Chronique

Disiz
Le poisson rouge

Barclay - 2000

« Le poisson rouge » a été enregistré juste après l’émergence de Disiz la Peste auprès du grand public. Par conséquent, cet album reflète une double volonté : satisfaire les puristes sans exclure les amateurs de singles. Le second objectif étant atteint, qu’en est-il du premier ?

La caractéristique majeure de cet album est l’éclectisme : dix-huit titres (plus une intro et une outro largement dispensables) radicalement différents. Le thème abordé, la production de JMDee et le débit de Disiz varient à chaque fois, empêchant ainsi la confusion entre deux titres. De plus, de nombreux featurings viennent renforcer la personnalité des morceaux.

Bref, Disiz la Peste a pondu un album calibré pour plaire, en principe, à tout le monde : aux marseillais conscients, aux raggamen engagés, aux nostalgiques sénégalais… Bref, on a l’impression d’être en face d’un disque créé pour être représentatif du panel supposé susceptible d’écouter du rap. Inédit ? Oui.   Réussi ? Moins. Akhenaton, dans « Nouvelle Donne : Le collector » , introduisait Disiz en vantant sa capacité à s’adapter à toute situation. Or, c’est justement ça le problème.

A trop vouloir mettre en avant l’invité ou l’ambiance recherchée, il donne l’impression de manquer de confiance en ses choix ; au point de justifier chaque texte par une explication déterminant la raison pour laquelle il choisi d’analyser le pourquoi de la décision qui a engendré la prise de conscience …etc. ; au point, ensuite, de proposer à ses deux immenses invités ( Joey Starr et Akhenaton ) de poser sur des instrus concoctées par leur producteur attitré (Dj Spank et Dj Ralph) ; au point, enfin, d’aborder tous les thèmes pour parer toutes les éventuelles critiques. Mais une compilation de singles n’aboutit pas obligatoirement à un album de qualité. A force de chercher à tout contrôler, Disiz en arrive même à dénaturer le freestyle final rassemblant nombre de ses acolytes (‘Le 6e sens’).

Néanmoins, Disiz est doué, intelligent, mais peut-être trop consensuel : Solaar à ses débuts en somme. Autre élément positif, son entourage. Les meilleurs moments de l’album sont en la présence d’invités. Outre les featurings de ses deux parrains ultra-reconnus,  ‘C’est ça la France’  avec Eloquence et ‘J’irais cracher sur vos tombes’  avec Taïro, réjouissants par l’humour de second plan contrebalançant la gravité des sujets, tandis que Juan Rozoff, absent depuis longtemps, distille une saveur subtile à ‘La philosophie du hall’.

Finalement, le bilan est mitigé. JMDee fait dans l’original mais n’emporte pas l’adhésion. Ses productions sonnent parfois faux dans leur désir de s’écarter des sorties habituelles. Disiz insiste sur la complicité de leur collaboration, mais le problème vient de la flagrante inégalité de celle-ci, au profit du rappeur. A noter cependant, les deux excellentes productions de Cheik Tijane de 22 béliers.

Fermer les commentaires

1 commentaire

Laisser un commentaire

* Champs obligatoire

*