Chronique

Iomos Marad
L.I.F.E

All Natural - 2002

Il est des jours comme ça où, après avoir écumé les bacs, on repart chez soi la tête basse, désespéré ne pas avoir ressentit le frisson à l’écoute d’une quelconque vibration vinylique. Par dépit, on se reporte alors sur autre chose que du hip hop… et pour l’heure, à raison ! Car c’est bien dans un magasin spé rock des seventies qu’il a fallu aller chercher cette vibration. Logique… Sur les conseils du vendeur j’écoute Iomos Marad : ‘C’est quoi ça ?’ Et bien c’est tout simplement la claque que j’espérais et dont j’étais sur le point de faire le deuil.

Iomos Marad est un MC/batteur (que l’on voit sur la très elle pochette) issu de All natural Inc., prometteur label de Chicago fondé par Capital D et Tone b. Nimble. Celui-ci est surtout connu pour ses compilations  »Planting Seeds » et surtout  »Family tree », sorties en 2001. Après un 12 », le performer de Chicago sort  »L.I.F.E. », un maxi trois titres comptant autant de producteurs (Memo, Dug Infinite, PNS) et d’approches différentes d’un hip hop pour le moins empreint de spontanéité. Le titre phare du EP, ‘L.I.F.E. (Living In Foul Environments)’, suffit cependant à lui seul à justifier l’intérêt du EP : instru magnifique reposant sur une méthode maintes et maintes fois utilisées : un beat et une boucle de guitare. C’est tout, …mais amplement suffisant pour accrocher l’oreille et contraindre celui qui l’entend à en redemander aussitôt. Impossible en effet de se défaire de ce sample aérien aux forts accents de rock prog. Aucune variation, pas de break dans l’instru, si ce n’est quelques scratches posés par Tone b. Nimble à la toute fin du morceau. Iomos Marad pose sa voix de façon impeccable, et il n’en faut pas plus pour faire de ce titre un incontournable de cette année 2002. L’atmosphère pourrait rappeler certains passages de  »The sanity annex » de Sonic sum quant à l’intention, à ce gros détail près qu’aucune basse n’est présente. Le beat syncopé assurant en effet toute la rythmique, et les riffs de guitare venant survolés et se fondre dans les temps laissés libres par celui-ci. Le flow, sûr et posé, vient par petites touches finir de donner de la couleur à l’ensemble. Parfois, le rap paraît si simple que ça en devient insolent.

Le deuxième titre, ‘I confess’, est quant à lui plus fournit et fouillé : grosse basse qui marque le début de la mesure, voix remixées en background, bips électroniques… Bref, rien à voir, mais tout aussi réussit. Iomos Marad y paraît même plus à l’aise, entonnant même quelques passages chantés pour venir nous en convaincre, si jamais besoin était.

Le troisième et dernier extrait du EP, ‘Free’, est encore un peu plus rythmé et conventionnel, que ce soit au niveau de la production ou des textes : « If you wanna be free, let’s get free », le tout soutenu par des coeurs féminins (Tanya Reed) répétants « free ». On a déjà vu plus original, mais le tout sonne bien, et Iomos Marad sait fort heureusement donner de l’intérêt à un titre somme toute très calibré.

Nul doute que la seule et unique chose que l’on retiendra de cet EP est l’instu planant de ‘L.I.F.E’. qui marque immanquablement quiconque entend son impeccable riff de guitare. L’échantillon laisse en effet aux oubliettes les deux autres morceaux, pourtant loin d’être médiocres. Sans doute est-ce là le prix à payer pour un morceau de cette qualité. Si aucune date n’est encore avancée pour la sortie d’un long format, on peut déjà s’impatienter en espérant que  »L.I.F.E. » n’était pas uniquement un petit bijou stérile, et qu’il saura en appeler d’autres.

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