Chronique

Mickey Avalon
Mickey Avalon

Shoot To Kill Music - 2006

A le voir, on imagine difficilement Mickey Avalon en rappeur. Avec ses airs de punk androgyne et son jean moule-burnes, il paraît plus taillé pour la fureur des Ramones ou de Sid Vicious que pour les sessions freestyle enflammées des Open-Mics californiens.

Et pourtant Mickey Avalon fait du rap. Et du bon.

Si le rap « c’est avant tout le vécu », alors Mickey a sans doute de quoi remplir plusieurs galettes. Parti chercher gloire et réussite à Hollywood, le jeune homme se retrouva finalement sur le trottoir à tapiner, errant parmi junkies, putes et dealers. Ce bon vieil American Dream une fois de plus traîné dans la pisse et le vomi, en somme. C’est suite à sa rencontre avec Existereo, MC au sein des Shapeshifters, qu’il s’essaye au rap et enregistre plusieurs morceaux. Ceux-ci sont réunis sur un disque, simplement intitulé Mickey Avalon.

Le résultat est extrêmement accrocheur. Le personnage en lui-même, s’il n’est pas « fascinant », captive par son originalité. Car ce n’est pas exagérer que d’affirmer que Mickey Avalon est unique en son genre. C’est sans surprise qu’on le croiserait, un flingue sur la tempe, dans le Los Angeles nocturne de Shadow Hours ou dans celui de Pulp Fiction, se « repoudrant » le nez dans les toilettes d’un restaurant. Sur les beats d’illustres inconnus, il rappe avec nonchalance ses histoires de filles, parfois assez glauques, imprégnées de son vécu de gigolo (‘So rich, so pretty’, ‘Roll the dice’, ‘Jane Fonda’, ‘Romeo and Juliet’), avec un humour grinçant et un cynisme évident, ou se lance dans un egotrip nihiliste poilant (‘Waiting to die’ et son magistral refrain : « It’s like a jungle sometimes, it makes me wonder that God must be one sick motherfucker… »). Plus loin, il laisse exploser son agressivité dans ‘Roll up your sleeves’, s’inspire du G-Funk de Snoop le temps de l’excellent ‘Hustler hall of fame’ ou invente avec deux de ses amis un nouveau genre de battle, le « clash de bites » (‘My Dick’, morceau caché en piste 69, d’une finesse à faire rougir Jean-Marie Bigard).

Sans être véritablement impressionnant en termes de emceeing, Mickey Avalon sait s’y prendre pour faire décoller un morceau, développant par moments un irrésistible sens du refrain. L’album comporte ainsi son lot de tubes en puissance : ‘Waiting to die’, ‘Hustler hall of fame’ ou encore (et surtout) le terrible ‘Mr. Right’.
Malheureusement, si les beats des titres précités sont bons, la qualité musicale n’est pas toujours au rendez-vous. Cet aspect plombe quelque peu la fin de l’album (le mauvais ‘Friends and lovers’, les quelconques ‘Dipped in vaseline’ et ‘Romeo and Juliet’), après un début en fanfare. Mais le charisme du personnage parvient à faire oublier ces quelques faux-pas. Le nombre de producteurs appelés rend l’album musicalement très varié, malgré une présence marquée de sonorités électroniques, mais également inégal.

Mickey Avalon est distribué en France par 2Good. En espérant que cela le rendra facilement accessible aux oreilles françaises, on ne peut que vous encourager à l’écouter. Frais et original, ce disque a les qualités requises pour séduire un public large, et pas seulement les hip-hop heads ou les amateurs de l’émission Tracks.

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