Sidekicks

4 mois après sa sortie, Batterie Faible, le premier album de Damso, est toujours en haute rotation au sein de la rédaction. Parmi les 12 titres du disque, il y en a qui a particulièrement marqué les esprits : le puissant (et très personnel) « Amnésie ». Un morceau qui a désormais son clip.

Difficile à cette heure de classer SupersØnge dans une catégorie musicale claire. Son premier morceau, « TOURDEVERRE », est à la croisée des genres, hip-hop par les scratches, pop par la mélodie, électronique par la composition. Il en résulte un titre audacieux et intrigant, imparfait mais prometteur. Les paroles sont  aussi répétitives que l’air est entêtant, et le tout a les allures tristes d’un robot amoureux :  « J’entends ses cris, apaisé par la caisse claire, elle me menace de quitter la terre… » Le titre s’accompagne d’un clip non moins intrigant de Dvmn Fvck, où SupersØnge apparaît grimé d’un masque de singe. Il nous donne en tous cas rendez-vous prochainement pour un premier EP. A suivre avec attention.

Depuis quelques semaines, nous vous dévoilons en filigrane un projet qui nous tient à cœur. Son concept : rassembler des inédits d’artistes que nous apprécions et en faire une compilation Abcdr du Son. Ce jeudi 3 novembre, dans l’émission #LaSauce, vous en saurez davantage sur ce que nous vous avons concocté. Au menu : la présence de deux de nos généreux donateurs (Zekwé et Nikkfurie) et la diffusion de plusieurs exclusivités à quelques jours seulement de la sortie de Jukebox sur votre site préféré. Rendez-vous donc jeudi de 20h à 22h sur OKLM Radio pour savourer la cuisine Abcdr : Zoxea, Zekwé, Animalsons, Nikkfurie, Joe Lucazz… Il y en aura pour tous les goûts.

Les deux volumes du projet Rezinsky ont tellement été illuminés par de beaux vers dédiés aux relations hommes-femmes qu’ils avaient presque faits oublier le côté irrévérencieux de leurs auteurs. L’insolent « Petit pain blanc, » en featuring avec Grems et envoyé en ligne il y a quelques semaines, avait déjà remis le rap sur le billot. Et pour annoncer leur passage à Paris le 4 novembre, Pepso Stavinsky et RezO vont plus loin et décident de partager les meilleurs abats de leurs productions. C’est à travers un freestyle vidéo tout droit sorti la chambre froide, sanglant, sans (faux) filet et avec des phases écrites au couperet. Un morceau d’abattoir, pour les garçons bouchers et les jolies mômes qu’ils convoitent.

La richesse de son album Voie Off, sorti au printemps, l’avait laissé deviner : Kespar veut explorer autant d’univers que possible. Et surtout multiplier les passages chantés, sans pour autant renier le rap de ses débuts, celui cool et smooth aux quatre-vingt-dix battements par minute. Alors en parallèle du projet aux couplets mélodiques et joliment autotunés qu’il prépare, le rappeur grenoblois distille régulièrement quelques nouveaux sons. Avec comme caractéristique de balayer un spectre musical aussi large que possible, de la nerveuse trap de « AstroNerf » au cloud-rap de l’excellent « Liquidée » en passant par les titres boom bap réalisés avec Slone ou Linkrust. Ça fait beaucoup pour faire le point et pourtant, le Contratakerz ne s’arrête pas puisqu’il a dévoilé en quinze jours deux sons en apparence diamétralement opposés. Il y a d’un côté « High Want Peace, » un anthem chanté à l’autotune sur des snares en rafale. Et de l’autre il y a « Athée Croyant » et son sample de violon lancinant. Au premier abord, deux antithèses. Mais en réalité, les mêmes qualités dans l’un et l’autre : un flow tout en maîtrise qui tire vers le chant, et des paroles fédératrices et apaisées devant « les passions terrestres. » Du rap qui garde son cap tout en alternant ses codes. En bref : du emceeing tout-terrain.

C’est un projet impulsé par un MC qui se faisait rare. Mais quand Pejmaxx a entendu l’album d’Ol’Zico, il a décidé qu’un disque commun devait se faire. Nefaste vient compléter le duo et Manï Deiz, omniprésent cette année, l’orchestre derrière les machines entre deux apparitions fugaces au micro. Le quatuor forme Martyrs Modernes, et derrière l’une des pochettes les plus réussies de l’année, aussi lugubre que poétique, il dénoue onze pistes durant la corde du pendu. L’ambiance est austère autant que nerveuse et les samples du Kids of Crakling posés sur des caisses claires sèches secouent les entrailles. Ici, « la rue est mise sur écoute » et le rap est celui de ceux qui s’y font des cheveux gris. Parce que la grisaille n’est pas grisante et qu’on est souvent d’abord victime de soi-même avant d’être victime des autres.

On avait adoré le concert de Mick Jenkins à la Maroquinerie l’année dernière. Présence incroyable, voix pénétrante et énergie décuplée, toute la salle était conquise, en accord avec la musique pourtant exigeante du rappeur de Chicago. Le revoici à Paris pour présenter The Healing Component, un album dense, plus proche de son déjà classique The Water(s) que de la douce escapade Wave(s). La composition très organique devrait prendre tout son sens sur scène, pour un ultime rendez-vous à la Bellevilloise ce samedi 29 octobre. Il sera en plus accompagné de NoName, la révélation féminine en provenance de Chicago avec son électrochoc jazz surprise, Telefone, sorti cet été. Un conseil : ruez vous sur les dernières places ou participez à notre concours sur Facebook, il est totalement interdit de rater cet événement qui propose le meilleur de la scène bouillonnante actuelle de Chicago.

Il avait déjà dévoilé il y a quelques jours « À la Dizzy », extrait de la réédition de son album solo, doté de cinq titres supplémentaires. Il a également récemment clippé son titre Sankara, dix-neuf ans après le décès de l’homme d’État non-aligné. Aujourd’hui, c’est en mettant en image « Le stress » que JP Manova fait vivre 19h07, désormais agrémenté d’un « + ». Dans un décor qui a aussi servi à Terry Gilliam pour Brazil et aux côtés d’un corps désarticulé, le MC rappe l’une des plus grandes hérésies de la civilisation actuelle. Ici, l’étouffoir des sourires glacés et glaçants de la vie professionnelle sont associés aux dédales d’un grand ensemble issu des circonvolutions d’un architecte. Et dans une transe nerveuse, les vérités côtoient la chute à l’intérieur d’un instrumental désorienté et en pleine tachycardie, mais à l’orchestration impeccable. Cette orchestration des productions, toujours signées par JP Manova lui-même, est d’ailleurs l’un des grands tours de force de cette réédition de 19h07 +. Quant à la finesse avec laquelle sont traités les thèmes, elle reste imparable. Une version « + » dont « Stress » est l’un des cinq joyaux. Symptomatique d’un rap ciselé, spectateur de la fièvre des hommes pressés.

Mi-août, l’une des plus fines gâchettes des rues de Los Angeles lâchait Slauson Boy 2, plus de dix ans après le premier volume qui avait fait de lui l’un des rookies les plus prometteurs de la côte ouest. Magie, magie et vos idées ont du génie : deux mois plus tard, notre célèbre Madizm (inutile de vous faire sa bio, n’est-ce pas ?) sort sa « remixtape » du projet de Nipsey Hussle, histoire d’offrir un autre angle de vue sur le corner de Crenshaw. Le tout gratuitement évidemment, idéal pour vos oreilles en attendant le prometteur Victory Lap pour lequel vous aurez probablement le choix entre le téléchargement et l’essorage de livret A, comme le veut l’habile et désormais habituelle stratégie commerciale de Nipsey Hu$$le. L’occasion pour nous aussi de vous annoncer que Madizm sera à la production de l’un des morceaux phares (performé – et le mot est faible – par le king d’une contrée du 92) de Jukebox, la compilation d’inédits Abcdr qui arrive début novembre.

Pour résumer la carrière de DJ Pone, il faut prendre une grande inspiration que l’on vous épargnera. À la place on vous renvoie au long entretien format Madeleine de Proust que l’on avait eu avec celui qui, des championnats DMC aux Casseurs Flowters, a visité tous le champ des possibles du deejaying. Y compris jusqu’à 2014 et les prémices de l’EP Erratic Impulses, dont l’électro rétro-futuriste estampillée Ed Banger Records était le premier pas de Pone dans la production. Mais c’était aussi le témoignage de la mue d’un virtuose des platines qui, à chaque étape de sa carrière, cherche à devenir un musicien un peu plus accompli. C’est désormais chose faite puisque, après avoir formé dans la foulée le binôme Sarh avec le chanteur et guitariste de Stuck in the Sound, Nepo se livre enfin avec son premier album solo : Radiant. « Seulement » vingt ans après les débuts de sa carrière, commencée en 1996 diront certains. « Naturellement » après deux décennies à avoir mis son talent « au service de la musique des autres » diront ceux qui écouteront l’album, tant sa production y est calme et raffinée. Dépouillé du préfixe de DJ, Pone y déploie treize pistes durant une douceur infusée dans une dominante downtempo, en collaboration avec le cristallin Superpoze. C’est fluide et aérien, et ça beau être rempli d’électronique, ça sonne comme l’éclosion d’une chrysalide, surtout au regard de vingt ans de carrière déjà incroyablement remplis. Presque comme un retour à la case départ, à l’instar des images de « Physical Element » qui ramènent jusqu’à Meaux, là où tout a démarré, dans l’appartement de DJ Damage, vingt années plus tôt. Radiant ? Une nouvelle peau pour Nepo.