1999 : nos dix morceaux de rap français
Sélection

1999 : nos dix morceaux de rap français

Pour accompagner la parution du livre « 1990-1999, une décennie de rap français », l’Abcdr propose des sélections commentées de morceaux. Suite et fin de la série : 1999.

Lunatic – « Civilisé »

Si notre livre 1990-1999, une décennie de rap français prend le parti de ne se fier qu’au calendrier pour fixer les limites de ladite décennie, une approche différente demeure possible : chercher un événement marquant la bascule d’une période à une autre. Alors sans doute la décennie aurait-elle été rallongée de quelques mois, pour prendre fin le 25 octobre 2000, date de sortie de Mauvais Œil. C’est un séisme unique dans le rap français à bien des égards, et entre 1996 et 1997 quelques secousses le préfigurent, au premier rang desquels « Le crime paie » et « Les vrais savent ». Mais les aléas de la vie retardent les plans de Lunatic et ce n’est qu’en 1999 que le duo Ali-Booba revient en trombe avec le maxi « Civilisé », annonciateur dix-sept mois avant sa sortie du magnum opus Mauvais Œil. Produit par Cris Prolific qui va puiser un sample dans la composition « Les Parfums de la nuit » de Debussy, le morceau concentre l’essence de Lunatic. Peut-être n’est-il pas nécessaire de rappeler à nouveau la dualité inhérente à la musique du groupe, la quête permanente d’équilibre, la tension qui naît des différences entre les rappeurs et la puissance que dégage leur union… Toujours est-il que c’est cela le sel de Lunatic et ce qui fait de « Civilisé » un titre si important. De l’entrée racailleuse de Booba (« J’suis bon qu’à péra, à causer du tort au code pénal ») à la sortie mystique d’Ali (« Atteste que Dieu est unique, vers Lui le retour, aussi sûr qu’additioner 6,6,7 donne 19 »), l’ampleur de Lunatic se déploie. Ils n’observent pas le monde depuis le même point, n’écrivent pas de la même façon mais décrivent pourtant la même chose. Lorsque Booba dit « mes khabzas, négros sont khabat », Ali reprend « mes nègres et mes crouilles sous écrou, prisonniers du ghetto du corps, et pire, celui de l’esprit ». Plus visuel et direct, le premier tend à délivrer ses idées par des enchaînements de descriptions et des images fortes (« un fœtus avec un calibre ») tandis que son binôme développe davantage son propos autour la recherche d’élévation et de la célébration divine, dans une écriture spirituelle. Il en résulte que « Civilisé » laisse entendre l’alchimie inespérée entre deux frères qui ne pourront plus marcher ensemble très longtemps, mais qui, tant qu’ils le peuvent, élèvent le niveau du rap vers des hauteurs rares. – B2 

Diam’s – « Rien à foutre »

« Voilà d’où tout est parti : d’une musique résolument plus proche du son ATK que de n’importe quelle chanteuse de variété. » C’est ce qu’écrivait l’Abcdr à propos du premier album de Diam’s. Pour maintenant paraphraser les mots de cette même chronique, le disque est résolument doté d’un engagement politique candide. Il contient aussi son lot de boucles de piano, ses textes introspectifs, et même les versants ensoleillés de l’esprit qui animait « le crew qui prend du poids comme un gars obèse. » Après tout, « Tu t’imagines » n’est-elle pas une chanson qui dit la même chose que « Tuer ou mourir » mais avec un sourire apaisant ? Bref, tout ça est acquis : Premier Mandat n’est pas la photo que le public a retenu de Diam’s et de son succès au sentiment de sororité incontrôlable durant les années 2000. Il n’empêche, s’il dit quelque chose du pedigree de Diam’s, kickeuse acharnée à la rythmique impeccable dont l’énergie du freestyle transpire de chacune prise de parole, cet opus natif révèle aussi, plusieurs titres durant, ce qui a fait de Diam’s une rappeuse hors-pair autant qu’une star populaire. Un sens de la proximité indéniable, une aptitude à parler de façon universelle, mais surtout une capacité à foutre un sacré bordel. La preuve avec ce bien nommé « Rien à foutre », où Diam’s déborde d’énergie hip-hop et retourne tout sur son passage, tout en se permettant en une ou deux lignes bien senties de rappeler la position peu enviable d’une femme dans le mouvement. Bref, avec un sens du refrain à renverser la vapeur dans n’importe quel cypher, Suzi dégaine… Et a de la dégaine ! De celle qui se remarque direct chez un rappeur ou une rappeuse quand il ouvre la bouche. Une meuf qui a de l’attitude et un sacré bordel en guise d’ouverture de carrière. Elle refera le même coup avec Dany Dan et Driver sur l’album du Maire de Sarcelles. Là aussi, ce fut un beau dawa. Quant à la suite, tout le monde la connaît. DJ, déjà en1999, laisse nous kiffer la vibe. – zo.

Kery James, Rocca, Shurik’n & Hamed Daye – « Animalement vôtre »

Il y a plusieurs coups de génie dans « Animalement votre ». Le casting, réunion de quatre écoles emblématiques et radicalement différentes du rap français (Mafia K’1 Fry, La Cliqua, IAM, Ministère A.M.E.R.). L’introduction mémorable, qui place d’emblée l’ambition politique du morceau. Et le plus grand sans doute, le détournement du générique d’Amicalement Votre, série britannique des années 70 avec Roger Moore et Tony Curtis. Pressé et sentencieux, l’instrumental de Chimiste installe dès la première mesure un dissentiment, celui qui existe entre la classe dirigeante et les laissés-pour-compte de tous horizons,  » africano àrabo latino jeune de té-ci ». Exaltés par les années passées avec une muselière plutôt qu’un micro, Kery James, Rocca, Shurik’n et Hamed Däye viennent réclamer leur dû dans « Animalement votre ». En gardant sa distance certes (« Tu crois que ton intégration on y croit / Mais tes actes racistes ont pris du poids »), mais déterminé à ne pas lâcher le morceau ( » J’vous l’avais dit on fera notre place dans ce pays »), le quatuor rappe au kilomètre la fureur de la classe ouvrière (« Fallait qu’j’sois dur / Plus cruel que le sort qui pousse nos pères à la truelle »). Au firmament de leur talent tous sont remarquables, mais c’est incontestablement Kery qui tire son épingle du jeu. Son ouverture a cappella, façon excavateur, « laisse des traces de sperme de toutes les ethnies dans l’œsophage » du pays qui l’a trahi. À l’aube de sa métamorphose, jamais plus le leader d’Ideal J ne sera si bilieux ni enclin à la violence. Ce n’est même plus un chant, c’est un cri du cygne. – David²

Def Bond – « Tant pis »

Alors que l’EP Le retour du Soul Swing, où il côtoie Faf Larage au micro, était d’un naturel sombre, le premier album solo de Def Bond produit par DJ Khéops sur son label Sad Hill est plutôt lumineux. Cabriolet, hélicoptère, villa avec piscine : le clip de « Old School Love » conviant Oliver Cheatham ne trompe pas. Le Thème épouse une esthétique soignée à l’image des sorties du label Bad Boy Records outre-Atlantique. Mais l’album contient des moments plus intimes. Parmi ceux-là, « Tant pis » fait figure de morceau bilan pour son auteur qui revient sur une enfance et une adolescence bouleversées par un drame familial.  « Tu voulais pas d’ça maintenant, qu’est-ce que ta volonté viens foutre là-dedans / Seul, c’est maintenant que tu es grand. » Sur une production chaleureuse de Faf Larage bercée par le ressac et une voix mystique, Def Bond s’oriente malgré ses infortunes vers la révélation et l’épiphanie. Après « Les jours sont trop longs » sur la compilation Sad Hill où il évoque une première fois la perte d’un être cher, le rappeur se livre de nouveau en évoquant cette disparition. De par ce sujet universel, il tisse indirectement un lien avec l’auditeur, s’interrogeant plus loin sur les futilités des apparences : « C’est quoi le bonheur ? Avoir de la thune ou faire semblant ? / Changer de femme chaque week-end, être sérieux ou faire semblant ? «  Une mise à nue qui fait de « Tant pis » le morceau le plus émouvant de Le Thème – certains diront emo rap – mais aussi un moment singulier et méditatif dans un rap français qui, à l’aube de l’an 2000, finit d’aiguiser ses crocs en s’orientant de plus en plus vers la rue. – JulDelaVirgule

La Cliqua – « 3 rounds » feat. Mam’s & Esprit d’Ébène

Sur la deuxième piste de l’album La Cliqua, Raphaël, Daddy Lord C et Rocca se livrent à une bataille microphonique sur « 3 rounds » avec Esprit d’Ébène en guise de speaker. Pour que chaque combattant soit mis à l’aise, Gallegos cuisine trois instrumentaux différents pour chaque couplet. C’est le benjamin de la bande, Raphaël, qui démarre au quart de tour, clamant « la réaction d’un jeune sous pression. » Vif et frais comme Thierry Henry à l’AS Monaco, le rappeur déroule son texte captivant par sa fougue. Porte-parole de sa génération (« Trop d’jeunes font partie de la population sacrifiée »), sincère et soigné dans sa démarche (« es paroles viennent du cœur, chaque mot que je donne a sa direction »), Raphton affirme sa position dans la cour de mastodontes comme Daddy Lord C et Rocca. Habitués des freestyles, ces deux rappeurs ne sont pas les derniers pour rejoindre la bagarre au mic. Le boxeur et l’ex-Black Dragon Daddy Lord C déploie son débit tranchant avec finesse, entre égotrip (« Combien de villes demandent qui dévale quand de ma bouche j’déballe ») et authenticité (« Toujours le même, change pas avec ou sans crocodile »). Amoureux d’images, métaphores et figures de styles en tous genres (« Tête de whisky de contrebande au temps de la prohibition »), Rocca affirme sa virtuosité au micro. Comme à son habitude, le « phénoménal colombiano » dépouille l’instrumental avec un style sauvage et bouillonnant sur un sample de « Masterpiece » de Grover Washington, Jr. « 3 rounds » synthétise assez bien l’appétence des trois MC’s pour le fond perspicace et la forme explosive.  – AndyZ

« « Civilisé » laisse entendre l’alchimie inespérée entre deux frères qui ne pourront plus marcher ensemble très longtemps. »

La Caution – « Une tour devant l’arc en ciel »

Quand il a été question de sélectionner 200 disques pour écrire 1990 – 1999, une décennie de rap français, la rédaction de l’Abcdr n’a pas laissé beaucoup de maxis passer le cut. Mais celui-ci, il n’était pas envisageable de le mettre de côté. Les raisons sont multiples. L’unicité du son de La Caution, sensible dès ces deux premières pistes et toujours inégalé presque vingt-cinq ans plus tard, est évidemment le leitmotiv principal de cette mise en avant. Et quel plus bel exemple pour l’évoquer que « Une Tour devant l’arc-en-ciel » ? Ses scratches du « It’s the new style » des Beastie Boys finement plaqués en arrière-plan d’un sample de la bande originale de L’Armée des douze singes. Puis cette seconde structure instrumentale, synthétique, saturée, triturée aux potards, dans laquelle la voix gouffreuse d’Hi-Tekk parle d’entrée de psychanalyse pendant que Nikkfurie autopsie les rues de la banlieue est de Paris. Et pourtant, même avec quasi vingt-cinq ans de recul, parler de La Caution est toujours aussi difficile tant le matériau sonore du groupe reste une grande inconnue. Que dire de cet alliage entre culture de rue et visions hallucinatoires dignes d’un film de science-fiction ? Comment décrire ce duo autrement qu’en faisant appel à une cascade de name droping pour essayer de décrire l’indescriptible, ce délire de reurtis qui se baladent avec un bouquin de K. Dick dépassant de la poche arrière d’un 501 serré ? Que faire de ces deux timbres de voix radicalement opposés, de leurs allitérations et assonances, de ce kaléidoscope de gris banlieues ? il n’y a jamais eu une définition précise, surtout pas en 1999 en tous cas, et pas encore un quart de siècle plus tard. Sauf peut-être l’aveu de Nikkfurie lui-même, amené à revenir sur les débuts du groupe lors d’un entretien à l’Abcdr : “On était des rappeurs en blouse de chimiste.” Pour les chroniqueurs musicaux, le costume reste toujours trop grand – zo.

Mafia K’1 Fry – « Rêves perdus »

« Rêves perdus » est un extrait du maxi Légendaire de la Mafia K’1 Fry sur lequel l’un de ses membres les plus énigmatiques, Yezi L’escroc, écrit avec amertume les ambitions brisées par l’amour du risque des jeunes de banlieue. Bercé par la rue, Yezi laisse peu à peu la froideur du béton prendre le pas sur la chaleur du cœur enfermé dans une ambivalence « mi-démon, mi-ange. » Là où le futur n’est qu’une chimère, où le passé hante les esprits déchirés par le malheur, rares sont les sorties de secours qui ne mènent pas au crime. La foi et les vertus sont les seules issues comme disent Manu Key et Rim’K au refrain. L’impression d’être impuissant face à la fatalité du monde (« J’ai toujours lutté pour ce que je croyais juste, mais j’suis juste une statistique, un indompté de plus ») et conscient des conséquences d’un mauvais choix (« Parlons de réalités, ne pousse que ce qu’on a semé, évite les mauvaises herbes qui tentent de s’incruster »), Yezi fait preuve d’une grande lucidité noyée dans une tristesse décourageante. L’instrumental mélancolique de Jean Jack remue le couteau dans la plaie et borde le flow sans fioritures du rappeur. Avec « Rêves perdus », Yezi L’escroc apporte du spleen au milieu d’un maxi porté sur l’egotrip et l’invasion fulminante de la Mafia K’1 Fry dans le rap français. – AndyZ

Big Red – « Spliff »

« Pass pass le oinj », « Le mégotrip », « Le retour du Shit Squad », « One, one, one », le rap français des années 1990 compte son petit lot de stoners joints. Le thème sera même décliné sur la compilation Cannabissimo Rap & Ragga parue en 1998 puis en 2001 sur la mixtape The Skunk Anthology. Après deux albums de Raggasonic où la substance verte est évidemment présente, Big Red offre sur son solo deux morceaux aux titres équivoques. Si « Rizzla » joue sur une vibe douce et cocooneuse, ce n’est pas le cas de « Spliff » qui explore un stade plus avancé de défonce. Composée par Rudlion, la production emprunte un bruitage sonore de »Real muthafuckin’ G’s » de Eazy-E et avance comme un rouleau compresseur hypnotique. Big Red se laisse aller à des scansions aléatoirement rappées, chantonnées ou parlées sous l’emprise du « vert, et rien d’autre pour être def' ». Il explore avant l’heure une diction protéiforme, passant de ce qui s’apparenterait de nos jours au mumble rap popularisé par Young Thug à du fast style plus énergique. Les deux lascars créent une atmosphère pesante et embrumée où se devinent des yeux fatigués et une pâteuse latente, si bien que Big Red ne parvient plus à épeler correctement le mot titre du morceau. Original et singulier dans sa conception, « Spliff » fait figure d’ovni dans le paysage musical du rap de cette époque. Il se rapproche du genre électronique tout en gardant la touche agressive du gangsta rap californien du début de la décennie. Une orientation musicale, également approchée sur d’autres morceaux de l’album, qui n’ira malheureusement pas plus loin, Rudlion décédant quelques mois après la sortie de Big Red-emption. – JulDelaVirgule

Octobre Rouge – « Argotrip »

Il ne pousse pas grand chose dans le nord-est de la capitale. Mais s’il y a bien quelque chose qui y (est) fleuri, c’est l’argot local. Entre Pigalle et Riquet, Grain d’Kaf et Logan cueillent le décor parisien et les drôles de mauvaises herbes qui le parcourent dans un florilège de synonymes. Il y a ici des passants (et quelques chrysanthèmes), des filles (et le Parisien ne dit pas « de belles plantes », faut pas déconner), des néons couleur coquelicot de peep show, de l’argent (de l’oseille quoi) et beaucoup d’herbe, évidemment. Avec son bagout bitumeux, Octobre Rouge a de toute façon dès ses débuts fait dans le jardinage, autant celui du dictionnaire que celui qui tient sur trois feuilles collées en L (comme le bac, que n’a pas forcément passé la BAC, on pourrait aussi parler de bac à fleurs mais bon…). En témoigne cette pépinière de mots, où le dialecte de Paris ne sert qu’à planter le décor un bédot à la bouche et à installer sur une prod de Voodoo deux des meilleures graines du rap parisien de la première décennie des années 2000. De celles qui transforment la ville lumière en quartier rouge. Tout les fumeurs de chaque côté du périph en rêvaient, O.R l’a fait. Il ne manque plus qu’un Gamm Vert avenue de Flandres. Colekt’Or ! – zo. 

113 – « L’âge du meurtre » feat. Karlito

Pour annoncer son album solo Contenu sous pression en 2001, Karlito débarque avec un single aux sonorités déroutantes. Sonnant comme les bonbons électroniques de la French Touch (Daft Punk et Cassius en tête), « La rue cause » fait du bruit dans le paysage rap français. Le morceau voit DJ Mehdi peaufiner ses expérimentations électro entamées en 1999 sur Les princes de la ville. Placé en toute fin d’album, en piste cachée (quoi de plus évident pour inviter le secret le mieux gardé du collectif),  » L’âge du meurtre » possède déjà en soi le refrain que Karlito entamera deux ans après (des bouts de textes du 113 sont aussi reposés sur « Tant de choses »). DJ Mehdi met en boucle les dernières secondes d’un standard de Quincy Jones en lui ajoutant une séquence de batterie et un simple accord de guitare. Une production plus « classique », par comparaison à d’autres compositions du disque, sur laquelle le 113 appelle la jeunesse à la réflexion avec une écriture simple et directe. « La mort, c’est un long exode / C’est pas comme à la télé / On t’fera pas revenir dans un autre épisode » pour Rim-K ; « Possédé par le mal, joue pas trop au malin / La violence est comme un courrier qui revient le lendemain » pour A.P. Un style qui fait leur signature, à l’opposé de celui de Karlito plus abstrait et poétique, qui fait parfois faire à l’auditeur  « le tour de France de l’esprit » : « Le temps s’consume comme mon joint s’consume / Comme le mal s’consume / Ainsi la mort danse devant toi. » Avertisseurs mais pas donneurs de leçons, 113 et Karlito livrent leur ressenti sur la violence que l’on cause à autrui et l’inverse, mêlant fatalisme, réalisme, et survivalisme autour d’un questionnement permanent dans un équilibre précaire : « J’suis ni pour le port d’arme / Ni pour que tu m’enlèves l’âme / Désenchanté quand j’vois une famille fondre en larmes. » – JulDelaVirgule

1990-1999, une décennie de rap français est disponible en librairies. Vous pouvez également le commander en ligne :

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