NeS impose son temps et ses phases dans La Course

Depuis la sortie de son premier projet Offline il y a deux ans, NeS, constant dans son marathon (six projets à ce jour), installe son univers, étape par étape. Les sonorités sont fraîches et futuristes, produites majoritairement par Lil Chick, BRIAN et Poivre Blanc. Son entourage ne se compose pas que de beatmakers, NeS est aussi fréquemment accompagné par Luther, artiste niortais signé fraîchement chez Sublime (le label de Disiz), Yvnnis, rappeur et Lyre, rappeur et ingénieur son orléanais. Le mixage du projet La Course a d’ailleurs été confié à ces deux derniers. Comme disait Moses Isegawa dans ses Chroniques abyssiniennes, « le succès d’un homme est mesuré en fonction de son entourage. » Accompagné d’une équipe déjà bien calibrée, NeS réunit les conditions pour réussir, même si le succès n’est pas son ultime but.

« Je cours après rien, je me dépasse tout seul » rappe-t-il dans « PUCHKA », extrait de son dernier EP. Le jeune rappeur y fait la course contre une meilleure version de lui-même. Celle qui porte ses doutes et supporte ses ambitions. Il vient ainsi grossir les rangs des jeunes anciens (« J’rappe comme un an-ienc, j’ai même pas vingt piges« ) en reliant productions avant-gardistes et technique un peu plus classique. Il garde cependant dans le flow quelque chose de très contemporain, flirtant parfois avec le chuchotement, à la manière d’autres rappeurs issus de la scène dite new wave. Il propose également une vision stakhanoviste de son art, lui qui voit le rap comme un taff et non un don. NeS n’est pas qu’un rappeur qui privilégie la technique au détriment de l’écriture. L’artiste dresse une esquisse précise de son état d’esprit.  Il extériorise ses émotions par des images fortes (« C’est pas des larmes, c’est des dagues qui coulent sur mes joues« ), décrit sa vision de la débrouillardise, le temps qui passe et ses conséquences. Un thème prédomine : l’évolution de NeS dans le game avec les mêmes gars (« Comme dirait ma mère :  » le positif attire le positif « , donc je traîne qu’avec des bons, avec eux on produit que des bombes« ).

La Course est un projet pour celles et ceux qui apprécient le côté revival d’un flow et d’une technique des années 2000 pas si rare dans le rap de ces dernières années, la combinaison d’une forme contemporaine et d’un fond classique.