Chronique

Marley Marl
Re-Entry : Beats,Rhymes and Jam Sessions

BBE - 2001

Vétéran éternel, Marley Marl répond à l’appel du pied de BBE.

La 4ème sortie de BBE remet en scène une légende, peut-être le plus grand producteur dans l’histoire du Hip-Hop, Marley Marl. Inventif et novateur, Marion Williams a non seulement révolutionné son époque à coups de grands classiques, (tels ‘Marley Marl Scratch’ ou ‘The Symphony’) mais il a aussi redéfini la production musicale au sens large. L’ancien membre du Juice Crew (crew mythique rassemblant entre autres Big Daddy Kane, Masta Ace, Kool G Rap, MC Shan et Roxane Shante) a en effet contribué à la réussite de Big Daddy Kane, LL Cool J, Biz Markie, Capone & Noreaga ou encore les Lords of the Underground.

Son retour au premier plan via ce nouvel épisode des Beat Generation se fait en compagnie de certaines de ces anciennes gloires et quelques jeunes pousses. Forcément ce come-back est empreint d’un certain parfum de nostalgie, envers ce temps où  »le beat était l’élément premier d’un morceau, bien devant les MCs » (dixit l’introduction). Ce clin d’œil vers le passé se prolonge lors du bref mais intense ‘Do U Remember’. Notre stakhanoviste du beat place sur une jolie boucle de piano quelques extraits scratchés de plusieurs de ses plus grands productions, tels ‘Mama said knock you out’, ‘The bridge’, ou encore ‘Nobody beats the Biz’. Fort.

Ces instrumentaux, agrémentés parfois de quelques scratches, apparaissent d’ailleurs clairement comme les points forts de cet opus. ‘Just Funky’ et sa boucle de guitare nonchalante soutenue par une démonstration de DJing est pour le moins fascinant, quand au ‘Lost Beat’ il se détache comme LE morceau de l’album. Agressif, le beat survoltant se mêle avec bonheur aux envolées de violon, voilà un titre à écouter encore et encore. Les trois autres instrumentaux présents sur cet album s’avèrent un ton en dessous, et seul ‘Live ova beats’ (co-produit par 88 Fingers) flatte vraiment l’oreille.

Si on tenait uniquement compte des productions de Marlon Williams A.K.A Marley Marl, on aurait en notre possession un bon album, voir un très bon album. Mais la réalité est autre, et le problème ailleurs. Celui-ci tient dans le niveau (faible) de la plupart des rappeurs invités, qui viennent gâcher des productions intéressantes. Un flow fébrile, un phrasé peu imaginatif et un manque (parfois) flagrant de rythme voilà les maux dont on pourrait accuser les inexpérimentés Seven Shawn, J Wells, Larry O, ou encore The Hemmingways. Le New-yorkais et bien plus connu Solo (issu de Screwball) s’épuise lui aussi sur un ‘Spazz’ traînant en longueur, même chose pour Capone (de Capone N’Noreaga) et T.Slugs présents sur ‘What U Hold Down’.

On se console tout de même avec ‘What ruling means’ où Grap Luva vient donner la réplique à Kevin Brown, qui gère aussi la production de ce morceau fortement influencé DJ Premier. Grap Luva pose quelques rimes subtiles dont certains auraient pu (et du) s’inspirer, « They say writing is the gift of fools. Watch me utilize this gift as a tool, to simply bust up your rules. I’d rather drop jewels, then rock jewels, and make hits. Ya’ll feel it in your soul like mellow guitar riffs. » A un niveau moindre on appréciera aussi la performance du vétéran Big Daddy Kane, toujours inspiré par les histoires de ménage à trois et d’homosexualité.

Finalement, ce Re-Entry nous laisse clairement sur notre faim, autant Marley Marl réussit quelques productions de choix, autant la plupart des rappeurs présents s’avèrent indignes du talent de celui qui a influencé les producteurs d’aujourd’hui. On attendra du coup les prochaines sorties BBE, ?uestlove, DJ Spinna ou encore Jazzy Jeff, avec un peu plus de curiosité et d’intérêt.

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