Le premier album de la MZ titre par titre
Making-of

Le premier album de la MZ titre par titre

Après avoir fait parler d’elle pendant deux ans, la MZ passe enfin le cap décisif du premier album. Autopsie du projet en compagnie des rappeurs et de Davidson, leur incontournable « coach ».

« OG’s » Produit par Zoxea

Jok’Air : Zoxea était avec nous pendant la construction de l’album mais il n’a pas joué un rôle de directeur artistique. L’album s’appelle Affaire de Famille parce qu’il a été réalisé en famille : on est au studio, Davidson est au studio, Zoxea est au studio, les potes de la cité sont au studio… Les gens sont là, apportent une énergie mais personne n’intervient sur notre musique. Les couplets, les refrains, les drops, les interludes… Tout vient de nous.

Davidson : Jok’Air, Dehmo et Hache-P s’occupent de l’ensemble de la partie artistique, je n’interviens à aucun moment. Si on doit me donner un titre, ce serait celui de coach. C’est à dire que je n’ai rien à dire sur leur musique, leurs couplets, les thèmes abordés… Ils font ce qu’ils veulent. Mon travail, c’est de m’occuper de leur image et de la communication sur les réseaux sociaux.

Dehmo : D’ailleurs, il y a des gens qui pensent que l’on nous a demandé de chanter ou que c’est calculé… Il y a du chant sur « OG’s » et, globalement, il y en a pas mal sur l’album. C’est venu naturellement. J’écoute plus de trucs chantés que de rap pur. J’écoute de la soul, de la variété, de la pop… Récemment, j’ai adoré le « Bitch Better Have My Money » de Rihanna par exemple.

Jok’Air : Dernièrement, j’ai bien aimé Kyo avec leur single « Le Graal ». C’était même un peu rap !

Hache-P : Moi, j’adore Zaz, je la kiffe… Et Christine & The Queens !

Jok’Air : Même Yelle, il y a des trucs très cools. Si tu viens chez moi, mon petit-frère écoute Kaaris et Lil Durk… Il est dégouté quand je mets Christine & The Queens [rires]

« Dans Le Bendo » Produit par Ti Thug, Chapo et French Connect

Davidson : Hannibal de 420 Workshop a eu l’idée de faire un clip qui parodierait Maman, j’ai raté l’avion. J’ai trouvé l’idée intéressante et, à titre personnel, mon but est toujours de mettre en avant les petits de la cité.

Jok’Air : La petite au refrain s’appelle Chloé. Un jour, elle était avec sa maman et elle est venue me me poser cette question : « ça coute combien pour rentrer dans la MZ ? » [sourire] Elle croyait que ça se passait comme dans un club de basket ! C’est comme ça que j’ai eu l’idée d’inviter des enfants au refrain. Après, on kiffe des morceaux comme « Hard Knock Life » ou « I Can » et c’est pas quelque chose qu’on a beaucoup vu dans le rap français. De toute façon, je kiffe les morceaux avec des enfants qui chantent… Je kiffais Jordy quand j’étais petit ! [rires] D’ailleurs, le rap est venu plus tard. Le premier CD de rap que mon père m’avait acheté c’était celui du Secteur Ä à l’Olympia. J’étais en CP et je le connaissais par coeur, avec le freestyle de Stomy accapella… Ce sont aussi des gens qui ont pu nous influencer dans cette capacité à faire des choses ouvertes, sans se prendre la tête. Par contre, j’étais en famille d’accueil quand j’étais petit, en Suisse allemande. Ils ne parlaient pas un mot de français là-bas et ils ne connaissaient que L’école du micro d’argent. C’est un des seuls disques que je pouvais écouter.

Hache-P : J’ai grandi en Côte d’Ivoire et j’écoutais les sons du bled. Je crois que les premiers sons que j’ai écoutés doivent être « J’pète les plombs » de Disiz et « Ma Benz » de NTM. J’étais un gaou à l’époque, je pétais un cable sur le clip de « Ma Benz » ! [rires]

« Je Suis Un Menteur » Produit par BBP et Melopheelo

Jok’Air : On ne fait pas ce type de morceau pour passer en radio. Par contre, une fois le titre fini, on se dit : « Ah, ça a un potentiel ». C’est comme ça pour tous nos titres.

Dehmo : On se dit que ça a bien plus sa place en radio que certains trucs en rotation. C’est accessible mais on reste nous-mêmes dessus.

Jok’Air : Ce n’est pas la première fois qu’on fait des morceaux où on parle de meufs de cette manière. D’ailleurs, depuis, il y a des gens qui ont essayé de reproduire notre formule, de faire des « Embrasse-moi » ratés… Je suis flatté ! Soyons honnêtes : on a pris un risque en sortant des morceaux comme ça et je pense qu’on a décomplexé certaines personnes. D’ailleurs, je dis qu’on a pris un risque mais on n’en avait même pas conscience. On fait ce qu’on a envie de faire et on n’a rien à prouver à personne.

Dehmo : Parfois, certaines personnes vont nous dire « arrêtez de faire des morceaux comme ça »… Il n’y a personne qui peut nous dire ce qu’on a le droit de faire ou de ne pas faire. Ces gens n’étaient pas avec nous quand on a commencé le rap.

Jok’Air : Quand mon pote coupe sa lamelle de shit, je ne lui dis pas « oh, celle-là n’est pas assez épaisse »… C’est son business ! [rires] En plus ces morceaux sont beaux : on parle de la rue comme Laurent Voulzy le ferait !

Davidson : Il y a des gens qui nous avaient fait des retours négatifs sur « Embrasse-moi » sans même avoir écouté le morceau en intégralité, juste en lisant le titre et le début de la mélodie.

Jok’Air : Si tu écoutes bien, la première et la dernière mesure du morceau n’ont rien à voir, le sample placé par Krampf est dingue… Les gens ne prennent même pas la peine d’écouter. Parfois, on a l’impression de donner de la confiture à des cochons.

Davidson : Tu peux être un beau gosse, être bien sapé, être galant avec la meuf que tu aimes… Elle va préférer un mec sale qui a des requins et qui pue de la bite[rires] Parfois, le public rap français se comporte un peu comme cette meuf.

« Kalina » Produit par Tshek et Nicolas Cabat

Dehmo : J’ai écouté la prod, je l’ai kiffé et le reste s’est joué au feeling. C’est comme ça qu’on a décidé d’utiliser l’autotune sur ce titre, à l’instinct.

Jok’Air : Quand on était petit, on écoutait « Jonathan » de DJ Arafat : il y avait grave de l’autotune dessus, avant T-Pain ! [rires] C’est aussi quelque chose qui se faisait dans le raï. Après, l’autotune est revenue avec des gens comme Future qu’on a beaucoup écouté, qui sont de notre génération. Et puis l’âge d’or de T-Pain a eu lieu quand on était au collège, on voyait les meufs les plus fraiches du collège s’enjailler là-dessus… On voulait être T-Pain ! [rires]

« Wesh Les Puristes » ft. Marlo Produit par GB Production

Hache-P : On a choisi ce titre parce que les puristes nous cassent les couilles. [rires] On parle de tous ces gens qui vont dire que le rap est comme ça et pas autrement… Alors qu’ils ne connaissent rien à cette musique. Le rap évolue mais eux restent bloqués dans un son ou une époque.

Dehmo : On sait qu’on a fait le type de sons que les puristes n’aiment pas. Alors que ce sont des sons que la rue kiffe à mort, que la France kiffe à mort, qu’on kiffe à mort… mais que les puristes n’aiment pas. Ce sont des aristocrates.

« Ma Substance » ft. Chich Produit par Ekynoxx

Hache-P : Le morceau est une ode à la drogue, à l’alcool… A la défonce. Je crois d’ailleurs que « Juste une autre », un de nos morceaux, est un des titres que je préfère écouter quand je suis fonssdé.

Jok’Air : Il y a eu peu de morceaux sur la défonce qui ont été réussis dans le rap français… A l’époque, il y avait Nessbeal qui avait sorti « Amnezia », c’était super lourd ça !

Chich : Je faisais initialement partie d’un duo qui s’appelait Le Binôme. Je suis en train de préparer une mixtape solo dans laquelle la MZ sera invitée d’ailleurs. On a une différence d’âge mais on vient du même quartier et on se connaît depuis longtemps. Plus globalement, je fais partie du collectif Davidson Presents, je suis en tournée avec la MZ, je suis souvent en interview avec eux… C’est une affaire de famille.

Davidson : Le morceau est produit par Ekynoxx. C’est un mec qui m’a contacté sur Internet. A la base, je n’étais pas spécialement chaud parce qu’on a un collectif avec plusieurs talents et j’ai du mal à faire la passe à quelqu’un d’extérieur. Sauf qu’il m’a tellement envoyé de messages que j’ai décidé d’aller chez lui à Bondy : j’ai tout de suite compris que c’était un mec comme nous. Avant même de me faire écouter des prods, il a beaucoup parlé, il a présenté sa musique… Je le sentais bien mais c’était aux rappeurs de prendre une décision. Ils ont tout de suite kiffé et on l’a intégré au collectif en 2009. C’est un gros bosseur.

« Un Noir Tue Un Autre Noir » Produit par Ekynoxx

Dehmo : On a voulu faire un clin d’oeil au titre des Sages Po. Avant, on écoutait des morceaux où les thèmes étaient plus importants. Quand on a fait ce titre, ça nous a rappelé le rap qu’on écoutait dans le passé. On a voulu faire un clin d’oeil au passé tout en proposant un morceau qui est dans l’air du temps.

Jok’Air :Même si aucun membre des Sages Po n’est invité sur l’album, ils nous ont invité sur quelques concerts, j’étais le backeur officiel de Zoxea à un moment… C’est quelque chose qu’on a fait naturellement et personne ne nous l’a demandé. C’était même une surprise pour eux de découvrir cette version.

« Evadé » ft. Mallaury Produit par Ekynoxx

Davidson : Mallaury est une chanteuse qui fait également partie du collectif. C’est Ekynoxx qui nous l’a présenté. Elle a vingt ans, elle écrit tous ses textes, elle a énormément de talent… A la base, « Evadé » était d’ailleurs un titre solo de Mallaury… qu’on lui a volé ! Je lui ai demandé si on pouvait remplacer ses couplets chantés par des couplets rappés, elle était d’accord et c’est elle qui a réalisé la version finale du titre.

« Coca N Bourbon » Produit par Ekynoxx

Jok’Air : Je chante encore le premier couplet, c’est vrai que je chante beaucoup dans l’album. Je n’ai pas pris de cours de chant mais j’aimerais bien en prendre et amener ça à un autre niveau. Sinon, le titre est… « intime » [rires]. On décrit ce qui peut se passer dans une chambre avec une fille. On fume, on boit, on se mélange… [rires]

Davidson : Les gens retiennent souvent les morceaux qui parlent de meufs, ils nous disent que le groupe parle essentiellement de cela mais c’est faux. Sur l’album, il n’y a que deux titres sur lesquels la MZ parle ouvertement des femmes. Je pense même pouvoir te citer de tête tous les titres sortis par la MZ qui parlent de meufs : « Juste une autre », « Lune de fiel », « Bonbon », « Embrasse-moi », « Ne parlons pas d’amour », « Je suis un menteur » et donc « Coca N Bourbon »…Sept titres sur plus de soixante sortis !

« Johnny » Produit par Chapo, Heizenberg et French Connect

Dehmo

Dehmo : J’aimerais bien devenir le Johnny Hallyday du rap, être une icône comme lui. C’est génial de savoir que, où que tu ailles jouer, les salles seront remplies, de savoir que ta musique a touché les gens… d’être quelqu’un ! Ce qui est intéressant c’est qu’il a réussi à traverser les époques. Après sa mort, son nom restera.

Davidson : Je pense qu’il ne faut pas se mettre de limites d’âge dans le rap. Snoop Dogg n’a pas encore soixante piges mais on sait qu’il ne va jamais s’arrêter.

Dehmo : On aime tellement la musique… J’ai du mal à m’imaginer rapper à soixante ans et, en même temps, je ne m’imagine pas faire autre chose de ma vie. Peut-être que je te sortirai un single à quatre-vingt-deux piges ! [rires]

Davidson : A titre personnel, je me vois être producteur et manager jusqu’à la fin de mes jours. Et rester dans le rap. Je ne veux pas quitter ce milieu. Booba, Rohff et Sinik, à des degrés différents, sont des exemples de personnes qui sont là depuis longtemps et qui continuent à faire du rap. Mon but, c’est de faire en sorte que la MZ puisse devenir numéro un un jour. Je ne sais pas si je vais y arriver mais c’est mon objectif premier. Il va falloir se battre et être persistant. J’aime trop le rap pour aller faire de la variété demain. Je ne veux pas faire de la variété mais, par contre, je veux emmener notre rap au grand public. Sans qu’on ait à changer notre image. Demain, je ne vais pas dire à la MZ « dansez comme Black M et on ira sur NRJ »… C’est pas le but. Mon but, c’est de ramener notre musique, celle qu’on fait aujourd’hui, sur TF1. Booba est bien passé à la Star Academy donc c’est possible. Je parle en mon nom mais, pour moi, Booba est la référence première en France pour un Noir. Je ne parle même pas de musique mais de travail. A qui d’autre est-ce que je vais me référer ? Marcel Desailly ? [rires] Tu allumes ta télé pour regarder un match de l’équipe de France et tu vois le logo Ünkut, tu traverses le périphérique et tu vois une énorme inscription Ünkut sur les murs… Il a trente-neuf ans et c’est encore le plus actuel. J’ai vingt-huit ans, j’ai commencé à écouter du rap quand j’avais dix ou onze ans, Booba était là… Et il est encore là aujourd’hui… Et il continue à me faire kiffer. Plus largement, c’est quelqu’un qui nous représente.

Hache-P : Booba est plus qu’un rappeur aujourd’hui, c’est un média.

« Loin D’Ici » Produit par Ekynoxx

Jok’Air

Jok’Air : C’est sur ce titre que je dis « si ça marche pas, j’irai braquer Colette »… Il faut vraiment que ça marche parce que c’est devenu impossible de les braquer ! [rires] Aujourd’hui, on est dédié au rap, on sacrifie tout pour cette musique.

Davidson : Il faut être honnête : on gagne notre vie avec le rap mais on la gagne difficilement. Il y a des gens qui s’imaginent qu’on est blindé et c’est loin d’être le cas. Chacun dans sa vie respective a décidé de faire de gros sacrifices pour la musique.

Hache-P : Après, il y a de l’argent dans le rap. Ceux qui disaient il y a quelques années qu’il n’y en avait plus était ceux qui étaient blindés et qui voulaient grailler tout seul !

Jok’Air : On est en France, on n’est pas au Bangladesh : il y a de l’argent partout. Tu marches, il y a de l’argent ! Après, tout dépend de comment tu t’y prends.

Chich : Il faut aussi prendre en compte le fait que le public rap français s’est élargi. Il y a plus de filles qui en écoutent, différentes classes sociales qui s’y intéressent…

Hache-P : Quand j’étais au collège, les petits bobos faisaient du skate, ils écoutaient Blink 182 et Tokyo Hotel… La dernière fois, je suis allé chercher mon petit frère de treize ans au collège. Les bobos ne font plus de skate mais s’habillent en hipster, ils écoutent du rap… Le rap est partout.

Davidson : Ce qui est désolant c’est que tous les artistes qui sont invités chez Hanouna, chez TF1, sur France 2 font à peine 100 000 vues sur leurs clips. Je fais systématiquement le test. De notre côté, on fait des millions de vues en très peu de jours et aucun média ne parle de nous. Si les médias nous exposaient de la même façon, on gagnerait beaucoup plus d’argent. J’ai aussi une explication toute simple et plus violente : les médias ont peur des immigrés et ne veulent pas nous mettre en avant.

Jok’Air : Récemment, il y a un rappeur blanc qui a sorti un morceau. Un morceau pas mal du tout qui est passé à la radio. C’est pas immérité mais pourquoi ce titre a des rotations alors qu’il n’est pas plus fort que « Je suis un menteur » ?

Davidson : Toute la France connait « Lune de fiel », il a fait sept millions de vues et ça n’a pas été joué. Pourquoi ? Parce que ce sont des Noirs qui rappent. J’aimerais bien qu’on m’apporte une autre explication mais, pour le moment, je n’en ai pas trouvé.

Dehmo : On ne se victimise pas, c’est pas grave mais si ce titre avait été rappé par des blancs, on l’aurait entendu tout le temps et partout. On est obligé de constater ce genre de choses mais on continue de bosser et on y arrivera.

Davidson : La réalité est celle-ci : le rappeur noir sait d’emblée que sa musique sera moins exposée. D’ailleurs, j’ai un reproche à te faire : sur le générique de l’émission Abcdr, on ne voit quasiment que des rappeurs blancs. [NDLR : jugez vous-mêmes, le générique de l’émission est disponible sur notre chaîne Dailymotion] C’est quelque chose qui m’a immédiatement interpellé. A mon sens, ça ne reflète pas l’image du rap français.

« Tchapalo » Produit par Ekynoxx

Hache-P : On cite DMX sur ce morceau. T’as déjà baisé sur du DMX ? « X Gon’ Give it to ya », c’est le feu ! [rires]

Jok’Air : On cite aussi la Three 6 Mafia dessus. J’étais assez jeune quand ils sont sortis, c’était encore un peu underground à l’époque et j’ai découvert ça sur le tard. J’ai trouvé ça violent et j’ai kiffé immédiatement.

Davidson : Juicy J, c’est aussi un exemple. Il a quarante ans et il fait des morceaux avec Katy Perry ? Pourquoi Nolwenn n’invite pas la MZ ?

Jok’Air : En plus, c’est Katy Perry qui est rentrée dans le délire de Juicy J. Shy’m ou Tal s’inspirent du rap mais n’invitent pas des rappeurs.

Davidson : Alizée ne devait pas sortir un titre avec Booba ? Le morceau ne verra jamais le jour.

Jok’Air : J’ai fait un son avec Zayra qui est sortie de la Star Academy. Le morceau va sortir et je peux te dire qu’on n’a pas mis de guitare dessus[rires] Après, c’est compliqué de comparer avec les Etats-Unis, le rap a du retard ici. Tu te souviens du « Sept à Huit » avec Diddy ? La meuf lui avait demandé ce que ça faisait d’être noir et riche. Il lui avait répondu que c’était une question qu’on ne lui posait plus depuis 1992.

Davidson : C’est plus compliqué ici mais ça va le faire. En tout cas, je ne serai pas fermé à l’idée que la MZ fasse un titre avec Nolwenn ou Jenifer. Je n’en ai rien à foutre à partir du moment où on conserve une identité rap dans le morceau.

Jok’Air : Je suis même plus ouvert à l’idée de faire un son avec Nolwenn que de faire un son avec n’importe quel autre rappeur. Elle va apporter un délire qu’un rappeur français serait incapable d’apporter. J’écoute beaucoup de sons et il n’y a pas vraiment de rappeur avec qui j’aimerais collaborer.

Davidson : Qu’est-ce que ça apporte de faire des featurings avec d’autres rappeurs ? Quel featuring a été bénéfique pour un artiste hormis Kaaris avec Booba ? Pour que ce soit bénéfique, il faut que ce soit fait avec une grosse tête. C’est pour ça qu’on a décidé d’avoir confiance en nous et de nous concentrer sur nous.

Jok’Air : On n’est pas le Maréchal Pétain, on ne collabore pas ! [rires]

Davidson : Après, c’est vrai qu’on ne sort pas beaucoup et qu’on reste beaucoup entre nous. Mais, pour en revenir à la musique, personne ne nous a appelé. A l’époque où on parlait de nouvelle génération et que les mecs se suçaient chaque semaine à Skyrock, personne n’a pensé à nous. Je me souviens d’une vidéo ou Maska de la Sexion d’Assaut disait qu’ils soutenaient la MZ. C’est quoi soutenir ? Vous avez fait combien de Zénith et de Bataclan ? Vous avez fait combien de Planète Rap ? Vous ne nous avez jamais invité. Vous n’avez jamais partagé un de nos clips sur vos réseaux. Je dois être reconnaissants uniquement envers quelques personnes : Street Lourd avec qui on est parti en tournée et Ol’Kainry et Dany Dan qui nous avaient invité en première partie de leur concert au Nouveau Casino. Et sans cracher sur leurs gestes parce que ça nous a aidé mais ce sont des choses qui sont arrivées tard. Voilà pourquoi les mecs qui ne nous ont pas calculé n’ont pas intérêt à compter sur nous.

Dehmo : Même s’ils nous offrent 200 000 euros ?

Davidson : C’est mort[rires]

Jok’Air : Le rap est un milieu très spécial. Quand tu es personne, on te fait vraiment sentir que tu es personne et dès que ça commence à marcher un peu pour toi, tout le monde est intéressé.

Hache-P : Les gens qui nous ont manqué de respect en concert, qui ne nous ont pas serré la main… Qu’ils ne viennent pas nous voir aujourd’hui. On a toujours été respectueux, quand on arrive dans une salle, on dit bonjour à tout le monde, de l’ingé son au mec qui s’occupe des lumières, on rigole avec tout le monde… On se souvient des mecs qui ont fait les stars alors qu’ils n’étaient personne. On respecte tout le monde et, si tu ne nous sers pas la main, on sera super rancunier.

« La Cité Des Frères » Produit par Zoxea et Melopheelo

Hache-P

Hache-P : A la base, ce son devait sortir à l’été 2014 pendant la Coupe du Monde. On devait le sortir de manière isolée, comme « Walter White ».

Dehmo : C’est un tube pour nous. Parfois, on est posé avec Jok’Air et on le chante…

Davidson : Finalement, après des discussions avec la maison de disques, on a décidé de le garder pour l’album. Plus généralement, je suis l’intermédiaire entre les rappeurs et la maison de disques. Parfois, on va avoir des désaccords comme ça a pu être le cas sur la sortie de ce titre mais ça se passe bien avec Sony. J’attends de la maison de disques qu’elle nous apporter quelque chose de supplémentaire en termes de médias, de télés, de radios… En termes d’image, je reste le seul décisionnaire et les rappeurs s’occupent de la musique. On reste autonome. Aujourd’hui, Sony est une sorte de banque qui récupère ses investissements. Mais c’est une banque. Sony nous apporte une crédibilité. Si tu ne me connais pas et que je t’envoie un mail en tant que Davidson, tu seras moins réactif que si c’est Sony qui t’envoie ça avec son joli logo.

Jok’Air : Il y a aussi des gens qui travaillent avec nous et qui font du très bon boulot. Comme Fanny Némé, notre attachée de presse. Elle fait un boulot de dingue !

Davidson : Je pense que travailler avec Sony a changé quelque chose chez nous mais de manière inconsciente. On continue à travailler avec les mêmes réalisateurs, les mêmes producteurs, le même ingé son… Par contre, tu te sens mieux, le fait d’être en licence chez Sony te stimule. C’est comme être remplaçant dans une grande équipe. T’es pas encore titulaire mais t’es pro et tu sais que tu vas avoir ta chance. J’ai également conscience que, compte tenu de la musique que l’on fait, on est chanceux d’être en maison de disques. On n’a pas du tout été signé par rapport à un nombre de vues mais par rapport à notre musique.

Jok’Air : Maintenant, on doit tout niquer. On en a vu des groupes qui étaient signés et qui n’ont pas confirmé.

« 3.5.7 » Produit par Geefuturistic

Jok’Air : C’est un morceau très personnel.

Davidson : On se connaît tous très bien et, quand on était en studio, on savait que chacun était en train de sortir des trucs super profonds et intimes. Quand tu connais les rappeurs, je pense que tu peux même verser une larme en écoutant le titre.

Dehmo : Dès que tu entends l’intru, tu as envie de faire la poucave sur toi-même[sourire]

Jok’Air : C’est Geefuturistic qui a produit le titre. On avait reçu un panel d’instrus et je crois que c’est une des seules fois où on a accroché en même temps sur un même instrumental.

Davidson : En fait, Geefuturistic est un allemand qui a beaucoup produit pour Rohff, notamment sur Le Code de l’Horreur. Il avait aussi bossé avec Keny Arkana, Soprano… Il n’avait pas bossé en France depuis un moment. Il était même managé par Get Large à l’époque où il produisait pas mal pour le rap français. Pour la petite histoire, c’était lui le fameux allemand de Get Large qui avait remplacé Nius[sourire]

Jok’Air : Maintenant, on a envie de tourner dans toute la France avec cet album, dans tous les pays francophones… De partager au maximum notre musique.

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  • sage poète de la ruse,

    Gros fan de l’abcdr depuis longtemps, je voulais savoir c’est quoi le délire avec la Mz, parce que vous en parler vraiment beaucoup et souvent.C’est pas mal mais entre ce qu’ils pensent de leur son (sa devrait être en radio , c’est un tube, on est plus fort) et la realité quan don écoute il y a un bel écart.Et puis le discours de victime est triste,Black m est sur toute les radio , toute les émission de tv , maitre Gimms a vendu des millions , donc bon.
    Je rêve d’une interview d’action Bronson, c’est dans les tuyaux ? 
    Merci les gars, continué, les émission « tv » st super.