Chronique

Dilated Peoples
Expansion Team

Capitol Records / ABB - 2001

Après avoir suscité de grands espoirs au sein de la scène indépendante Américaine, à la sortie des maxis « Work the Angles » et « Third Degree », le trio Evidence-Rakaa-Babu s’était fendu en 2000 de l’album The Platform. Un album tout à fait correct, mais reposant avant tout sur la qualité des quelques classiques déjà cités (auxquels on ajoutera volontiers ‘The Platform’ et ‘No Retreat’, avec la voix nasillarde de B-Real). En d’autres termes, une relative déception pour les aficionados ayant collectionné les quatre maxis précédant cet opus. Deux années plus tard, et un brillant maxi Worst comes to worst/Target practice en guise de mise en bouche, revoilà le trio originaire de Los Angeles pour un nouveau long format.

Alors que la production du premier album avait été avant tout l’affaire de Evidence, Expansion Team rassemble un large panel de virtuoses des consoles; des fidèles The Alchemist et Joey Chavez (ami d’enfance d’Evidence) à Juju des Beatnuts, Da Beatminerz, ou encore l’inoxydable DJ Premier. Cet apport extérieur conséquent aurait pu nuire à l’identité musicale de cet opus et lui donner de faux airs de compilation bon marché, mais fort heureusement ce n’est pas le cas. Chacun respecte le cadre et les influences musicales du trio Californien conférant à l’ensemble une certaine unité de ton. Musicalement, Expansion Team s’inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur, lorgnant plutôt du coté de Gangstarr et Jurassic 5.

Malheureusement, et c’est là l’un des reproches majeurs que l’on peut faire à cet album, plusieurs productions s’avèrent particulièrement fades, manquant de relief. C’est le cas de ‘Trade Money’, linéaire et affreusement lassant, ou encore de ‘Dilated Junkies’, dont le relatif minimaliste est à peine sauvé par l’impressionnante séance de scratches de Babu. Ce dernier, clef de voûte des Beat Junkies, accomplit d’ailleurs tout au long de l’album une démonstration de Djing, imposant du coup sa présence aux platines comme un élément musical essentiel.

Ce même Babu produit ici quatre titres, dont l’excellent ‘Proper Propaganda’, à coup sur le meilleur morceau de l’album. Iriscience y fustige les médias, critiquant le traitement de l’information et ses répercussions.  »Journalists ? We’re journalists too, we could strike back, hardcore reporters with orders from headquarters, behind enemy lines, sidestepping the borders » ou encore « Yo, questions when answered lead to more questions, Why it takes months to deliver a confession ? The principles are the same even without the name, but I still say M-U-M-I-A. »

‘Clockwork’, frappé du sceau DJ Premier, flatte aussi l’oreille, combinant avec talent une production assez simple, et une avalanche de scratches de Babu. Dans un registre assez proche, ‘Self Defense’ s’avère tout aussi plaisant, et ce en dépit du refrain gonflé à l’égotrip et assez léger.  »Yo, you wanna hit us? We can hit back, If you talk that talk, you got to live that. Whenever you front out, you gonna get back, self defense, you wish you never did that. »

On retrouve aussi sur la longue liste invités, plusieurs MCs solistes, et Tha Liks (ex-Alkaholiks, déjà présents sur le premier opus), venus soutenir Iriscience et Evidence au micro. J-Ro, Tash et E-Swift se montrent une nouvelle fois digne de leur réputation d’alcooliques invétérés, le temps de ‘Heavy Rotation’. La jolie production d’Evidence a beau être enivrante, elle ne sauve pas le morceau d’un naufrage certain, digne de X.O Experience, dernier flop en date des Liks. A l’inverse, Black Thought dont l’album solo se fait décidément attendre, illumine ‘Hard Hitters’, sur un instru pourtant quelconque du ‘sieur Babu.

Au registre des déceptions on regrette aussi fermement le trépidant ‘Target Practice’, absent sur l’album en raison d’une nouvelle sombre histoire de sample non déclaré. Seuls les plus prompts peuvent aujourd’hui se targuer de posséder ce morceau (et son maxi retiré des bacs), condamné à une errance quasi-éternelle dans un placard.

Un petit mot aussi sur le single ‘Worst comes to worst’, plutôt réussi s’il ne reprenait pas un sample archi-grillé, déjà utilisé par Killah Priest sur ‘One step’ (extrait de son album Heavy mental). Enfin ça n’empêchera pas le morceau de tourner sur la plupart des radios, et de s’imposer comme un des titres marquants de l’album.

Légèrement surévalué, Expansion Team n’est pas l’ogive annoncée, mais il reste néanmoins un album correct (spécialement en incorporant ‘Target Pratrice’), dans un registre assez proche de son prédécesseur The Platform.

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