseille le très bon Lost in the Girl, EP sorti l’année dernière.

Club de réflexion secret, ligue de narco-trafiquants du Languedrogue-Roussillon ou invincible armada de squatteurs de terrasses à l’heure de l’apéro, L’Argent de la drogue reste une organisation aux buts et aux contours confus et flous. Un groupe de rap de Perpignan qui enchaîne dans un relatif anonymat les projets de qualité (et gratuits) depuis près de cinq ans, en collaborant avec la fine fleur des beatmakers locaux. Qui tourne ses vidéos en short/claquettes, chez les copains, avec soin ou à partir d’images d’archives, de films et de séries. Après un « triple album » fin 2012, un « petit bootleg » en janvier 2014 et un court album futuro-nihiliste en juillet 2014, l’ADLD annonce aujourd’hui une mixtape pour fin 2015, intitulée POP Musique.

« Ça sera dans l’esprit des K7 mixées à la Cut, Poska et toute cette vague de freestyles qui accompagnaient les tapes de l’époque, détaille 1K47, rappeur le plus prolifique du collectif avec le trop discret Slim XL. On essaie de retrouver la bidouille, l’artisanat et l’énergie qu’ils avaient dans ces productions. Ce sera principalement sur des faces B « historiques », des choses assez variées niveau beatmakers et production… » Un premier extrait, « Star Wars / Allahu Akbar », dans lequel 1K47 enchaîne avec son humour grinçant habituel les références à Booba, Dark Vador, Jésus, Arthur, Rockin’ Squat et Denver le dernier dinosaure sur les instrus de « Ice Cream » et « Un bon son brut pour les truands » après un clin d’œil à A Tribe Called Quest, est disponible. Autant dire que ce nouveau projet s’annonce chaud.

Après B4FRVR, un premier album réussi, le crew Two9 revient fort avec un concept : délivrer un EP tout neuf le 29 de chaque mois. Oui, ils aiment les symboles. Pour ce premier volume, on retrouve toute la fougue et la diversité de ce groupe tentaculaire d’Atlanta. Composé actuellement des duos FatKidsBrotha, RetroSushi et du coriace Curtis Williams, cette équipe catalyse toute la scène bouillonnante de la ville de Coca-Cola, entre Father et Rome Fortune.

Cette nouvelle fournée est très variée, nourrie des subtilités de Childish Major et du piano entêtant de Mike WiLL Made It. Elle nous donne aussi envie d’avoir plus de Jace, cette moitié de RetroSushi très en verve depuis le début de l’année. Avec l’appui du Ear Drummers Records de Mike WiLL, il y a fort à parier que ces deux chiffres restent flottant dans nos playlists. Jusqu’au prochain 29.

Pour une raison relativement mystérieuse, nous avions cessé de suivre les sorties de Count Bass D après la parution de ses (pourtant) deux très bons projets de 2002 et 2006, Dwight Spitz et Act Your Waist Size. Un petit détour par la page Bandcamp du beatmaker et rappeur américain nous apprend plusieurs choses. D’une part, Dwight Spitz a bénéficié d’une réédition « deluxe » à l’occasion de son dixième anniversaire, incluant notamment quelques bonus tracks. D’autre part, Dwight Farrel n’a pas chômé pendant que nous regardions ailleurs et a enquillé en quelques années les projets instrumentaux et collaboratifs. Enfin, il vient à l’occasion de son quarante-deuxième anniversaire, le 25 août, de mettre en ligne Cloak and Dapper, composé de 14 instrus. L’écoute de ce dernier rappelle la double impression paradoxale que provoquait déjà Dwight Spitz : un mélange de satisfaction (la qualité de ces samples et de ces prods…) et de frustration (cette manie de les laisser tourner si peu de temps). Franchement, qui n’aurait pas envie de lui jeter de pierres quand « Fame Costs » s’arrête au bout de 50 pauvres petites secondes ?

On l’a déjà dit à plusieurs reprises mais Rick Ross, celui qui transformait tout ce qu’il touchait en or il y a encore trois ans, a perdu de sa superbe. Fini l’époque où une simple interjection créait l’événement, l’auteur de Teflon Don n’est plus que l’ombre de lui-même et semble condamné à reproduire éternellement « B.M.F ». A moins qu’il n’ait décidé de nous faire mentir. Alors qu’il s’était fait le spécialiste des albums repoussés (vous vous souvenez des effets d’annonce autour de Mastermind ?), il s’est mis au diapason de 2015 et vient tout juste de dire que son nouveau disque, Black Dollar, sera disponible ce jeudi. Mieux : il a pensé à tous les nostalgiques de la période Deeper Than Rap en mettant en ligne « Foreclosures », un premier extrait qui sent bon le luxe et les cigares cubains, forcément produit par les J.U.S.T.I.C.E. League (accompagnés de 8 Bars). Un titre qui sonne la renaissance de William Roberts ? Réponse ce jeudi.

Le jubilé de Dr. Dre, les bangers de 2 Chainz, la nostalgie de Warren G, le vrai classique de Chief Keef et les sorties posthumes de Sean Price et Chinx Drugs : voici les 5 projets qu’on a le plus écoutés au mois d’août.

Hasheem, Wallen, Kayna Samet, China, J-Mi Sissoko, K-Reen, Vibe… Autant de noms forcément familiers des auditeurs de rap français. S’ils se sont fait plus rares ces dernières années, ils ont incontestablement contribué à donner au rap hexagonal ses lettres de noblesse. Qui n’a pas été bouleversé par le refrain de « Le jour où tu partiras » ? Et celui de « Jackpot 2000 » ? Quid de la carrière de Wallen ? Rétrospective sur 5 des chanteurs les plus emblématiques du rap français.

À tout juste 19 ans, Bishop Nehru a déjà sorti cinq projets, dont un en collaboration avec MF DOOM l’an passé. Signé sur le label Mass Appeal Records de Nas, le rappeur originaire de l’état de New York prépare actuellement son premier album solo, dont la production exécutive sera assurée par ce dernier. Autant dire qu’on a connu des carrières  moins bien engagées que ça… Quelques mois seulement après la parution du très réussi Nehruvia: The Nehruvian EP et de son excellent single « User$ », Bishop Nehru a mis en ligne le 26 août (jour de son dix-neuvième anniversaire) quatre nouveaux morceaux regroupés sous le titre de Bishy’s B-day Playlist. Porté par « The Alert » et le tout aussi bon « I See », ce mini-projet gratuit confirme le goût du jeune MC pour le « dribble verbal » et son aisance au micro. Et donne encore davantage envie d’écouter son premier « vrai » album.

En l’an 2000, Booba et Ali, traumatisés par Mobb Deep, changeaient à jamais la face du rap français avec Mauvais Oeil. Six ans plus tard, B2O sortait son blockbuster et quittait définitivement New York pour s’inspirer de la musique du sud des Etats-Unis. En 2008, il découvre l’autotune avant de se prendre pour Rick Ross à l’automne 2010. En 2015, Booba est un chanteur de zouk. On prend les paris sur ce qu’il nous réserve pour 2020 ?