Sidekicks

il faudra un jour que L’Abcdr prenne le temps de dévoiler à ses lecteurs ceux qui se cachent derrière le label suisse SWC Records. La Supreme War Clique, confidentielle en France, ne déçoit que rarement, pour ainsi dire jamais. Parmi ses sorties marquantes, il y avait déjà eu le monument désinvolte de fausse nonchalance de Monsieur Mat : Abouti ou pas. S’y ajoute l’excellent et internationaliste Convergences, sorti fin 2016 avec notamment les Constants Deviants. Et en cet été 2018, c’est DJ Eagle qui dote le catalogue de SWC d’un nouveau bijou. Digne de ces œuvres instrumentales que seuls les les DJs savent produire de toute pièce, l’aigle de Lausanne délivre dix titres fluides mais minutieux. Un véritable survol au regard acéré et perspicace de nombreuses influences musicales recomposées sur des grilles tantôt chill, tantôt boom-bap. Un LP intitulé The Eagle’s Claw et qui transporte dans ses griffes ce qui fait toute la noblesse de l’aigle autant que du DJ  : savoir saisir d’un coup d’œil, ou d’oreille, ce qui mérite d’être prélevé pour contribuer à l’équilibre du monde. Les rapaces sont avant tout des esthètes.

Photographie par Yvan Durraive

Quand Atmosphere est né il y a vingt ans, Ant produisait des beats sur lesquels Slug faisait défiler une vie de clown triste. Alcool, doutes et apprentissage de la résilience se côtoyaient sur chaque piste produite par le duo, contribuant à poser les bases d’une définition encore mal arrêtée aujourd’hui : celle d’emo-rap. Peu importe pour les deux piliers de Rhymesayers, qui n’ont jamais dévié de leur trajectoire. Ils se sont contentés de faire converger leurs expériences de vie vers leur expérience musicale. Résultat ? Plus leurs albums ont avancé et plus le soin à regarder ce(ux) qui nous entoure(nt) est devenu fondamental pour le duo des Twin Cities. Certains appellent ça devenir adulte, d’autres parlerait de « rap de proximité » et le titre du nouvel album d’Atmo’ est bien parti pour leur donner raison. Mi Vida Local sortira en octobre et succédera au paresseux Fishing Blues, lui-même pourtant introduit quelques années plus tôt par l’excellent tournant qu’était Southsiders. Et le temps qui passe restera vraisemblablement l’une des constantes d’Atmosphere si l’on en croit « Virgo », premier extrait de ce nouveau disque annoncé pour le mois d’octobre. Sur une production dénuée de beats, le duo semble semble inventer avec plus ou moins de succès un rap teinté à la folk. « You ain’t a real lion if you love the circus » dit Slug au cours de cette chanson. Et si cela n’en fera pas Neil Young, la récolte d’années de vie ponctuées de boire et déboires fera peut-être de Mi Vida Local le Harvest de Rhymesayers. Il arrive que les hobos se rangent.

Il serait possible d’écrire une thèse sur les liens entre cannabis et rap. Et si un groupe devait servir de fil rouge à ce travail, ce serait probablement Cypress Hill. Certes, depuis le quatrième tome des aventures du quator de South Gate, les abus de guitare saturées et les déprimantes postures convenues de Prophets of Rage avaient relégué le monument Cypress Hill aux gloires des années quatre-vingt-dix. L’une des raisons à cette déconstruction de l’univers qui avait trouvé son paroxysme dans Temple of Booms ? L’obsession pour le cross-over suivie d’un éloignement progressif de DJ Muggs des créations du groupe. Mais en 2018, le DJ et producteur historique des auteurs d' »Insane in the brain » est de retour en tant que réalisateur. Le temps des double-CDs mi-rock mi-rap et des pales copies de Battle of Los Angeles semble bel et bien fini. Le Cypress Hill nouveau (ou plutôt le retour du Cypress Hill ancien ?) sortira à la fin du mois. Le disque s’appellera Elephants on Acid (probablement en hommage à une lecture expérimentale) et ses deux extraits laissent entrevoir le retour des atmosphères enfumées, menaçantes et planantes qui ont séduits des millions de fumeurs d’auditeurs. Pour preuve ? Le puissant « Band of Gypsies » sur lequel les frères pétards de South Gate remettent la main sur leur verte verve. Portés par une production orientale aux effluves caverneuses et accompagnés d’un featuring ravageur des Égyptiens Sadat et Alaa 50 Cent, B-Real, Sen Dog, Bobo et DJ Muggs ont retrouvé en Égypte le halo qui transformait leur musique en un monde à part, à la fois violent et cotonneux, angoissant et mystique. Au point que c’est le long de la vallée du Nil que Muggs a été puiser le talent « live » qui, selon lui, doit désormais remplacer les samples historiques du groupe. Pyramides of boom.

Que personne ne le nie : une ambiance estivale a envahi l’atmosphère depuis plusieurs semaines. Que ce soit en ville ou à la campagne, au taf ou en farniente, un air oisif aux allures de champion guette. C’est le cas pour L’Abcdr en tous cas, dont la rédaction arrête ses activités le temps de quelques semaines, histoire de recharger les batteries (et préparer quelques papiers). À noter que durant cette période, notre actualité de ces derniers mois sera compilée sur notre page Facebook. Bonnes vacances pour ceux qui partent, et force à ceux qui ne partent pas.

Avant une très belle date en septembre dont L’Abcdr vous parlera à la rentrée, les soirées Night School rentrent dans le lard des belles nuits d’été. Pour ce faire, tout s’organisera avec casting désormais équilibré autour DJ Lord Issa et Phaxx, valeurs sûres du collectif Natural Dee Jayz. Ils seront entourés de DJ Idem, dans le giron de la Scred Connexion, et permettront à Nasme de défendre son album en showcase. Igor LDT, aperçu pas plus tard que ce jour sur le nouvel album de Guizmo, Renard, et la Montreuilloise Bounty en feront tout autant. Mais la spécificité de cette édition des Night School, comme d’habitude placée autour du respect et de l’amour pour le deejaying, c’est qu’elle se fera sous le haut-patronage du pionnier du rap français : l’éternel et Grand Master Dee Nasty. La soirée se tiendra ce 19 juillet au Réservoir à Paris et pour ceux qui veulent hocher la tête toute la nuit, des entrées seront à gagner à partir de ce samedi sur notre page Facebook.

Il s’est (beaucoup) fait attendre, mais il est à présent disponible. En plus d’Orelsan en couverture, le huitième numéro du magazine iHH pour International Hip-Hop présente en interviews un large panel d’artistes des scènes françaises et internationales, de Kool G. Rap à La Canaille, de Stefflon Don aux Sniper, de Siboy à Delinquent Habits. A retrouver également, entre autres, un sujet sur le rap militant péruvien, sur le graffiti à Bogota, des entretiens avec les producteurs Shkyd et Statik Selektah, sans oublier les habituelles chroniques d’albums et autres sorties culturelles plus ou moins récentes.

Le magazine est disponible chez tous les bons receleurs et en ligne sur ihh.bigcartel.com. De quoi se mettre bien pendant une petite partie de l’été, pour ceux qui partent et pour ceux qui partent pas.

On ne vous apprendra rien en vous disant que le retour de PNL est un des événements les plus attendus de cette année rap français 2018. Surtout après avoir écouté (et vu) « À L’Ammoniaque », single fracassant et intriguant du duo des Tarterêts, qui se rapproche de plus en plus des standards de la chanson française avec ce nouveau single Morricone-esque. En attendant un quatrième album attendu d’ici la fin de l’année, PNL viendra faire un tour de chauffe au festival Rock En Seine à Paris le 24 août prochain, dans le rôle gratifiant de tête d’affiche de la journée. Pour fêter ça, on a décidé de vous faire gagner 2×2 places pour cette soirée sous le signe du Livre de la Jungle. Pour gagner, il suffit d’aller sur notre Facebook et de répondre à une question en commentaire. Bonne chance !

Dans le reste de la programmation rap du festival : Macklemore, Post Malone, Black Star, Stefflon Don, Noname, PLK, Josman, Lord Esperanza…

« Je prépare mon prochain album actuellement, et sur ce projet il y aura pas mal de morceaux comme « Je roule au ralenti », dans ce style choped, très lent, qui est plutôt rare en France. » C’est en ces mots que Jason Voriz annonçait sa prochaine sortie au cours de l’entretien fleuve qu’il a récemment accordé à l’Abcdr. Avec « Je suis béni », le manstrr redonne la couleur de son futur opus, il sera pourpre. Sur une prod de Cody Macfly, il déroule : alcool, drogue, armes, drames, violence omniprésente et omnipotente comme Dieu. Voriz l’expatrié représente toujours la French Riviera dans ce qu’elle a de plus sale. Sa voix, son slang et l’absence de toute morale continuent à faire de sa musique un objet unique dans le paysage rap francophone. Profond et hardcore. La lean coule au sol pour ses zins aux cieux, sous le drone de Cody Macfly.

Le 26 de chaque mois peut s’avérer être un Riski day… Et le 26 juin 2018 en fut un, avec la sortie de l’EP Oh Mon Dieu. Composé de cinq titres, le projet est notamment produit par LVMX (ex-Lartizan) et Kesmo. Il compte surtout un invité de marque, en la personne du légendaire Waslo Dilleggi sur « Orphelin », dernier titre de l’EP. L’ensemble est de très haut niveau, comme toujours, Riski vole au dessus d’un nid de rappeurs. Ride élégante, jeune maturité, c’est un Paris gagnant, il y a des pourboires parfois et de l’amour toujours, des bouteilles en plus et des pères en moins. Une vague d’eau bénie inonde le 75026, Oh Mon Dieu, la messe est noir fluo…

La marque aux ciseaux fête sa dixième année d’existence, et investit pour l’occasion le Trabendo, le temps d’une demie-journée chargée. L’événement se déroulera en deux temps, de l’ouverture des portes (17h) au début des concerts (22h), c’est sur la terrasse que Benibla vous donne rendez-vous : Dj Sets (Frencizzle, DJ Kesmo, Krampf etc.) et animations diverses ; puis dès 22h se succèderont un certain nombre d’artistes sur la scène du Trabendo : Alkpote, Freeze Corleone, Prince Waly, Senamo, Lean Chihiro, et d’autres encore. Tous les détails sont à retrouver sur la page facebook de l’évènement.

L’Abcdr s’associe à cette Benibla 10th anniversary party, et vous pourrez l’y retrouver notamment le temps d’un talk-show diffusé en live sur Hotel Radio Paris. Pour l’occasion, le site vous offre deux pass all-inclusive -donnant accès à l’intégralité des festivités, et un t-shirt collector. Cela se passe sur notre compte Twitter.