Tout Simplement Noir
Interview

Tout Simplement Noir

Du célèbre « Elles sont toutes des tasspéééééés, sous tous les aspects » au succulent « Goûte à ma funky bite », Tout Simplement Noir occupe une place de choix parmi les groupes français qui ont marqué leur temps. Alors que J L’Tismé, Parano Refré et Mc Bees ont décidé de reprendre du service après plus de dix ans d’absence, retour sur un parcours atypique entre indépendance, bonne chère et argot parigot.

Abcdrduson : Tout Simplement Noir est un nom fort et percutant. Pourquoi et comment l’avez-vous choisi ? 

J L’Tismé : On était tous dans le même lycée et tous d’origine africaine et antillaise. A cette époque, il y avait pas mal de « conflits » entre Antillais et Africains, donc on a voulu arriver avec une nouvelle image qui faisait tomber toutes les barrières de l’héritage de l’esclavage et du colonialisme. C’était dans le but de rassembler, de prendre un nom fédérateur. Par la suite, c’est un concept qui s’est élargi à toutes les origines, une façon de s’affirmer en tant qu’individus : je suis comme je suis, je suis tout simplement noir. Ça marche pareil pour un blanc, un arabe… Le but, c’est de dire : « On est comme on est et si vous n’êtes pas contents, c’est la même chose ! »

Parano Refré : Personnellement, je trouve que c’est un nom plutôt doux. On y a jamais rien vu de choquant en fait. Il n’y pas de connotations de force, d’agressivité ou d’exclusion. Dans ces années-là, on vivait aussi dans un environnement assez raciste, il n’y avait pas Harry Roselmack au 20h. Il y avait beaucoup d’injustice, de paroles injurieuses, venant même du gouvernement, envers la communauté noire. Il y avait aussi le mouvement Skinhead qui était très présent. Donc le nom est venu vraiment naturellement, dans l’air du temps.

A : Revenons sur les débuts du groupe. Vous avez fait partie du même crew que Fabe et Sleo ?

J : Dès la création vers 88-89, par le biais de Demon qui faisait partie du groupe à l’époque et qui habitait dans le 13ème arrondissement, on a été affiliés au Longue Posse. Jazzyco de Criminal Posse (futur Sleo) nous a proposé d’intégrer ce collectif composé de plusieurs groupes de rap ainsi que de danseurs, de graffeurs et de DJs. A ce moment-là, Fabe ne rappait pas encore, il était dans le graffiti. Il y avait aussi DJ Stofkry dans la Longue Posse. C’est par ce biais-là qu’on a pu avoir accès à un studio, pouvoir réaliser une maquette. Olivier Cachin et son équipe nous ont fait un clip pour Rapline, « Le Temps Passe ». C’était en 1991, très peu de groupes avaient ce genre d’exposition : ça passait sur M6, le gros média par lequel se sont fait connaître Ministère A.M.E.R, EJM et même MC Solaar.

A : Vous pensiez déjà à sortir un album ?

J : A cette époque-là, on était assez jeunes et rêveurs. Notre kif, c’était plutôt que les petites meufs au lycée nous reconnaissent. Il n’y avait pas vraiment de perspectives d’album même si on a eu plusieurs propositions de producteurs plus ou moins foireux, qui n’ont jamais abouti.

A : Votre premier album, Dans Paris Nocturne, est sorti quelques années plus tard. Quel a été le cheminement jusque-là ?

P : Finalement, on a été un peu catapultés dans ce milieu au début des années 90. On ne se posait pas trop de questions et on a été exposés rapidement, surtout via Rapline, qui était une grosse émission à ce moment-là. Au fil des rencontres, on a commencé à bosser sur plusieurs morceaux et donc très sérieusement sur un album. Bon, « très sérieusement« , pas non plus comme on l’entendrait maintenant mais on a donné le meilleur qu’on pouvait ! On a même laissé passer quelques plans tass-pé des fois, on mettait tout notre temps dans l’écriture, la musique ! On voulait vraiment apporter un truc sérieux, une structure, des textes avec un sens, toujours avec l’ironie, l’humour qui nous caractérisaient. Et on s’est retrouvés avec une construction d’album, ce qui ne se faisait pas du tout à l’époque. Les mecs bossaient sur un maxi, une maquette pour aller faire la queueleuleu chez les majors. Nous, on y a jamais foutu les pieds. On a tout fait de notre côté en arrivant avec un album direct, construit avec une intro, une outro, des interludes, une ambiance générale et un sens complet.

« On n’était pas contre les majors, plutôt contre ceux qui leur baisaient les pieds pour signer un contrat. Les majors, c’est une puissance financière. Moi, j’insulte pas l’argent, c’est pas dans ma philosophie. »

Parano Refré

A : Vous étiez parmi les premiers groupes à tester l’indépendance avec Night & Day. Comment en êtes-vous arrivés là ?

P : Une fois l’album a peu près terminé, on a démarché les labels, pour commercialiser tout ça. On s’en foutait, on était pas là-dedans : ce qui nous intéressait, c’était l’artistique. Et là, on a vu que notre nom dérangeait, que nos propos aussi, qu’il valait mieux qu’on sorte un maxi pour faire monter le buzz… Bref, on s’est heurtés à la réalité de l’industrie de la musique. Et là, on a eu une formidable rencontre avec Patrick Colleony – qui est décédé il y a peu, paix à son âme. Il a fait énormément pour le rap français. Il a aidé beaucoup de groupes à l’époque, comme La Cliqua, Ideal J… Mais avec nous il a eu une démarche différente. Il a senti qu’on était plus indépendants et il nous a dit, en gros : « Débrouillez-vous, apportez-moi les CD’s pressés et je les distribuerai« . On est devenus un des premiers groupes de rap français à se prendre complètement en main, en autoproduction. Au début, on était pas vraiment rassurés : c’était du boulot, on avait 21 ans et on n’y connaissait rien. Mais on a monté une association, reçu nos premiers chèques en tant que producteurs… Et le montant était conséquent. On s’est retrouvés en tête des ventes assez rapidement.

A : C’est vrai que c’était un gros succès à l’époque.

P : On a eu de la chance aussi parce qu’on était un des albums les plus volés à ce moment-là. Ça nous faisait des ventes supplémentaires. Si tu dépassais les 4000, t’étais déjà une star et on a fait assez rapidement 15000. Et vu qu’on était autoproduits, c’était un réel succès. C’est ce qui faisait vraiment notre particularité, notre indépendance, le fait d’avoir une liberté réelle par rapport à ça.

A : Mais ce n’était pas une position contre les majors ?

P : Ah non, en fait on ne les a jamais vraiment démarchées. On n’était pas contre les majors, plutôt contre ceux qui leur baisaient les pieds pour signer un contrat. Les majors, c’est une puissance financière. Moi, j’insulte pas l’argent, c’est pas dans ma philosophie. Et puis, on a compris qu’on n’avait pas besoin d’elles, qu’elles n’auraient pas pu traiter comme il faut notre album. On l’a bien vu, ensuite : il y a eu plein de petits clones de TSN mais aucun n’a réussi à avoir le succès qu’on a eu, même avec des investissements beaucoup plus gros. Les mecs des labels venaient nous voir pour nous demander la recette de notre succès.

A : Pour vous, quelle est la recette de ce succès ?

P : [sans hésiter] La sincérité.

J : Ouais, on l’a fait sans calcul. On a mis tout ce qu’on pouvait pour que ce soit au top et ça a pris de l’ampleur. Je pense que c’est ce que les gens ont apprécié, la sincérité.

A : Il y avait aussi un côté plus festif dans votre album : les tass-pé, la fonce-dé, les soirées… Des thèmes qui n’étaient pas vraiment traités à l’époque.

J : Je pense que, sans être les premiers, c’est la façon dont on a traité ces thèmes qui a interpellé les gens. Il y avait d’autres groupes qui parlaient de tass-pé ou de fonce-dé mais on a été les premiers à mettre en avant le côté chanson française, le patrimoine. Et ça a apporté un public différent, plus large que les simples amateurs de rap. Ça parlait à tout le monde, à toute la France.

P : Il faut dire qu’à cette époque-là, le rap français n’avait pas vraiment d’identité. Il était beaucoup dans la copie de ce que faisaient les Américains. Il y avait énormément de références en anglais, de phrases scratchées type « Fuck da police ». Nous, on s’est pris la tête pour que nos références soient françaises. On a trouvé « A bas l’État policier », un chant de Mai 68, Trenet, Le Forestier, Mouloudji, Cloclo… Nos potes ne parlaient pas forcément anglais donc si c’était pour prendre des trucs que parfois nous-mêmes on ne comprenait pas, ça ne servait pas à grand chose. Essayons d’être sincères dans notre démarche jusqu’au bout, c’est ça notre identité Negro Parigot, notre héritage français.

A : Justement, il y avait aussi tout ce concept d’argot parisien que vous mettiez en avant…

P : Ouais, alors là, je t’avoue, on s’est un peu pris la tête, on cherchait vraiment un vocabulaire à nous, à placer des mots. Mais il y a des textes, franchement, même moi aujourd’hui j’y comprends rien [rires]. C’était notre truc, notre langage à l’époque et on voulait le mettre en avant.

A : Il y a beaucoup de références au monde de la nuit dans votre univers, les titres des deux albums, le nom de votre label (Noctambule Records). C’est une ambiance qui vous inspire ?

P : C’est surtout qu’à l’époque, on vivait la nuit [rires]. On ne fait pas partie du monde de la nuit comme on l’entend, showbiz, spectacle… Mais on vivait la nuit et alcool, bédos aidant, bah on se levait tard. On n’allait pas trop à l’école, on n’avait pas d’activité professionnelle « normale », donc on flemmardait beaucoup. Notre quotidien, c’était de se réveiller sur le coup de 12-13h, café à 14-15h, la tête dans le cul, bon faut quand même faire deux trois trucs, se démerder pour ramasser un peu d’oseille et surtout se préparer pour le soir, aller baiser les gonzesses en boîte ou aller voir les putes, se balader, apprécier Paris… C’était notre rythme de vie, quoi !

« Il y avait d’autres groupes qui parlaient de tass-pé ou de fonce-dé mais on a été les premiers à mettre en avant le côté chanson française, le patrimoine. Et ça a apporté un public différent, plus large que les simples amateurs de rap. »

A : A propos de demoiselles, l’histoire de la monitrice de colo est véridique ?

P : [rires] Comment ça ? Bien sûr, oui, ça s’est même très bien passé et je pense lui avoir bien rendu hommage dans ce morceau !

A : Votre deuxième album, Le Mal de la nuit a moins fonctionné. Pourquoi, à votre avis ? 

J : En fait, l’album sort un peu au moment où le groupe se sépare. MC Bees est parti, donc on n’a pas pu assurer réellement la promotion. Mais en réalité, niveau ventes, il a pratiquement aussi bien fonctionné que le premier.

P : Et puis c’était pendant les grandes grèves de 1997, on n’a pas eu de chance, la mise en bacs a été vachement ralentie, près de 3 mois après ce qui était prévu. Mais c’est vrai qu’on n’a pas eu de rotations radio, on n’a pas fait de clips. C’était le moment où le rap français prenait de l’ampleur, donc on est passés un peu inaperçus. Mais les gens connaissent bien les morceaux de cet album aussi, notre public nous a suivi. Juste, le groupe s’est arrêté donc c’était une période plus difficile.

A : Et vous ne vouliez pas continuer à deux ?

P : Non, il y avait un respect du groupe à trois, la personnalité du troisième. Donc on est plutôt partis sur d’autres projets. J’ai commencé à bosser sur MCM, on a monté le label La Pieuvre avec notre propre studio et on a bossé avec plein d’artistes et de musiciens hors rap. On était à fond dans ce projet, dans notre musique, le développement de nouveaux artistes…

A : D’ailleurs, 2000 est une grosse année pour le label avec quatre sorties : vos deux albums solos respectifs, celui de Roll.K et celui de Graine 2N. Ça fait un peu penser à l’univers de No Limit, Cash Money, au niveau graphique, rythme de sorties… Vous étiez un peu dans ce délire ?

P : On n’a jamais vraiment été calculateurs, le côté business tout ça… On était vraiment dans l’artistique. On bossait à fond dans notre studio. On s’est vraiment fait plaisir. Avec les recettes de nos premiers albums, on a vraiment tout mis là-dedans : produire des disques, bosser avec des musiciens…

J : Mais ouais, pour être honnête, c’était une influence. Ce qui me plaisait dans cette démarche, c’était d’être très productif et, en même temps, c’était bien bossé. Il y avait un univers propre, de la pochette aux productions. Ça a été beaucoup critiqué à l’époque mais c’était quand même une influence importante.

A : Après ces quatre sorties, vous passez un peu sous le radar. Que s’est-il passé ?

P : C’est une période où j’ai eu des petits soucis. Enfin, pas vraiment, je suis juste allé en taule pendant quelques années. Donc forcément ça a ralenti un peu les projets, je ne pourrais pas trop te dire tout ce que j’ai fait depuis cette époque, j’étais un peu éloigné et Jee se retrouvait dans une nouvelle dynamique, plus solo.

A : C’est vrai que de ton côté, Jee, tu as sorti quatre albums solo et aussi un projet avec Aelpéacha. Comment s’est fait le rapprochement ? 

J : Je l’ai rencontré à un concert de Foxy Brown, à la fin des années 90. Il avait sa casquette Splifton et son t-shirt Eazy-E, ça a accroché direct ! Pour lui, on était un peu comme ses grands frères dans le rap. Il était déjà très productif et on a décidé de bosser ensemble, surtout qu’on était dans cette dynamique de produire pas mal d’artistes à ce moment-là. Il est venu avec sa clique au studio de La Pieuvre. Il y avait MSJ, Fabrice Eboué et son équipe Splifton. On a dû faire deux ou trois titres mais ça n’a pas abouti. On ne s’est plus trop vus pendant un moment mais en 2002, il m’a invité pour sa compilation West Rider avec le titre « Y a pas que la chatte » – qui marche toujours super bien d’ailleurs. Ensuite, je l’ai invité sur mon album Rap de chambre et la collaboration a continué comme ça. Le concept d’un album ensemble est venu naturellement. 50/50, on l’a fait en deux semaines chez lui, au Studio Delaplage.

A : C’est un album assez sulfureux. C’est d’ailleurs une constante dans vos disques et vos productions.

J : Oui, c’est vrai mais c’est surtout ce que les gens retiennent. Je fais rarement plus de deux ou trois titres par album qui sont vraiment tournés sexe, avec TSN pareil, mais c’est ceux qui ressortent le plus. Je pense qu’on parle de tout mais c’est vrai que ça revient souvent. Il y a Roll.K aussi qui a pas mal joué sur cette image et vu qu’on l’a rencontrée avec TSN au départ et que j’ai continué à bosser avec elle jusqu’à aujourd’hui, il y a cette image, bien sûr.

A : Quand on voit Too $hort qui parle de « bitches » depuis plus de 20 ans, on se dit que c’est un thème qui a encore des belles années devant lui…

J : Bah justement, Too $hort, je l’ai rencontré à Paris quand il est venu avec Ice Cube, WC, Dogg Pound et tout et j’étais plutôt déçu. Il était avec deux meufs franchement pas terribles, limite toxicos, ça a un peu cassé le mythe [rires] ! Mais le premier album que j’ai acheté, c’était Life is… Too Short. Donc c’est vrai que c’est un mec que j’ai toujours apprécié, j’aime bien ce qu’il fait. Après, lui il vit sa vie aux States, moi je suis bien ici, je suis pas un pimp, tu vois. C’est vrai que j’ai eu des petites expériences dans ce milieu mais je ne me considère pas comme un pimp. Et à mon avis lui non plus, je pense surtout qu’il joue de cette image.

A : Tu te sens intégré à la scène West Side française ?

J : C’est clair qu’on est fans de N.W.A. et de toute la période G-Funk. Mais au final, on était aussi fans de Rakim, Public Enemy, Pete Rock… Moi, je suis un grand fan de Gang Starr et de M.O.P.. Mais c’est vrai que N.W.A et ce qui a suivi nous a beaucoup inspirés. Mais on n’est jamais rentrés dans le délire West Coast. Notre délire, c’était Paname. C’est quand j’ai rencontré Aelpéacha et que j’ai commencé à faire des projets avec sa clique, que je me suis aperçu qu’il y avait beaucoup de mecs qui étaient vraiment à fond dans le style de vie californien. Et ils me voyaient un peu comme le précurseur via TSN. Je l’ai plutôt bien pris et ça m’a permis de rencontrer toute cette scène et de l’apprécier. Après, il y a des fanatiques mais je vais pas cracher sur ces mecs-là, ils donnent aussi la force, ils viennent aux concerts, ils achètent les disques… Mais c’est pas mon délire quand c’est trop poussé.

A : Tu as d’ailleurs été à l’origine d’un DVD autour de cette scène (LAXgone). Pourquoi ce projet ? 

J : C’est au moment où je rencontre toute cette scène, en 2002. Il y avait vraiment toute une culture autour de ça, des passionnés, des mecs qui étaient prêts à trafiquer leur voiture pour qu’elle saute, qui allaient chercher leurs Dickies à l’autre bout du pays. Maintenant, avec internet, c’est moins présent mais à ce moment-là, c’était vraiment des acharnés. Et je ne trouvais pas juste que tout ce mouvement soit invisible, complètement indépendant, pas du tout médiatisé. On voulait laisser une empreinte de toute cette époque, toute cette culture en France dont personne ne parle.

« Je vais me rendre à ce concert avec mon bracelet électronique, tu vois, c’est des dérogations qu’on doit demander. C’est pas hyper simple pour tout le monde mais on aime la musique, on est dedans, on a jamais lâché. »

Parano Refré

A : Cette scène West Coast a été souvent critiquée…

J : Ouais, je pense que c’est le côté critique systématique en France, dès que c’est un peu différent. Les mecs qui critiquent sont à fond dans New York, ça se trouve, ou Chicago. A partir du moment où t’aimes le hip-hop en France, t’es obligé d’avoir un certain amour pour les États-Unis. Si t’aimes que le rap français, c’est que t’es pas dans la réalité. Les Américains ont amené cette musique au top, t’es obligé de respecter et d’aimer ça.

A : Tu suis toujours l’actualité du rap américain ?

J : Aujourd’hui, il y a tellement d’artistes par rapport à il y a dix ans que j’ai du mal à suivre, c’est impossible de tout connaitre. Je suis bien sûr tout ce qu’il peut se faire en Californie parce que c’est mon truc mais je suis aussi super ouvert à toutes les musiques tant que c’est bon. Donc j’écoute un peu de tout, je ne me ferme pas.

A : Pourquoi revenir maintenant ?

P : Parce qu’on nous l’a demandé. C’est clairement une demande du public.

A : Les retrouvailles se sont faites facilement ? 

J : Parano et moi, on a toujours été en contact. Bees, ça faisait dix ans que je ne l’avais pas vu. Il m’a rappelé cet été : il avait croisé Parano dans la rue par hasard et il m’a dit qu’il était chaud pour relancer ça avant les 40 piges. Le déclic, ça a été la proposition de David de MPC Production, un concert le 23 octobre au Nouveau Casino. On voulait vraiment faire un truc autour de TSN, on sentait que c’était le moment et David nous a relancés dans ce sens.

A : Vous repartez juste sur un concert ou ça serait sur du long terme ?

J : Tout dépend de la réaction du public. Si le public est demandeur, rien ne s’y oppose.

P : On a des situations qui ont évolué, on a un peu moins de temps. Je vais me rendre à ce concert avec mon bracelet électronique, tu vois, c’est des dérogations qu’on doit demander. C’est pas hyper simple pour tout le monde mais on aime la musique, on est dedans, on a jamais lâché. Jee a continué à sortir ses projets, j’ai les miens aussi, j’avais un album de prêt mais mon ordinateur a planté, mon disque dur aussi donc c’est des projets que je n’ai pas pu sortir. Là, je me lance aussi dans la comédie, je bosse sur de la fiction, des films ou même des séries télé. Bees taffe aussi donc ça fait un peu des activités chacun de notre côté mais je pense qu’on peut facilement se laisser porter vers des titres. Il faudra sûrement compter sur TSN pour l’avenir.

A : La comédie, c’est quelque chose qui t’a toujours attiré ?

P : Ouais, je pense que ça fait partie de notre délire, on a toujours fait un peu de fiction. Tu vois, même Jee, quelque part, il est acteur dans la vidéo de « Je suis F », c’est pas juste un clip où il rappe avec des pouffiasses autour, il y a une vraie histoire, de la mise en scène. On s’est pris la tête à écrire un scénario via le texte. Il a aussi réalisé plusieurs DVD, pour Roll.K notamment. Donc dans notre démarche d’indépendants, on était déjà un peu dans la réalisation, la production de vidéos. On a fait une publicité avec Bees, aussi. C’est quelque chose qui m’a toujours passionné et par le biais de la télé [l’émission Blah Blah Rap sur MCM entre 1996 et 2000], ça m’a permis d’avoir des expériences et des connaissances. Tout est lié. L’important, c’est la sincérité, un état d’esprit qui est un peu le même dans toutes ces disciplines artistiques. Faut garder la sincérité et les portes s’ouvrent.

A : Vos enfants écoutent-ils votre musique ?

P : Qu’on le veuille ou non, maintenant avec internet, ils l’écoutent forcément. Mon fils va avoir 16 ans et il kiffe TSN, les grands frères de ses potes ont toujours les albums.

J : Mes enfants sont plus jeunes, ils écoutent des trucs de leur âge, de leur génération. Et ça me va bien [rires] ! J’essaye de les pousser à chanter de temps en temps avec moi, faire partager ma passion, surtout avec ma plus grande fille.

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