Sidekicks

Houston, son gangsta rap poussiéreux imbibé de chaleur et de mort, ses rythmes ralentis au sirop de codéine, son imagerie bling bling (mais pas que). Pour qui s’intéresse à cette scène, indiscutablement l’une des plus influentes de l’histoire du rap US, le recueil que lui a consacré Peter Beste fin 2013 est un must have absolu. Aujourd’hui, le photographe américain s’associe au graphiste français Lil Thugs afin de prolonger l’hommage avec une exposition qui se tiendra à la GreenWood Gallery jusqu’au 4 février. Imaginez le Third Ward transposé en plein 3e Arrondissement, via des clichés extraits du livre, une collection capsule de T-shirts, une toile interactive, un toy DJ Screw et divers goodies à la gloire des autres légendes locales. Pas totalement étrangère à cette connexion Paris-Texas, la team Deeper Than Rap espère vous voir nombreux ce soir au vernissage.

  • GreenWood Gallery : 68 Rue du Vertbois 75003 Paris
  • Vernissage : ce jeudi 22 janvier 2015 de 18h à 21h
Jusqu'ici tout va bien.

JP Manova, Nigga from Paris

Jay-Z et Kanye West ont chanté « Niggas in Paris ». JP Manova a décidé de leur donner la réplique avec un art bien propre aux Franciliens : celui de l’incruste. Et pour le prouver et le dire encore un peu plus fort, celui qu’on a qualifié de « secret le mieux gardé du rap français » l’a fait lors de la Fashion Week. Son morceau s’appelle  « Is Everything Right ?? », et pour répondre à la question, Djeep y encadre quelques faciès excentriques et jolis minois sur fond d’une France qui s’émoustille d’un côté et coule de l’autre. Avec un reflet pareil dans son miroir, Narcisse ne verra plus tout à fait du même œil le raffinement à la française et ne reviendra pas squatter Panam’ de sitôt. Reste plus désormais qu’à briser la glace. Certains de nos politiques appellent ça l’Etat d’urgence, mais n’y prenez garde. Ouvrez simplement vos yeux et dites cheese, car il s’agit probablement ici de l’un des clips le plus culotté de l’année. Et avec un petit effort, vous vous reconnaîtrez peut-être même sur la photo.

« Even Dwarfs Started Small » nous disait R.A. il y a une quinzaine d’années. Visiblement, les personnes de petite taille  ont entre temps continué leur bonhomme de chemin et dans le dernier clip de Crustified Dibbs, elles se révoltent contre le pouvoir en place qui voudrait faire d’eux des bêtes de foire et les parquer dans une décharge. « Media Midgets » dénonce ainsi le contrôle et l’uniformisation des esprits dont les médias seraient responsables selon le rappeur. Le morceau est l’occasion pour R.A. de retrouver Buckwild, déjà aux machines au milieu des années 1990 pour l’incendiaire « Every Record Label Sucks Dick », qui a beaucoup contribué à la réputation de frappadingue du fils Thorburn.

Tauheed Epps aura eu jusqu’ici au moins deux carrières. La première, relativement confidentielle, sous le nom un poil embarrassant de Tity Boi. La seconde, omniprésente et couronnée de succès, en tant que 2 Chainz. Avec en sommet son premier album solo Based on a T.R.U. Story et le banger absolu de tous les anniversaires « Birthday Song ». Depuis, 2 Chainz a enquillé les apparitions éclairs sur une quantité infinie de projets, sorti un deuxième album inégal (B.O.A.T.S. II: Me Time) et monté son label (The Real University.) Les grosses chaines toujours rutilantes, il sera au Zénith de Paris le samedi 7 février pour un concert qui ne manquera pas de testostérone. Et question d’ajouter une bonne touche hexagonale bien en finesse, il sera appuyé (entre autres) par Gradur et Tito Prince. On t’offre des places pour cette soirée recommandée à toutes les « big booty hoes. » Pour participer, rendez-vous sur notre fil Twitter.

Hyacinthe s’est fait discret en 2014. Et il semblerait que ce soit pour revenir de plus belle en 2015. Histoire de lancer les hostilités, le rappeur parisien s’est une nouvelle fois associé à Kevin El Amrani pour livrer un double clip épatant (ils s’étaient déjà essayé à l’exercice avec « Cheveux rouges/Minuit »). Ambiance lynchéenne, plume trempée à l’acide (« Demain a la même gueule que mes rêves« ) et flow tapageur, la formule fonctionne et prouve que le membre de DFHDGB a encore franchi un palier.

La sélection de l’année écoulée des Chroniques Automatiques a un double intérêt. Elle ne manque ni d’éclectisme ni de bon goût, avec son lot de joyaux jouant des grands écarts (au hasard Run the Jewels II, le Hell can wait de Vince Staples et le Days before Rodeo de Travi$ Scott). Elle renvoie aussi vers un site qui comporte quelques grands papiers sur la scène rap japonaise – notamment cette interview passionnante de MC Kan.

« I don’t care about your website, your website is TRASH. You can’t move with me in this digital space. Maybe if you had copied everything I was doing with the app, that app would have did better and wouldn’t have CRASHED the day your album DROPPED. »

Moment surréaliste à la radio new-yorkaise cette semaine : le DJ Funkmaster Flex, champion toute catégorie du monologue hystérique, a fait détonner quelques bombes en s’attaquant à Jay Z (mais sans le citer nommément). Motif de sa colère :

  1. L’équipe de Jay Z lui aurait soudoyé des informations pour développer la fameuse appli lancée pour promouvoir l’album Magna Carta… Holy Grail.
  2. L’équipe du site Life+Times (la plateforme éditoriale de Jay Z) l’aurait contacté pour faire un article sur les retrouvailles des Diplomats. Mais Funk Flex n’est pas dupe : il se souvient de l’époque où, en plein milieu de l’embrouille Jay Z/Cam’Ron, on lui interdisait de passer des morceaux du crew de Harlem au 40/40 Club (dont Jay Z est propriétaire).
  3. Et puis, de toute façon, Life+Times, c’est de la merde. Il y a juste des grosses images et zéro trafic.

Bref, un vrai conflit du futur, avec des enjeux dignes d’une engueulade entre deux chefs de produit dans une start-up de la Silicon Valley. À l’heure actuelle, on ne sait pas encore si Jay Z va répondre avec un morceau ou une mise à jour sur Google Play.

Smoke DZA, le Kush Gawd, sera à Paris mercredi 28 janvier pour son tout premier concert dans l’hexagone. Le nouveau meilleur rappeur de Harlem – attention provocation – est omniprésent depuis au moins trois ans avec une énorme pelletée de mixtapes (dont The Stage avec Harry Fraud et Curren$y), des couplets disséminés à peu près partout et un dernier album franchement recommandable (Dream.Zone.Achieve). Prolifique et régulièrement inspiré, on guette son passage à La Bellevilloise avec intérêt. Il sera soutenu pour l’occasion par Aaron Cohen, le new-yorkais d’adoption, originaire de Rainy City (Seattle). Sans être une révolution sonore, son dernier EP You wouldn’t know mérite le détour. Grand seigneur, on vous offre des places pour cette date organisée par la grande famille Free Your Funk. Pour gagner des places, une fois n’est pas coutume, ça se passe sur notre page Facebook.

Au bout de tant d’années d’existence, il fallait bien qu’un rappeur finisse par s’en prendre ouvertement à l’Abcdr dans un morceau. C’est désormais chose faite avec le tout récent freestyle de Yann Ichon, membre de Bon Gamin. Rendez-vous à 1’51 pour la phase en question. Bien joué Yann, la voici ton introduction.