Sidekicks

Il y a sept ans sortait Himalaya, manifeste de l’univers si singulier de Mala, illustre figure de la Malekal Morte et du 92i. Un album où la majorité des productions était assurée par le brillant Marc Jouanneaux du tandem Animalsons. Parmi les perles de ce disque atypique, comment ne pas citer « Smack la Lune », l’une des deux collaborations entre Mazalaza et son compère Booba. Un morceau qui a justement été remixé par la moitié d’Animalsons sous son nouvel alias : The Left Lane Project. Un remix inédit qui, vous l’avez deviné, a fait le voyage depuis la lune pour atterrir dans Jukebox, la compilation Abcdr en téléchargement gratuit (vous pouvez également télécharger le son seul sur ce soundcloud). Pour les retardataires qui ne l’auraient pas encore écouté, voilà donc l’occasion de vous rattraper izi.

Il y a des connexions qui prennent par surprise. Des personnalités qu’on pense opposées sur tous les points et qui finalement n’ont jamais paru aussi proches.

Au départ, il y a Black America Again, l’excellent nouvel album de Common produit avec un grand Kareem Riggins. Le rappeur y est de retour avec une position fière et tournée vers l’avenir malgré les tensions raciales omniprésentes. C’est un véritable contraste après le constat dur et froid de Nobody’s Smiling, son précédent opus réalisé avec un No ID énervé. Ici, le morceau éponyme, « Black America Again » est un postulat de la conscience noire américaine historique, marqué par un refrain poignant de Stevie Wonder ainsi qu’un film court produit par Ava Duvernay à l’esthétique juste et au propos sincère.

Le parti pris est total, le morceau n’étant finalement qu’évoqué par les couplets scandés par Common sur des rythmiques quasi guerrières mais détachées. C’est une véritable mise en scène de tout l’esprit de l’album qu’on retrouve ici condensé. Après son très bon live chez Jimmy Fallon, on se demandait bien dans quelle forte direction pouvait nous emporter le vétéran de Chicago.

« Gucci Mane and Common, did you see this comin ? »

C’est avec un remix qui n’a quasiment rien à voir avec l’original que Common continue de marquer les esprits. Avec BJ The Chicago Kid en remplaçant de luxe sur le refrain, il propose une version plus classique au rythme et piano paraissant tout droit sortis des années 90. Et là, les premières rimes fusent, assurées et naturelles. « Come look into the eyes of a man named Gucci  / Got me peepin’ out the blinds like Malcolm with the Uzi ». Le ton est donné, Gucci Mane, le rappeur ignorant par excellence pour une grande partie de l’auditoire réfractaire, montre sa facette la plus consciente et sérieuse, avec Malcom X et 2Pac dans son coin, tout en gardant son franc parler et ses images loufoques. Guwop semble se balader tranquillement, remettant en place tous ceux qui souhaitent toujours garder leurs petites boites étiquettées Trap ou Boom Bap.

Common enchaîne de la meilleure façon avec ses références historiques africaines et Pusha T termine comme pour finir de relier ces deux univers, entre violence et repenti. Cette connexion incongrue sonne comme un nouvel hymne de cette Amérique diversifiée mais unie contre celle de la haine, une communauté qui est fière de se tenir debout quand tout s’écroule. L’album de Common est très important et ce grand écart des genres l’est au moins autant.

« From the 6 to the Chi, got so much in common »

C’est probablement l’un des meilleurs morceaux de No Future, deuxième album de Tiers Monde. « Le Mal par le mal » version clip ne déçoit pas non plus, et donne l’impression de reprendre le scénario de « Toby Or Not Toby » là où il s’était arrêté, entre l’errance dans le désert et les habituelles contradictions soulevées par le rappeur de Din Records.

Acquitté le 30 septembre dernier de ses charges d’agression sexuelle, et libéré de sa détention tout l’été en Autriche, Freddie Gibbs faisait attendre son retour en musique. C’est désormais chose faite avec cet aérien « All Day », produit par l’inimitable Harry Fraud. Un extrait qui pourrait annoncer une suite à Shadow Of A Doubt, dernier album de Gibbs, sorti en novembre 2015.

Après 2 EP’s sacrément rafraichissants, les bien nommés Chillmatic et Chillmatic 2.0 , le trio NTMY (pour Nice To Meet You) passe à la vitesse supérieure avec la sortie vendredi 25 novembre de <3 , nouvelle livraison de 8 friandises sonores sur le label Salt In Bank. Toujours sous l’oeil bienveillant du grand frère Grems qui vient y croiser le micro à 3 reprises avec eux, ces self made men Goussainvillois continuent de concocter de savants alliages entre Trap, R&B, Cloud Rap et Deep House, mariant les genres avec une aisance déconcertante. Du récemment clippé « Dans le sud » au planant « T fou », en passant par les effluves caribéennes de « Tous les deux », fun et efficacité restent les maitres mots. A noter que nos 3 mousquetaires viendront défendre ce nouvel EP sur scène lors de la release party du 17 novembre aux Petites Gouttes (Paris XVIIIème), en compagnie de 2 autres signatures du label, The Imposture et Nikitch.

Avec sa trilogie Very Bad Tape, commencée en 2012 et clôturée l’an dernier, Nivek a patiemment construit son univers. Celui d’un « mec à part » qui vogue dans le dédale kafkaïen de la jungle des hommes modernes où tout est fait pour brouiller les pistes. Ses « interférences » étaient d’ailleurs reprises dans nos colonnes l’an dernier et c’est l’une des marques de fabrique de Nivek : assembler les paradoxes, entre distorsions de références à la culture populaire et instantanés de moments de galères. « Vie d’Alloca » n’échappe pas à la règle. Sur un instrumental signé par ses deux beatmakers fétiches que sont Kremlin et Juxebox, le rappeur tourangeau déploie une écriture à la fois crue et minutieuse, alliant sens de la formule, ambiances angoissantes et arrêts sur image, comme pour mieux zoomer sur ces détails qui résument à eux-seuls et en un coup d’œil un style de vie. Et cette fois, c’est pendu haut et court à la vampirisante vie d’alloca que Nivek rappe le béton dans les artères, fait planer les prophéties des oiseaux de mauvais augure et met à l’envers la tête du mythe de la Vida Loca. Le rap français façon chauve-souris. Very Bat Trip.

Photo de une par Quentin Caffier pour Louis Magazine.

En 2010, Cris Prolific, qui a fourni au rap français quelques-unes de ses plus belles productions, invitait le rappeur américain K Banger sur son album Art/Money pour le très bon morceau « I Reminisce ». Depuis, sans doute connectés par l’amour infaillible pour la musique qu’ils ont en commun, ils forment un duo sous le nom de Dakwarians et c’est tout naturellement que nous sommes allés toquer à leur porte pour qu’ils participent à notre compilation Jukebox. Ce qu’ils ont accepté gentiment en nous offrant un très bel inédit intitulé « Forever », conçu après la naissance du groupe et en collaboration avec l’excellent DJ Grazzhoppa. En voici la vidéo réalisée par Céleste. Le binôme D∆KW∆Ri∆NS prépare par ailleurs un maxi à l’atmosphère plus spatiale pour début 2017. Celui-ci sortira sur le label So Real International. La compilation Jukebox est, elle, d’ores et déjà disponible en téléchargement gratuit. Une version mix avec d’autres exclusivités est également en écoute sur notre mixcloud. Bonne écoute à tous !

Amber Probe EP, le premier disque de Jedi Mind Tricks, est sorti le 5 novembre 1996. Il a donc très récemment fêté ses vingt ans. Comme Ironman de Ghostface Killah, ATLiens d’Outkast ou Illadelph Halflife de The Roots, des albums dont la genèse a été assez largement documentée. On en sait en revanche assez peu sur les premières années du duo Stoupe/Vinnie Paz, et sur le contexte qui a mené à la création d’œuvres aussi atypiques que cet Amber Probe EP, ou que le séminal The Psycho-Social LP. Le témoignage de Steven Di Lodovico, acolyte de la première heure de JMT et grande figure d’Enemy Soil Records, est donc précieux et éclairant. Il est à lire ici.

Il y a deux semaines, Hamza livrait New Casanova, un EP dancehall de 5 titres qui, une nouvelle fois, se montrait diablement efficace. Sur le projet, un morceau que Hamza avait teasé depuis un moment a retenu l’attention de tout le monde : « Eldorado ». Dessus, le Belge invite le Canadien Ramriddlz qui nous gratifie d’un couplet en français pour le moins surprenant. Le 18 novembre prochain, le binôme le plus improbable de 2016 partagera la scène de la Bellevilloise et on a très envie de voir ce que ça donnera. Les places sont disponibles sur Digitick.

Jeudi dernier, nous étions dans #LaSauce pour vous présenter quelques inédits de Jukebox, la compil’ Abcdr. Il est désormais l’heure de vous dévoiler la tracklist définitive (ci-dessous), la cover et la date de sortie. Rien que ça. Vous n’aurez plus attendre bien longtemps, Jukebox sort ce vendredi 11 novembre sur l’Abcdr du Son. Et comme on aime les surprises, vous aurez droit à la fois à un mix sur notre mixcloud et à la version compilation en téléchargement sur notre site. Avec des exclusivités pour chaque format. La pochette est assurée par notre Jérémy Métral national et est issue d’un cliché du photographe Cyril Zannettacci, par ailleurs membre de l’équipe Dezordr Records. Rendez-vous donc vendredi 11 novembre pour découvrir les dix-neuf inédits de Jukebox. Sur l’Abcdr et nulle part ailleurs.