Frer200
Interview

Frer200

Maillon essentiel de la scène alternative qui s’était révélée au début des années 2000, le trio Frer200 s’est fait relativement discret depuis quatre ans et la sortie de son précédent album. De retour avec Action ou vérité, album ensoleillé qui marque un véritable virage musical, le groupe est décidé à diffuser sa musique au plus grand nombre.

Photographie : Draft Dodgers

Abcdr Du Son : Aujourd’hui, Action ou vérité est dans les bacs mais vous êtes encore relativement peu connus dans le paysage rapologique français. A quand remonte la formation de Frer200 ?

Gystère : Frer200 a été formé dans les années 90 et on a commencé à peu près en même temps que Triptik, après la période de la Cliqua. On s’est tous rencontrés à Issy-les-Moulineaux et on a réellement monté le groupe vers 96-97. En 2001, on a été les vainqueurs d’un gros festival qui nous a permis de financer et de sortir notre premier album, Fils de faucon.

Fibo : Avant ce premier disque, on a commencé en faisant énormément de scènes et c’était la première fois qu’on touchait de l’argent grâce à la musique. Une fois le disque sorti, on a continué à beaucoup tourner, d’autant que les programmateurs étaient beaucoup moins frileux. Ensuite, on a rencontré D’ de Kabal qui s’est proposé pour nous produire un album et ça a donné Andromède. C’est un disque qui est probablement sorti un an trop tard d’ailleurs puisqu’on avait des prises dans deux-trois majors.

Comme on avait prévu de sortir un nouvel album, on a vite réalisé que sortir un disque une fois tous les 4 ans n’était pas suffisant. C’est la raison pour laquelle on a lâché la mixtape Le groupe du moment. Dessus, on a appelé plein de gens avec qui on avait envie de bosser, de China à Clara Morgane [Rires]. L’album était quasiment prêt et la mixtape était réellement une volonté de redonner une actualité au groupe. D’ailleurs, il y a quelques titres de la mixtape qu’on aimait vraiment et qu’on a remis sur l’album.

A : Quand on ouvre le livret de l’album, on comprend que le titre Action ou vérité est d’inspiration Michael Jacksonienne… [NDLR : dans « Beat it », Michael Jackson chantait « you have to show them that you’re really not scared, you’re playin’ with your life, this ain’t no truth or dare » ]

Kombo : On aimait bien ce titre et, en effet, on retrouve ça dans « Beat it ». D’ailleurs, la pochette fait directement référence à celle de Bad. Michael Jackson est une grosse référence pour nous.

A : Justement, on sent que vos influences sont diverses. Quels ont été vos gros chocs musicaux ?

K : Michael Jackson est vraiment notre première influence, à tous les trois. Quand on était petit, c’était la folie à chaque fois qu’un clip sortait.

F : Quand un clip de Michael Jackson allait être diffusé, on se rassemblait en famille pour le découvrir. Le clip de « Thriller » avait été une claque monumentale. Michael Jackson a été un premier choc mais ensuite tu te construis aussi au fil de tes rencontres. Par exemple, on a collaboré avec le groupe Fancy sur le morceau « Téléphone ». A l’époque de Myspace où il commençait à y avoir beaucoup de musique qui tournait, on avait décidé d’aller les voir en concert au Glaz’art. On s’est pris une énorme claque ! Scéniquement, Fancy fait partie de ces groupes qui m’ont influencé. Ensuite, on a tous des influences différentes étant donné qu’on compose tous les trois.

« Notre album est vraiment une version romancée de nos vies et de celles de nos potes. »

A : Il y a un côté immature assumé dans votre rap et, en même temps, vous parlez beaucoup de filles… Action ou vérité, ça résume finalement assez bien votre musique non ?

K : Ca résume plutôt bien notre état d’esprit. On est vraiment une bande de potes, on traîne tout le temps ensemble, on rigole beaucoup, on fait pas mal de soirées… On est cool, on ne se prend pas la tête et on est vraiment décomplexé.

F : Notre album est vraiment une version romancée de nos vies et de celles de nos potes. On a également un rapport ludique vis-à-vis de la musique. C’est pour ça que le titre Action ou vérité correspondait bien au contenu de l’album.

A : Il y a également un côté très « divertissement » dans votre musique qui demeure encore assez rare dans le rap français…

F : En ce moment, je réécoute pas mal de rap à l’ancienne et le côté divertissement dont tu parles était omniprésent. A la base, le rap c’est se rassembler autour d’un barbecue avec tes potes et ta famille et balancer des choses positives pendant 10-15 minutes sans qu’il y ait forcément un refrain ou une structure… Quand on écoute de la musique, on n’a pas envie qu’on nous fasse la morale. On veut pouvoir écouter ça tranquillement sur notre scooter, le vent dans les cheveux avec ta meuf à côté… En général, c’est vraiment ce qu’on aime : les chansons d’amour, les chansons d’été et tout ce qui met de bonne humeur. Il y a assez de merdes dans la vie alors on ne va pas enfoncer le clou en écoutant de la musique qui ressasse ça.

K : Le but reste quand même de rêver et de faire rêver. On veut que tu passes un bon moment quand tu écoutes notre musique et que tu puisses voyager avec nous. On n’est pas les seuls à être dans cet état d’esprit en France mais il faut regarder aussi ce que les médias mettent en avant. En France, tu as plusieurs styles de rap mais c’est toujours le même qui est mis en avant. Je pense à des gens auxquels on nous a souvent associés à l’époque d’ailleurs comme TTC ou la Caution. On a souvent mis Frer200 et ces groupes là dans la case « rap spé » alors qu’on fait simplement notre rap. C’était plus facile de dire que ces groupes faisaient du « rap alternatif ». C’est très français comme esprit mais je pense que ça évolue tout doucement.

F : On pense aussi que, contrairement à nos deux albums précédents, on explore quelque chose de nouveau avec celui-ci.

A : En même temps, à l’écoute de Action vérité, je n’ai vu aucun semblant de lien avec ce que peuvent faire des groupes comme TTC ou La Caution…

F : Disons que c’était quelque chose qu’on nous ressortait souvent à l’époque d’Andromède donc, comme on reprend les interviews, on appréhende un peu. Cet album n’a rien à voir avec ce qu’on a fait dans le passé. Ensuite, pour revenir sur le paysage rapologique français, on kiffe énormément d’artistes. C’est vrai que nous sommes décomplexés et que ça ne nous intéresse pas de ressembler à untel mais plein de mecs nous font kiffer. J’adore Seth Gueko parce qu’il me fait mourir de rire et qu’il écrit vraiment bien. Après, il est possible que certaines personnes l’écoutent plus sérieusement.

A : Ceci dit, j’ai le sentiment que beaucoup de rappeurs sont en train de se décomplexer. Je ne sais pas si c’est parce que certains ne sont plus en majors et qu’ils ont moins de pression mais ils se permettent d’avoir plus de délires que dans le passé.

K : Il y a aussi une évolution du monde musical qu’Internet a contribué à ouvrir. Tu ne réalises pas un clip de la même manière que par le passé et, en plus de distribuer beaucoup d’images, il faut que tu développes un vrai concept autour de ta musique pour que les gens se souviennent de toi. C’est aussi pour ça que les gens prennent plus de risques qu’avant.

F : Avec la démocratisation de la musique, tu découvres des mecs qui ne sont pas signés et qui réalisent des morceaux de dingue. Ca oblige aussi les artistes signés à se décomplexer et à se mettre au niveau.

A : Vous disiez que la mixtape avait été réalisée pour vous remettre au goût du jour. Vous êtes satisfaits de l’effet qu’elle a eu ?

K : Le but était de faire parler de nous et de proposer un projet gratuitement sur Internet qui allait attirer plus facilement les gens. Les retours ont été plutôt positifs et les gens ont été surpris d’avoir un contenu aussi important : il y a une heure de musique, ça reste cohérent et on a invité plusieurs personnes dessus.

F : Je ne vois pas l’intérêt de sortir un projet gratuitement pour dire que tu existes sans rien enchaîner derrière. L’idée était vraiment de montrer qu’on existait encore et qu’un album allait arriver juste après avec des clips, des concerts etc. On n’est pas prêt de s’arrêter.

A : Plusieurs personnes vous accompagnent sur votre mixtape et sur l’album. Quelles ont été les collaborations marquantes que vous avez pu faire dans le passé ?

G : A l’époque, quand on était adolescent, il y avait un collectif qui était vachement influencé par A Tribe Called Quest qui nous a beaucoup aidé. Ils avaient un studio, ils nous ont conseillé sur le matériel à acheter… Ils aimaient beaucoup ce qu’on faisait et nous ont pas mal structuré. On a enregistré nos deux premiers albums chez eux. Plutôt qu’une collaboration, ils nous ont plus apporté au niveau de la réalisation. Sur Andromède, il y a des gens de notre équipe actuelle avec qui on avait déjà bossé. Mika Luna est un guitariste super talentueux avec qui on travaille encore. D’ de Kabal a été très important également. On kiffait bien son groupe et on était allé les voir en concert. On s’était bien entendu et on avait été amené à bosser ensemble.

F : Après Andromède, on a rencontré Mariano Beuve qui fut le producteur du premier album de Doc Gyneco et qui nous a quitté aujourd’hui. De fil en aiguille, on a enregistré quelques morceaux avec lui et il nous a fait comprendre des choses qu’on effleurait mais qu’on n’avait pas encore bien intégrées. Cet album est aussi le produit de cette rencontre. C’est lui qui nous a dit qu’il fallait qu’on arrête de se cacher derrière nos histoires farfelues et, musicalement, il nous a donné beaucoup d’indications.

« On a essayé de faire des morceaux qui rassemblent avec des refrains que tu vas chanter avec des potes complètement bourrés dans la rue. »

Fibo

A : Vous êtes musiciens ?

G : Je touche un peu à tout, au clavier, à la guitare… J’ai accompagné des groupes sur scène en tant que pianiste mais ça ne nous empêche pas d’avoir également recours à la programmation. On n’hésite pas à mélanger boîtes à rythmes et percus par exemple. Mais c’est vrai qu’on a arrêté de sampler depuis le précédent album. Sur Action ou verité, il n’y a que de la compo.

A : On a l’impression qu’il y a une vraie culture du refrain sur votre album, que c’est quelque chose que vous soignez particulièrement…

K : En général, quand les gens vont chanter une chanson, c’est parce qu’ils se souviennent du refrain. Encore une fois, on veut que tu passes un bon moment quand tu écoutes notre album. Un bon moment passe par de belles mélodies, des paroles que tu vas retenir et des refrains que tu vas chantonner sans même t’en rendre compte. C’est complètement ce qu’on a essayé de faire sur cet album.

F : On a essayé de faire des morceaux qui rassemblent avec des refrains que tu vas chanter avec des potes complètement bourrés dans la rue. C’est un album que tu vas écouter sans te prendre la tête.

A : Je me souviens que sur leur dernier album, TTC avait déclaré chercher à construire des tubes. Est-ce que c’est quelque chose que vous poursuivez également ?

G : Déjà, on a une règle : on construit vraiment des chansons. On n’est pas du genre à aligner les prods et à piocher dedans quand on en a envie. Quand on part sur un morceau, on va aller au bout. Ensuite, ce qu’on fait c’est vraiment ce qu’on adorerait entendre. Si quelqu’un d’autre que nous réalisait nos morceaux, on serait jaloux [Rires]. Après si le morceau devient un tube, c’est plutôt cool. Maintenant, si on avait la recette pour créer un tube, on ne serait sûrement pas en train de faire l’interview dans un Starbucks [Rires].

F : Avant de faire un album, on a d’abord cherché à réaliser des chansons bien construites qui racontent des histoires cohérentes. Sur 30-35 chansons, on a ensuite sélectionné celles qui nous semblaient être les meilleures.

K : En même temps, étant donné qu’on est trois, on a une façon de composer un peu particulière. Par exemple, l’un d’entre nous va arriver avec un nouvel instru, un autre va balancer une idée de thème et le troisième va commencer à écrire des paroles. Ensuite, on va l’arranger tous ensemble de telle sorte qu’on ait un morceau complet à la fin. On ne s’est jamais dit que tel morceau allait être un tube mais on a cherché à ce que chaque titre soit bien construit.

A : Généralement, comment se passe la création d’un morceau au sein du groupe ?

F : Il n’y a pas une recette particulière. On est 3 donc ça peut partir d’un sujet, d’une remarque, d’une mélodie… Après, ça peut être compliqué de se mettre d’accord sur les morceaux qu’on gardera et ceux qu’on laissera de côté. On a tous fait quelques concessions mais, au final, j’en ressors très content.

K : Il y a aussi des morceaux qui sonnent comme une évidence. Tu sais ce qui va plus ou moins plaire aux gens. En même temps, notre entourage écoute aussi ce qu’on fait et la somme de toutes leurs remarques va nous aider à structurer le projet.

G : Parfois, il y a des morceaux qui sortent très vite et qu’on va boucler en quelques jours alors qu’on va se casser la tête quatre-cinq mois sur une autre mélodie… Là-aussi, ça nous donne des indications sur les morceaux à conserver et ceux qu’on devrait peut-être oublier.

A : En écoutant l’album, on sent qu’il y a une envie de succès chez vous. Est-ce que c’est frustrant d’être « anonyme » à 30 ans ?

G : Evidemment qu’on aurait kiffé être ultra-connu. A l’époque, on n’avait pas le bagage qu’on a aujourd’hui et, si un album doit être mis en lumière, c’est vraiment Action ou vérité. Sur celui-ci, on est vraiment satisfait de ce qu’on a accompli musicalement. Après, comme on a été influencé par les grosses icônes des années 80-90, on aurait aimé leur ressembler. A l’époque, tu avais 2-3 icônes, il n’y avait pas 300 chaînes de télé donc les regards étaient beaucoup plus tournés vers les mêmes personnes. Quand les Inconnus faisaient un sketch un soir, tout le monde en parlait le lendemain.

K : Ce sont les icônes qui nous ont fait rêvé. Quand j’étais petit et que je regardais Michael Jackson, je voulais être comme lui. Je voulais me retrouver devant une foule, recevoir plein d’amour et vivre le truc à 100%. Aujourd’hui, on a réussi à sortir un disque dont on est assez fier et qui est fidèle à ce que l’on est. Je pense que c’est le meilleur moyen d’approcher le succès, si tant est qu’on s’en approche un jour.

F : Maintenant, quand on a commencé, on ne pensait pas du tout à ça. On allait rapper dans des caves, on tournait dans toute la France pour rapper… Dès qu’il y avait un poste avec des instrus cainris, on se mettait à rapper. On avait simplement envie de partager nos premiers textes. Ensuite, on a fait des concerts, des albums… C’est vrai qu’en faisant Action ou vérité, on s’est aussi rendu compte qu’on donnait énormément de temps à cette passion et on aimerait bien que ça paye un petit peu.

A : D’autant plus qu’il y a des morceaux qui pourraient facilement tourner en radio. On sent que ça a été pensé pour que les gens reprennent les refrains en choeur, pour la scène…

F : C’est parce que c’est ce qui nous fait kiffer dans les chansons des autres. On ne s’est pas dit “je n’aime pas mettre une meuf au refrain mais je vais la faire parce que ça plait aux gens”. Avant toute chose, il faut que nos morceaux nous fassent kiffer. Je nous écoute énormément et, sincèrement, je me suis souvent dit que si un autre groupe avait sorti cet album, j’aurais été jaloux [Rires]. On fait d’abord des morceaux pour nous.

« Je fais de la musique pour rendre hommage aux femmes »

Kombo

A : En France, le rap est une musique assez masculine mais vous n’hésitez pas à parler régulièrement aux filles dans vos chansons. C’est important de ne pas les exclure de ce que vous faites ?

K : Je parle pour moi mais les femmes restent le moteur de ma vie [Sourire]. Tu vas t’acheter des habits pour plaire, tu chantes pour séduire… La gent féminine reste le gros moteur de ma musique [Rires]. C’est ce qui me fait avancer. Un rayon de soleil apparaît, la fille qui passe devant toi te plait, il faut que tu ailles lui parler… Je fais de la musique pour rendre hommage aux femmes.

En concert, quand des meufs chantent le refrain, ça provoque aussi une montée d’adrénaline de dingue. D’ailleurs, tu remarques que la plupart des artistes ont des muses qui les ont inspirés. Ce sont les femmes qui nous font avancer. Une parole, une silhouette, une façon de marcher… Ces éléments peuvent être des moteurs de création énormes.

F : Quand on fait des concerts, on apprécie qu’il y ait autant de meufs que de mecs, qu’il y ait un vrai mélange. Il faut que les gens ressortent avec le sourire… et si possible avec des 06 [Rires]. A titre personnel, on a beaucoup d’amies meufs et on partage aussi notre musique avec elles. Pour nous, il est logique que notre musique parle à la fois aux mecs et aux meufs.

A : Vous abordez aussi des thèmes assez marginaux dans le rap français. Typiquement, le morceau « Geek » sur la mixtape détonne…

K : On ne réagit pas par rapport à des tableaux de fréquentation ou des statistiques. On s’inspire directement de nos vies même si on les romance un peu. Typiquement, le morceau « Geek » est inspiré de ma vie même si, aujourd’hui, tout le monde est devenu un peu geek : t’as un smartphone, t’es sur Internet, tu vas checker tes mails, tu partages des liens… Finalement, le terme geek devient populaire sans que les gens l’admettent. Quand je vois que ma mère joue à la XBox 360 et navigue sans soucis dans les menus, tu te dis qu’il y a quelque chose qui se passe [Sourire]. Finalement, un morceau comme ça peut toucher tout le monde.

F : Ca fait aussi partie de notre façon de faire de la musique. On ne se dit pas “ça c’est tendance, on va le faire” ou, au contraire, “ça n’a jamais été fait donc on va le faire”. On n’a pas cette logique de réflexion. Par exemple, on utilise l’autotune parce que c’est une des possibilités offertes par la machine, pas parce que ça a pu être à la mode.

A : Sur « Argent de poche », vous dîtes que si vous aviez de l’argent, vous iriez acheter tous les disques que vous avez téléchargés. Vous achetez encore des albums ?

F : Quand on a de l’argent, on en achète. Concernant le téléchargement, avant d’être un problème lié au disque, c’est un problème économique. Les gens téléchargent de la musique parce qu’ils n’ont pas d’oseille.

A : Peut-être aussi parce que c’est plus simple. Avant, quand je n’avais rien à faire, j’allais chez Gibert acheter sept-huit disques. Aujourd’hui, j’ai déjà la musique depuis 1 mois dans mon Ipod et, du coup, l’achat du disque est presque un acte de solidarité envers l’artiste.

F : Il y a aussi l’avantage d’avoir un bel objet.

G : Personnellement, j’y vois encore un vrai intérêt parce que j’ai envie d’avoir les crédits et de savoir qui a fait quoi.

A : Ceci dit, tu peux parfois télécharger des fichiers dans lesquels l’intérieur de livret a été scanné ! [Rires]

K : Il y a aussi une manière de consommer qui est différente et il faut proposer autant de contenu dans le monde digital que dans le monde physique.

F : Il faut aussi baisser le prix du disque. Quand tu as des albums qui atterrissent dans les bacs à 15-20 euro, c’est normal que les gens ne lachent pas de billets.

K : La situation est très simple : c’est beaucoup plus facile de télécharger de la musique à domicile que de se déplacer pour aller l’acheter. A partir de là, il faut arrêter d’essayer de forcer les gens à lâcher plus d’oseille. C’est un souci qu’on avait eu en 2006 avec Andromède parce qu’on voulait le sortir à 10 euro alors que le label voulait le mettre à 16 euro en prix vert.

F : Un disque pas cher est un minimum. Je me souviens que quand j’allais chez Gibert, je cherchais en priorité le sticker jaune “occasion” qui voulait dire que le disque allait être vendu à un prix abordable. C’est dommage d’essayer de prendre des marges de fou sur un disque vendu à 20 euro. C’est encore plus relou quand, finalement, tu n’aimes pas l’album que tu as acheté !

G : Tu as beaucoup plus de liberté quand tu es en autoprod. Juste après Andromède, on a sorti l’album de Quinze qui est un chanteur R&B avec qui on a bossé. Pour le coup, on avait pu le sortir à sept-huit euro.

A : Sur l’album, il y a un morceau qui réunit Dabaaz & Gérard Baste. Il y a une complémentarité assez évidente entre ce deux-là…

G : Je bosse avec Drixxxé sur un projet parallèle donc la connexion s’est faite très simplement avec Dabaaz. Triptik est vraiment un groupe “grand frère” pour nous qui nous a toujours suivi. Gérard Baste est assez proche d’eux donc ça s’est fait naturellement. On n’avait jamais fait de morceaux ensemble alors qu’on les connaît depuis pas mal de temps. L’instru était vraiment patate et… franchement, le thème était une évidence [Rires]. On n’allait pas faire un truc sur l’Etat ! C’était marrant de donner une dimension un peu dramatique à ce morceau qui a un thème plutôt léger.

« De toute façon, tous les grands thèmes de la vie ont été traités. La seule différence que tu peux apporter sera la manière d’aborder ces thèmes. »

Fibo

A : Justement, il y a presque un art du contrepied dans votre album. Sur « Maman » ou « La Crise », les sujets sont relativement sérieux mais le rendu final des morceaux donne une impression de légèreté, comme si vous cherchiez toujours à dédramatiser la situation.

K : C’est une manière de voir les choses. On sait que c’est la merde mais, quand on fait de la musique, on veut que les gens passent un bon moment. De toute façon, avant même de faire plaisir aux gens, il faut qu’on se fasse nous-même plaisir !

G : A l’opposé, « S.O.S », le morceau avec Dabaaz et Gérard Baste, a un thème très léger mais le beat est limite oppressant et parano. T’as l’impression qu’on parle d’un gros drame alors que les mecs sont en train de se biturer [Rires].

F : De toute façon, tous les grands thèmes de la vie ont été traités. La seule différence que tu peux apporter sera la manière d’aborder ces thèmes. Le second degré est un peu notre marque de fabrique.

A : Est- ce que vous comptez capitaliser sur cet album ou, au contraire, est-ce que vous allez rapidement repartir sur un autre projet ?

G : On est encore à fond sur cet album mais, en même temps, on ne s’arrête jamais de faire la musique. Je ne dis pas qu’on est en train de préparer les chansons du prochain album mais, en tout cas, on fait de la musique tous les jours. Il se peut qu’on ressorte des choses rapidement mais ça ne sera pas forcément un autre album parce qu’on a vraiment envie de défendre Action ou vérité. Fibo prépare les clips de plusieurs morceaux d’ailleurs. A côté, on développe plein de choses en même temps. Kombo a une marque de t-shirts, eyeXcon, qui nous a aussi permis de développer tout un petit merchandising autour du groupe et de l’album.

F : Ce qui est sûr c’est que le prochain album ne sera pas dans quatre ans [Sourire].

A : Gystère, tu fait partie du projet Mcluvin avec Drixxxé. Tu peux nous en dire davantage à ce sujet ?

G : On devrait sortir un 2 titres avant l’été. Drixxxé voulait réaliser un projet avec un chanteur et, comme je me suis mis à chanter au fil de mes expériences avec des chanteurs R&B, on a décidé de le faire ensemble. En théorie, l’album doit arriver un peu plus tard dans l’année. Le projet est bouclé et, maintenant, ça dépend pas mal de Mercury.

A : Avec quels chanteurs R&B as-tu eu l’occasion de travailler dans le passé ?

G : Je n’ai pas bossé tout seul avec ces chanteurs. En fait, il y a 3 options au sein de Frer200 : musique option marketing avec Kombo, musique option vidéo avec Fibo et, moi, j’ai choisi musique option musique [Rires]. On a bossé avec Quinze et Doris par exemple. A chaque fois, Fibo s’est occupé de leurs clips et j’ai bossé sur la compo, les choeurs etc. C’est important de ne pas bosser qu’entre nous mais de nous ouvrir à d’autres artistes. C’est aussi cool de composer pour d’autres parce que tu fais des trucs que tu ne ferais pas pour toi. Tu pars dans des délires que tu n’avais pas explorés et tu peux faire des choses qui ne te plaisent pas plus que ça mais avec un regard totalement différent. Ca te permet aussi de comprendre pourquoi tu n’aimes pas ces trucs là [Rires].

A : Question Bonus : qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?

K : En ce moment, j’écoute surtout de la musique anglaise genre Skepta et pas mal de trucs electro. Je suis pas mal revenu sur les albums des Daft Punk notamment.

F : Le dernier morceau de Sebastian, Embody, est vraiment cool. C’est bien formaté mais dans le bon sens du terme.

G : Pas mal de vieilleries en rock californien, genre Genesis. Sinon, j’écoute beaucoup Frer200. Je ne sais pas pourquoi mais je me rends compte que je n’arrête pas d’écouter leur album. Des fois, j’écoute même leur mixtape. C’est sérieux hein !

A : Est-ce qu’il y a quelque chose que vous aimeriez ajouter ?

G : On aimerait simplement que les gens écoutent l’album parce qu’on a tout mis dedans. Comme on écoute énormément de choses, il y a plusieurs sonorités dedans. On vient vraiment de la génération du sample, c’est à dire qu’on écoutait des milliards de disques à la médiathèque et, quand tu cherches un truc à sampler, tu vas te taper 7 minutes ultra relou avant de tomber sur le passage de dingue [Rires]. Quand tu te mets à la compo, tu as envie qu’il n’y ait que des moments comme ça. Donc, cet album c’est ça : un best-of de toute la musique mondiale [Rires].

K : On peut nous suivre sur Twitter, Facebook, Myspace et sur notre site Frer200.com… et  les t-shirts Frer200 sont trouvables sur eyeXcon.com !

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