Eurocks

« Pour nous, Jay-Z est comme Rage Against The Machine »

Après Kanye West en 2009, les Eurockéennes montent la pression d’un cran en invitant Jay-Z à se produire sur la Grande Scène. On a tenté d’en savoir plus sur un tel événement en questionnant Christian Allex, l’un des programmateurs du festival.

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La programmation complète des Eurockéennes 2010 vient d’être dévoilée. Après Kanye West en 2009, le festival monte la pression d’un cran en invitant Jay-Z à se produire sur la Grande Scène. Piqués au vif, et toujours autant fascinés par Shawn Carter (Blueprint 3 ? Et alors !),  on a tenté d’en savoir plus sur un tel événement en questionnant Christian Allex, l’un des programmateurs des Eurocks.


Abcdr du Son : Pourquoi Jay-Z aux Eurocks, et pourquoi cette année ? Y a-t-il eu un déclic particulier ?

Christian Allex : On avait essayé de le faire il y a deux ans. Ça n’avait pas fonctionné, la feuille de route faisait qu’il ne pouvait pas passer par les Eurockéennes. Pour moi, Jay-Z est dans la droite ligne des artistes qui correspondent à notre festival. A la grande époque, il y avait eu Public Enemy, NTM, tous ces groupes de hip-hop qui étaient novateurs sur scène. Aujourd’hui, des gens comme Jay-Z ou Kanye West sont très novateurs au niveau de la scène. Ils n’ont pas peur de venir se frotter à des festivals dits « de rock » comme nous. Quand on écoute l’album de Jay-Z, sa façon de collaborer avec des groupes comme MGMT [NDLR : sur son dernier album, Jay-Z n’a pas collaboré avec MGMT mais Empire of the Sun], je trouve ça intéressant. C’est quelqu’un qui décloisonne le hip-hop.

A : Justement, on sent qu’il y a une volonté aussi chez Jay-Z de faire de la musique de stade…

C : Je ne sais pas si c’est de la musique de stade, mais en tout cas il a envie de faire de la scène. Il a neuf musiciens avec lui, comme un frontman dans un groupe de rock. Il a envie de dépasser ce qu’il faisait au début des années 2000 où il venait juste avec un DJ. C’était un peu sec. Là, c’est quelque chose de beaucoup plus assumé.

A : Comment se passent les négociations avec une légende vivante du calibre de Jay-Z ?

C : Déjà, on ne négocie pas directement avec lui mais avec des agents qui le représentent. Des agents américains, anglais et français. On négocie par rapport à une période de tournée : on essaie de s’assurer que sur notre période, il est en tournée en Europe – car il ne va pas venir que pour les beaux yeux des Eurockéennes. Le plus dur à travailler, c’est de faire en sorte que les dates concordent. Après, il y a des négociations financières comme avec n’importe quel groupe. Ce ne sont pas forcément des négociations de très haut niveau, elles correspondent simplement à toutes les têtes d’affiche qu’on a pu faire dans un festival comme les Eurockéennes. Après, il y a toute la finalisation qui porte beaucoup sur la production car Jay-Z est quelqu’un de très exigeant sur les demandes techniques. Il demande beaucoup – mais bon, on s’est déjà frotté à d’autres groupes assez costauds.

A : Ces exigences, elles peuvent prendre quelles formes ?

C : Ce sont les exigences de quelqu’un qui vient avec neuf semi-remorques et une production scénique assez forte, quelqu’un qui veut un respect de son plan de lumière, du plan de son… L’exigence est plus dans la technique que dans des délires de diva – j’ai l’impression que Jay-Z est resté assez simple et terre à terre dans la façon d’aborder les choses. Ce n’est pas forcément quelque chose de compliqué, mais il faut répondre au cahier des charges qu’il demande.

A : Vous aviez suivi la polémique Glastonbury il y a deux ans ? [NDLR : En 2007, la programmation de Jay-Z en tête d’affiche du festival anglais avait provoqué un tollé chez les puristes rock, Noel Gallagher en tête. Jay-Z avait répondu guitare au poing en entonnant le tube d’Oasis, ‘Wonderwall’, lors de son entrée en scène.]

C : Les polémiques sur les groupes de hip-hop dans les festivals rock, je trouve ça un peu minable. Que les gens soient encore étonnés aujourd’hui que des festivals comme les Eurocks ou Glastonbury accueillent des groupes de rap, qu’ils disent que ces groupes n’y ont pas leur place, je trouve ça un peu ridicule. Jay-Z est autant estimable que des groupes comme Slipknot, Rammstein ou Muse. Aux Eurocks, on n’est pas trop pour le pré carré des styles. Pour nous, Jay-Z est comme Rage Against the Machine. C’est la même chose. Polémiquer sur sa place dans un festival comme le nôtre, c’est un peu stupide.

A : Quel bilan vous aviez fait du concert de Kanye West l’année dernière ?

C : C’était un concert assez mitigé parce que Kanye West, on aime ou on n’aime pas. Sur scène, Kanye West est quelqu’un qui va développer son côté mégalomaniaque encore plus que dans la vie. Mais malgré tout, les gens aiment bien ça. Moi, j’appelle ça les concerts Las Vegas. Quand j’étais gosse et que j’allais dans  les gros festivals, j’aimais bien voir des types que je ne voyais que dans les magazines ou à la télévision. Des gens qui n’avaient pas peur de faire dans la démesure sur scène. Je me rappelle, quand Marylin Manson était venu aux Eurockéennes en 1998, il y avait eu une grande polémique avant : on parlait de satanisme, de ce type un peu bizarre, etc. Mais malgré tout, quand on peut le voir sur scène, en vrai, et découvrir ce qu’il peut développer, c’est vraiment la magie du spectacle. Et Kanye West, j’ai trouvé que c’était ça aussi. Quand on voit un artiste en concert, on ne veut pas forcément avoir l’impression qu’un type du public vient de monter sur la scène. On a envie d’avoir une part de rêve. C’est le cas pour des artistes comme Prince, mais aussi Kanye West. Jay-Z est aussi dans cette lignée.

A : Un mot à ajouter à son sujet ?

C : Je suis impatient de voir le concert et d’accueillir ce grand bonhomme. A la différence de Kanye West, Jay-Z est quelqu’un qui a toujours été assez égal dans son attitude et sa manière de travailler. Il a toujours poussé de jeunes artistes et finalement, il ne s’est jamais mis trop en avant. C’est un bosseur, un type qui a toujours envisagé les collaborations avec des artistes de tous les milieux. Il a toujours gardé le respect de tout le monde. C’est un grand de la production musicale depuis des années.

A : Je tente quand même une dernière question : son cachet, vous êtes prêt à le communiquer ?

C : Non, je trouve que ça casse un peu la magie. C’est un peu comme quand un film sort, dire que Gérard Depardieu a touché tant, Bruce Willis a touché tant… Ce qui est intéressant, c’est l’histoire, pas la façon dont elle s’est montée en coulisses. Je n’aime pas trop montrer le décor.

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10 commentaires

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  • borsalino,

    yes pardon les Nets du New Jersey. ouai il été sur le chantier pour lancer les travaux. jay n’y est pas pour rien mais il est surtout la vitrine du club, le lien entre le maire de la ville et les promoteurs par exemple pour obtenir le permis de construit ou ce genre de truc sans appel d’offre par exemple lol m’enfin s’il ramene Bron Bron en 2015 à Brooklyn on le pardonnera…

  • luuuuC,

    @Borsalino : C’est pas les Knicks, c’est les Nets a.k.a. une des pires équipe de tout les temps (sur cette saison en tout cas) et la franchise va être relacolisée à… Brooklyn en 2011-2012, Jay n’y est pas pour rien !

  • Kaede,

    Loin de moi l’idee de chipoter mais Jay est actionnaire minoritaire des New Jersey (bientot Brooklyn) Nets

  • borsalino,

    jay a deja pris 150 millions d’avance par live nation, alors finalement le % du cachet du concert qui lui revient… hein

  • jijeo,

    reponse de merde c’meme pas une bonne pub c’mec

  • origininal,

    Dans ce fameux cachet qui ne vas pas directement dans la poche de Jay biensur. Comment se répartissent les sous au niveau de la prod ? Techniquement ça coute combien de faire venir 9 semi, une implantation lumière et son lourde et son équipe technique, sans parler de la sceno, les musicos et la sécurité ?

  • Béquilleur,

    Je vois pas en quoi monter sur scène avec 1 DJ te fait moins assumer ta musique… Le rendu n’est pas le même.

  • BORSALINO,

    Je suis pour rester dans l’exactitude : il ne possede pas defjam et ni de franchise NBA (juste actionnaire des NY Knicks) il est marié avec B. Pour ce qui est du 40/40 c’est bien vrai et il ne doit pas en avoir qu’un. a legend of course.

  • buffalo_soldier667,

    Jay-Z reste et restera une légende.
    Ce mec possède un club à Vegas, une franchise NBA, le label Def Jam (putain de merde) et cerise sur le gateau, il sort avec Bee.

  • borsalino,

    sympa. mais question « exigences » je pense qu’il ne dit pas tout. on se rapelle la note de frais somptuaires assez énorme dans un festival aux usa qui avait été dévoillée il y a plusieurs long mois