Interview

10 questions à 3010

Suite à la sortie de Premium III, on a eu envie de poser 10 questions à 3010. Une interview où les réponses sont parfois aussi énigmatiques que certains tweets du rappeur.

Parmi la pléiade de rookies qui ont envahi Internet depuis deux ans à coups de freestyles filmés au 5D et de mixtapes proposées en téléchargement gratuit, 3010 figure en bonne position. Auréolé d’une toute récente signature chez Polydor, le rappeur a sorti le 30 octobre Premium III, son projet censé annoncer le premier album. Si nos emplois du temps respectifs ne nous ont pas permis de nous rencontrer, nous avons malgré tout voulu marquer le coup en envoyant dix questions  au rappeur. Prenez garde : si vous êtes parfois déboussolés par certains de ses mystérieux tweets, la plupart des réponses qui suivent sont susceptibles de vous faire retrousser les sourcils façon Jack Nicholson. Si, au contraire, vous avez envie d’en savoir un peu plus sur l’univers du MC, l’interview devrait faire figure de bon accompagnement à Premium III.

Abcdr du Son : Comment as-tu choisi le nom de 3010 ?

3010 : Chaque jour, je me souviens de mes rêves et, quand j’étais plus jeune, ça créait d’ailleurs une vraie confusion entre le réel et l’imaginaire. Mes professeurs me le rappelaient souvent à l’époque de la maternelle/primaire. C’est assez difficile à expliquer mais la forme 3010 fut ma représentation de la question (le 3) qui viendra via un changement significatif (le 0) redéfinir (le 1) l’ordre établi, qui, après ça, suivra avant le prochain changement significatif de cette ampleur (le 0).

A : Beaucoup de gens t’ont découvert sur le remix de « 6 foot, 7 foot ». Est-ce que tu peux revenir avec nous sur ton parcours avant la Premium mixtape ? Qu’est-ce que Eddie Hyde ?

3010 : J’ai commencé en 2003 à l’âge de douze ans avec mon cousin. Il démarrait un groupe de rap avec ses potes dans le 92 et j’ai voulu essayer à la seconde où il m’en a parlé, comme si je l’attendais. Je démarre les beats deux ans après, et finalement, on sort la NEMO-TAPE en 2009, posée, mixée, masterisée chez Pesoa, le général d’Eddie Hyde.
Edward Hyde est l’opposé sombre du Dr. Jekyll. Je ne m’y connais pas plus que ça en littérature mais je me souviens que le livre de Robert Louis Stevenson est le seul que j’avais réussi à terminer en cours.
Le crew Eddie Hyde initié par Pesoa et moi-même en 2009 représente ce coté opposé aux personnalités conventionnelles, ensemble on a accès à une puissance supérieure sur le plan artistique… Le crew est composé de dix artistes issus de domaines différents, aux inspirations propres… mais homogènes. C’est ce qu’il faut.

A : On t’a vu rapper avec La Fouine, Triptik, participé aux Can I kick it. Qu’est ce que t’ont apporté toutes ces rencontres qui ont finalement eu lieu sur un laps de temps assez court ?

3010 : Beaucoup de recul parce que je me suis subitement retrouvé dans un tas de situations où il n’était pas juste question de moi et de ce que j’allais manger. A l’époque, j’étais souvent seul et toutes ces rencontres m’ont montré ce que tout ça donnait de l’extérieur, avec en plus un niveau plus élevé. L’enrichissement fut sûr et certain et m’a donné plus d’assurance et d’endurance chaque jour, chaque sollicitation étant une chose dont je suis reconnaissant autant artistiquement qu’humainement.

A : Peux-tu nous parler de la relation que tu as avec Dj Battle qui t’a épaulé sur les trois volumes des Premium mixtape ?

3010 : Le premier en place qui reçoit le message et décide de l’amener plus loin ? Si je conduis mon train, il est à côté avec la feuille d’instructions et toute la famille derrière à envoyer de la puissance. Voilà comment on est avec Battle, quel que soit le projet.

A : Tu produis également plusieurs des sons sur lesquels tu rappes. Quels parallèles vois-tu entre le 3010 rappeur et le 3010 beatmaker ?

3010 : Symbiose, tout simplement. Je dis toujours qu’il me faut le temps d’apprendre encore un tas de choses niveau instruments. Je ne fais que me comprendre davantage en permanence, de même que je comprends davantage les autres… Je tiens à créer ce lien directement avec les gens, de la musique aux paroles.

A : Tu as également créé une marque de vêtements. Ça te parait essentiel d’être sur tous les fronts ?

3010 : J’ai grandi avec des créatifs. Mon pote d’enfance, et frère d’armes encore aujourd’hui, est le créateur de la marque au triangle, Aero Wonderful. De mon côté, j’ai crée RVLUTN, d’où la curieuse coïncidence des lettres manquantes pour faire Révolution (EOIO/3010). Le fait curieux est qu’un ami me l’a signalé bien après que RVLUTN m’est apparu comme le « nom parfait » pour ma bannière. Il y a peut-être un lien avec l’origine du blaze.

A : Comment se passe la vie d’un mec de vingt ans rappeur ? Tu te concentres à fond sur le rap où tu continues les études en parallèle ? Pourquoi ?

3010 : Je construis ma musique en même temps que ma vie, c’est à dire que je suis tout le temps en train de penser à comment enrichir ce que j’envoie aux autres via mon son.
J’ai arrêté les cours cette année après une troisième année de licence à la fac. Ça chauffe depuis quelques mois, il me faut du temps. S’il faut, je reprendrai si nécessaire.

A : Sur certains morceaux, on a le sentiment que tu es assez influencé par les ambiances planantes développées par Curren$y ou Wiz Khalifa sur ses premières tapes. Ce sont des références qui te parlent ?

3010 : Oui parce qu’ils maîtrisent à leur manière le concept d’atmosphère musicale que les Neptunes ont « légalisées » dans le Hip-Hop. Pour les batteries, cela vient des influences du sud des États-Unis qui fait de plus en plus de dégâts. Personnellement, ça m’a atteint il y a quelques années déjà.

A : Plus généralement, on a le sentiment que tes influences sont majoritairement américaines. Quels sont les albums qui t’ont marqué ? Y a-t-il des rappeurs français qui ont compté pour toi ?

3010 : Bien sûr ! Black Boul’, Dabazz, Oxmo et Fabe m’ont eu quand j’étais plus jeune. C’était aussi dû au fait que mon frère avait tous les disques. J’ai autant baigné là-dedans que dans le rap américain que mon autre grand frère envoyait chaque jour. Les flows, la manière dont les rappeurs américains maîtrisaient la relation entre leur personnalité et l’interprétation m’impressionnaient… Le rap vient de là-bas donc je pense que c’est assez logique.
Pour les albums phares, je citerais The New Danger, American Gangster, Enter the Wu-Tang (36 Chambers), TR-303 et Late Registration.

A : Il y a une sorte de renouveau du rap depuis deux, trois ans, une génération dont tu sembles faire partie. Comment vis-tu ce « phénomène » ?

3010 : Déjà, il me surprend parce que je pensais vraiment être tout seul il y a trois ans de ça, même si je me doutais bien qu’il y en avait d’autres. Finalement, je pense que c’est logique, c’est le moment. Ceci dit, je le vois sans le regarder parce que personne ne sait ce qui sortira de tout ça. Ça reste le boulot, jusqu’au bout.

La mixtape Premium III est disponible sur iTunes.

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3 commentaires

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  • New Side ( Snave , T-fane ),

    3010 est très bon , aucun doute il est sur le bon chemin
    J’ai rien contre lui mais franchement ,
    C’est pas pour faire le gah mais moi et mon gah
    Ont prépare UNE DINGUERIE ont bosse depuis
    3ans sur un Projet , il prend vie
    Ont pense que le bon moment est arrivé
    , et ont espère que
    La population vas kiffé une nouvelle
    génération Non identifie arrive
    new side arrive doucement , mais sûrement 😀

  • Eddiehyde,

    Il Ira Loin !!!

  • Sandra,

    Cest le Meilleur nouveau Rappeur que j’ai entendu! Jadoooooore 3010!

    longue vie 😉

    S