ItsTheReal
Interview

ItsTheReal

Une barmitzva pour Jay-Z, des ghostwriters en grève, le pot de retraite de Lloyd Banks : bienvenue dans l’univers absurde, drôle et décalé de The Real, collectif de comédiens new-yorkais qui a pris d’assaut la Toile avec des sketchs vidéos hilarants autour du hip-hop. Entretien avec Jeff et Eric Rosenthal, les deux cerveaux d’une série hebdomadaire déjà culte.

Abcdr : Vos vidéos circulent sur le net depuis plusieurs mois, mais personne ne sait vraiment qui se cache derrière « The Real ». Qui êtes-vous ? 

Jeff : Les gens derrière The Real, c’est nous ! C’est trop simple comme réponse en fait. Nous sommes les gens qui sont devant la caméra et qui se prennent pour des acteurs de temps en temps. Si tu regardes les vidéos, Eric est le mec un peu précieux aux cheveux bouclés, alors que moi je suis le grand type qui joue généralement le rôle du débile. Dans la vraie vie, par contre, Eric « makes it rain », il est connu pour ça, et je ne préfère pas savoir de quel genre de précipitations il peut s’agir.

Eric : Nous sommes deux frères, on a trois ans et demi d’écart et on vient de New York City. On a un intérêt et un respect profond pour tout ce qui a attrait au hip-hop. On a utilisé notre amour de la musique et de la mise en scène pour les rassembler sous la forme de clips de 2 à 5 minutes, en transformant nos idées en images.

A : Comment tout ça a commencé ? Quel genre de choses faisiez-vous avant de lancer ce vidéo-blog ?

E : J’ai été diplômé de l’Université de Syracuse en 2002. J’y étudiais la mise en scène. A la sortie, j’étais persuadé que j’allais directement devenir scénariste ou réalisateur. Alors, pendant les années qui ont suivi, j’ai envoyé des idées de scripts et de scénarios à droite et à gauche : des producteurs à succès, des sociétés de production, des agents à Los Angeles et New York. Comme rien ne se passait, j’ai décidé de cibler des boîtes plus petites avec une vision différente, et j’en ai trouvé une : Hustle Films. L’un des associés était un jeune homme qui, à l’époque, commençait à avoir du succès en tant que producteur hip-hop. Il s’appelait Kanye West. Dans l’année, j’ai ainsi fait la connaissance de son management, et mon plus gros coup a été de pouvoir le suivre 24 heures sur 24 pendant les Grammy Awards de 2005. Depuis, j’ai travaillé avec Missy Elliott, Juelz Santana, et pas mal d’autres artistes et groupes pour les filmer en coulisses, sur scène, en studio et en tournée.

J : Je suis sorti de l’Université de Boston en mai 2006, et j’ai enchaîné quelques jobs d’écriture avant d’être embauché par HBO pour travailler sur un nouveau site Internet humoristique qu’ils développaient avec leurs camarades corporate de chez AOL. Il y a eu une série de problèmes avec les porteurs du projet alors, au bout d’un moment, c’est tombé à l’eau. Ça, c’est l’aspect professionnel. Sinon j’ai fait pas mal d’autres trucs avant qu’on lance The Real : j’ai dormi pendant environ un tiers de ma vie, j’ai porté mes lunettes de soleil la nuit et – j’en suis pas très fier – je suis allé voir Le rappeur de Malibu à sa sortie en salles, parmi d’autres choses.

A : Combien de personnes font partie de l’équipe et comment vous êtes vous rencontrés ?

J : Eric et moi avons été mis au monde par la même femme, mais pas au même moment (à la différence de mon frère jumeau Dan qui vit à Cleveland). En plus, on a autour de nous un réseau sans fin d’amis plein d’idées qui sont partants pour soutenir notre cause – ça va des acteurs aux musiciens, des créatifs aux scénaristes.

E : Plus jeunes, on participait puis on a travaillé dans un centre aéré. La plupart des gens qui apparaissent dans nos vidéos sont liés à ce centre d’une façon ou d’une autre. Là-bas, il y avait, parmi d’autres activités, un cours de production de films. C’est là que pour la plupart, on s’est amusé vers 12/13 ans à bricoler des petits films de 30 minutes. Au fil des années, notre énorme bande de potes est ainsi devenue très proche, et on a lancé ensemble des projets de films, de mixtapes et de graphisme, juste pour le fun.

A : Alors que beaucoup de gens choisiraient d’être rappeurs, producteurs ou patrons, vous avez pris le parti de rire avec le hip-hop. Vous n’avez jamais essayé de rapper ?

J : Ha ! Si, on a essayé, mais juste pour nos amis, rien de bien sérieux. On se débrouille pas mal, mais je ne pense pas que nos histoires d’enfance au soleil dans des quartiers résidentiels puisse retenir l’attention du public qui achète (ou télécharge) des albums de rap. Il y a ça et une autre chose : je suis incapable de faire un freestyle. Ce qui serait assez ennuyeux si je devais me retrouver à l’émission de Tim Westwood ou un truc du genre.

E : Je suis content que tu parles de nous en disant qu’on rit avec le hip-hop, car certaines personnes ont cru qu’à travers nos vidéos on riait du hip-hop, ce qui n’est pas du tout notre volonté. On essaie simplement d’apporter un peu de légèreté à un genre musical qui, parfois, peut se prendre un peu trop au sérieux. Et côté rap, oui, il y en a six ou sept parmi nous qui se sont retrouvés derrière le micro, et même si je pense que nous avons tous du talent, on a fini par comprendre que rapper n’était pas le meilleur moyen de faire passer notre message.

A : Eric, il y a cette phrase sur ton profil Facebook, dans laquelle tu dis vouloir « changer la pop culture ». C’est une déclaration assez ambitieuse ! 

E : J’ai une confiance absolue en notre produit et je n’ai pas honte de faire passer ce message ; si l’on ne croit pas en notre propre travail, qui le fera à notre place ? Nous sommes très malins et très drôles. C’est pas facile du tout de trouver ces deux choses-là de nos jours. Et franchement, quand tu vois la moitié des trucs diffusés à la télévision ou sur internet, t’aurais pas envie toi aussi de changer la pop culture ?

« On essaie simplement d’apporter un peu de légèreté à un genre musical qui, parfois, peut se prendre un peu trop au sérieux.  »

A : Comment vos vidéos ont-elles été accueillies jusqu’à aujourd’hui ?

E : Ça a été phénoménal, et ça nous motive vraiment à bosser plus et faire mieux que notre dernier sketch. Tiens, voilà quelques trucs intéressants à propos de certains épisodes : le tout premier, celui avec Lloyd Banks, il a désarçonné pas mal de monde, car les gens ne savaient pas qui était à l’origine de la vidéo. Beaucoup l’ont pris au sérieux en croyant que Banks allait vraiment prendre sa retraite. Certains croyaient que The Game était derrière tout ça et qu’il nous avait embauchés pour réaliser la vidéo. D’autres pensaient que c’était Cam’ron ! Toutes ces spéculations ont fait qu’énormément de monde a pu la voir, c’était génial. La vidéo autour de Biggie a été un autre grand succès pour nous. Elle a été très bien accueillie de toute part et nous a fait découvrir à de nombreux bloggeurs. Ils ont vu le potentiel derrière notre style et notre humour. Mais il y a toujours des détracteurs, des gens qui n’ont pas aimé notre manière d’égratigner 50 Cent, ou d’autres qui nous ont envoyé des mails car on s’attaquait à Ja Rule. Mais on ne prend ni les compliments ni les critiques trop au sérieux.

J : L’accueil a été plutôt bon. Je pense que les gens – et notamment les gros bloggeurs – ont reconnu qu’on essayait d’apporter un sens de l’humour différent sans jamais trop s’éloigner de la cuture hip-hop. Visiblement, ils ont apprécié. C’est un peu la même chose pour les ringtone rappers, je pense : ils doivent se dire qu’ils apportent un peu de légèreté au hip-hop après tant d’années de fusillades en tout genre. J’ai à peu près la même impression en voyant nos sketchs, sauf qu’on y met peut-être plus de réflexion. Ce que je veux dire, ce que les gens qui nous suivent ne sont pas forcément clients de tout ce qui peut se faire par ailleurs, à mon avis ils n’écoutent probablement pas Rich Boy par choix.

A : Eskay, qui est un bloggeur très influent avec le site nahright.com, a régulièrement mis vos vidéos en liens. Quel a été son impact sur la courbe de votre audience ?

E : Tout d’abord, je tiens à dire que l’on tient en estime tous les bloggeurs qui postent nos vidéos. Eskay, en tant que bloggeur numéro 1, a été d’une extrême importance pour nous. Ses visiteurs savent qu’il est le mec à suivre pour tout ce qui concerne les contenus exclusifs, et quand il approuve un morceau, une vidéo ou un article, on peut se fier à son jugement. Il nous respecte, nous et notre vision, et quand on a pu le rencontrer sur Brooklyn il y a peu, il n’a pas tari d’éloges. Ça comptait vraiment pour nous.

J : Sans Eskay, on ne serait nulle part. Enfin si, on serait quelque part, mais ce serait dans la maison de nos parents, pas dans notre nouvel appartement à New York. On le remercie en personne, et on le remerciera encore. Même chose pour tous ceux qui nous ont soutenus.

A : Quand j’ai vu le sketch autour de Lloyd Banks, je me suis dit que vous étiez partis pour prendre d’assaut MTV en quelques mois. Avez-vous été approché par des gens de l’industrie du divertissement depuis ?

E : Tu veux dire, par des gens qui voudraient nous casser les rotules ? Oui, on a reçu des e-mails, des messages instantanés, des commentaires sur Facebook et des coups de téléphone très sympathiques de la part des principaux intéressés.

J : Laisse-moi juste dire que Lloyd Banks est l’une des personnes les plus aimables qu’il m’a été donné d’interviewer. Il a toléré mes questions très – très – amateures quand je l’ai interrogé pour un petit magazine il y a un peu plus d’un an. En plus, je crois qu’il ne m’en a pas voulu quand j’ai failli foutre en l’air son énorme bague en lui serrant la main. Je pense qu’il est un excellent rappeur à punchline, et c’est vraiment dommage qu’il doive être classé dans la catégorie des faire-valoir à la Memphis Bleek.

A : Les rappeurs, justement, ont-ils commenté votre travail ? Pourrait-on vous voir apparaître dans un clip réalisé par Hype Williams prochainement ?

E : Le plus près dont j’ai pu m’approcher de Hype Williams, ça a été en regardant un de ses clips à la télé. En fait, j’ai rencontré son protégé Little X il y a quelques années dans la salle de montage de la boîte de clips pour laquelle je travaillais. Tyra Banks et lui avaient été appelés pour superviser le nouveau montage d’un clip avec Tyra pour le premier album de Kobe Bryant (qui n’est jamais sorti). Little X était cool et Tyra, en jogging-tee shirt, était sublime et vraiment sympa. Elle n’arrêtait pas de dire que Kobe et sa nouvelle compagne Vanessa formaient un couple mal assorti. On accélère de quelques années et… une seconde, on était entrain de parler de quoi ? Ha oui, Hype Williams. Hype ! On est dispo pour un caméo !

A : Dans vos sketchs, il y a des clins d’oeils à la old school, mais aussi au hip-hop d’aujourd’hui, avec un regard plus critique. Est-ce que vous écoutez les trucs actuels ?

E : J’écoute la radio et je garde une oreille sur le web, donc ouais, je suis au courant de ce qu’il se passe. J’ai quelques plaisirs coupables sur mon iPod. Je ne suis pas très fier d’avoir Yung Berg dans ma playlist, mais je danse dessus quand même.

J : Je pense qu’il y a toujours des choses excellentes qui sont diffusées chaque jour – surtout quand on voit le rythme effréné d’un Lil’ Wayne. Playaz Circle a sans doute sorti la mixtape la plus appréciable du moment… Mais ça ne veut pas dire que ça ferait un bon sujet pour l’une de nos vidéos. On s’attaque à des choses qui pourront provoquer une réaction viscérale chez les gens.

A : Quand vous tournez, est-ce que tout est déjà écrit ou vous laissez la porte ouverte à de nouvelles idées ?

E : Comme dans la série Curb your enthousiasm, on a une ligne directrice fixée avant le tournage, mais on accordera toujours une place à l’improvisation. Si Jeff et moi, on peut avoir dans nos têtes une vision différente du résultat final, nous sommes parfaitement conscients qu’il faut impliquer l’avis des acteurs sur ce qui peut fonctionner ou améliorer la scène. Après tout, si on ne s’amuse pas, alors le public ne s’amusera pas non plus.

A : Ce qui rend vos sketchs très attachants, c’est, je pense, le fait que vous ayez ce côté « mec normal qui regarde le hip-hop avec des yeux d’enfant ». Avec toutes vos expériences passées et futures dans cette industrie, vous n’avez pas peur de finir par vous lasser, comme beaucoup de personnes qui ont grandi avec le rap ?

E : Pour faire court, si. Mais honnêtement, ma seule vraie peur serait que l’épisode de cette semaine soit moins drôle que celui de la semaine dernière. Au point où l’on en est, on ne se prend pas encore trop au sérieux. Mais si on finit par vraiment faire une apparition dans un clip de rap, alors il faudra nous reposer la question.

J : Ce serait facile pour moi, ou n’importe qui, de cracher sur le hip-hop d’aujourd’hui. Cette culture a été infestée de rappeurs assoiffés d’argent qui veulent me vendre des clichés paresseux en guise de paroles à la place de choses nouvelles. Mais j’ai trop de bons artistes à écouter. Des gens qui proposent des expériences neuves dans leur musique, des points de vue différents, autre chose que de la merde en boîte déjà entendue. Je ne peux pas, et d’ailleurs je ne deviendrai pas blasé, parce que cette culture est tellement vaste que je ne suis pas forcé de me coltiner ce qui ne me fait pas envie.

A : Vous avez des références absolues en matière de hip-hop ?

E : Je t’aurais bien donné mon Top 5, mort ou vif, mais à cet instant précis, je ne peux penser qu’à quatre choix définitifs : Notorious BIG, Jay-Z, Eminem, Kanye West.

J : Il y a tellement de monde, et même si aucun d’entre eux ne m’en voudra de les exclure de mon top – ils n’ont jamais entendu parler de moi de toute façon – je pense quand même que je mettrais une petite précision en préface de ma liste : plutôt que de mettre en avant les plus grands lyricistes – car tout le monde a grosso modo la même liste – je citerais ceux dont le choix n’est pas le plus évident mais qui méritent aussi des éloges. Comme les Beastie Boys. Monnie Love et le reste de la Native Tongue. Jeff Chang. Timbaland. OutKast. Salt-n-Pepa. Quincy Jones et l’équipe du premier numéro de Vibe (ou Volume) Magazine. The Neptunes. The Clipse. Elliott Wilson. DJ Green Lantern. Et ainsi de suite.

E : Je préfère ta réponse.

J : Clairement.

A : L’humour a souvent été omniprésent dans le hip-hop. Quels sont les morceaux, les interludes ou les artistes qui ont pu vous faire rire ?

E : Kanye est un esprit brillant et il a un excellent sens de l’humour. Je suis vraiment impatient de découvrir son projet pour HBO. Il y a aussi Jim Jones qui est très drôle.

J : La plupart des morceaux de Cam’ron vont toujours avoir une rime qui va m’arracher un sourire. Pareil pour Lil’ Wayne. Et, bien sûr, je mets au défi quiconque sera capable de rester de marbre en rappant un texte des Ying Yang Twins.

A : … Et quels sont les choses les plus drôles – mais involontaires – que vous avez pu voir dans le hip-hop ?

J : Genre, comme quand le pote de Gravy lui a tiré une balle dans le cul ? Incroyable. Quoi d’autre ? Je pense que le retour de Ma$e était plutôt mortel. C’est pas tant le fait qu’il se soit planté royalement avec Puffy, et qu’ensuite ce type qui prêchait la parole de Dieu devienne un gangster armé jusqu’aux dents sous la tutelle de 50 Cent, mais plutôt moi qui débordait d’excitation quand il a sorti « Welcome back ». Plutôt embarrassant.

A : Côté comédie, quels sont les comédiens et/ou les films qui vous ont le plus inspirés ?

E : J’adore tout ce qu’on pu faire les frères Cohen ou Wes Anderson. Je trouve que la version américaine de la série The Office est stupéfiante. Et puis le Saturday Night Live. J’aime vraiment les spectacles choraux.

J : Je suis un grand fan des comédies absurdes et décalées. J’ai regardé Wet Hot American Summer [inédit en France, NDLR] pendant chaque soirée du second semestre de ma deuxième année à Boston University, et il me fait toujours autant rire. Les films de Christopher Guest – Best in Show, Spinal Tap, Waiting for Guffman, Mighty Wind – sont tous incroyables. Et puis Ferris Bueller : du pur génie. Sinon, je regarde assez peu la télévision, rien n’a jamais fait mieux que la série Arrested Development. Ou Seinfeld. Ou The Office sur la BBC, même si la version américaine la surpasse et reste le temps fort de ma semaine. Il y aussi 30 Rock, South Park, Stella, The Larry Sanders Show. Cela dit, je ne regarde pas tant que ça la télé. Je le jure.

A : Un certain nombre de rappeurs ont fait le grand saut de la musique au grand écran, parfois dans le registre comique. Comme Redman et Method Man, qui ont fait l’une des comédies les plus perturbantes qu’il m’a été donné de voir (« How High »). Dans ce genre précis, vous avez des préférences ?

E : … Dans le genre des comédies nulles ? Aucune.

J : Souvent, je vais me retrouver à regarder par dépit des rediffusions de You got served [« Street dancers » en France, NDR], 3 Fast 3 Furious ou Gigli et me surprendre à les apprécier. Le scénario est catastrophique, le jeu des acteurs encore pire, et l’histoire ne tient pas debout… Mais il y a vraiment de quoi rire avec ces films, et je n’arrête pas.

A : Suite à la controverse Don Imus, quel est votre point de vue sur le tollé généralisé autour du hip-hop dans les médias américains ? [NDR : en 2006, Don Imus, célèbre animateur radio outre-Atlantique, provoque un scandale en tenant des propos douteux au sujet des joueuses noires d’une équipe de basket féminine. Son dérapage, provoqué selon lui par un morceau de rap, a entraîné un débat brûlant sur la vulgarité dans le hip-hop.]

J : Les propos tenus par Don Imus n’avaient rien à voir avec le hip-hop, et je pense qu’il devrait toujours être à l’antenne. Je suis content de voir qu’il fera son retour à partir du mois de décembre.

E : Même si je ne cautionne pas ce qu’il a dit, je pense qu’Imus aurait eu un meilleur rôle à jouer à l’antenne, pour créer une discussion autour de ce problème, plutôt qu’en dehors.

J : Maintenant, pour répondre à ta question, ce n’est pas comme si Don Imus passait son temps à écouter Snoop Dogg sur son iTunes en buvant du Hennesey dans une pimp cup. Les médias raffolent des bonnes histoires, et le hip-hop peut être une cible facile, principalement pour les gens qui sont étrangers à cette culture.

E : Ca m’énerve de voir que c’est la culture hip-hop qui est blâmée quand des gens stupides font des choses stupides. Les gens feraient mieux de se concentrer sur le sens commun plutôt que sur Common Sense. Enfin, s’ils pouvaient aussi écouter un peu plus souvent Common Sense, ce serait pas mal aussi.

A : La question raciale reste un sujet sensible aux États-Unis. Le fait que vous soyez blancs entre-t-il parfois en ligne de compte quand vous préparez vos vidéos ? Vous ressentez le besoin d’être prudents avec certains sujets ?

E : Bien sûr. Mais je pense que le hip-hop dépasse les questions de race, et j’espère que notre show en est le reflet.

J : A propos des sujets difficiles, le fait qu’on soit blanc importe peu, vu que l’on ne prétend pas être autre chose. Eric et moi, on n’est pas du genre à lancer le mot N**** à tout bout de champ. C’est un mot que l’on ne prononce pas, jamais. Et en général, nos conversations s’élèvent au-dessus de ce qui a mis Imus dans le pétrin. Dans la vie de tous les jours, on n’emploie pas ces termes. Cela dit, on n’est pas entièrement à l’abri du problème. Notre couleur de peau a été évoqué dans quelques discussions – sur YouTube, notamment. Sous prétexte que l’on n’est pas noir, des détracteurs anonymes nous reprochaient de ne pas être assez authentiques dans notre amour du hip-hop. A mon avis, nos sketchs sont bien trop ancrés dans cette culture pour que ce soit remis en question, mais on ne peut pas plaire à tout le monde. En clair, je pense que l’on peut aborder tous les sujets, tant que c’est fait avec goût, mais d’une manière pas tout à fait inoffensive.

A : Maintenant que beaucoup de monde suivent vos aventures, est-ce que vous ressentez une pression nouvelle quand vous travaillez ? Surtout que vous êtes passés à un rythme hebdomadaire…

E : Pas vraiment. Au fil des seize semaines et quelques pendant lesquelles on a bossé sur le show, on a pu mettre en place une bonne organisation. On a appris à s’imposer un rythme d’écriture, de mise en scène, de jeu d’acteur, de production et de promotion. La seule chose qui change, c’est lorsqu’il se passe quelque chose de spécial sur la fin de semaine, et on se dit qu’il faut à tout prix faire un épisode dessus pour le lundi suivant. C’est ce qu’il s’est passé quand Jay-Z a dévoilé le clip de « Roc Boys ». On savait que l’on devait en faire quelque chose, et le faire avant que quelqu’un d’autre ait la même idée que nous. Résultat : ça a été un succès incroyable !

J : On fait tout ce qu’il faut pour rester en avance sur notre passé.

A : D’autres projets en dehors des vidéos ?

J : Je prévois de devenir père très prochainement… Mais non mesdames, je blague complètement.

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