Chronique

Snowgoons
German Lügers

Babygrande - 2007

Pas sûr que l’arme choisie en guise de titre soit la plus révélatrice du contenu. Pistolet officiel de l’armée allemande pendant un bon quart du début du siècle dernier, et popularisé sous différentes versions, le Lüger avait le mérite d’être maniable et précis, en plus d’être semi-automatique. Ici, c’est plutôt la Grosse Bertha qui vient à l’esprit, autant pour l’ampleur du casting que pour le style de l’album. German Lügers donne en effet dans le boom-bap bourrin et efficace. Et consciencieusement calibré : en bonne discipline germanique, pas une tête ne dépasse et tous les morceaux font à peu près la même longueur…

Groupe de producteurs allemands, donc, les Snowgoons sont un quatuor depuis 2006, Torben et DJ WaxWork ayant rejoint le fondateur Det et son acolyte DJ Illegal. La collaboration germano-américaine (les morceaux ont été enregistrés un peu partout dans les deux pays) vaut quelques dédicaces inhabituelles : from Queensbridge to Karlsruhe, from the Bronx to Berlin, Deutschland motherfuckers. Mais ne plaisantons pas, car c’est la crème du rap yankee, new-yorkais notamment, qui est convoquée ici. German Lügers affiche une liste de noms impressionnante. Avec un résultat tout à fait honorable, puisque le disque ne fait pas du tout tache dans le catalogue Babygrande. Il est fidèle au style de la maison, sans en atteindre les meilleurs moments ; certaines productions, comme ‘Black Woods’, pourraient avoir été faites par un Stoupe en petite forme.

Si les Snowgoons mettent en avant leur variété de styles, c’est l’homogénéité de la formule qui l’emporte. Du battle rap posé sur des boucles martiales, à quoi s’ajoutent parfois des inserts vocaux et des nappes de scratchs (la voix de Vinnie Paz étant alors régulièrement à l’honneur). Les nostalgiques de l’alliance piano/violon et des samples de musique classique en général devraient s’y retrouver sans difficulté. Quelques passages plus paisibles équilibrent le tout, à l’instar du final ‘Wait a Minute’, avec sa guitare sèche et sa pointe de flûte. Niveau originalité, il faudra repasser. Par contre, il faut reconnaître que c’est exécuté sans faux pas ni gros temps mort, les rappeurs étant à leur niveau habituel.

On retient entre autres ‘Man of the Year’ et sa cascade de cordes bien servie par Last Emperor, qui s’achève par une excellente rafale de platines, Craig G et El da Sensei impeccables respectivement sur ‘Offensive Lineup’ et ‘Show Love’, une prestation de Wise Intelligent (Poor Righteous Teachers) qui sort du lot, ou la bonne association entre Celph Titled et Majik Most sur l’endiablé ‘Who What When Where’. Dans le tas, le single ‘Never’ avec Reef the Lost Cauze est conforme à l’ensemble, sans faire partie de ses moments marquants. Bref, German Lügers propose du rap hardcore de qualité qui défoule. On ne s’en plaindra pas.

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