Chronique

Ill Bill
Ill Bill is the Future vol. 2 : I’m a Goon

Uncle Howie Records - 2006

Suite au split de Non Phixion annoncé officiellement en juillet dernier, les membres du crew de Brooklyn avaient affirmé leur volonté de se consacrer à leurs projets solos. Plutôt actif depuis la sortie de « What’s Wrong With Bill ? » en mai 2004 (maxis, projet « The Circle of Tyrants », remise en selle de Q-Unique notamment), Ill Bill sort aujourd’hui un street-cd, « Ill Bill is the Future vol. 2 : I’m a Goon », histoire de faire patienter les foules hystériques jusqu’à son second album prévu pour le début de l’année prochaine.

Coutumier de ce type de sorties quelque peu hybrides – les deux volumes de « Street Villains » avec son petit frère Necro, le « The Early Years : Rare Demos ’91-’94 » -, Ill Bill donne ici une suite au bon « Ill Bill is the Future » paru en 2003, qui contenait notamment les tueries ‘Gangsta Rap’, ‘The Name’s Bill’ et ‘How To Kill a Cop’, plus quelques featurings et freestyles radio. Plus qu’un enregistrement bouche-trou entre deux albums, ce second volume marque également pour Ill Bill l’occasion de présenter son nouveau crew au nom improbable, La Coka Nostra, monté avec Everlast, DJ Lethal, Danny Boy (House Of Pain), Slaine et Big Left.

Brut et cru, ce nouvel épisode ne surprendra pas les fans de William Braunstein. On retrouve en effet beaucoup d’egotrips bourrins et de références explicites à la came et à la violence sous toutes ses formes, en alternance avec des morceaux politiques et des titres plus personnels. Avec le temps, Bill le cinglé joue davantage avec ses intonations et son timbre de voix rocailleux, comme il l’a démontré récemment sur le terrible ‘Heavy Metal Kings’ (sur l’album « Servants in Heaven, Kings in Hell » de Jedi Mind Tricks). Reste que si l’agressivité est indéniablement son domaine de prédilection, le MC sait aussi laisser de côté ce registre de revanchard paranoïaque pour adopter un ton moins dur, par exemple sur ‘Goons & Assassins’ et ‘Billions On My Mind’.

« Oh, you didn’t know I made beats, did you ? There’s a lot y’all don’t know about me, men… »

Autre détail intéressant donc, Ill Bill se met sérieusement à la production, seul ou accompagné de Q-Unique (‘Brazil’, ‘Thousands To M’s’) et de Sicknature (’21’). Mêlant pianos, guitare électrique en arrière-plan et violons tristes, il transforme de belle manière l’essai sur ‘Billions On My Mind’. Suivant l’exemple de Necro, il reste dans une veine sombre (‘Cocaine World’ composé pour Raekwon), sans pour autant donner dans le glauque bas de gamme. Classiques et globalement réussis, ses instrus laissent augurer le meilleur pour les sorties à venir.

Si Necro ne signe qu’un instru, par ailleurs sans grand intérêt, les autres producteurs remplissent tranquillement le contrat, en petites foulées, qu’ils s’occupent de remixs ou d’inédits. Ainsi l’inconnu Dox livre une prod nerveuse et hachée sur le bon remix de ‘Stick N Move’, tout comme Kaz (des amateurs de jeux d’arcade ?) sur ‘Dead Serious’. Comme bien souvent avec ce type de rap, l’album est musicalement peu inventif mais extrêmement efficace, quelques scratchs bien placés pouvant facilement faire décoller un morceau.

S’il ne réserve pas de grandes surprises, ce « Ill Bill is the Future vol 2 » mérite malgré tout son pesant de poudre pour l’efficacité brute qu’il dégage et pour quelques excellents morceaux, en espérant que la présence marquée de Raekwon sur cet opus donnera lieu dans l’avenir à d’autres collaborations de qualité. Voilà en tout cas de quoi patienter tranquillement en attendant la sortie du second LP de Bill, « The Hour Of Reprisal » et d’un éventuel album de La Coka Nostra.

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