The Alchemist sort Chemical Warfare
Interview

The Alchemist sort Chemical Warfare

Deux jours après la sortie de « Chemical Warfare », nous avons pu passer un moment avec le très convoité et bien occupé The Alchemist. La suite de « 1st Infantry » à peine dévoilée, our boy Al’ multiplie les projets – Gangrene avec Oh No, The Stepbrothers avec Evidence, la tournée d’Eminem – tout en allumant Noreaga et Scram Jones sur Twitter. Privilège certain, nous avons fait un pari avec lui : si nous lui posons des questions originales, il nous offre un hi-hat. Pari tenu.

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Abcdr du Son : Jay-Z vient de sortir ‘D.O.A’, j’ai entendu qu’à la base ces initiales signifiaient « Death of Alchemist Beat CDs », c’est vrai ça ?

Alchemist : [super enthousiaste] Putain, ouais, à la base c’était ça mais au dernier moment il a décidé de changer ce nom là. Mais ça reste cool. Hov’ et moi on est dans une espèce de compétition. On veut chacun prendre le dessus sur l’autre.

A : Comment est-ce que tu vas répondre ?

Al : Je vais mettre de l’auto-tune dans mes beats. J’ai aujourd’hui un programme d’auto-tune qui transforme des beats merdiques en grosses tueries. Avec ces nouveaux beats auto-tune vous allez voir un peu. Arrête-tout mec, tu ne peux rien contre moi !

A : J’ai aussi lu que tu avais filé ton programme à The Inkredibles et qu’ils l’utilisent pour améliorer leurs beats. Tu confirmes ?

Al : The Inkredibles?

A : Ouais, ils sont en beef avec Justice League…

Al : Ah ouais? Ben putain, c’est super excitant ces embrouilles entre producteurs !

A : Apparemment les mecs de The Inkredibles [NDLR : Duo de producteur composé de Lee Majors et Moe] ont volé des extraits d’une session d’enregistrement de Justice League [NDLR : Collectif de producteurs californien] et ils utilisent ces extraits dans leurs beats.

Al : Ouais, j’ai entendu qu’un des gars en a frappé un autre à la tête avec un synthé Motif et un autre mec a choppé une SP 1200 pour lui écraser le pouce. Une vraie embrouille entre producteurs ! Ils se balançaient des disques à la gueule !

A : Il parait que tu vas voir Rob The Viking ? [NDLR : Rob Viking a notamment produit pas mal de morceaux pour Swollen Members et Buc Fifty]

Al : Rob The Viking? Non, il est trop fort pour moi mec ! Je flipperais d’être face à lui, je perdrais à coup sûr.

A : Qui peut rivaliser avec toi aujourd’hui ?

Al : Je ne sais pas, c’est une bonne question. Je cherche encore mais ce mec là a intérêt à être putain de super frais, vu que je le suis moi. J’ai des gros pas de danse de tueur et je joue du piano.

A : Tu joues du piano et tu danses en même temps ?

Al : Bien sûr ! J’ai toute une panoplie de pas de danses mortels ; des pas que j’utilise quand je suis sur scène. Comment tu crois que je serre toute ces meufs ? Tu pensais que c’était grâce à mes beats ?

A : Ah non, je pensais que c’était grâce à Maxwell tout ça !

Al : Maxwell c’est une partie de l’explication mais la vérité c’est que tout ça vient de mon jeu de jambes. Ouais, j’ai un sacré jeu de jambes.

A : Maxwell est sur ton album, parlons-en justement. Est-ce que tu considères « Chemical Warfare » comme ton album le plus abouti et révélateur de la direction que tu veux donner à ta musique ?

Al : Non, c’est juste mon inspiration du moment. Je ne peux pas te dire ce que je vais faire après, d’ailleurs je ne sais même pas à quoi va ressembler la suite. J’ai le sentiment d’être en avance sur mon temps pour ce qui est lié à la musique mais qui peut dire ce qui arriver ? Faut suivre ça de près !

A : Tu as déjà fait d’autres interviews à propos de Chemical Warfare ? Tu as pensé au fait que les gens qui te posent des questions ont téléchargé l’album vu qu’il n’est pas encore sorti ?

Al : En fait je n’y avais même pas pensé. Après, j’imagine que tu as raison vu que je ne vois pas comment ils pourraient faire autrement. Mais tu sais quoi ? Je m’en fous vu que ceux qui aiment la musique, s’ils téléchargent un album et qu’ils l’aiment vraiment, ils vont aller l’acheter. J’ai fait ça par le passé. Je sais que parmi tous ceux qui l’ont téléchargé très peu ne vont pas l’aimer cet album. En plus, tu ne peux rien faire contre la technologie !

A : Tu télécharges toujours des albums et les achètes s’ils te plaisent ?

Al : De temps en temps oui.

A : Quels sont les derniers albums que tu as achetés ?

Al : Celui de Maxwell, celui de Cage. Oui, j’achète toujours des albums, j’apporte mon soutien aux artistes que j’apprécie vraiment.

A : Tu penses que les journalistes peuvent vraiment avoir du recul sur ta musique quand les interviews sont calées deux jours après la sortie de ton album ?

Al : Hum… [pensif] Il y a toujours moyen de faire une bonne interview, même deux jours après la sortie de l’album. Après, je ne sais pas si elle sera aussi enrichissante qu’une autre effectuée un mois plus tard. Ce serait un peu différent ; ils pourraient aimer des morceaux qu’ils n’aimaient pas au départ et inversement. Je pense que vu la façon dont l’album a été conçu, ça ne va pas te prendre des mois pour te plonger dedans. Tu rentres dedans assez vite, il y a pas mal de morceaux courts, beaucoup de couleurs et de sons différents. Et certains trucs mortels que tu ne captes pas d’emblée, il se peut que tu t’en rendes compte plus tard. C’est un disque qui va se vendre jusqu’à la nuit des temps. Je suis bien établi maintenant, je ne suis pas un de ces mecs qui cartonnent pendant une semaine et disparaissent ensuite. Je n’ai rien à foutre des ventes de la première semaine. Chaque semaine est ma première semaine.

A : As-tu un objectif particulier pour cet album, quelque chose de particulier que tu voudrais atteindre ?

Al : Ouais ! Je voulais que l’album en magasin sonne exactement comme je l’ai souhaité. C’est tout !

A : Donc on peut dire que ton objectif est accompli ?

Al : Ouais, clairement ! Mission accomplie. Je veux que les gens aiment cet album et que lorsqu’il part en magasin, il sonne exactement comme je l’ai voulu. Je ne voulais pas que ma musique soit soumise au moindre compromis. Même mon single, le morceau avec Maxwell, c’est vraiment moi. C’est un titre mortel. Je ne changerais rien dessus.

A : Le morceau avec Maxwell a clairement le potentiel pour être LE single. Tu sais quel morceau sera ton prochain extrait d’album ?

Al : Je n’en sais rien. L’album entier est composé de singles.

A : J’ai lu une chronique de ton album sur Allhiphop.com et ils disaient qu’ils étaient déçus que le morceau avec Eminem comporte juste un long couplet. Qu’en penses-tu ?

Al : Vaut mieux que ce soit trop court que trop long, non ? Tant qu’ils ne disent pas que le morceau est tout pété, ça ne me pose pas de problème. C’était censé être un freestyle à la base. Eminem voulait être là pour cet album, pour lui donner du poids, et ça a marché en ce sens. Ce morceau défonce.

A : Je n’ai pu écouter l’album qu’une seule fois depuis sa sortie mais j’aime déjà le fait d’avoir inclus ces interludes. L’utilisation des interludes est un art qui se perd.

Al : Ouais, les interludes sont un personnage à part entière de l’album, surtout vu que je ne rappe pas dessus. Enfin si, je rappe, mais je le fais pour le fun. Je ne suis pas à bloc dessus. Les interludes me permettent de m’exprimer d’avantage. Ça me permet de donner un peu plus de personnalité à mon album plutôt que d’empiler les beats et les rimes.

A : Comment travailles-tu les interludes et quelles sont tes références en la matière ?

Al : Mes inspirations à ce niveau sont multiples. Du bon vieux De La Soul, pas mal de Lox et de Jadakiss, N.W.A…. Les interludes West Coast sont toujours les meilleurs : Sir Jinx, Lench Mob, ce genre de trucs. Les mecs savaient ce qu’ils faisaient.

A : N.O.R.E. a également des putains d’interludes…

Al : N.O.R.E.? Sa vie entière est un interlude ! [rires]

A : Dans tes deux albums, tu fais le portrait de personnages véreux de l’industrie du disque – managers et DA. C’est du vécu ?

Al : Ouais, l’inspiration elle vient un peu de situations que j’ai vraiment vécues… même si je les exagère pas mal. Il y a tellement de conneries qui se passent dans ce milieu. Vaut mieux en rire.

A : Ces dernières années, ton style est devenu moins organique, tu as commencé à sampler des répertoires plus synthétiques. On voit par exemple cette évolution en comparaissant ‘Win or Lose’ (Mobb Deep) et ‘That’ll work’ (Three Six Mafia). Comment s’est amorcé ce virage ?

Al : Je vois ce que tu veux dire. Est-ce qu’on pourrait comparer ‘Win or Lose’ et ‘Smile’ ?

A : Je pourrais juste dire que les deux samples de ces morceaux viennent des disques de soul…

Al : Ouais, exactement ! Enfin je veux dire, au final tu cherches à trouver de nouveaux sons. Si je trouve un disque de soul ou si j’ai une idée autour d’un disque de soul je vais l’utiliser. J’aime toutes les musiques : le rock est fabuleux en ce moment, le jazz, la musique alternative… plein de trucs m’inspirent. Qui peut franchement prévoir ce qui va arriver ? Mais sur cet album, de ‘That’ll work’ à ‘ALC’s theme’ ou ‘Keep The Heels On’, j’ai toujours essayé de prendre des bouts de samples et de les faire interagir entre eux. J’ai vraiment essayé de construire un style que les gens pourraient décrire comme ça : « Il a essayé d’apporter un truc en plus là mais je reconnais son style ! » Je veux que les gens puissent reconnaitre ma patte. Je veux que mes petites techniques soient reconnues et labellisées Alchemist parce qu’à chaque fois que tu crées des beats tu découvres de nouvelles techniques.

A : Honnêtement, et je ne dis pas ça pour brosser dans le sens du poil, mais je pense qu’aujourd’hui tu es à ton apogée.

Al : Bien vu ! Écoute, je connais pas mal de gens qui sont genre mes super potes, pas juste des amis ou des fans. Certains vont me dire « Je préférais les trucs que tu faisais avant« , d’autres préfèreront un beat à un autre… Tout le monde a une opinion différente mais moi, au fond je sais, et je le suis mieux placé pour ça vu que c’est moi qui ai affuté mon style toutes ces années : le niveau où je me situe aujourd’hui est au-dessus de tout ce que je n’ai jamais fait. Je ne sais pas si au final chaque beat est plus abouti et est considéré comme tel par le public, mais je sais que si je reprenais aujourd’hui ce que j’ai fait par le passé, ce serait mieux. C’est aussi simple que ça. Après, ça ne voudrait pas dire que le public l’aimerait beaucoup plus, je sais juste que ce sentiment qui m’anime aujourd’hui est essentiel quand tu fais de la musique. Grâce à cette confiance en moi, je peux faire un truc qui sera forcément unique.

A : Pour moi 1st Infantry est un putain d’album mais tu maitrises encore mieux ton style sur Chemical Warfare.

Al : Tu sais quoi ? Pour ce qui est des beats, je voulais mettre tel morceau avec tel autre, rassembler les mecs qui devaient être sur cet album, mais au final il s’agissait surtout de donner une certaine unité à toutes ces productions, faire un album qui sonne comme une évolution en comparaison avec le précédent. Je voulais être certain que les beats sonnent comme il faut. Je ne peux pas dire à l’avance comment les mecs vont rapper dessus. Je peux faire en sorte qu’ils collent bien avec le beat, mais pour ce qui est du texte, je ne peux rien faire. Je peux juste faire en sorte que ça sonne bien.

A : Je parlais à quelques producteurs ces derniers temps – tous anonymes – et le premier truc qu’ils me disaient c’était « Oui mais Alchemist a utilisé cette boucle d’Orange Mécanique pour le morceau avec Kool G Rap, cette même boucle qui avait déjà utilisée pour un morceau avec Lil Fame… » Mais le truc c’est que c’est la façon dont tu as utilisé cette boucle qui rend le morceau spécial et différent !

Al : Ouais, je ne prends jamais la tête avec des trucs comme ça car je sais que je vais faire les choses différemment. Tout n’est qu’inspiration par rapport aux morceaux que je peux entendre. Je ne suis pas du tout dans une espèce de compétition avec qui que ce soit sur l’utilisation des samples. Trouver LE sample introuvable et le faire tourner, ça ne m’intéresse pas. Avant, je prenais des boucles et des kits de batterie, j’échantillonnais tout ça, je collais la batterie sur la boucle, mais maintenant j’en ai marre de tout ça. Mettre un beat sur une boucle, c’est que dalle ! Moi, je veux prendre ces morceaux de samples et partir dans un autre délire. Écoute bien : tout le monde utilise des samples, je n’ai rien réinventé. Mais je fais juste tout ça à ma façon.

A: Je ne sais pas si tu t’en souviens mais on s’était déjà parlé il y a quelques mois d’un morceau avec Havoc et Collie Buddz…

Al : Oui, je m’en rappelle très bien ! Je ne sais pas ce qu’est devenu ce morceau. Comment t’as su ça ?

A: Pas mal de gens en parlent. Je vais pas balancer mais je peux te dire qui m’a renseigné là-dessus, c’est…

Al : Armen !

A : Ouais.

Al: Je savais que t’allais dire Armen [rires]. Il a dit que le morceau était mortel ?

A : Oui, il m’a appelé quand il était en France pour m’en parler.

Al : Je me souviens qu’il adorait le morceau qu’on avait fait avec Three Six Mafia. Tu sais quoi ? Je vais le leaker dans les semaines qui viennent mais je vais rien faire de plus avec ce morceau. Tu vois, j’aime beaucoup plus le morceau que je n’aime le beat. Ça va peut-être te rendre dingue de lire ça, la mélodie est terrible mais pour moi ce sont les rimes qui défoncent et j’aime bien le refrain.

A : Tu as réécouté « Chemical Warfare » depuis qu’il est sorti ? Si oui, en le réécoutant, est-ce que tu as eu envie de changer quelque chose ?

Al : J’aurais pu ajouter quelque trucs en plus mais j’en suis vraiment satisfait. La version qui est sortie me va bien.

A : J’étais surpris que tu ne mettes pas le morceau avec Lil Wayne et Travis McCoy sur l’album parce que tu considérais que le titre ne s’intégrait pas bien à ce projet…

Al : J’adore ce morceau mais je trouvais que ça ne collait pas avec Chemical Warfare. Tu vois, c’est comme un peintre qui a choisi de ne pas utiliser une certaine couleur. Ce n’est pas que je n’aime pas cette couleur, c’est juste qu’elle ne s’intègrerait pas dans le tableau.

A : Beaucoup auraient retenu le morceau pour le simple fait d’avoir Lil Wayne sur l’album…

Al : Tu sais quoi ? En termes de business, j’ai peut-être fait une erreur. Mais d’un point de vue purement musical, ça t’indique clairement ce que je veux faire et atteindre. Je fais pas tout ça que pour le fric.

« Trouver LE sample introuvable et le faire tourner, ça ne m’intéresse pas. »

A : La dernière fois qu’on s’était parlé, tu m’avais dit que tu voulais bosser avec Crooked I. Depuis, tu as finalement pu le faire sur le morceau prévu pour Gangrene [NDLR : Alchemist & Oh No]. T’as pu être en studio avec lui ?

Al : Non, je lui ai juste envoyé les fichiers mais Crooked I est dingue, mortel, monstrueux, c’est un vrai psychopathe – sérieux, il faudrait arrêter ses rimes et les foutre en taule ! Donc en fait, j’étais content qu’il soit sur le morceau et je savais qu’il devait rapper en dernier dessus parce que personne n’aurait pu faire autre chose après. En l’occurrence, il a terminé comme il fallait.

A : Comment ça fait d’avoir un morceau avec G Rap en solo ?

Al : C’est un peu comme tourner un dialogue avec Al Pacino ou Robert De Niro quand on est un jeune acteur dans un nouveau film. C’est le summum.

A : Ecrire tes paroles pour ce morceau, ça n’a pas du être simple…

Al : En fait j’avais déjà enregistré ce morceau. Je le gardais dans ma planque. Quand j’ai eu cette idée, j’ai d’abord flipper de lui en parler. C’était genre « Tu penses que tu pourrais être sur ce morceau ? » Il m’a dit que ça ne posait pas de problème et il a plié le bordel. J’ai un autre morceau avec Kool G Rap dans ma planque et j’ai failli le mettre sur l’album aussi. Je vais probablement le leaker celui-là aussi, très bientôt.

A : T’es dans une humeur à balancer plein de trucs sur le net en ce moment ?

Al : J’ai de la matière pour faire un autre album entier. Je vais probablement faire un album Chemical Still Over, un EP ou un autre truc avec ces morceaux. J’ai ce titre avec Havoc et Collie Buddz, avec Dilated Peoples, les morceaux avec Kool G Rap… J’ai plein de purs morceaux de côté.

A : Est-ce qu’il y a quelqu’un que tu voulais avoir sur ton album et qui n’a pu y être ?

Al : Non, pas vraiment. Enfin si, il y a Jay Electronica qui aurait du être sur l’album

A : Jay Electronica défonce tout en ce moment.

Al : Ouais ! Je ne peux être que d’accord avec toi. Il tue, il est au-dessus du rap. C’est un génie et les gens devraient le considérer comme tel.

A : Ce qui est dingue avec lui c’est qu’il n’a pas besoin de balancer un morceau toutes les semaines pour que son aura continue à prendre de l’ampleur.

Al : Parce qu’il défonce ! Je te le répète, il est au-dessus du rap. Je ne considère même pas Jay Electronica comme un rappeur. Il est vraiment unique. On devrait juste être reconnaissant quand il sort un nouveau son.

A : Que penses-tu du morceau ‘Exhibit A (Transformations)’ ?

Al : C’est mon morceau préféré, je l’adore. Il m’amène sur une autre planète. J’adore la version finale, celle que Just Blaze a mixée mais je pense que je préfère encore la version précédente. Je l’ai tellement écouté, elle est super brute. Après, clairement, la version finale est plus léchée… mais peu importe. C’est ce qui arrive parfois quand un morceau sort dans une version pas encore finalisée, on reste scotché sur la version d’avant.

A : As-tu eu la chance de travailler avec lui depuis que ton album est bouclé ?

Al : On a juste discuté un peu. Il est passé me voir mais j’ai compris qu’il ne voulait pas enregistrer un truc tout de suite. C’est un mec à part et si on bosse ensemble ça se fera naturellement. Il est comme ça ! Je suis content de l’avoir rencontré en tout cas.

A : Un autre projet prometteur c’est celui qui arrive avec Oh No. Qu’est-ce que tu as prévu à ce niveau ?

Al : On va probablement sortir l’album sous peu. On va essayer de le pousser un peu plus loin. L’album est bouclé mais on est toujours dessus, il va être terrible. Je pense que le public va vraiment aimer ce projet. Le résultat est assez différent de ce qui peut sortir. Ça devrait surprendre.

A : Ça va être un projet à la Madvillainy où tu vas rapper sur ses beats et inversement ?

Al : Oui ! On n’a pas fixé de règles du genre « Tu vas devoir rapper sur mes prods et moi je vais rapper sur les tiennes« . Non, c’est très libre, c’est un projet de collectif. Gangrene ! Truc de fou ! Guilty Simpson, Evidence, Big Twins, Roc C et Medaphoar sont sur l’album. On ramène chacun nos potes et ensuite on est là nous, le duo Gangrene.

A : Ce projet avec Oh No m’a pas mal surpris. Je te voyais bien dans un projet de ce type avec un mec de Dilated mais Oh No il ne me paraissait pas faire partie de ta famille proche.

Al : Quand tu étudies l’histoire de la musique, tu as ces albums de jazz… comme celui où Earl Klugh s’est rapproché de Bob James et qu’ils se sont retrouvés pendant deux mois à Londres pour faire un album ensemble. Chacun avait une approche différente de la musique mais ils avaient beaucoup de respect pour le travail de l’autre…. Et je trouve ça mortel !

Au final, des expériences comme celle-là stimulent la créativité. J’en ai marre de faire toujours les mêmes trucs. Je suis moi aussi un fan et je m’emmerde parfois donc je sais ce qu’il faut faire pour que les gens soient toujours intéressés. Et ce sera intéressant pour moi aussi. L’état actuel du hip-hop, c’est aussi ce qu’on en fait. C’est comme ça que je vois les choses.

A : En parlant de collaborations, j’aimerais te voir bosser un jour avec Roc Marciano [NDLR : Roc était notamment sur le Petestrumentals de Pete Rock, il fait également partie du collectif The U.N. – il en est le même principal intérêt.]

Al : Il défonce ! Il a toujours été sous-évalué. C’est dingue que tu parles de lui parce que je pensais monter un truc avec lui. Ce doit être quelqu’un avec qui il est mortel de bosser. Il y a peu, j’ai discuté aussi avec Sean Price et on va monter un projet ensemble. C’est un de MCs préférés, un mec mortel. On n’a jamais vraiment fait quoi que ce soit jusque là, donc on va faire un truc.

A : Tu bosses aussi sur The Stepbrothers avec Evidence, on a déjà pu écouter quelques extraits.

Al : Ouais, on essaie de développer le buzz autour de ce projet. C’est le seul moyen d’attirer les regards sur nous.

A : Tu te sens dans une zone de confort à bosser avec Evidence, vu que vous êtes très potes ?

Al : Clairement ! C’est vraiment mon pote. On n’a même pas besoin de se parler quand on bosse ensemble. C’est comme si je me faisais un beat pour moi.

A : J’ai épuisé mon stock de questions, tu veux ajouter quelque chose ?

Al : Rien d’exceptionnel à ajouter si ce n’est : « Achetez « Chemical Warfare » en vente dans tous les magasins de disques ! » [il se marre.] Non, voilà, merci à Paris et plus globalement à toute l’Europe. Je sais que j’ai beaucoup de fans là-bas. La situation actuelle n’a plus rien à voir avec celle de l’avant Internet. Avant tu pensais juste aux États-Unis et à rien d’autre quand tu faisais du son. Aujourd’hui, je pense vraiment à mon public de l’étranger. Je sais qu’ils vont apprécier certains trucs dans mon travail et j’essaie d’en tenir compte. J’y ai pensé quand j’ai fait cet album. Je suis certain que le public va kiffer Chemical Warfare parce qu’il a ce côté très sombre, comme Hell On Earth. J’ai toujours remarqué qu’en France les gens kiffaient Hell On Earth. Ils aiment cet aspect lugubre, quand tu vas à Paris tu le vois ce côté-là ! Parfois c’est sombre, le climat, les bâtiments. On sent qu’il y beaucoup de luttes là-bas au quotidien et cette noirceur colle bien avec ce type de son.

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