MC Jean Gab’1, celui qui marche seul
Interview

MC Jean Gab’1, celui qui marche seul

MC Jean Gab’1 est toujours vivant. Tour à tour acteur, braqueur, écrivain, rappeur et toujours emmerdeur, il semble étirer le fil de sa vie. Rencontre avec un rescapé à la gouaille intacte.

et Photographie : Jérôme Bourgeois

Nous sommes mercredi 18 septembre 2013 en début de soirée dans le dix-neuvième arrondissement parisien, près des quais de Seine. Posés dans un vieux rade un peu jauni par les années qui passent, on y retrouve P’tit Charles. Celui qu’on croise de temps à autre dans le coin, avec cette impression tenace qu’il fait partie des figures du quartier. Dix piges après un premier album aussi marquant qu’atypique, on est venus à sa rencontre pour revenir – notamment – sur Sur la tombe de ma mère, son premier bouquin sorti en début d’année. Ce livre, c’est en partie l’histoire de sa vie. Une vie faite d’aventures, d’excès et d’anecdotes improbables racontées avec la gouaille d’un Titi parisien. Une tournée de bière et quelques cacahuètes plus tard, on peut rentrer dans le dur : Gab’1 n’a pas changé. Il reste ce prédateur isolé, charismatique au possible et toujours aussi fort en gueule et en poigne. Enclenchons le dictaphone.


A : Tu as sorti en début d’année un livre intitulé Sur la tombe de ma mère. Sortir un livre, c’était une envie de très longue date ou au contraire ça a été une opportunité ?

MC Jean Gab’1 : Ce livre j’avais déjà envie de le faire il y a dix-neuf ans, quand je suis sorti de cabane. À la base, je ne voulais pas faire de musique. J’en avais rien à foutre. La seule chose que je voulais faire depuis le départ, c’est du cinéma. J’avais essayé vite fait avec Taghmaoui [NDLR : Saïd Taghmaoui, ancien d’Assassin devenu acteur. Révélé par La Haine, il a beaucoup tourné aux États-Unis, notamment dans Les rois du désert ou G.I Joe : Le réveil du cobra]. J’ai fait La Haine, Elvis Aziz, Chacun cherche son chat. Quand tu es là-dedans, tu ne fais rien à côté, tu mets le temps en suspens. Pis bon, j’ai un côté sociable, mais j’ai du mal à voir un mec pour aller quémander un truc. J’ai un peu l’impression que le cinéma c’est ça. Il faut aller faire des turluttes à gauche ou à droite.

J’ai voulu faire un bouquin, dans le sens où j’ai une vie assez commune… mais qui ne l’est pas tant que ça par rapport aux autres. J’avais déjà des feuillets de prêts, mais ça n’allait pas assez vite. Finalement, j’ai commencé par la musique vu que j’avais, entre guillemets, déjà un label : Dooeen Damage. Enfin ça c’était avant que je me rende compte qu’on m’avait baisé… Sur ce label tu avais Casey, Less du Neuf, Trait d’Union : bref, tout ce que je n’écoute pas et n’aime pas à la base.

Vu qu’il n’y avait rien qui se passait pour mon bouquin, je me suis dit que j’allais me jeter à la flotte. J’ai pris des feuillets et j’ai commencé à les mettre en musique. Je ne rappe pas, je ne fais pas de slam non plus. Moi : je parle. Ça n’est pas bien compliqué, après tout, j’ai une oreille et j’ai fait du solfège. Il faut juste se mettre entre le truc et le machin.

A : Tu ne t’es jamais considéré comme un rappeur ?

G : Absolument pas. Jamais. Je m’en branle mais d’une force. Si j’étais un rappeur, je commencerais par « Yo », « check », « 1,2 » et d’autres conneries. Je n’ai jamais fait ça, et je ne le ferai jamais. MC c’est mon nom et mon prénom : M’Bouss Charles. Master of Ceremony, mouais…

A : Pourtant tu as sorti le livre sous ton nom de rappeur, Jean Gab’1, et pas sous ton vrai nom. Pourquoi ?

G : Mon nom doit crever avec moi. Mon père ne connaît pas ma fille, elle a vingt-trois ans et elle n’a pas mon nom de famille. Si un jour j’ai un autre gosse, je ne lui donnerai pas mon nom de famille. Mes frères sont aux États-Unis et ils ont changé de nom. Ma sœur est américaine, elle a aussi changé de nom. Mon père m’a filé son nom mais son nom il va crever. Il a fait exploser la tête principale de la famille et ensuite tu en as six ou sept qui sont partis dans tous les sens. Tu crois quoi ? Que c’est un honneur de porter un nom qui fout la merde ? Non, du coup, tu l’enlèves ce nom et tu en prends un autre.

A : Tu as écrit le bouquin seul ?



G : Ouais. Je me suis servi de gens qui savent vraiment taper à la machine, ce que je ne sais pas faire. Les ordinateurs ce n’est pas mon truc non plus. Sur Internet, je ne regarde que du cul. J’ai tout enregistré au dictaphone. Mon challenge c’était avoir ma voix sur des feuillets. Et pas l’inverse. Quand tu lis le bouquin, tu dois avoir l’impression que je suis en face de toi. Pour le second, parce qu’il y en aura un autre, ce sera la même chose. Sauf que cette fois, cette impression sera encore plus forte.

A : Tu parleras de quoi dans ce nouveau livre ?

G : Il devrait s’appeler À l’est. Et quand je te dis ça, ça veut dire jusqu’au Bosphore. J’ai déjà écrit un bon chapitre et demi, j’ai même déjà signé le contrat pour le sortir. Je vais le faire le plus rapidement possible. Bon, là, je commence à cogiter et il ne faut pas que je cogite.

Il y aura sept bleds dedans. Jusqu’à Chicago, qui est à l’est des États-Unis. Ça commence par Berlin, puis l’Autriche, la Yougoslavie, la Bulgarie, la Roumanie et la Turquie. Dans ce bouquin, il n’y a rien sur tout le côté parisien, rien sur la famille non plus. Ce deuxième bouquin, il sera par contre beaucoup plus violent que le premier. Tout au long de la route, il s’est passé des trucs, je ne pouvais pas faire autrement.

J’y parle de ghetto. Et quand je parle de ghetto, c’est ce que j’y ai vu. Ma définition du ghetto c’est un lieu où il n’y a rien d’ouvert après dix heures. Un lieu où la police ne rentre pas. Un lieu où quand tu as plusieurs gamins, tu peux être certain qu’il y en a au moins un qui va se faire allumer avant ses dix ans. J’ai été à Cabrini-Green à Chicago [NDLR : cités de Chicago partiellement détruites aujourd’hui], à Larrabee Street. Quand j’y étais, ça n’était jamais sous mon vrai nom. Avant 2001, tu pouvais rentrer aux États-Unis sans papiers. Il fallait juste fermer sa gueule et sortir les bons noms. Chicago c’est le dernier chapitre de ma vie d’avant.

A : Pour revenir sur ton premier bouquin, j’ai été un peu surpris de voir que le rap occupait une place aussi infime dans ta vie.

G : Ouais, mais si tu comptes bien : j’ai fait trois morceaux en 1998. Un morceau en 1999, un autre en 2000 et encore un autre l’année suivante et celle d’après. C’est en 2003 que j’ai sorti mon premier album. On a toujours voulu me mettre dans une catégorie, la catégorie des rappeurs, mais les chiffres ne disent pas ça. J’ai fait deux albums mais j’ai participé à six films.

A : Il y a eu des projets annexes quand même, comme Du rire et des gnons.

G : Du rire et des gnons c’est un tout autre délire. Ce projet, j’aurais pu le jeter autrement. Je l’ai toujours dit : une mixtape ça doit se chier en quinze jours maximum. Sûrement pas en un an. Après, écoute bien cette mixtape, écoute ce que Michaël Youn a sorti un an après, et tu vas comprendre des trucs. C’est du plagiat, mais bon… Tu regardes Case Départ, le film de Fabrice Eboué et Thomas N’Gijol, c’est simple : c’est Dave Chappelle. Mais c’est vraiment lui, c’est Saison 2, du début à la fin. Tu regardes Canal c’est une reprise du Saturday Night Live.

« Quand j’ai fait « Je t’emmerde », je n’ai pas réalisé la portée du morceau. Je l’ai fait, j’en avais vraiment rien à foutre. »

A : Ils ne sont pas nombreux à t’avoir sollicité dans le rap. Tu remercies Gynéco pour sa proposition…

G : Mais il n’y a que lui qui m’a sollicité. Et Abd Al Malik, après, à l’époque de son groupe : N.A.P. Quand j’ai fait « Je t’emmerde », je n’ai pas réalisé la portée du morceau. Je l’ai fait, j’en avais vraiment rien à foutre. Je voulais juste emmerder les gens. C’est tout ceux qui étaient concernés et ceux qui étaient autour de moi qui l’ont pris vraiment au sérieux. Tout ce que j’ai dit, dix ans plus tard, ça reste vérifiable. Je ne me suis absolument pas trompé.

A : Tu as fait un morceau avec Despo également : « Bolides ». Tu as fait très peu d’apparitions en dehors de tes projets personnels.

G : Quand tu fais ça, ce n’est pas à ton avantage mais au profit de l’autre. Ce n’est pas une sollicitation. Plutôt une collaboration. J’aurais pu faire des collaborations avec tout le monde mais quand je fais une collaboration avec quelqu’un, c’est pour le détruire, pas pour lui dire bonjour. Je l’ai fait avec Despo en sachant que le mec est bon. Je me suis dit que j’allais le faire dans une autre langue, pour créer une différence.

J’écris un morceau en vingt minutes, ça vient vite parce que je ne fais pas de rimes. Écrire des rimes ça me fait perdre mon temps et j’ai mieux à faire. À mes concerts, j’arrivais sur scène avec mes paroles. Pourquoi ? Parce que je ne connaissais pas mes textes par cœur, c’est aussi simple que ça. Quand j’ai écrit le truc et que je l’ai posé, j’ai pris les sous et après pour moi c’était terminé. Je pensais qu’on allait faire comme Dalida et tous les autres. Parce que c’est du rap, tu es obligé de faire autrement ?

On est en France, le rap restera toujours une petite merde. Si t’es pas trop con, tu as intérêt à avoir plusieurs casquettes et à essayer de faire autre chose. La moitié des rappeurs qui ont fait un ou deux albums sans succès, ils ne savent plus quoi faire après. Ils reviennent dix ans après avec une morale à la con parce qu’ils n’ont plus de quoi bouffer.

 

« Les morceaux les plus intimistes, je vais te dire, je les ai détestés. C’est trop tôt. »

A : Pour revenir sur ton premier album, tu évoques également dans le bouquin les relations que tu as pu avoir avec Maurice de Doeen’ Damage.
 Vous étiez potes à une époque.

G : Ouais, on a toujours été potes d’une époque… [NDLR : Il s’arrête quelques instants…]

Ce n’est pas parce que tu as passé ton bac au trou que t’es intelligent. J’ai fait deux sixième et une cinquième parce que je ne voulais pas aller à l’école. Ma daronne s’était faite allumer, je n’avais rien à y foutre. À un moment, je me suis aperçu que j’étais au four et au moulin et je ne récoltais rien. J’ai pris une décision : partir de zéro et revenir.

Je suis toujours retombé sur mes pattes, même si je ne suis pas un chat. Quand j’étais en zonzon, personne ne m’a assisté. Je n’ai jamais rien demandé. Je suis sorti de taule j’avais 220 000 francs. Cet argent, je l’avais fait là-bas.

L’amitié c’est la première des choses. Tu peux ne pas avoir de potes mais si t’as pas de famille, c’est baisé. Ce sont des liens réels, comme quand je parle de Théo Jodorowsky, c’est un lien réel. J’ai fait des choses pour lui, il a fait des choses pour moi. C’était la même chose. Je lui ai dit à Maurice : sans moi, Doeen’ Damage n’existe pas du tout. Sinon, on aurait une société de videurs [NDLR : Maurice a été le garde du corps de Joey Starr pendant un moment] et je ne suis pas un trou de balle. Je déteste les videurs encore plus que les flics. Je n’ai jamais été le garde du corps de qui que ce soit, je n’ai jamais été un blaireau. Les grands mecs de cité qui font les gardes du corps pour 2 000 euros par mois, je suis désolé ce sont des merdes. Je n’ai jamais voulu être un voyou parce que ça voudrait dire qu’il y aurait un mec au-dessus. Jamais il n’y aura un PD au-dessus de moi. La voyoucratie c’est pas mon truc. T’as un fer, j’en ai un aussi. Tu me loupes, moi j’vais pas te rater. Je peux t’assurer que je te tire bien, des deux bras.

J’ai connu mon beau-frère, qui est turc, en voulant le caner. Parce que lui et ses copains voulaient me caner. Jusqu’à aujourd’hui, c’est le meilleur ami que je peux avoir. J’ai vu ce qu’il était capable de faire pour aider un mec qui est de l’autre côté. J’ai aussi vu d’autres gars qui étaient à côté de moi et qui eux n’en avaient rien à foutre. Quand t’es devant et que tout le monde est derrière, tu peux te poser des questions. Au départ, on avait fait un truc pour être tous ensemble et pas pour autre chose. Quand tu comprends tout ça, tu comprends que tu n’as plus rien à faire avec eux. J’ai mon oseille, mes quartiers et mon coin pour vendre ma drogue. Je n’ai absolument pas besoin d’eux.

A : « Je t’emmerde », dix ans après : quel regard tu portes sur ce morceau ?



G : Je ne pourrais pas en faire un deuxième et je n’en ferai jamais un deuxième. Je ne suis pas un abruti. Seuls les abrutis font deux fois la même chose. Dix ans plus tard, je me dis surtout qu’il fallait que je le fasse. Je savais ce que ça allait faire… mais j’pensais pas à ce point là. Les mecs se sont pris le derche avec ce morceau, à essayer de me péter la gueule. Mais ils n’ont jamais vraiment essayé de le faire…

A : Si t’en avais autant rien à foutre, pourquoi t’as débarqué avec ce morceau ? « Je t’emmerde » c’est un vrai morceau de rappeur, tu ne parles que de rappeurs.

G : Je m’en fous du rap français. Je voulais exposer les artistes français face à leurs propres conneries, les mettre en face de leur « moi je suis ci, moi je suis ça. » Leur dire d’aller tous se faire taper dans la raie et puis c’est tout [Rires]. Je n’avais pas d’animosités par rapport à eux, j’en avais rien à foutre d’eux. Ils font partie du décor pour moi. Un mec comme Joey, je le connais depuis qu’il a seize ans. Je m’en branle de sa gueule et il le sait. Et lui ça doit être pareil, il doit s’en branler de la mienne.

A : Tu dis dans ton livre que la version d’origine était beaucoup plus longue…



G : Il y avait tout le monde dedans. Vraiment tout le monde. C’était trop long. Il y avait 200 personnes, ça allait de la variet’ à tout ce que tu veux. Il a fallu qu’on compresse un peu. Je ne pouvais pas faire un bordel aussi long quand les connards débarquaient en concert avec des trucs de trois minutes.

Le fossoyeur aime remuer la merde.

A : Tu parles dans le bouquin du jour où tu as posé « Paranoïa », ton premier couplet sur Liaisons Dangereuses, le deuxième album de Gynéco. On a l’impression que tu débarques dans le studio par hasard.

G : À cette époque, on avait des bipers. Quand on t’envoyait le code 13 c’est que c’était la merde. C’était soit les flics ou une grosse emmerde. Il n’y avait pas autre chose. J’ai reçu ce code. J’étais à Louis Blanc, je suis descendu avec mon fer. J’arrive à l’intérieur, je vois un mec prostré avec une gratte et une gonzesse qui tourne en rond [NDLR : Il faut comprendre Fred Chichin et Catherine Ringer des Rita Mitsouko]. Bon, c’est calme. Je vois aussi un autre gars avec des locks pas trop grandes, je l’avais déjà vu celui-là. Je ne l’avais pas vu à la téloche mais à Cergy-Pontoise avant son album. Il avait treize piges, je devais en avoir dix-neuf ou vingt.

Je suis venu, je pensais qu’il y avait une embrouille. Il n’y avait rien du tout, du coup, vu qu’il n’y avait rien à faire, je suis resté. Quand tu sors de prison après une peine, même moyenne comme la mienne, t’es trop chaud. Vu ce que tu as fait à l’intérieur, tu peux le faire dehors. T’en as rien à foutre. Ils m’ont jacté pendant vingt-cinq plombes en me disant de faire ci et ça. Je n’ai écouté personne à part Bruno. Tu me donnes vingt-sept mille balles moi je les prends. Bien m’en a pris. À partir de là, je me suis dit que j’allais voir ce que c’était le rap. Quand j’avais fini de vendre ma drogue, tant qu’à faire, je ne restais pas dans le coin. De temps en temps j’allais avec Less du Neuf en concert. Ils partaient en Bretagne : je crapahutais avec eux. Le rap ça n’a jamais été mon truc. Le rap à la base c’est l’Amérique.

A : Justement, tu dis souvent que tu n’aimes pas le rap et que tu n’en écoutes pas. Est-ce qu’il y a quand même quelques groupes, au début, qui t’ont plu ?

G : Il y avait deux cheminements autour du rap. Le premier où t’aimais ça, où tu te disais que ça sonnait comme aux États-Unis. Il y en avait un second où tu te disais qu’on était dans les années quatre-vingt et qu’on avait besoin de changements. Les NTM, les Timide et sans Complexe, les Destroy Man, on en avait rien à foutre. Nous, c’était les américains. Ce qu’on voyait au final, c’était des rockers, c’est tout. Ils avaient des perfectos, les grosses grolles en cuir, ils racontaient quoi les gars ? Que des conneries.

A : Tu parles quand même dans ton bouquin d’évènements comme la venue à Paris de Public Enemy à la fin des années quatre-vingt.

G : Oui, c’était l’Amérique. Avec Just-Ice, Run DMC, BDP, le Bronx et le ghetto. Afrika Bambaataa il est venu ici, je m’en battais les couilles, c’était une vraie merde. Le mec était crackomane, mythomane et gay.

A : Tu as une bonne prise de bec avec Royce Da 5’9″ aussi. Le mec était arrivé avec plus d’une heure de retard en studio.

G : Ah oui même beaucoup plus qu’une heure. Je lui ai dit moi : d’où tu viens, j’ai été. Je le vanne dans le morceau et je lui ai dit ce qu’il y avait dedans. C’était la même chose avec Mobb Deep, je leur avais dit. Mais bon, souvent tu as affaire à des abrutis. Cabrini-Green c’est le coin le plus dégueulasse qu’il y a jamais eu à Chicago. Quand j’étais là-bas, je me suis fait allumer par un petit con parce que j’avais savaté son grand frère. Et j’y ai vu des choses dont je ne pourrais même pas parler.

Quand tu dis que tu aimes la musique française, c’est à la fois vrai et faux. Il n’y avait que deux chaines, deux radios. Donc ils te balançaient la musique qu’ils voulaient t’envoyer. Et généralement dans tes esgourdes, t’avais du Johnny Halliday, Carlos, Joe Dassin, Mike Brant. Moi, je ne brode pas, je veux rester ce que je suis. Je sais bien que ça me posera des problèmes tout le temps, mais tant pis. En Allemagne les gens sont beaucoup plus francs qu’ici. La représentation du rap dans ces années-là, t’étais un Zulu, un trou de balle, t’étais tout sauf un mec normal. Moi j’ai voulu toujours rester dans le côté réel des choses. L’autre côté, avec NTM et tout, j’en avais rien à foutre. J’étais un parisien et ces gars-là, des mecs du 93, débarquaient chez moi. C’était même pas un groupe de peu-ra pour moi : c’était une bande rivale. Tu pouvais chanter comme un rossignol, je m’en foutais.

Les Beastie Boys sont arrivés, on était comme des dingues. Voilà un truc sauvage ! [Rires] Run DMC à côté c’était du « Yo, we brothers ! » Public Enemy, je les avais vu en Allemagne aussi… Les mecs étaient toujours en train de jacter sur les feujs mais c’était ces mecs-là qui faisaient leurs putains de chèques. Alors ferme ta putain de gueule. Si t’as un problème avec Nike, commence déjà par ne pas en mettre.

A : Tu as passé combien de temps à Berlin ?

G : Sept ans, enfin sept ans et demi. À l’époque, j’y allais en bus et je ne me déclarais pas. C’est après que j’ai compris qu’il fallait que tu passes à la mairie. Quand je suis arrivé là-bas, c’était le paradis. Tu pouvais chourer tout ce que tu voulais. Les mecs avaient des petites chaînettes, tu te demandais s’ils n’étaient pas serruriers. [Rires] C’était simple, tu leur mettais une golden et tu te sauvais. L’Allemagne c’était un autre délire. Berlin, et une ville comme Sankt Pauli à Hambourg, j’y allais pas en touriste. J’étais pas en territoire conquis mais bon…

A : Tu es retourné à Berlin depuis que t’es sorti ?

G : Ouais, six fois sans leur demander l’heure qu’il était. J’ai quarante-six ans. Il me reste encore six ans. Jusqu’à cinquante-trois ans [NDLR : Avec sa réduction de peine, de 33 ans à 5 ans d’emprisonnement, Gab’1 a eu une interdiction de territoire].

Ce mec n’est pas une putain.

A : Ce morceau a pris beaucoup d’espace et on t’a un peu refilé le costume du nettoyeur au passage. Pourtant, il y a des morceaux avec des thèmes forts dans Ma vie. Je pense notamment à « Enfant de la DDASS » ou « Donjon ». C’est un regret pour toi ?



G : Pas du tout. Si ça avait été que moi dans cette affaire, je n’aurai jamais écrit les huit morceaux supplémentaires qui n’avaient rien à voir. Les morceaux les plus intimistes, je vais te dire, je les ai détestés. C’est trop tôt. Ces morceaux-là, je les ai écrit en one shot. Tu écoutes « Lettre à mes fleurs », j’ai vraiment les glandes et c’est ma gorge qui parle. Je voulais faire que des morceaux du registre de « Je t’emmerde » ou « OCB ». J’ai fait pas mal de trucs à reculons et à un moment c’est que j’ai dit : « arrêtez de croire que je vais faire tout ce qu’on me dit comme un têtard. Vous m’avez carotté sur un papier, vous allez voir. » J’ai annulé des concerts, et d’autres trucs. J’aurais pu pondre le deuxième album dans les quinze jours qui suivaient. Mais je l’aurais fait pour quoi ? Je ne savais pas ce qui se passait et ils me prenaient pour un pantin. Le pantin il te regarde dans les yeux et il te dit : « on s’arrête. »

A : Tu dis avoir des regrets autour de cet album, pourtant c’est une vraie réussite, un album important. Aussi grâce à ces morceaux intimistes. Comment tu vis ça ? 

G : Justement… regarde bien dans le détail. Tu verras que les morceaux intimistes n’ont pas de refrain. Ça évitera aux salopards de mon label – ceux qui me l’ont fait à l’envers – de manger sur les miens. Tu crois que tu vas pouvoir manger sur « Enfants de la DDASS » ? Tu ne peux pas, tu ne peux pas danser dessus. « Lettre à mes fleurs » c’est pareil, il n’y a pas de refrain. « Femmes… », tu ne vas pas pouvoir le passer à la radio non plus.  » À nos chers disparus » je sais qu’avec un refrain celui-là il partait. On m’a dit de faire un clip ? Je n’ai fait ni clip ni refrains. Vous voulez me presser à faire ça ? J’arrête.

A : Quel a été le rôle de Less du Neuf dans l’écriture de cet album ?

G : Aucun. Le rôle de Less de Neuf ça a été surtout celui d’Ol’Tenzano qui faisait de vrais morceaux. JP on était ensemble mais c’était sûrement pas lui qui allait écrire mes textes. Tu regardes ses morceaux et comment il jacte du premier au dernier album de Less du Neuf, il n’y a pas une seconde où ça ressemble à mon truc. Kimto, pareil. On allait à Meudon ou Malakoff tous ensemble. Dès le départ je leur avais dit : la Fonky Family c’était une erreur [NDLR : Gab’1 fait référence au morceau « Nique le monopole des grands » que Less du Neuf a fait avec la Fonky Family]. Tu regardes le petit Portugais qui est maintenant au Front national t’es mort de rire. Je lui ai dit moi : t’es qu’un mec qui va à l’université lire des bouquins.

A : Tu as fait quelques plateaux télévisés et radios, certains relativement visibles – « Tout le monde en parle » notamment. Est-ce que tu n’as pas eu aussi l’impression à un moment qu’on t’invitait surtout pour ce côté « empêcheur de tourner en rond »…

G : J’en avais rien à foutre, le truc il n’était pas là. Je dis toujours : ne jacte pas comme ce que tu n’es pas. Il faut rester soi-même. La moitié des mecs qui se sont cassés la gueule c’est parce qu’ils voulaient jouer les intellos. Je n’ai pas lu de bouquins moi. Je n’ai regardé que des films. Après, à un moment il y a ton âge et tes mirettes, ce qu’elles ont pu voir. Ça peut t’éviter de te faire bananer comme il faut. Dans cette émission, il s’est passé des trucs de malade. Entre cette pied-noir de merde, raciste comme pas possible… on me pose la question « qu’est-ce que vous voulez devenir ? » J’ai même pas le temps d’ouvrir le bec que cette connasse elle dit : « singe. » Tu prends l’émission, tu l’entends dire ça. Et derrière il y avait un mec qui faisait le singe en tapant des mains. Dis-toi que j’ai une maitrise de moi-même qui peut être très forte. Je l’ai vu le gars, taper des mains, deux fois. Je me suis dit quoi ? « Vous vous trompez sur beaucoup de choses. »

A : Tu as sorti en 2010 un deuxième album : Seul… J’t’emmerde. Tu es en procès à cause de cet album ? Tu peux nous expliquer pourquoi et avec qui ?

G : Je suis en procès avec Universal. Pourquoi ? Parce que j’aimerais bien voir mon argent. On m’a fait signer sous une fausse boîte et heureusement j’ai pas été trop con, j’ai récupéré les….

A : … les masters ?

G : Ah non, les masters, il y a un mec qui s’appelle JP qui les a filés [Rires]. Mais bon, je m’en branle j’ai un avocat. En fait c’est un sous-traitant d’Universal qui m’a fait signer. J’ai eu le temps de prendre des documents, de voir quelques trucs. J’ai eu gain de cause sur la première instance, il y a eu un appel. Du coup, l’oseille n’est toujours pas là. On attend. C’est moi qui ai financé l’album. Si c’était eux, j’en aurais rien à foutre. L’album est resté un mois en vente et après je l’ai fait sauter. De toute façon j’ai toutes les factures. J’ai jamais donné les factures à qui que ce soit, même à Bruno qui en voulait une.

A : Du coup, tu regrettes de l’avoir fait cet album ?

G : Ah ça oui franchement je regrette un truc de malade. En plus j’avais fait la Marseillaise à l’intérieur. Et derrière tu as toute une bande de guignols qui l’ont reprise aussi, pour ne rien dire. Mon clip a mis un peu trop de temps à sortir aussi. Bizarrement. Merci l’INA. Je n’avais pris que des images d’archives où tu voyais des mecs jacter de leur fierté française. Je voulais montrer d’autres trucs, il y avait des images où les nazis marchaient sur vos putains de Champs-Élysées et vous les applaudissiez comme des cons. Quand tu écoutes la Marseillaise, faut être clair : le sang bleu c’est pas nous. Nous, on est le sang impur. Je voulais faire un morceau qui soit un peu comme « Je t’emmerde » mais qui ne soit pas « Je t’emmerde ». Gainsbourg l’avait fait, j’ai voulu le faire aussi.

A : Il y a un autre morceau très fort sur cet album : « Enfin ». Tu y racontes ton premier voyage – tardif – en Afrique. Quels retours as-tu eu sur ce titre ?

G : Toute la communication autour de ce disque m’a échappée. Il y a eu un mois d’exploitation mais moi j’ai tout arrêté tout de suite. Ils ont essayé de continuer mais quand tu n’as personne à l’image tu as un vrai problème. L’album est sorti le 10 septembre et je l’ai fait retirer le 10 octobre. Pour en revenir à « Enfin »… « Enfin » ça voulait dire « salut », les mecs je vais enfin vous lâcher la grappe. C’était la première fois de ma vie que j’allais en Afrique noire, au Sénégal. J’ai été à Gorée. Gorée ça commence à ressembler à une grande invention. Quand tu y réfléchis un peu deux secondes, elle est trop petite cette île. C’est un terrain de foot. C’est 450 mètres sur 150. L’histoire de cette île est bien réelle mais il y a probablement un ailleurs qu’on ne veut pas te montrer. Quand je suis arrivé là-bas, j’ai vu tous les contrastes. On m’appelait : « le Blanc« . Et moi, je leur disais : « pas de problème. » Moi, je suis un Africain européanisé.

J’étais seul… personne avec toi pendant au moins 24 heures. À ce moment-là, tu as le temps de penser à tout ce qui s’est passé dans ta putain de vie. Et tu sais où sont tes amis. Tu regardes à ta gauche, à ta droite. Il n’y a personne. Tu n’as plus de potes, c’est aussi simple que ça. Tu es trop différent pour avoir des amis, trop différent de ceux que tu rencontres toute la journée. Les seuls amis que j’avais ils étaient à peu près comme moi… Et ils ne sont plus en vie aujourd’hui. La vie c’est un éternel recommencement. Dedans il y a toujours une alarme. Et cette alarme si tu ne la prends pas au sérieux, elle te pètera à la gueule.

A : Quand on parcourt le chemin de ta vie au travers de ce livre, on se dit que t’es un rescapé quelque part.

G : Je le dis sans problème : si je n’avais pas été en cabane, j’serais mort. J’avais pas le temps, j’étais tout jeune et j’en avais rien à foutre. Ce séjour en prison, il m’a changé sur énormément de choses. Et après, heureusement que j’avais une grand-mère. C’est elle qui m’a rappelé ce que j’avais, j’étais parti dans une autre vie moi. Dans le « Kill or be Killed ».

Si j’avais rejoint ma mère beaucoup plus tôt, ça ne m’aurait pas gêné. J’aurais pas pu faire le mec surpris. Et s’il n’y avait pas eu un rat à mon enterrement qu’est-ce que j’en aurais eu à foutre ? J’aurais pas été là pour le voir. Tu penses que j’ai braqué pendant deux ans et demi sans savoir ce qui allait m’arriver derrière ? La seule chose que je n’ai pas calculée c’est le moment où je suis tombé. Je pensais tomber deux ans plus tôt. Depuis que j’ai vingt piges j’ai calculé ce qui allait m’arriver. À partir du moment où ma mère s’est faite dessouder, j’en avais plus rien à foutre. La seule certitude que tu as quand tu viens au monde, c’est de crever.

A : Quels sont tes projets pour les mois à venir ?

G : Je suis en train de préparer un second bouquin. Je fais aussi une émission qui va s’appeler Dans la tête d’un tueur. Ça va passer sur Discovery Channel et ça commencera au mois de décembre. On a déjà fait cinq émissions. Clara Morgane va en faire cinq et moi cinq. C’est une émission sur des meurtres et faits divers aux États-Unis. Je fais les lancements, d’ailleurs lundi on va commencer la promo [NDLR : Interview menée le 18 septembre 2013]. Je leur ai dit : « pas de problème. Par contre il va falloir m’envoyer mon chèque et le contrat signé avant. » C’est bien beau de faire tourner la machine, mais bon… Normalement, quand t’as fini de faire un truc, t’es censé voir ton chèque. Mon optique c’est juste faire de l’oseille pour pouvoir me barrer de ce patelin de merde. Je veux acheter ma liberté pour aller crever dans un coin. Je vais bientôt arriver au demi-siècle.

A : J’imagine que les emmerdes autour de ton deuxième album, ça t’a vacciné.

G : Ah oui, mais là je suis vacciné comme un salopard. Je suis beaucoup plus lucide aujourd’hui. J’ai pas de regrets non plus. Déjà avant, pour le premier album, j’avais pris l’oseille et je m’étais tiré en vacances. Je suis resté tellement longtemps en zonzon que j’ai plus le temps pour vos histoires à la con moi. J’suis parti à Antigua, au Canada, pour voir la vie. J’ai fait quand même huit, neuf bleds avant la chute du Mur. Dans le prochain bouquin, je vais parler de tout ça…

A : Tu sors ce bouquin sur la même maison d’édition (Don Quichotte) ?

G : Ouais, je les remercie d’ailleurs de m’avoir fait signer le premier et donc le second. Je dis ça parce que j’ai pris des râteaux. Il y a neuf maisons d’édition qui m’ont refusé. J’ai compris aussi pourquoi je m’étais fait niquer avec l’album. C’est simple : j’ai délégué. En y allant moi-même et en filant directement le truc c’est beaucoup plus simple. Il va falloir que j’active d’ailleurs. J’avais déjà un chapitre, voire deux il y a deux-trois mois… par contre depuis je ne branle plus rien.

A : On a l’impression que tu as des souvenirs extrêmement précis en tête. Tu sors des anecdotes sur des trucs vieux de dix-quinze ans avec un niveau de détail assez bluffant…

G : …Tu veux voir mon portable ? Je pourrais en acheter un quand je veux [NDLR : Il sort un vieux Nokia du début des années 2000]. Il me sert à un seul truc : téléphoner. Je l’ai acheté à Dakar, il a passé huit heures dans l’eau et il marche toujours. Je n’ai pas de photos moi, elles sont toutes dans mon crâne. Demain, je t’enlève ton portable, je suis certain que tu ne te souviendras pas du quart de ce qu’il y a dedans. J’ai tout dans mon crâne.

A : Pour revenir sur le cinéma, tu avais le premier rôle dans Black. Tu peux nous en parler ?

G : Ils se sont foutus de ma gueule : tu ne sors pas un film le 15 juillet. Je suis sorti entre Transformers II et Harry Potter III, il faut arrêter de déconner. Tu as le producteur et le réal’ qui font le film, toi tu es juste un mec qui joue dedans. Et tu n’as pas ton mot à dire. Parce que jamais le mec il n’est vraiment comme ça. Je ne jacte pas dedans comme je jacte généralement. J’ai été obligé de changer des trucs. Tu fais un braquo, jamais tu dis au mec « ouvre la porte. » Tu dis ça, le mec ne t’ouvre pas la porte. Mais quand t’as le premier rôle, tu ne peux pas ouvrir ton clapet. Quand tu le fais, on te dit tout de suite : « ah oui mais lui il se la raconte. » Sauf que quand tu as un réal’ qui fait son premier film, t’es obligé d’aller lui dire que les trucs qu’il décrit, ben ils n’existent plus depuis longtemps. Leur vision était peut-être un peu trop grande, il y avait des trucs tellement simples à faire.

J’ai vraiment attrapé les glandes sur ce film. Je me suis fait chier deux ans avec. On devait le tourner en 2005, on l’a fait en 2007. Il est sorti deux ans après, en 2009. Un prophète, ils l’ont fini quatre mois avant, il est sorti quatre mois après. Mais si Audiard il est si fort que ça, ils auraient dû le sortir au mois de juillet ! Des films comme ça, je t’en chie toute la journée. C’est un The Wire en mal fait. J’suis pas aigri mais tu regardes le truc avec tes Corses là où les Renois ils ne servent à rien du tout… [NDLR : Il souffle] J’sais pas où vous vivez les mecs, dans la banlieue marseillaise ou grenobloise, mais sûrement pas en banlieue parisienne. Tu vois Braquo c’est pareil. La vision du cinéma français n’a objectivement pas avancé. Tu prends l’écrivain le plus connu au monde, on n’a jamais vu sa gueule. Tu sais qui c’est ? Alexandre Dumas et pas Victor Hugo. C’est un mulâtre le mec.

A : Tu parlais de The Wire. Qu’est-ce que tu en as pensé ?

G : Réel. Réel. Réel. Et dis-toi bien que ça ne s’est jamais passé à Baltimore mais à Chicago. Les trois tours de Baltimore ce sont celles de Cabrini-Green. C’est l’histoire des Vice Lords et des Gangsters Disciples [NDLR : Deux gangs majeurs de Chicago]. Je vais te montrer un truc tu vas bien regarder ce qu’il y a écrit dessus, tu vas comprendre. Je n’ai jamais été un mec qui discute comme la moitié des connards [NDLR : il enlève sa veste et relève la manche de son T-shirt, pour dévoiler un énorme tatouage sur le biceps] Tu vois quoi là ? W.O.N.T et plus loin S.T.O.P. Plus haut, tu vois un C.A.N.T. Can’t Stop Won’t stop. Tu peux chercher ce que c’est et qui met ça. C’est les Crips. [NDLR : Un silence s’ensuit]

Et si tu connais bien le bordel, l’histoire de The Wire c’est celle de Larry Hoover et de Charles Dorsey. Quand tu dis gangsta, c’est Chicago. C’est l’État de la prohibition, Al Capone et toujours aujourd’hui l’état le plus violent des États-Unis. J’ai été, j’ai vu, j’ai fait. Je sais quelle heure il est.

Quand tu regardes The Wire, sache que je suis un personnage de The Wire. Si tu arrives à trouver lequel, tu es bon. Je ne suis ni Avon, ni Stringer. [NDLR : Il s’arrête]. Je suis celui qui marche seul. Je suis exactement celui-là. Stick up kid. Quand t’as été un fouteur de merde, la première chose que tu fais c’est ne pas regarder tout droit. Tu regardes de gauche à droite. Je fais un pas après l’autre.

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