Sidekicks

La bonne connexion

Le retour du Hardbodie Hip-hop

Après le costaud Hardbodie Hip-hop (2012), le producteur parisien Kyo Itachi et le MC de Brooklyn Ruste Juxx vont à nouveau croiser le fer. Pas encore de date annoncée, mais leur prochain projet commun s’intitulera Meteorite et sortira sur le label de Kyo Itachi, Shinigamie Records. Le premier extrait, l’egotrip cosmique « Goon Galaxy », annonce un boom-bap solide, efficace et rentre-dedans – mais qui en doutait ? 2015 est donc (encore) une année chargée pour l’initiateur et moteur de la Bankai Fam, qui avait déjà partiellement produit (avec Azaia, Astronote, Venom, Phalo Pantoja et Raw) le solo de G.Stats Syke Ward, va également sortir en novembre Kiai sous la pluie noire avec le rappeur lyonnais Lucio Bukowski et annonce déjà son prochain album, Wanted.

Depuis ses débuts, le rappeur/producteur du Mississippi trône en haut de nos meilleures listes. Même s’il est entré dans un rythme de croisière, ses albums restent consistants, oscillants entre l’héritage des Country Rap Tunes de Pimp C et le « rap à lunettes » sérieux de Talib Kweli. Cadillacta, son dernier en date, manque parfois d’humilité mais garde une ligne exemplaire dans ses textures et son rendu global. Le talent est intact. Pour continuer la promotion de son univers sudiste, Big K.R.I.T. clippe le 3ème épisode de « My Subs », cette chevauchée infinie en Cadillac où les caissons de basses sont poussés au maximum dans le coffre. Avec du Krit dans l’habitacle, n’importe quel char devient une ride de luxe. C’est la seule chose à retenir.

C’est toujours le même schéma depuis quelques années : Booba sort un morceau qui donne l’impression qu’il n’en a plus grand chose à faire du rap (au hasard : « Jimmy », « Scarface » ou « Validée » récemment) avant de revenir avec un titre qui, généralement, réussit à mettre la plupart des auditeurs d’accord (au hasard : « RTC », « 3G » ou « Tony Sosa »). Sur « Attila », nouvelle pièce accompagnée du clip le plus simple qui soit, Booba fait du Booba : déguisé en homme-sandwich pour Ünkut, l’auteur de Ouest Side envoie une pique à Kaaris, fait la promotion de OKLM et, surtout, rappe très bien. Simple et efficace.

En avril dernier, nous vous disions tout le bien que l’on pensait de Love Storydernier album en date de Yelawolf. Trois ans après la déception causée par Radioactive, le rappeur de Shady Records était enfin revenu à ses premières amours, n’hésitant pas à injecter le folklore de l’Alabama dans sa musique. « Devil in my veins », ballade cafardeuse dans laquelle Yela pousse la chansonnette, est probablement le titre le plus puissant du disque, accompagné désormais d’un joli clip dans lequel l’artiste réaffirme son identité redneck.

La prophétie se réalise. Quand on s’était penché sur l’album Château Rouge en 2011, on avait croisé les doigts pour qu’Abd Al Malik poursuive ses collaborations avec des musiciens d’horizons différents. À l’époque, l’ex-leader du groupe N.A.P avait travaillé avec le producteur canadien Gonzales. Le résultat était un album quasi-pop, nourri d’influences africaines et de synthés du futur. Abd Al Malik mettait de côté les exercices rhétoriques un peu pontifiants pour de jolis refrains chantés, et ça lui allait à merveille. Quatre ans plus tard, le rappeur strasbourgeois confirme que sa carrière solo est bel et bien un laboratoire à ciel ouvert : pour Scarifications, son nouvel album, il a fait appel à Laurent Garnier, DJ et producteur éminent de la scène électronique française. Le premier extrait, « Allogène », promet un album radicalement différent de ses prédécesseurs. Abd Al Malik serait-il en train de réaliser la discographie la plus surprenante du rap français ? Réponse le 6 novembre.

Da$H, « RicHie K II », extrait du EP SkrewFace (clip à éviter au travail ou en famille)

Dans la famille Dash, le prénom de Damon devrait a priori vous évoquer quelque chose. Celui de Darien, peut-être moins. Pourtant, le neveu du co-fondateur de Roc-A-Fella Records, âgé de 23 ans, balance depuis une poignée d’années maintenant mixtapes et EP’s avec une belle régularité, en solo ou au côté de son pote RetcH, et a posé des couplets sur plusieurs bons projets (My 1st Chemistry Set de Boldy James, I Don’t Like Shit, I Don’t Go Outside d’Earl Sweatshirt…). Originaire du New Jersey, proche de la A$ap Mob et évoluant au micro sous le pseudonyme de Da$H, il a sorti au mois d’août un EP, SkrewFace, et, la semaine dernière, une mixtape, 17 More Minutes, sur lesquels on retrouve notamment en featuring $ha Hef, Aston Matthews, Maxo Kream et RetcH. Sur des productions signées Antwon Carrera, LS XXXX, H.N.I.C. ou encore Thelonious Martin, Metro Boomin et Earl Sweatshirt (sous le nom de Randomblackdude), Da$H y déploie un rap souvent glacial, brumeux et lancinant, vaguement menaçant et angoissant – un rap de portes qui grincent (ne posez pas de questions). Bref, un rap qui annonce l’automne et l’hiver.

Un an après le très bon EP Minuit, Veerus a décidé de faire comme son pote Espiiem avec Cercle Privé et de sortir un projet en quantité limitée. Visions confirme ainsi que Veerus, à ne pas confondre avec le Vîrus de Rouen, est l’un des rappeurs les plus constants de sa génération, disposant déjà d’une discographie de qualité. Après « 7ème ciel » avec Deen Burbigo, le MC vient de livrer le clip de l’introduction du EP, réalisé par Salim Boujtita et produit par l’excellent Ikaz (entre autres derrière l’instrumental du « On est sur les nerfs » de Joke). En attendant la suite.

En début de semaine, Black M réinterprétait « Dans Ma Rue » de Doc Gyneco. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat est loin d’avoir conquis les foules, Bruno Beausir himself exprimant son mécontentement. Quelques jours plus tard, la véritable mise à jour du classique issu de Première Consultation nous venait des Tarterêts dans le 91. Avec « Dans Ta Rue », Ademo et N.O.S confirment qu’ils ont développé une recette implacable qui a, étonnamment, l’air de fonctionner à tous les coups. Dix jours après avoir annoncé qu’ils avaient décidé de refuser les avances des majorsle duo poursuit brillamment sa route et Le Monde Chico a déjà des airs d’événement. Un album qui a enfin une date de sortie, le 30 octobre prochain, et qui, on l’espère, les verra encore passer un cap. En attendant, vous pouvez faire comme Booba et profitez de ce nouvel extrait.

Il y a quelques semaines, nous vous annoncions que le 18 septembre sortirait le nouveau projet du groupe Mood, intégralement produit par le beatmaker parisien Mil (à l’exception d’un remix signé DJ Brans), et revenions brièvement sur la genèse du disque. Un petit coup d’œil sur vos calendriers vous le confirmera : Into the Mood est dans les bacs des bons disquaires en CD/vinyle et disponible en téléchargement sur différentes plateformes depuis vendredi. Et il vaut clairement le détour. Ces dix très bons titres de rap brut, aux productions imprégnées de jazz sombre et de visions cinématographiques, sont également en écoute sur la page Bandcamp d’Effiscienz, le label français à l’origine de cette sortie.

« I work harder than anybody you know. » Cette phrase prononcée par Mac Miller sur « Brand Name », nouvel extrait de son troisième album solo GO:OD AM, en dit long sur le chemin parcouru par le rappeur de Pittsburgh. En 2010, lorsqu’il s’était révélé au grand public avec K.I.D.S, Malcolm McCormick avait des airs de Wiz Khalifa du pauvre : du stoner rap sympathique à qui on ne prêtait pas une grande longévité d’écoute. La sortie de Blue Slide Park un an plus tard, malgré un énorme succès, avait confirmé nos craintes, Mac peinant déjà à se renouveler. Attentif aux critiques, le rappeur s’en est allé du côté de Los Angeles, s’est rapproché des collectifs Odd Future et TDE et a opéré un virage réussi avec Watching Movies With The Sound Off, le disque qui l’a fait sortir de sa zone de confort. L’ouverture d’un cycle qui l’a vu enchaîner les mixtapes réussies (Faces), produire un projet pour Vince Staples (Stolen Youth) ou encore créer l’énigmatique personnage de « Delusional Thomas ». Un nouvel artiste en somme dont GO:OD AM est sans aucun doute le travail le plus abouti. Ne manquez pas le clip de « Brand Name », introduction de l’album, dans lequel Mac Miller fait son Truman Show.