Chronique

Rise
Arise in music

Autoproduit - 2004

Découvert en 98 sur le premier volet du « Lyricist Lounge » de Rawkus, Rise a depuis fait son petit bonhomme de chemin, sortant trois maxis en indépendant, apparaissant sur diverses mixtapes et compilations, intégrant le crew Demigodz. Nanti d’un formidable talent pour l’écriture, le MC se consacre actuellement à son premier album (prévu pour le second semestre 2004), auquel « Arise in Music » se veut une étape préparatoire, succédant à l’excellent maxi « Evolution », sorti l’an dernier. Toutefois, Rise livre ici un EP 8 titres qui fait plus foi de l’affirmation d’un changement de cap musical que d’une volonté d’introduction auprès d’un public plus large.

En effet, le boom-bap léger et jazzy des deux premiers maxis (l’excellent « Wickidest Flow » et « BKNY ») semble définitivement enterré, laissant place à un son bien plus dans la tendance du moment, plus bounce. En soi, rien de très grave, une telle procédure peut s’avérer judicieuse en certains cas. Les instrus de ‘Talk too much’ et de ‘Do the damn Thing’, sonnant respectivement très rhythm’n’blues et rock sont même de larges réussites. Malheureusement, certaines des prods d’ »Arise in Music » s’avèrent un peu trop massives pour la petite voix nasillarde de Rise : le MC est d’ailleurs parfois obligé de forcer celle-ci, finissant presque par la rendre désagréable sur les morceaux cités plus haut.

Pour permettre à Rise d’exprimer son talent pleinement et à l’auditeur de ne pas laisser filer un seul mot, il faut une architecture sonore moins lourde et composée : Celph Titled et DJ Spinna semblent l’avoir compris, et ils contribuent aux deux meilleurs titres de l’EP, le premier signant l’instrumental de ‘Say Somethin’, le second de ‘Part of the Game’. Les Beatminerz fournissent également une prestation honorable sur ‘Make Sure (We win)’, déjà présent sur ‘Evolution’, à l’instar de ‘Part of the Game’. On mettra par contre ‘Do You know him Yet ?’ sur le compte d’une mauvaise blague.

Et Rise dans tout ça ? Eh bien, en dehors d’avoir par moment du mal à se faire entendre, il confirme tout le bien qu’on pouvait penser de lui : certes, il ne s’adonne pas à des phases de flow particulièrement techniques, ne pose jamais en double-time. Mais le MC conserve ce don pour une écriture imagée et pleine d’humour, avec une arrogance si fièrement affichée qu’elle en devient, et c’est probablement le but, dérisoire : « Rise, I think I’m the man, You would too if you were ». ‘War’ lui permet également de s’illustrer avec brio dans un registre différent de celui qu’il campe habituellement, développant une thématique vue et revue en en évitant toutefois les clichés. On peut y voir là une confirmation que, bien plus qu’un MC à bonnes punchlines, Rise est devenu un grand lyriciste.

Ce talent explique peut-être le changement de cap sonore que le rappeur semble avoir aujourd’hui amorcé : si la majeure partie des MCs underground possède des qualités qui demeureront invisibles aux yeux de Monsieur Tout le monde, Rise profite de caractéristiques largement susceptibles de plaire au plus grand nombre : pas de flow ultra agressif, de rafales d’insultes ni de dégaine de serial killer, il ne lui restait plus qu’à actualiser le fond sonore. Cela semble chose faite, et même si cela parait ne pas être le meilleur choix sur le long terme, si Rise continue à jouer si habilement avec les mots, qu’il délaisse les prods trop lourdes et offre encore quelques projets d’un niveau aussi correct que celui d’ »Arise in Music », on s’en contentera. Rendez-vous est donc pris pour l’album.

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