Chronique

The Midnight Eez
The Midnight Eez EP

All City Records - 2011

Nous sommes en 1995 ou 1996 – celui qui raconte l’histoire n’est même plus sûr de la date exacte – à New York. Loin de son Irlande natale, DJ Splyce est en plein crate-digging du côté du magasin Fat Beats quand il est approché par deux mecs du Bronx qui, ayant entendu qu’il venait d’Europe, lui passent leur démo. Le nez dans les vinyles, le futur co-fondateur du label All City Records n’y fait pas gaffe plus que ça. Des producteurs en herbe en quête d’un bon deal, ce n’est pas ça qui manque. Il range la cassette quelque part, et il l’oublie.

Ce n’est que par hasard, à l’occasion d’un déménagement, qu’il retombe dessus une bonne décennie plus tard. Surprise : il découvre une demi-heure de hip-hop instrumental qui non seulement transpire l’époque de sa création, mais dont la qualité est à la hauteur des standards de l’époque. Splyce a tente alors de retrouver la trace du duo. En vain. L’existence des Midnight Eez reste jusqu’ici fantomatique. Celui qui aurait pu lancer leur carrière décide néanmoins de leur rendre hommage en pressant un disque à partir des bandes remasterisées.

Voilà pour l’histoire (ou la légende?). L’anecdote, bien mise en image par une pochette très réussie (la photo est de Sue Kwon, à qui l’on doit entre autres celle du Hell on Earth de Mobb Deep), entoure cet album d’une aura de mystère. Quant au contenu, une série d’instrumentaux ou de fragments d’instrumentaux allant de 45 secondes à trois minutes et demie, il ramène effectivement au cœur des mid-nineties. Le son qui se dégage de la galette est on ne peut plus typique du style new-yorkais de cette période : un beat et une ligne de basse, des boucles puisées dans le jazz et la soul, un sample vocal par-ci par-là, quelques cuts et scratches (le Raekwon de « C.R.E.A.M. » sur « How it started », Big L sur « Digging in the Crates », les Digable Planets sur « Childhood »…) et le tour est joué. Bref, du bon vieux boom-bap shit, tendance cool et mid-tempo. Pas de quoi sauter au plafond, un peu linéaire parfois en l’absence de tout rappeur, mais très plaisant.

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