Zippo au « Charbon blanc »

Il y a deux ans, Zippo se battait avec un détachement mordant contre les « robots » et démontait, un album durant, les artifices d’un monde qui va droit dans le mur. Aujourd’hui, après une période de relative discrétion, l’ancien du Pakkt ne décrit plus le paradis perdu, mais le moral de ses enfants. Le titre s’appelle « Charbon blanc », et d’une certaine manière, il réactualise « Les Rêves qui partent en fumée » d’ATK. Ce couplet des illusions rayées de la carte des possibles, c’est avec Greenfinch, pourvoyeur régulier de productions au rap indépendant français, que le rappeur niçois le rejoue. Sauf que chez lui, la mélancolie prend les atours de l’aigreur. Celle d’une génération qui a choisi d’arrêter la boxe pour préférer s’inscrire à un stand de tir. Il y a quelques années, Zippo rappait : « ils disent que je renonce, en fait je refuse ». Aujourd’hui, il semble abdiquer pour préférer flinguer à tout va, y compris sa propre caboche. C’est débité sans filet, les schémas de rimes mutent et s’alternent pour donner une impression d’arythmie nerveuse sur un beat ternaire. Le Z estime qu’il n’y a plus rien à débattre et ne tente plus de rebattre les cartes. Il en dévoile juste les dessous, du point de vue de ceux qui n’auront plus la chance d’avoir la main. Mi plaidoirie pour les cerveaux qui disjonctent, mi réquisitoire contre ceux qui ont changé l’époque et les règles du jeu, « Charbon blanc » est de ces morceaux plein de désillusions destructrices. Ceux où les rares « sourires ne sont plus qu’une façon de montrer les dents. » De la force pour les frères qui font grise mine.