Booba : « On ne copie pas les Américains, on fait du rap »
Interview

Booba : « On ne copie pas les Américains, on fait du rap »

Un paquet de clopes, deux barres sur le téléphone et une prière pour que l’enregistrement ne foire pas, voilà ce qu’il fallait pour interviewer Booba. Paroles choisies d’un rappeur qu’on conjugue à tous les temps.

A comme Amitié

« Mala, s’il devait arrêter la musique, il serait toujours avec moi. La musique, c’est même pas important. Si je vendais des pommes de terre, il serait là et on en vendrait ensemble. »

B comme Brams

« C’était comme mon frère. Sa disparition me motive, me rend plus fort. Je détruis et je reconstruis avec de meilleures bases. Et je sais que lui était dans le même état d’esprit, celui de terrasser tout le monde. Donc je le fais pour lui. « En mémoire de mon frère, je vais tous me les faire ». Je sais qu’aujourd’hui, s’il avait été là, il aurait kiffé voir la progression, là où on en est. Je transforme tout en positif. Je ne vais pas me laisser abattre. C’est pas ce qu’il aurait voulu. Si je m’étais enfermé à pleurer dans ma chambre tout seul, je sais qu’il m’aurait insulté. Il m’aurait dit : « Qu’est-ce qui t’arrive !? » »

C comme Carrière

« Ça ne me dérangerait pas d’arrêter. Si demain, je dois arrêter de rapper, c’est la vie. Le rap, je n’ai jamais rêvé d’en faire. Je n’ai pas grandi en rêvant de devenir artiste comme une petite fille rêverait d’être danseuse étoile. Ce n’est pas un accomplissement, un rêve. Plus jeune, je n’avais pas vraiment de rêves. Mon rêve, c’était de ne pas travailler. Je ne voulais pas d’un patron. J’ai toujours eu des problèmes avec l’autorité, les règles, les contraintes.

Si j’ai souvent parlé de l’arrêt de ma carrière, c’est déjà parce que tu ne sais pas pendant combien de temps tu vas avoir de l’inspiration. Mais, surtout, je n’avais pas vraiment d’exemple. J’étais obligé de me référer aux Américains, vu que ce sont eux les plus anciens. Et tous les anciens que tu voyais aux Etats-Unis devenaient has-been. Je ne pensais pas qu’après 35 ans, c’était possible de rapper et d’être encore numéro un. L’un des déclics, c’est Jay-Z. Quand je l’ai vu être encore numéro un à 40 piges, faire danser jeunes comme vieux en boîte, je me suis dit « la limite est repoussée ». Parce que si tu regardais les LL Cool J et autres, c’est même pas qu’ils devenaient nuls, c’est pire que ça : ils devenaient ridicules. Même des bons mecs comme Scarface, tu ne les entendais plus… »

C comme Clips

[à propos du clip de « Caramel » et son imagerie « standard »] « C’est ce que j’avais envie de faire. Ça va avec la chanson. C’est le premier, il y en aura d’autres, qui seront différents. C’est clair qu’on n’a pas innové. C’était juste histoire d’avoir de belles images sur un morceau. Après, les clips de rap, c’est toujours un peu cliché. Tous les clips en général. Même au cinéma. C’est compliqué d’inventer. C’est comme les morceaux de rap, on parle toujours des mêmes choses. Seuls la manière, les beats, les flows changent. Mais je vois ce que tu veux dire, c’est un clip avec des meufs à poil… Mais c’est ce que j’avais envie de faire. A la base, je ne pense pas à attirer tel ou tel public. Je pense à kiffer, moi. Si moi, je kiffe, je peux aller défendre. »

D comme Détachement

« En fait, une fois qu’un album sort, c’est comme si je le perds un peu. Ça ne m’appartient plus. C’est comme si t’as une bête de meuf, que tu la kiffes et qu’après tout le monde la nique. C’est pas que je m’en fous mais c’est du passé, je suis sur autre chose. Là, l’album va sortir, j’en suis très satisfait, mais je suis déjà sur autre chose. Ce que je kiffe, c’est le processus de création. Et puis l’accueil, la récolte. Même pas en terme d’argent. Tu travailles des heures, des jours, des mois… Tu écoutes le morceau dans ta voiture mais  tu es tout seul à kiffer. Et tu te demandes si tu ne vas pas être seul dans ton délire. Tu ne sais jamais. Les retours positifs, c’est comme un soulagement. Ça réconforte. »

E comme Entourage

« Je suis toujours avec les mêmes personnes, la même base. Dans le business, il y en a aussi de nouvelles. Je ne me suis pas fait tout seul. J’ai toujours eu avec moi des gens très importants, sans qui je ne serais pas là aujourd’hui. Que ce soient des amis ou des mecs dans le business. C’est comme le sport. Chacun est à son poste. Avec une équipe de bras cassés, je ne mettrais pas les paniers. C’est une entreprise. Il y a toute une machine. Les gens ne se rendent pas forcément compte mais ça travaille très dur derrière. Il n’y a pas de vacances, ça ne s’arrête jamais. Le travail, la rigueur et l’entourage : c’est ce qui fait que je suis encore là aujourd’hui. »

F comme Featuring

« Avec 2 Chainz, c’était assez compliqué parce qu’il était en promo, en tournée. C’était plus simple avec Rick Ross car on est tous les deux à Miami. On était ensemble en studio. Il est professionnel, comme moi. On s’était déjà croisés avant, j’avais partagé une scène avec lui. J’aimerais bien faire un truc avec Rihanna. Mais elle, c’est encore un autre level. Ça doit être compliqué, mais pas impossible.

Despo ? S’il avait de l’actualité… Mais on ne l’entend pas vraiment. Il n’y a pas vraiment d’intérêt. C’est bien quand c’est un win-win. Si tu ne sors rien, que je fasse un featuring avec toi, ça ne te servira à rien et à moi non plus. Je préfère garder mon couplet pour une de mes chansons. Mais pourquoi pas ! Faut qu’il y ait de la matière. »

G comme Gâchis

« Des gens qui ont du talent, il y en a plein. Mais beaucoup n’ont malheureusement pas les reins assez solides, l’équipe qu’il faut. Si j’avais le temps et que je jouais le directeur artistique, je sais que je pourrais les amener quelque part, de par ma vision, mon expérience et ce que je suis capable d’accomplir en terme de taf et d’organisation.

Il y a pas mal de rappeurs qui ont gâché leur truc en France. Qui ne travaillent pas assez ou pas correctement. Qui sombrent parce qu’ils n’ont pas l’entourage ou la vision du business que, moi, je pourrais avoir. Je vais me permettre de parler d’un mec parce que j’ai travaillé avec lui. Nessbeal, pour moi, c’est du gâchis. Il est capable de faire beaucoup mieux. Des mecs comme lui, il leur faut des directeurs artistiques. Mais en France, il n’y en a pas. En maison de disques, il n’y a personne qui connaît vraiment le rap. Nessbeal, entre de bonnes mains, je sais qu’il aurait pu avoir une carrière beaucoup plus aboutie. Je n’ai pas de regrets parce que c’est moi qui ait décidé d’arrêter avec lui. Pour des raisons personnelles. Lui, il travaillait, c’était un bosseur. Mais c’est quelqu’un qui a besoin d’être dirigé. Certains ont du talent mais ne savent pas faire les bons choix. Ils s’emballent, ils partent dans telle direction… Et ils ont besoin de quelqu’un qui leur dise « non, là, c’est mauvais ». Mais, en France, peu ont la légitimité pour le faire. Quand tu as un mec comme Russell Simmons, P. Diddy ou Dr. Dre derrière toi, tu peux l’écouter parce qu’il a fait ses preuves. En France, personne n’a vraiment fait ses preuves. Des gens comme IAM ou NTM – je ne veux pas encore les critiquer, je n’ai rien contre eux – auraient pu faire le pont. Mais eux-mêmes ont besoin d’un DA… »

« Le rap français ne me permet pas de kiffer à 100%. Aujourd’hui, il n’y a personne avec qui je peux collaborer. »

H comme Héritage

« L’esclavage, la ségrégation… Ce sont des sujets qui me touchent. C’est comme les juifs et la Shoah. C’est aussi simple que ça. Je pense que c’est clair. Ça donne la rage de briller, de ne pas se laisser faire. C’est peut-être aussi ça qui m’a un peu révolté contre l’autorité. Les mecs torturés, pendus, n’ayant pas le droit de pisser dans les mêmes endroits que les blancs… C’est pas si vieux que ça. Quand tu n’es pas noir, que tu ne le ressens pas ou que tu ne t’y intéresses pas vraiment, tu ne te rends pas forcément compte. Et l’esclavage, contrairement à l’holocauste, on en parle peu. Il n’y a pas beaucoup de traces, de documentaires… Mais quand tu fais l’effort de t’y intéresser, tu réalises. Après, je te le dis, quand on me traite de « sale noir », ça ne passe pas du tout, je le ressens puissance dix. Mais ça décuple aussi ma force. C’est à la fois négatif et positif. Regarde les noirs aux États-Unis, ils ont combattu contre ça, ils en sont sortis plus forts. Idem pour les juifs, ils ont gardé ça en eux et ça a été un moteur de réussite et de travail. [ndlr : on lui cite les paroles d’Hifi, « Je bosse pour mon peuple… », il coupe et termine la citation] « … M’efforce d’ouvrir leurs yeux, mais tu sais comment sont les nègres entre eux. » J’ai la sensation de bosser pour mon peuple. Je ne sais pas ce qu’Hifi voulait vraiment dire mais, moi, quand je te dis que je bosse pour mon peuple, c’est plutôt les gens comme moi, qui pensent comme moi ou qui ont vécu des choses similaires. Ça dépasse la race. C’est un état d’esprit. Chez Unküt, on a des noirs, des blancs, des gitans, des Portugais, des arabes… Il n’y a aucune discrimination. A la limite, même le diplôme n’est pas important. Tant que tu as les compétences. Après, il y a des postes qui requièrent quand même des diplômes spécifiques. Mais pour d’autres, tant que le mec est motivé et travailleur, on l’embauche. Dans les équipes, il y a toujours un mec débrouillard qui fait partie de l’entourage. Il ne faut pas confondre communautarisme et racisme. Quand tu vas chez les tiens, tu es forcément mieux accueilli. Ça ne veut pas dire que tu ne peux pas te mélanger. Mais si chacun aidait les siens, les gens proches, au lieu de faire des dons à je ne sais quoi… Tout le monde avancerait. »

I comme Indépendance

« J’ai juste signé un deal de distribution. Je ne suis pas signé en artiste ou en licence. Je suis toujours en indépendant. C’est toujours moi qui fais mes albums, qui enregistre, qui paie, qui choisis les singles… C’est moi qui produis. C’est moi qui paie pour avoir un 2 Chainz ou un Rick Ross, même si le label peut éventuellement participer. »

K comme Kaaris

« M’occuper de la carrière d’un artiste, c’est pas vraiment mon délire. Mais je le fais indirectement avec Kaaris, parce qu’il en vaut la peine. Il a signé chez Therapy. On s’occupe d’organiser son album : les séances de studio, les mix, les instru’… Ça sortira en 2013. C’est quelqu’un en qui je crois, donc je gère le truc de loin. Parce que je sais qu’il a du talent. Il a vraiment un truc et puis il s’améliore de jour en jour. Je me reconnais dans son univers. Ça me parle. Je ne suis pas impliqué d’un point de vue business, je ne gagne pas d’argent sur lui. C’est pour faire avancer le truc. Quand je fais un Autopsie, je ne me fais pas d’oseille sur les mecs que j’invite. Je le fais pour le rap en général. Parce que plus tu pousses les bons vers l’avant, plus t’évites de te retrouver avec de grosses merdes à la radio derrière. Les gens sont mal éduqués musicalement. Si tu comptes sur les radios pour t’éduquer, c’est chaud. »

M comme Mehdi

[ndlr : à propos du morceau « Couleur Ébène », produit par DJ Mehdi] « On s’était donné rendez-vous au studio La Muette avec Mehdi, il devait me passer des sons. Il était venu dehors dans ma voiture, avec un CD. A la base, je cherchais des sons rap. Il y avait une quinzaine de sons, dont « Couleur Ébène ». Et, bizarrement, je n’avais pas accroché sur les sons rap. J’ai bloqué sur « Couleur Ébène », je lui ai dit : « Celui-là, j’aime bien, mais je n’y arriverais pas. » Je ne savais pas comment j’allais rapper là-dessus. J’avais même abandonné. Mais, un matin, je me suis levé, je l’ai écouté et j’ai eu un déclic. J’ai trouvé un flow, une gimmick. Je l’ai appelé et je lui ai dit que je le prenais. Je pense qu’il a été content que je choisisse celui-là. J’aime bien le texte, le refrain. Je suis sincère dessus. C’est dans quel album ça d’ailleurs, Panthéon ? »

P comme Père

« Je n’ai grandi qu’avec ma mère. Ça a été comme ça depuis tout petit, donc je n’ai pas eu vraiment de manque. Chacun le vit différemment. Même si j’avais eu un père, je ne l’aurais pas forcément écouté. C’est davantage la rue qui m’a formé. La vidéo m’a fait rire, je l’ai même posté. Ça fait un moment que je ne lui ai pas parlé. Il n’y a pas vraiment de guerre entre nous mais on n’a pas trop de contacts. »

P comme Plaisir

« Je prends du plaisir à rapper. Je kiffe ce que je fais. Quand je dis que je n’ai jamais rêvé d’en faire, ça ne veut pas dire que je n’aime pas ce que je fais. Le rap, ça reste une vraie passion. La musique, pour moi, c’est la vie. Aujourd’hui, je suis un Jedi. Je maîtrise beaucoup mieux. Je kiffais aussi à l’époque hein ! Mais je kiffais limite plus être dans la rue que faire des bails de musique. J’étais plus en train de traîner qu’autre chose. La musique, c’était marrant si je ramenais la rue avec moi et qu’on allait traîner. Jamais je ne serais parti tout seul en  mode « ouais, j’ai du taff ». C’était « nique sa mère ».

Je prends du plaisir mais… Le rap français ne me permet pas de kiffer à 100%. Aujourd’hui, il n’y a personne avec qui je peux collaborer. Il n’y a pas de nouveaux mecs… A l’époque de Time Bomb par exemple, je pouvais faire des feats avec plein de monde. Il y avait beaucoup de mecs lourds. Que ce soient les mecs de Time Bomb, Lino, la Mafia K1fry, Kery… Moi, ce que j’aurais vu, ce sont des tournées Zenith avec des plateaux à deux, trois têtes d’affiches. Mais il n’y a plus personne qui me fait kiffer. Il n’y a pas vraiment de game. Soit les mecs ont disparu, soit ils préfèrent clasher, comme Rohff… Plutôt que de s’unir. Attention, c’est pas un appel au feat [rires]. On aurait pu monter le rap beaucoup plus haut. Mais je n’allais pas faire une tournée avec Diam’s… C’est frustrant. Il y a des mecs qui ont bien commencé mais qui ne sont pas montés assez haut. De cette époque-là, il n’y en a pas un qui a traversé le temps. Oxmo a choisi sa voie et les autres… Ils sont tous dead, les mecs. »

R comme Radios

« C’est la base de tout. Comment le vrai rap s’est introduit en France ? Par les DJ et les radios. Dee Nasty, Cut Killer, Radio Nova, FPP… Quand j’étais petit, je regardais Rapline, j’achetais les cassettes de Cut Killer, j’écoutais Radio Nova, on enregistrait… C’est eux qui nous ont mis dans le truc. C’est l’éducation qu’on a eue. Public Enemy, KRS-One… C’est pour ça que quand tu vas poser ton cul sur le même siège que Kamini ou Fatal Bazooka, que tu te retrouves en face de Fred de Sky, alors que t’as grandi avec  Dee Nasty, Cut Killer ou même les NTM et Assassin de l’époque, t’es dégoûté… J’ai vécu plein de trucs. Je n’ai pas vingt ans. Même avant de vouloir rapper, j’ai toujours été plus ou moins dans le rap. J’étais là où ça se passe. Dans les bonnes soirées, partout où il y avait du son. »

R comme Rohff

« C’est lui qui a un différend avec moi. Il n’a jamais été un souci pour moi. Ça fait dix ans qu’il fait des piques. Là, il a enfin fait son coming out, à Skyrock, devant Fred. Il a enfin prononcé mon nom. L’histoire du feat qu’il n’a pas pu mettre sur son album, c’est une excuse. Geraldo avait demandé à Hostile de récupérer les bandes du « Crime Paie » en échange de l’autorisation du morceau. C’était sa magouille, il voulait faire un coup. Ça n’a rien à voir avec moi. A l’époque, Rohff et moi, on se connaissait et il ne m’en a jamais parlé. Donc qu’il ne vienne pas la ramener maintenant…

Je vais faire quoi ? Un morceau où je vais l’insulter pour qu’il refasse un morceau où il va m’insulter et ainsi de suite ? Je ne le considère même pas à mon niveau. Il est loin de moi, lui. Il a beaucoup de choses à prouver pour que je me dise que j’ai besoin de faire un clash pour le terrasser. Mon rap le terrasse depuis le début. C’est une sous-merde, lui. « Wesh Morray » n’est même pas un son pour lui. J’ai entendu dire que j’insultais les mères… Moi, si je fais un clash perso, jamais je ne vais insulter les mères. Si j’insulte ta mère, c’est que je suis en face de toi et qu’on va se battre. Il a pris « Wesh Morray » pour lui et il s’est excité tout seul. Il a dit des trucs sales et il croit que je vais en rester à la musique ? Il dit à Fred de Sky qu’il se déplace pour voir les gens quand il a un problème, qu’il ne fait pas de morceaux. Et il fait un morceau sur moi !? Bah si c’est un bonhomme, qu’il se déplace et qu’il vienne me dire ce qu’il a dit dans ce morceau en face. Là, ça va au-delà de la musique. »

« Moi, j’ai un album, des morceaux à faire. Contrairement à lui, je sors des trucs. Tu crois que j’ai le temps de faire un morceau sur Rohff !? Je n’ai rien à prouver. Je n’ai pas peur de lui, je n’ai peur de personne. « Je suis un mec de la rue blablabla », en attendant, il est en train d’insulter derrière un micro… Si c’est un bonhomme, qu’il vienne dire les choses en face, tout simplement. Moi, ce mec-là, je ne le calcule pas, il ne me dérange pas du tout. Et en plus, je n’ai même pas besoin de répondre  vu qu’il a pris le son « Wesh Morray » pour lui… Qu’il le prenne pour lui s’il veut et auquel cas j’ai gagné. Je préfère mon « Wesh Morray » à son « Wesh Zoulette » tout flingué… Manquerait plus que ça que je lui réponde… Tu crois que je vais contribuer à son buzz, que je vais faire sa promo en même temps que la mienne ? Il n’a jamais eu autant de buzz qu’en citant mon nom. Qu’il ne croit pas que c’est grâce à lui, c’est grâce à moi. Donc je ne vais pas faire de la surenchère pour lui permettre de répondre derrière et de surfer sur mon buzz. Jamais je ne lui répondrai. Ça fait dix ans qu’il fait des piques sur moi. Si j’avais voulu lui répondre, ça fait longtemps que je l’aurais fait. Je l’ai toujours laissé jouer dans sa mare. Il n’a jamais dit mon nom en dix ans. C’est quel genre de clasheur, ça ? Si t’as vraiment un problème, dis les choses clairement. Combien de fois il a fait des piques évidentes, on lui a posé la question et il a nié… Je ne respecte même pas un mec comme ça. Assume, porte tes couilles. Il lui a fallu dix ans pour oser sortir mon nom. Il est loin le mec… Avant de vouloir se comparer à moi, qu’il essaie de détrôner des Soprano, La Fouine et autres Youssoupha qui sont vingt mille fois plus actuels que lui à l’heure qu’il est… »

S comme Sénégal

« Revendiquer mes origines, c’est juste une façon de les assumer et d’en être fier. Alors qu’il y a des noirs qui se renient. Ils se défrisent, se blanchissent la peau, n’assument pas d’où ils viennent. Affirmer mes origines, c’est aussi une manière de contrer le racisme. C’est ma provocation. Ça fait deux, trois ans que je n’y suis pas allé mais j’y retourne bientôt. « Je le porte dans mon coeur, donc partout je suis dans mon bled ». Bakel [ndlr : petite ville située le long du fleuve Sénégal, dans l’est du pays], c’est la source. C’est mon village. C’est de là-bas qu’est originaire mon grand-père. »

T comme Tendance

« Outre-Atlantique, ils s’inspirent aussi de ce qui se fait outre-Atlantique. C’est marrant, on vient de m’envoyer un son où des Américains ont repris « Jour de Paye ». Il y a même un Américain qui avait repris « Garcimore ». Ça arrive souvent. C’est international. Il y a une tendance et après tout le monde – à partir de cette tendance – fait son truc à sa sauce. Nous, on est dans la tendance, mais on a notre sauce à nous. Therapy, quand il fait un son, c’est Therapy. Lex Luger, c’est Lex Luger. Sur l’album, j’ai une prod’ d’un Américain. Le mec qui a produit « The Motto » de Drake, je crois. J’ai écouté beaucoup de prod’ américaines, j’ai même été à Los Angeles écouter des sons. Mais je n’ai vraiment accroché que sur un son. J’écoute des sons de partout, d’Américains, de Canadiens, d’Allemands, de Belges… Il n’y a pas de barrières. On ne copie pas les Américains, on fait du rap. »

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