Flynt
Interview

Flynt

Le décor : un bar du 18e arrondissement parisien… anti-parisien. Footballistiquement parlant. Pour faire comprendre que la maison ne fait pas crédit, un panneau indique : « Ici, c’est comme au PSG, on encaisse mais on ne marque pas ». Ici le patron est pro-OM. Flynt confirme. Et c’est là qu’on rencontre l’auteur de J’éclaire ma ville.

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Abcdrduson : Pourquoi le pseudo Flynt ? On sait que c’est en rapport avec Larry Flynt… [NDLR : éditeur américain controversé, à l’origine de la création du magazine « Hustler »]. À travers ton album, tu parais quelqu’un à la personnalité relativement simple et posée ; par rapport à Larry Flynt, ça ne semble pas forcément correspondre au personnage…

« Quand j’ai commencé à faire du rap, je me suis jamais dit que j’allais faire un album, je n’y avais jamais pensé, c’est seulement après « Fidèle à son contexte » que c’est devenu évident. »

A : Comment s’est fait le choix du premier extrait de ton album ?

F : C’est celui qui représentait le mieux l’esprit dans lequel l’album a été conçu : « 1 pour la plume, ex aequo avec le gros son« , ça pourrait être l’accroche de mon disque. Et puis ça explique que l’écriture est le moteur de mon rap. Et l’instru d’Ayastan est vraiment lourde ! Même si ce morceau ne représente pas tout l’album, parce que ça parle de rap, c’est un bon échantillon de l’album. Ce que je mets en avant, ça reste l’écriture, c’est pour moi le point fort de l’album, même si je pense qu’il y en a d’autres. 1 pour la plume, c’était aussi une manière de reprendre le gimmick bien connu « One for the money » ou « 1 pour ce que tu veux« … ‘1 pour la plume’ s’est imposé comme premier extrait en fait.

A : Et le titre de l’album, J’éclaire ma ville ?

F : En fait, le titre de l’album, ça fait au moins trois ans que je l’ai. Ça n’a pas bougé. Je m’étais dit : « OK, je vais faire un album, il s’appellera « J’éclaire ma ville » !« . « J’éclaire » c’est à prendre au sens « je te montre« . Mais mon disque n’est pas uniquement centré sur Paris et mon environnement, c’est beaucoup plus ouvert que ça. Ce titre, c’est aussi une manière de dire que le rap en général m’apporte quelque chose qui m’éclaire, quelque chose de positif. Je pense que le rap m’a tiré vers le haut à beaucoup de niveaux. Ne serait-ce qu’au niveau professionnel, j’ai appris beaucoup de choses, je sais faire un disque aujourd’hui et je saurai en refaire un, je connais des gens dans la musique… C’est une passion, ça me fait avancer, tu ne t’ennuies jamais quand tu as la chance d’avoir quelque chose comme ça qui te prend et avec lequel tu peux faire des choses, c’est comme une lumière sur ton chemin, ça donne un équilibre. « J’éclaire ma ville« , ça veut dire aussi : « je ramène de la lumière dans le rap ! », ça a aussi un sens un peu egotrip.

A : Tu mets en avant la plume, mais visiblement tu t’es intéressé à tout le processus de production d’un disque…

F : Je me suis occupé de tout depuis le début. C’est pour ça que ça prend du temps : j’ai dû écrire, chercher des sons, réfléchir à la façon dont je voulais amener mon disque, gérer les relations avec les gens, la création des visuels, les clips… et toute la « stratégie ». C’est un grand mot, mais il y a une part de stratégie en indé : réfléchir et savoir où tu mets tes billes, surtout quand tu n’en n’a pas beaucoup, est un art… Je me suis pris de passion pour la production avec Explicit dix-huit, et je veux essayer de contrôler ce que je fais. Sur l’album, j’ai travaillé avec Jérôme de Label Rouge, à qui je fais entièrement confiance, comme à Dimé sans qui rien n’aurait été possible. Quand t’es en indé, tu joues un peu à tous les postes : tu attaques, tu défends, tu es gardien et entraîneur. Tout ça, ça me plaît. D’ailleurs, j’ai réalisé récemment un disque qui s’appelle No Child Soldiers.

A : Justement, on voulait en parler. C’est un sujet plutôt pointu : comment s’est faite ta participation à ce projet ?

F : J’ai été contacté par une association de mon quartier, justement parce que j’avais déjà produit des choses avant, qui m’a proposé l’idée d’un disque pour faire connaître la situation des enfants soldats. Ils m’ont engagé et j’ai bâti le projet, je lui ai donné des objectifs et un corps, j’ai contacté des partenaires, j’ai fait en sorte qu’il devienne une réalité dans les bacs et dans les médias. Avec deux objectifs : informer de l’existence et du sort des enfants soldats dans le monde et reverser les fonds récoltés grâce au disque à des associations locales identifiées par Amnesty International et l’UNICEF. C’est une satisfaction : le disque existe, il est beau, il a des partenaires crédibles, il y a un clip qui a été fait… Même Claire Chazal l’a montré au 20h de TF1 : je dois être un des seuls MC dont Claire Chazal a tenu un disque entre ses mains [rires] ! L’ association a récolté des fonds en ayant vendu près de 10.000 exemplaires. C’est aussi pour ça que mon album a pris du temps : quand on m’a proposé ça, j’ai dit oui tout de suite. C’était un beau projet, et quand on a la chance et la possibilité de mettre ses compétences au service d’une cause, que ce soit à l’échelle du quartier, du pays ou à un niveau plus international, il faut le faire. Ensuite, une fois terminée ma mission sur ce projet, je me suis jeté à fond dans mon album, que j’avais mis en quelque sorte entre parenthèses.

De toute façon, depuis le début, je marche pas à la pression, même s’il faut souvent speeder pour tel ou tel truc. Et l’album est bien sorti à la date prévue, le 28 mai. Je voulais faire un disque de qualité et j’ai donc pris mon temps pour choisir les instrus qui me plaisaient, qui collaient avec ce que j’avais déjà écrit ou m’inspiraient quelque chose, ou qui s’inscrivaient bien dans l’ensemble de l’album, parce qu’un album c’est une entité, un truc global. Pareil pour l’écriture, je suis pas du genre à me forcer, même si parfois il faudrait… On est pas des machines, c’est pas automatique, t’es pas toujours dans de bonnes dispositions, t’as pas toujours quelque chose d’intéressant à dire… Et puis j’aime bien les rimes riches, les mots bien choisis, les références, les images fortes, et ça se travaille. Les albums faits à la va-vite, ça se sent. Comme après un premier album t’es pas sûr d’en faire un autre derrière, que c’est une chance, que tu t’es mis toi-même dans une position où tu vas parler aux gens, faut être sérieux. Et puis le retour positif des gens, c’est ça qui m’a poussé à persévérer dans le rap, je me suis dit que je pouvais avoir quelque chose à apporter. Ça me fait du bien, ça me remplit la tête.

« « J’éclaire ma ville », ça veut dire aussi : « je ramène de la lumière dans le rap. » »

A : Comment se déroule le processus d’écriture ? Tu as d’abord des thématiques précises et tu développes, ou ça vient plus comme ça…

F : Franchement, il y a pas de règles. Avant j’avais des cahiers, mais maintenant, j’ai acheté un portable -faut pas le dire sinon on va dire que 1 pour la plume c’est du mytho [rires]. Ca devenait indispensable, pas seulement pour écrire mais pour répertorier les instrus, conserver les visuels, etc. Et c’est vrai que pour écrire c’est plus rapide : je peux faire des copier/coller, surligner des trucs, déplacer facilement… C’est très pratique pour l’archivage.

Quand tu fais du rap, il faut être observateur, c’est pour ça que ce que je raconte est forcément visuel. Tu observes autour de toi et ça t’inspire parfois une phrase toute faite. Parfois, tu commences à gratter et ça vient, parfois ça vient pas. Il y a pas de règles, quelquefois c’est même n’importe quoi, du rafistolage, tu peux mettre des mois à finir un morceau. Par exemple, ‘Tourner la page’, je l’ai écrit à peu près sur un an, peut-être même plus, mais je savais en commençant, avec l’instru de Drixxxé, que ce serait mon morceau final, même si j’avais pas encore le titre. Je me suis dit que j’allais faire un long morceau sans refrain, un morceau qui s’écrirait au fur et à mesure de la création de l’album, sans le précipiter, contrairement à des textes comme ‘Le bif’ ou ‘Retour aux fondamentaux’ que je me suis forcé à écrire et à terminer d’une traite.

‘J’ai trouvé ma place’, je l’ai écrit en deux nuits, mais ça faisait trois ans que je voulais l’écrire. Quand j’ai commencé l’album, je me suis dit que je ferai une chanson d’amour. Enfin au départ je voulais l’appeler ‘La guerre des Rose’ en racontant les embrouilles dans un couple comme dans le film, et puis finalement ça a fini en déclaration d’amour. Mais au début, je ne trouvais pas d’angle.

Et puis, un soir où ma femme voulait me quitter, je lui ai écrit ça et je lui ai envoyé, c’est ça l’histoire. Donc pour ce titre, j’avais l’idée depuis longtemps, mais j’arrivais pas à la mettre en forme. ‘La gueule de l’emploi’ aussi, ça a pris du temps. Sidi c’est le premier que j’ai appelé pour faire un featuring. On avait déjà le titre du morceau, mais d’abord on avait un couplet chacun, ensuite on s’est dit qu’on allait faire un dialogue, etc. Ce morceau s’est construit avec le temps et sans pression. Et au final, je le trouve bien abouti, bien « rond », original dans la mise en situation. Mais ça a pris du temps.

A : Le paradoxe avec le thème de ‘La gueule de l’emploi’, c’est qu’il est très rarement traité tel quel dans le rap, alors qu’il est vraiment d’actualité…

F : Il y a déjà eu des morceaux qui s’appelaient ‘La gueule de l’emploi’, je l’ai découvert ensuite, dont un morceau des Grandes Gueules avec Le Bavar de La Rumeur, dédicace à eux. Et, euh…, si les MC’s n’abordent pas ce thème, c’est peut-être parce qu’ils ne veulent pas travailler donc ils sont pas confrontés à ce problème [sourire], j’en sais rien…

A : Ça casse un peu la tendance à vendre du rêve…

F : Moi je suis dans la vie quotidienne, malheureusement pas dans le rêve. Et puis du rêve de MC, c’est un peu particulier comme rêve… Mais le rap doit parler de tout et à tout le monde, pas seulement à une catégorie de gens, parler de galères comme d’argent, de réalité comme de rêve. Ce qu’on voulait dire avec ‘La gueule de l’emploi’, c’est que les médias nous cassent la tête et font peur aux foules avec le thème de l’insécurité, avec TF1 qui a finalement réussi à faire élire son candidat, ils nous matraquent avec ça, mais on ne va pas au fond des choses, des vrais problèmes. C’est ce que dit à la fin le journaliste Daniel Mermet, sur France Inter, dans « Là-bas si j’y suis ». Il résume bien ce qu’on a voulu dire. Si insécurité il y a – et encore faudrait-il que ce soit le cas, moi je la ressens pas cette insécurité dont on nous parle et pourtant j’habite dans un quartier populaire – c’est qu’il y a des causes, des raisons derrière. Et l’une d’elle c’est la discrimination en général et à l’embauche en particulier. Si on ne donne pas aux gens la possibilité d’avoir un équilibre de vie, une stabilité, de gagner de l’argent normalement et pas en marge, au bout d’un moment on arrive à un ras-le-bol dont les récentes émeutes sont un bon exemple…

Les médias associent « étrangers et banlieue » avec « insécurité ». Comme le dit le journaliste, si on pense qu’il n’y a pas de raisons à l’insécurité, ça veut dire qu’ »ils » sont comme ça, qu’être violent ou feignant est dans les gênes des « jeunes des quartiers ». Et si on dit qu’ils sont « comme ça », alors on est dans une forme de discrimination qui est clairement du racisme… Le racisme est bien présent en France et forcément ça a des répercussions… Pour revenir à Daniel Mermet, je l’ai pas mentionné dans les crédits, parce qu’avant que l’album sorte, j’ai fait écouter le passage à des gens qui pensaient que c’était lui qui avait un discours de merde, qui n’avaient pas compris qu’il le « jouait« . J’avais aussi chopé le discours d’un sociologue qui parlait de discrimination à l’embauche de manière très sociologique, mais comme Mermet parlait directement, comme je te parle, il l’a bouffé, franchement il est fort, donc on a enlevé l’autre passage. Mais il y avait quelquefois une confusion, certains croyaient qu’on mettait un discours de merde pour le dénoncer, alors qu’en fait il vient appuyer et confirmer ce qu’on raconte.

A : Mermet est un journaliste notoirement de gauche, son émission est d’ailleurs régulièrement menacée à cause de ça…

F : Exactement. J’ai hésité, et finalement j’ai pas mis le crédit parce que je voulais vraiment garder le passage, et j’avais peur que ce soit mal interprété par les gens qui le connaissent pas. Et puis si j’avais demandé et qu’il avait refusé, j’aurais trop eu la haine, même si je pense pas qu’il aurait refusé. Dans le morceau, en plus, on a voulu authentifier ce qu’on disait par des extraits de JT ou de documentaires : même le journal de 20h te dit aussi que la discrimination à l’embauche est une réalité. Mon rôle dans le morceau, c’est celui de quelqu’un qui ne cautionne pas cette discrimination, même s’il peut être embauché.

A : Une des inventions sonores du rap a été d’importer des bouts de films ou autres, c’est une idée qui se perd…

F : C’est de plus en plus rare, c’est vrai. La Scred’ a beaucoup fait ça, moi aussi j’aime bien de temps en temps. Dans ‘Comme sur un playground’ il y a un extrait de Les blancs ne savent pas sauter, ça ramène quelque chose. Même les scratches ça se perd, c’est pour ça qu’il y en a dans ‘Rien ne nous appartient’ ou ‘Mes sources’. Concernant DJ Dimé, il a eu un rôle de co-réalisateur. On a décidé de faire l’album ensemble. On se tenait régulièrement au courant, il me donnait des conseils, on fonctionnait en binôme, on était sur la même longueur d’ondes. Moi je faisais mes choix au niveau artistique, puis dans la phase opérationnelle, c’est lui qui a fait les prises de voix, qui a géré le mastering, fait les edits, etc., c’est lui qui était aux manettes pour la technique. On fait les concerts ensemble, et on se concerte aussi pour la promo. Ensuite est arrivé Jérôme, deux mois avant la sortie du maxi 1 pour la plume, on a fait appel à lui, c’est lui qui a sorti le maxi, d’ailleurs, ainsi que l’album sur son label.

Pour les instrus, tout s’est fait au feeling. Quand j’ai entendu celui de ‘Retour aux fondamentaux’ par exemple, je me suis dit que c’était un truc de fou, j’étais dingue, comme un gosse pendant plusieurs semaines. Drixxxé, Ayastan, Keumaï, Ex-Mortis, Soulchildren, on se connaissait déjà. Dimé a fait deux prods aussi. Je me suis naturellement tourné vers des gens que j’appréciais humainement et artistiquement, comme pour les featurings d’ailleurs. J’ai écouté beaucoup d’instrus, je ne sais pas combien, mais vraiment beaucoup. J’ai eu aussi beaucoup de CD entre les mains que des gens m’envoyaient. Avec le recul, je ne regrette aucun choix.

« Moi je suis dans la vie quotidienne, malheureusement pas dans le rêve. »

A : Tu dis : « Je fais la zik comme je l’entends quitte à bosser 47 semaines par an et rapper quand j’ai le temps… ». Comment ça se passe avec un taf à côté ?

F : Ce que ça permet surtout, c’est de garder les pieds sur terre, de rester en lien avec la vie de tous les jours. C’est important pour mon équilibre. Faire uniquement du rap, j’en ai déjà fait l’expérience, pendant quelques mois, et rapidement j’ai pété un plomb, j’avais même plus envie d’écrire. Et puis jusque-là, j’avais jamais considéré le rap comme un planche à billets, donc je suis allé gagner de l’argent ailleurs, et je pense que c’est garant d’une certaine qualité. Je n’ai pas de contrainte pour produire, je ne suis pas tenu par un contrat, je n’ai pas besoin de formater mes morceaux pour séduire telle radio – parce que c’est clair aujourd’hui, c’est ceux qui passent sur Skyrock qui vendent des disques – en indé, tu peux travailler sans qu’on t’impose une équipe de gens que tu ne connais pas et qui ne voient pas les choses comme toi, qui sont dans une démarche commerciale.

Mais attention, j’insiste bien là-dessus : moi je veux vendre mon disque, que le plus de gens possible écoutent mes titres, que mon clip passe à la télé, faire des concerts payés, tout simplement parce que c’est normal. Le travail doit payer.

A : Qu’est-ce qui a changé avec l’album ?

F : En tant que producteur, j’ai pris conscience de beaucoup de choses. C’est là que tu vois que la promo, l’exposition médiatique, ça fait pratiquement tout le travail quand tu vois les grosses merdes qui sortent et qui cartonnent. En tant qu’homme, pas grand chose a changé, j’ai la satisfaction d’être allé au bout de mon projet. En tant que MC, je peux vivre un petit peu de ma musique, disons pendant les trois prochains mois [rires], mais surtout faire des concerts et prendre plus de plaisir.

A : Qu’est-ce que tu penses de l’arrêt des émissions spécialisées sur Skyrock, qui permettaient de faire connaître un certain nombre de groupes ?

F : Normalement, je ne me prononce pas là-dessus, parce que je ne sais pas pourquoi ça s’est arrêté et que je n’ai pas cherché à savoir. Franchement, ça ne me touche pas vraiment, mais je suis quand même 50/50. D’un côté c’est cheum’, d’un autre je m’en bats les couilles. C’est vrai que c’était une fenêtre intéressante pour les indépendants. Mais qu’attendent les gens de Skyrock ? Ils ont niqué le rap de toute façon. Aujourd’hui, à cause de cette radio, il y a un genre de rap mutant coupé à la soupe qui pollue les ondes et la crédibilité de tous. Alors je n’attends rien de Skyrock, ni des émissions spés même si j’ai amené mon album à Fred comme toutes mes productions depuis le début.

A : Il y a beaucoup de références sportives tout au long de ton album, basket, football…

F : Parce que le football, j’ai grandi avec ça, les images Panini, les Coupes du monde de 1982 et 1986 et suivantes, ça parle à beaucoup de gens, amateurs de rap ou non. Et puis il y a un parallèle entre les valeurs du sportif et celles de l’artiste, tu peux faire plein de comparaisons : l’éthique et l’argent, la passion, la technique, l’esprit d’équipe, l’importance de la préparation…

Dans les deux cas, il faut de l’entraînement : avant d’aller en concert, je me tape des heures de répète, j’y vais pas en ayant fumé et en étant mort, je me prépare physiquement et psychologiquement. Disons que j’essaie de prendre les bonnes valeurs du sport et de les intégrer dans ce que je fais, c’est une bonne discipline. On parle de « l’esprit hip-hop« , on dit qu’il n’existe pas : pour moi c’est la passion, c’est ça que ça veut dire l’esprit hip hop. Ceux qui ont fait ça au départ, c’était par passion, il n’y avait pas de ronds, les gens ne savaient pas que ça existait, et quand tu réfléchis c’est fou l’évolution en vingt ans. Maintenant le rap est un pilier dans la musique, comme le jazz ou le rock et ça ne bougera plus.

Plus que ça, historiquement le rap a aussi contribué à faire éclater des barrières, à faciliter la mixité ; le sport aussi d’une certaine manière, ça a rallié des gens d’horizons différents sous une même bannière. Je fais du rap pour mettre en avant des valeurs positives, pour tirer les gens vers le haut. C’est ça l’héritage, c’est pas de monter les uns contre les autres et de jouer la surenchère. Avant la passion du rap, je m’ennuyais en fait, je n’avais pas de passion, ça me manquait, et je pense que le rap et l’écriture m’ont tiré vers le haut.

A : Tu t’es fixé des objectifs pour cet album ?

F : Le premier objectif, c’était de le sortir, c’est une vraie satisfaction parce que ce n’était pas évident au départ. Je ne regrette rien. Ensuite, l’objectif c’est d’aller sur scène et de passer des bons moments que je n’aurais pas pu vivre sans la musique. En termes de ventes, je n’avais pas conscience du marché, tout le monde me disait que ça se casse la gueule, donc j’ai pas vraiment d’objectifs, à part toucher le plus de monde possible, que les gens s’en souviennent, que ça reste comme un disque important dans le rap français. Si ça peut devenir un disque majeur, un « classique« , tant mieux, on verra si c’est resté dans quelques années… En tout cas, aller au bout d’un projet, c’est jouissif. Pour l’instant, je n’ai à peu près que des retours positifs… Pour l’avenir, j’avoue que je pense à faire un autre album et des concerts.

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