Chronique

Disiz La Peste
Notre son tourne

Barclay - 2002

Après En scred, voici le deuxième maxi post-Poisson rouge de Disiz. L’album Jeu de société, initialement prévu pour septembre, étant repoussé à début 2003, ces deux titres sont l’unique moyen d’anticiper l’évolution de Disiz après son succès imprévisible.

Tout d’abord, ‘Notre son tourne’. Le trio Disiz – Eloquence – Cheikh Tjane est de nouveau réuni, après le très réussi ‘C’est ça la France’. D’un instru électronique orné de beats fusant dans tous les sens, le producteur du pool 22 Béliers apporte cette fois une touche plus classique. Pas d’accordéon délirant, mais des bpm poussés à fond, pour corser le travail de phrasé des deux rappeurs. A ce petit jeu, Disiz fait jeu égal avec son compère f#?kdattien. Parfaitement collé au rythme, le premier confirme ses facilités à s’adapter à tout type de production.. Quant au second, il joue de son flow pour prendre des distances avec le beat et ainsi mieux le contrôler. Titre bounce par excellence, il est l’exemple même de l’aspect festif et réjouissant de Disiz. Seul détail un peu regrettable, l’apparition inutile de Ruby Mike. Espérons que la version non retenue pour le maxi, avec Eloquence au refrain, sera celle de l’album.

Seconde face du maxi, ‘La peste’. Instru sobre, égotrip conceptuel et flow dominant : tels semblent être les mots d’ordre de ce morceau. Côté performance, Disiz remporte son défi et accouche d’un titre parfaitement maîtrisé . Côté texte, sa richesse mérite d’être décortiquée ; et les thèmes qu’on y découvre laisse une impression mitigée. Les phases qui frappent en premier sont celles décrivant l’acuité meurtrière de son rap : « Disiz se pose, ça fait boom boom, presque tous tombent, j’ai l’flow-matique et les phases doom doom« , « Je t’inocule la peste par la voie de ton ghetto-blaster« , « T’as plus de souffle ? Laisse passer, c’est l’asthme, mon flow comme une nace-me« , « Ca fait un an que tu m’entends, depuis sept ans je me répandais, à l’époque, quand je rappais, beaucoup se pendaient » Puis en prêtant l’attention à certains passages, on s’aperçoit que le rappeur en a profité pour y glisser ses sempiternelles plaintes paranoïaques (« Bête d’épidémie : beaucoup d’ennemis, plein de jaloux et peu d’amis« , « On m’a pompé, apparemment je suis contagieux« ), son inépuisable besoin de rappeler son unicité (« Je grille les clichés, te mets mal à l’aise, parce que je défonce au mic sans parler de shit et de baise« ) ou ses habituelles justifications (« Des rumeurs délétères fondées sur des on-dit, par-ci, par-là, ont fait que, par ici, la Peste est une farce. Si tu croyais me dénigrer, mec je suis à moitié nègre« , « J’ai jamais voulu rire pour rien« ). Omniprésents sur son premier album, repris sur En scred, ces éternels thèmes laissent penser que Disiz ne peut s’empêcher de retomber dans ses travers. Rien à espérer pour la suite ? Si. Une phase, forcément ironique, sème le doute quant à son incapacité à prendre du recul sur ses textes : « J’hante le hip hop parce que je suis vraiment vrai, je grille les vrais- faux gars et ces vilains m’en veulent« .

Dans tous les cas, ce maxi sans prétention fait plaisir à écouter, grâce au soin apporté aux instrus et aux flows. Il confirme, malgré tous les défauts qu’on peut lui trouver, que Disiz reste un rappeur doué. Au point de se permettre d’être intraitable sur ses morceaux et d’ignorer les exigences de Bouneau ? Le doute est permis.

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1 commentaire

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  • Rals Aclonv,

    Du bon son à l’ancienne ! Vive le 91 !