Depuis une décennie, Rackam et Wolf opèrent du côté de Bordeaux, au milieu de la scène squat girondine de laquelle ils sont bien connus. Ensemble, ils composent le binôme Streets Of Rage, le premier rappant sur les productions du second. Rassemblés par une attirance commune pour la fin du siècle dernier, ses jeux-vidéos, ses nanards, et par une fascination pour l’univers d’Akira, les deux amis viennent de sortir Streets Of Rage EP, un projet conceptuel très solide. Le flow viscéral de Rackam et ses textes parfois crus, parfois humoristiques empêchent le maxi de tomber dans l’ennuyeuse énumération de références gratuites. Il plonge l’auditeur dans l’ambiance enfumée d’une salle de jeux vidéo souterraine autant qu’il ramène les nostalgiques à leur jeunesse, avec entre autre l’édition du projet en digipack et sa cover animée à la façon des cartes que collectionnaient les enfants d’il y a vingt ans.
Sidekicks

Voici un article sympathique d’un site néerlandais traitant de l’influence du football sur le rap en Angleterre (et en particulier à Manchester et Liverpool), qui nous donne en plus une occasion de parler de Lee Scott et de Blah Records.
Si vous êtes fans de G-funk, vous connaissez forcément CartelSons. En trois albums/compilations (Drugstore Music en 2013, Solo But Not Alone en 2014 et Tha Hardworker en 2015), le Lyonnais s’est récemment hissé parmi les producteurs français phares du genre. De Snoop à MC Eiht en passant par Kurupt, C-Bo ou encore Mr. Criminal, pour n’en citer que quelques uns, son tableau de chasse des featurings Westcoast a fière allure. Lil Woofy Woof n’est clairement pas le plus prestigieux d’entre eux. Pourtant, derrière ce blase digne d’une mauvaise parodie de GTA San Andreas, se cache un joyau brut à qui les instrus de CartelSons semblent servir de parfait écrin. Natif de Charlotte en Caroline du Nord, le « Longbeachien » d’adoption évoluait au sein de l’obscur Schema Posse, avant de pointer le bout de sa truffe sur les projets de CartelSons, par exemple pour une collab’ avec son père spirituel Dazzie Dee. S’il se faisait appeler Young Dazzie avant de changer de nom de scène, c’est évidemment en clin d’oeil à l’ex-membre de Lench Mob Records (le mythique label d’Ice Cube, remember ?). Il emprunte à son aîné un flow laidback et chaloupé, tout en roulements. Ajoutez-y une attitude et une esthétique volontairement old school, vous comprendrez dès lors pourquoi Back In Tha Dayz, album au titre évocateur entièrement produit par CartelSons donc, réunit tous les ingrédients pour plaire à ceux qui sont restés bloqués en 1994. Ou à n’importe qui à la recherche de son frais à faire tourner en boucle dans la caisse jusqu’en septembre. Argument de vente ultime : il y a même les tontons hustlers Too $hort et Richie Rich parmi les invités !

On ne présente plus les soirées Classics Only, rendez-vous Hip Hop et RnB incontournable de la capitale. Après la spéciale West Coast il y a quelques semaines, l’organisateur Casabey investit La Clairière pour une édition spéciale New York. Le line up est aussi alléchant vu qu’on retrouve le légendaire Cut Killer, Sonny Amerie, Arthur King, Dj Jim, Asura et même Le Captain Nemo. Cerise sur le ghetto : un showcase d’Oxmo Puccino, ambiance âge d’or. Qu’est-ce que vous avez de mieux à faire que d’écouter de bons classiques dans un club en plein air toute la nuit ? Toutes les infos sont sur l’évènement facebook.
À celui qui connaît un peu la discographie du C.Sen, il n’aura pas échappé que le rappeur du dix-huitième arrondissement est un spécialiste du portrait de ses contemporains taillé en creux du sien. Alors quand il intitule l’une de ses chansons « No comment », Pierre Cesseine ne peut que mentir un petit peu puisqu’il a toujours ponctué les contradictions de l’existence, la sienne et celle de tous, avec des traits d’esprit mélangeant humour, affection et noirceur. Pressentiment vérifié, tant ce titre qui annonce l’arrivée prochaine de l’EP Sourire Jaune n’échappe pas à la règle. Celui qui se fait surnommer Le Parpaing y déambule d’une façon laidback typiquement parisienne et peuple les bribes de vie qu’il raconte de commentaires et annotations. En parlant du rappeur habitué à graffer le grand mur de la rue Ordener, Thomas Blondeau avait écrit que sa « poésie fugace scintille au creux des rues électriques. » Avis à tous ceux qui « réalisent leurs erreurs plus vites que leurs rêves » et qui se refont le portrait au détour des ruelles et des couleurs des néons, que ce soit du nord parisien ou d’ailleurs : le C.Sen est une nouvelle fois de retour.
Il y a une dizaine de jours, cinq pointures du deejaying français ont sorti un mix à dix mains. Et pas n’importe quel mix puisque Poska, Stresh, Skillz, Brasko et DJ Fab ont revu à la française la légendaire mixtape The 5 Deadly Venoms of Brooklyn que Tony Touch avait sortie en 1997. Comme l’avait fait le Piece Maker new-yorkais à son époque qui s’était tout de même entouré de DJ Premier ou Mister Cee pour ne citer qu’eux, nos cinq DJs se passent les platines à tour de rôle. Le mixtape maestro Poska y enchaîne les classiques du rap français des années 90. Le récent champion DJ Stresh y a les deux pieds dans son époque, en sélectionnant des sons de Bon Gamin, Jazzy Bazz ou encore Fixpen Sill. Brasko s’y paie un tour d’Europe pendant que l’underground explorer DJ Fab baigne dans le funk et les origines 80’s. Et enfin, Skillz clôture ce The 5 Deadly French Venoms avec une série de mashup hyper bien sentis, mêlant rappeurs français et américains ayant rappé sur la même thématique. Pour connaître la tracklist complète, rendez-vous chez nos collègues de The Backpackerz qui ont parfaitement résumé ce mix que l’on vous met en écoute ci-dessous.
Connu pour être le DJ d’Assassin, pour faire également partie de cette galaxie française de beatmakers tournée vers les rappeurs américains, ou encore pour organiser des soirées et concerts à Lyon, tel est DJ Duke. Chose moins connue, l’intéressé (dont on vous dira rapidement plus dans nos colonnes) est aussi un réalisateur de clips. Et il y a quelques jours à peine, il a dévoilé la mise en image de l’une de ses productions, un inédit intitulé « Strangers ». Tourné dans la jungle de Calais, le clip réussit à remettre avec humilité, pudeur et mélancolie l’humain au centre de débats d’habitude bien trop régis par de futiles passions. Des images simples, réelles, sans pathos ni fantasmes, qui sont accompagnées d’une voix pitchée, d’un hit-hat cristallin et d’arpèges de guitare. Un doux sourire indigné graffé sur les murs de l’Europe forteresse.

Après la Red Bull Music Academy l’année dernière à Paris, la capitale est gâtée puisque la marque y installera son festival du 19 au 24 septembre prochain. Durant six jours, il y aura des expositions, des lectures, des DJ sets, des conversations et, évidemment, des concerts. Nos plus fidèles lecteurs trouveront leur bonheur lors de la soirée Rap, Beats and Rhymes du mercredi 21. Présentée par Oxmo Puccino, elle conviera, entre autres, Lino, Espiiem, Deen Burbigo, Bon Gamin, Take A Mic ou encore Jazzy Bazz. Les billets sont disponibles ici.
Et si le R&B français connaissait une nouvelle jeunesse ? Entre les révélations comme Ta-Ha ou les valeurs sûres comme Monsieur Nov, il semblerait que le genre soit en train de sortir de la morosité dans laquelle une partie du public l’avait confiné. Récemment, c’est Holybrune qui a attiré notre attention. Moins d’un an après le projet Trip, elle est de retour avec « Ainsi soit-il », extrait de Pandemonium. On attend l’automne avec impatience.
Authentik, le premier album du Suprême NTM a 25 ans. Déjà. Disque fondateur à bien des égards, on le décrivait sur ce papier revival comme « le plus cheap, le plus crade, le plus bricolé, le plus débridé, le plus sauvage, le plus artisanal. Le premier, le brouillon. » Un anniversaire, c’est un témoin du temps qui passe, des écarts sonores astronomiques entre la bricole de l’époque et la réalité de 2016. C’est aussi l’occasion d’une célébration et… d’une réédition. Celle d’Authentik a le goût d’une grosse Madeleine de Proust et la forme d’un vaste fourre-tout avec son lot de bonus, remixes, instrumentaux, lives et autres a cappella. Mais surtout, elle reste « du pur produit de cette infamie appelée la banlieue de Paris. »