Sidekicks

Si on avait déjà eu la puce à l’oreille en entendant Phénomène Bizness dérouler une très bonne partition sur Le Bruit de Ma Ville de Nekfeu, on est tout autant agréablement surpris à l’écoute des extraits de leur première sortie solo : techniques et complémentaires, John Hash et Saïga ont une petite alchimie qui donne tout son charme à leur musique. En témoigne « Ivresse », un titre empreint de mélancolie narrant les embûches de la vie au quartier, accompagné d’un clip en plans serrés sur les visages de ceux qui font Vitry. Un bon avant goût de leur mixtape Pharaon, dont on attend la sortie le 10 mars prochain.

Beatmakers parisiens, DeafSwitch et ToOn Kurtis bossent depuis quelques années avec des groupes venus d’un peu partout dans le monde, et en particulier des États-Unis. Concrétisation logique de ce travail, le duo sortira le 17 mars son premier album, The Backup, où sont invités quelques grands noms (El da Sensei, General Steele, Afu-Ra, Pacewon) et quelques blazes moins fréquents, qu’on se réjouit d’entendre ou de ré-entendre (Mykill Miers, Louis Logic, Joey Baggs, Damien de K-Otix). Jusque-là toutefois, rien de très original. On vous le répète depuis des années, le nombre de projets réunissant beatmakers français et rappeurs américains est en croissance exponentielle. Là où et DeafSwitch et ToOn Kurtis font fort, c’est que leur album sortira conjointement chez Dirty Version et Demigodz Records, respectivement labels de Celph Titled et d’Apathy. A l’écoute de « The Backup », Celph, qui signe l’intro du disque, a en effet plutôt été convaincu par le boulot des deux Français et leur a donc proposé un deal. Plutôt pas mal en termes de visibilité. Si vous voulez vous faire une idée de ce qui a conquis le Rubix Cuban, on vous laisse avec le teaser de l’album.

Nous avons plusieurs fois écrit ici que le séminaire La Plume et le bitume se penche sur le bruit qui pense. L’expression ne sera jamais aussi appropriée qu’en ces jours de mars 2017. Pourquoi ? Car durant ce mois de printemps, notre rédactrice Emmanuelle Carinos et Benoit Dufau recevront Médine, qui s’était lui-même approprié cette notion de bruit doté d’une conscience lors de l’album Protest Song. Et si le titre contenait une redoutable référence aux dents de Demon One, la discographie de Médine elle, sera un terreau propice à trois séances d’analyses stylistiques. La première sera consacrée aux voies et à la voix de la provoc’ du Havrais. La seconde sera tournée vers ses excellentes qualités de storyteller. Et la troisième recevra le MC de Din Records. Le calendrier de cet événement est disponible sur la page facebook du séminaire. Tout ça avec un petit bonus : le dernier No Fun Show en date était justement consacré à Médine et il tombe à point nommé pour réviser la densité du propos de ce dernier. En compagnie de Ouafa Mamèche, l’Abcdr y était fièrement représenté. Quand le bruit qui pense plonge dans le fracas du monde, on est toujours là pour vous aider.

Auteur du singulier San Francisco sorti fin 2015, LK de l’Hôtel Moscou continue de tremper son rap dans un mélange d’ambiance éthérées et d’Hélium Liquide, quelque part entre trajectoires autobiographiques et un spleen qui se pare du bleu polaire de la modernité. C’est le cas avec « Équilibre », où le rappeur installé à Londres joue une nouvelle fois au funambule sur la corde de sa propre existence, celle dont les seuls filets semblent être les souvenirs de défonce, le foyer qu’il a fondé et des phases qui se parent d’un rap atmosphérique jaugé au contre-poids de l’Auto-Tune. Et si Monsieur K chante une nouvelle fois le vertige de l’intime, c’est pour ouvrir une série d’inédits qui l’amèneront à la sortie de son nouvel album, au dernier trimestre de cette année. Bref, de quoi détraquer tout en douceur l’oreille interne de la grande comédie humaine, dont Laurent Kia fait de son histoire personnelle l’une des plus fines observatrice.

Complice sporadique d’un détournement de son qui deviendra un classique du rap français, Sëar Lui-Même n’a depuis eu de cesse de multiplier les performances. D’abord avec son groupe 1 Bario 5 S’Pry, comme ce fut donc le cas avec Fabe. Ensuite en solo, lors de featurings ou de poignées de punchlines mémorables, où le MC de Sarcelles continue de proposer des textes dans lesquels les mots s’articulent avec la même magie que les deux cent six os du corps humain. Quintessence de ce rap toujours posé avec un rictus sarcastique et un sens de la formule monté sur ressorts ? Le titre « Pour mes gars d’Paris. » Sorti une première fois en 2012, réédité sur l’album Éclipse Lunaire en 2014, le morceau est désormais clippé. Le Big Punchliner y pose l’arrogance du kicker tout en assonances, sur un refrain prêt à fédérer toutes les capuches de la capitale et de ses banlieues. De la Passerelle de l’Avre au bas Belleville en passant par la gare de Garges-Sarcelles, suivez Sëar et forez l’underground du rap Francilien. De l’Or Noir en jaillira très rapidement.

Il y a des associations qui paraissent évidentes, celle de Aeon Seven et DJ Suspect en fait partie. Tous deux sont des collectionneurs de disques vinyles respectés. Tous deux ont une préférence pour la funk bien lourde. Tous deux assument l’influence de DJ Shadow et Cut Chemist, et tous deux se sont essayés à des expériences en binôme (Christine & The Funk League). Ces deux funkymen et membres du 45 live ont donc décidé de combiner leurs talents le temps d’un projet intitulé Cosmic Thrill. Ce mix uniquement à base de 45 tours rappellera évidemment le projet Brainfreeze auquel on se doit d’ajouter la singularité de ces deux DJs français. Au menu des breaks de batterie, du scratch, des dialogues, et un travail de collage parfait. L’objectif affiché est clair : pouvoir défendre ce projet en live avec pour seules armes quatre platines et des disques de 7 pouces. En attendant donc de les voir sur scène, procurez vous ce mix.

Des nouvelles fraîches du duo bordelais Smokey Joe & The Kid, qu’on vous avait présenté une première fois ici, en prélude à leur très bon album Running to the Moon. D’abord, si vous avez la bonne idée d’écouter les webradios de Fip (mais oui, mais oui), vous savez qu’existe une série de remixes (les Remixes to the Moon) qu’on peut télécharger librement ici. Ensuite et surtout, dans quelques jours sort leur nouvel EP Take Control, qui contient cinq titres dont trois avec le rappeur londonien MysDiggi, avec lequel ils sont en tournée depuis un an. Comme le prouve l’extrait ci-dessus, ça envoie du bois.

Roc Marciano, Hus Kingpin, Planet Asia, Conway et même ce vieux loup de mer de Ras Kass : voici quelques uns des invités (il y en a bien d’autres) de l’album Differences, du DJ-producteur marseillais Creestal, digger accompli et co-fondateur du label Munchie Records. On pouvait avoir un avant-goût de cette prochaine sortie dès 2014 avec Difference (au singulier), à l’époque un projet purement instrumental. Et les rappeurs sont arrivés, donc. Il ne fallait pas plus que ces deux minutes d’extraits pour nous faire attendre.

C’est toujours avec un plaisir certain que l’on écoute un nouveau morceau de FDY Phenomen. On se souvient encore de ses quelques coups d’éclat sur les compilations phares de la croisée des siècles (Homecore, Première Classe, Boss Of Scandalz Strategyz, L’Univers des Lascars…) ainsi que de Ça d’vait arriver, premier album où le Martiniquais faisait étalage de toute son habileté au micro (on pense notamment à l’excellent « Comme on a dit »). Plus récemment, le natif de Rouen – berceau d’une flopée de grands rappeurs français – avait dévoilé un second album de bonne facture : Qui peut tuer la rage d’un assassin. Opus produit quasi-intégralement par Eben des 2 Neg’ qu’on ne présente plus (ou alors vous avez quelques lacunes et on vous conseille cette excellente interview du site lebonson). Eben qui est justement aux manettes de « Nécessaire », tout nouveau single de FDY qui annonce un album dont on suivra la sortie avec attention, évidemment.

Eh bien ça fait un bail qu’on l’attend, le successeur du fabuleux The Beauty and the Beast. Pour nous faire patienter, revoici Edan en éboueur chevelu et en featuring sur le morceau « Help » de Your Old Droog (YOD pour les intimes). Le morceau annonce l’album Packs, qui sort dans quelques jours chez Fat Beats. Et ça donne envie. D’autant que d’autres choses devraient suivre chez Lewis Recordings